Carnets de recherche, 2023
Revenir et s’écrire dans les traces
Ce carnet évolutif rassemble, en trois temps, les réflexions issues des lectures, discussions et ateliers menés dans le cadre du séminaire doctoral «Avec l’autre qu’humain: coprésences et pratiques attentionnelles en art».
Avec les contributions de Valentine Auphan, André D., André Fortino, Andréane, Gloria Isabel Gomez Ceballos, Hamed Hajian, Frédérick Maheux, Marie-Hélène Roch, Annie Tétreault et Lou Villapadierna.
Articles de la publication
Hiver Fragile
«Être-novembre», des signes, des mots, des sensations (ré)apparaissent.
VOIR LES YEUX FERMÉS
Les yeux fermés, avec fébrilité il nous annonce que la présentation du texte qu’il a choisi –Cosmodélie. Scènes de l’attention de Jérémy Damian- se fera à partir de cette posture. Dès lors, j’ai l’impression de me déposer. Je respire mieux. Cette curiosité dans le comportement éveille mon attention et me garde alerte à ses paroles, ses affects et ses moindres gestes.
La vigilance et l’attention
Pendant le La vigilance et l’attention séminaire, nous avons réfléchi sur l’attention et sa relation avec le monde contemporain. À travers des ateliers pratiques et des lectures académiques, nous sommes plus capables d’élargir la relation qui existe entre notre subjectivité et la nature.
Pour un parlement humain et autre qu’humain: petite réflexion sur la notion d’éco-politique
Que signifie éco-politique? quels sont ses enjeux dans la sphère néo-capitaliste? comment penser et créer en affinités citoyennes avec l’autre qu’humain? et comment rendre la nature agissante sur l’échiquier politique contemporain?
Un char de love qui rêvait d’être feuilles
En cette douce soirée de Novembre, je marche é(mer)veillée entre les arbres centenaires du Jardin Botanique de Montréal. Pour pénétrer dans le monde majestueux des autochtones, j’ai traversé un astre fait de brume et de vapeur tel Neptune.
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Je suis seul face à LACULTE. C’est le protocole de la dernière mutation. LACULTE est l’organisme absolu, elle est reliée au cœur brulant de la terre par un cordon ombilical de chairs en fusion.
Politique du réseau. Politique de l’essaim.
La créature qui émerge du prototype de telepod de Seth Brundle n’est ni un être humain ni la mouche qui se trouvait malencontreusement dans le dispositif. Brundlefly est une fusion non seulement des deux corps, mais également de leurs facultés perceptuelles, résultat du «désir de l’homme de dépasser ses limites originelles» (Véronneau, 1990, p. 147). Le corps de Seth Brundle est incapable de contrôler les mutations.
Transmutation ou transposition?
Lorsque Jeremy Damian souligne que fabriquer de nouvelles attentions c’est faire exister de nouveaux mondes et que faire attention c’est en quelque sorte habiter d’une façon singulière l’espace de l’attention, mon attention se porte instinctivement sur la manière par laquelle elles se fabriquent; si cette fabrication entraine bel et bien une modification de notre qualité attentionnelle, une modification de son ordre.
KooKoo
Kookoo est un plat traditionnel iranien dont il existe de nombreux types. Mirza Ali Akbar Khan Kashani, le cuisinier de Nassereddine Chah (Nâṣer-al-Din Šâh, Roi d’Iran de 1848 à 1896), a écrit une description des types de KooKoo dans le livre «Sofreh ye Atameh».
NOTRE MAISON
J’amorce cette entrée de carnet encore inspirée par l’atelier extérieur de l’artiste en danse et médiatrice culturelle Lucy Fandel offert, la semaine dernière, lors de notre immersion à LA SERRE- arts vivants. «Par la chorégraphie, la performance, l’enseignement et l’écriture, elle explore comment se connecter à la poésie du mouvement en nous-mêmes et dans le monde qui nous entoure.» (Fandel, 2023)
DESSINER LES POINTS DE RENCONTRE.
C’était lundi le 30 octobre 2023, première neige fondante de l’année à Montréal, jumelée à un climat d’une humidité transperçante. Ce séjour d’immersion a été pour moi l’occasion d’établir à la fois un lien de proximité créative avec mes collègues ainsi que de nouer une relation intime bien particulière avec un très grand Populus deltoïde.
L’art performance: une aura vivante
En 1935, Walter Benjamin écrit L’Œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique, un essai dans laquelle il utilise le mot «aura» pour exprimer ce qui est singulier d’une œuvre d’art et comment, le cinéma et la photographie utilisent des formats qui transforment notre relation avec l’originalité, parce que la distribution et reproduction des produits visuels et audiovisuels sont massives presque par définition.
Penser comme et devenir une météorite
Mardi 31 octobre 2023, le jour d’Halloween. La première neige est tombée hier, ce cadeau de la nature a recouvert le paysage montréalais d’un léger manteau blanc et m’a rendue heureuse.
ILOVEYOU, une hospitalité inattendue
Je suis à Montréal, je travaille depuis chez moi, à mon bureau qui se situe dans ma cuisine à côté de ma chambre. Il y a quelques schémas, notes, livres sur le mur en face de moi qui retracent de manière non-hiérarchique les recherches que je mène depuis mon arrivée au Canada l’année passée.
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Tu roules libre le flot moisson/ Récoltes la nuit du temps/ Poudre de rage et infusion de mensonges/ Décodage de pulsation inframince
Survivre à notre disparition
De façon succincte, le texte de Stacy Alaimo (2012) States of Suspension – Trans-corporeality at Sea vient entre autres mettre en lumière la manière par laquelle le concept de la transcorporalité peut déconstruire la notion soutenant que l’humain est une entité transcendant son environnement.
Infection insectoïde des limites humaines (Accueillir la possession)
Alors que l’exploration du thème de la bioperformativité m’a amené à réfléchir aux possibilités d’amplification du corps humain, la traversée du concept d’hospitalité m’a dirigé vers un horizon inattendu. Comment l’humain peut-il accueillir quelque chose d’externe, d’étranger à lui?
Politiser la disparition
La bio-performativité pointe qu’il y a une disparition. Une disparition terrestre qui est l’extinction de plusieurs espèces vivantes —animales, végétales, bactérielles— dû à une hiérarchisation aigue de l’être humain face aux autres formes de vies avec lesquelles il cohabite.
En deux temps, rencontre avec l’autre
Par-delà les nuages, un peu plus loin derrière l’atmosphère, c’est de cet endroit, me semble-t-il que me parvient cette lumière, qui se dépose sur ma peau. Plus que jamais je perçois les transitions entre l’ombre et la lumière. Les yeux clos, je vois autrement la réalité dans laquelle marchent mes pieds nus. J’ai enlevé mes chaussures afin que chaque pas qui rencontre la terre puisse prendre racine.
À qui appartient la neige?
Face au fleuve, la teinte légèrement dorée sous les rayons rasants du soleil d’été comme une neige crème de mon enfance. «Les saisons présentent une affinité très marquée avec la mémoire et avec l’enfance qu’elles appellent en même temps qu’elles rappellent» (Martin de La Soudière, 2016)
Qui suis-je? Je suis dans un espace et un espace est en moi
Comme enseignant ou comme étudiant, j’aime toujours entrer dans un nouvel endroit éducatif. Je suis toujours heureux, excité et bien sûr un peu stressé avant de m’introduire dans de tels endroits. Afin de pouvoir contrôler et canaliser mes émotions, j’arrive souvent un peu en avance. Je me promène un peu dans ce quartier et je l’observe.
À propos de «La vision périphérique des danseurs (ses)»
Lorsque la professeure Katya Montaignac expliquait un exercice pratique pendant le cours, je me suis demandé: comment s’engager pour la nature en utilisant la vision périphérique? Je me pose cette question parce que je crois que cette compétence vient des hommes préhistoriques, lesquels dansaient sous le ciel pour s’exprimer et se connecter au paysage, aux animaux et ses semblables.
POUMON
J’ai traversé le rideau des vapeurs. Cette barrière de microgouttelettes ocres entoure le Mont-Royal, et protège LA CULTE des entités qui n’ont pas atteint le stade de bienveillance oxydatif. Je l’avais atteint depuis trois cycles lune, mon épiderme avait muté, mes pores s’étaient élargis, on pouvait entrevoir ma structure osseuse et mon réseau sanguin. Mon corps ouvert pouvait désormais recevoir l’holobionte communautaire.
«Interdit de cueillir les fleurs, sauf pour faire une déclaration d’amour»
Je sursaute; soudain de l’eau vient de jaillir sur la paume de ma main droite. Je ressens un liquide froid glisser entre mes doigts. J’aime l’eau et son contact qui me ramène à qui je suis, d’où je viens. Pendant un instant, je vois les grandes étendues de plages de sable fin des côtes bretonnes. Je suis née au bord de la mer et cet attrait prononcé pour le milieu aquatique ne m’a jamais quitté. Soudain, contre mon gré, je sors de mon rêve éveillé (sans ouvrir les yeux car c’est le point principal de l’exercice).
Corps-percussions: Récupération subversive de l’enchantement négatif par la culture industrielle
Le survol de la question de la bioperformativité m’a révélé des zones inattendues quant à ma pratique artistique et mes recherches. J’inscris mon travail dans le champ de la culture industrielle, mouvement né en Angleterre dans les années 70 qui se démarque par une posture nihiliste, axée sur l’autonomie multidisciplinaire et le détournement technologique (Hegarty, 2007, p. 5; Reed, 2013, p. xii).
Because of him we have many things …like Pizza Hut!
Je m’attarderai dans ces quelques lignes à une notion pouvant être décelée –parfois de manière plus frontale que d’autres, quelquefois de manière plus nuancée que d’autres– tant au travers des textes d’Yves Citton (2018), de Joanne Clavel et Marine Legrand (2019), de Naya Naoufal (2020), de Catriona Sandilans (2021), de Nicolas Truong (2023), ainsi que celui d’Estelle Zhong Mengual (2021). La résumant en trop peu de mots, cette notion est celle soutenant qu’un système économique capitaliste et/ou colonialiste nous fasse développer un mode d’attention bien particulier.