Entrée de carnet

À propos de «La vision périphérique des danseurs (ses)»

Gloria Isabel Gomez Ceballos
couverture
Article paru dans Revenir et s’écrire dans les traces, sous la responsabilité de Catherine Cyr et Katya Montaignac (2023)

    

Lorsque la professeure Katya Montaignac expliquait un exercice pratique pendant le cours, je me suis demandé: comment s’engager pour la nature en utilisant la vision périphérique? Je me pose cette question parce que je crois que cette compétence vient des hommes préhistoriques, lesquels dansaient sous le ciel pour s’exprimer et se connecter au paysage, aux animaux et ses semblables. Aujourd’hui, nous vivons une crise de l’attention et il y a une urgence pour stopper l’extinction massive et la destruction des écosystèmes. Pour cette raison, je propose que la notion de vision périphérique soit une stratégie, ou un mode de pensée non anthropocentrique qui tienne compte des êtres vivants et non vivants.

Même si je ne suis pas une experte en danse, il me vient à l’esprit qu’une analogie plus générale pour comprendre comment élargir la notion de vision périphérique pour s’engager avec la nature est l’interdisciplinarité dans le monde académique, parce que si on utilise plusieurs domaines de connaissances, nous pouvons réaliser des projets bénéfiques et des politiques solides. Donc, si nous avions une attention focalisée et collective pour nous relier à la nature, nous pourrions développer des stratégies plus efficaces et globales pour résoudre un problème qui n’affecte pas seulement notre espèce.

Je parle de la crise climatique, un problème majeur qui est une responsabilité surtout des entreprises qui polluent et l’inaction des gouvernements, mais aussi des citoyens et des communautés. Maintenant, l’individualisme postmoderne nous fait croire que changer le monde est impossible, mais je crois que des luttes contre l’adversité (la pandémie, des guerres) montrent l’importance de volontés politiques locales et internationales. De plus, la vision périphérique n’est pas innée sinon développe, ainsi que l’adaptation humaine, un processus acquis au cours de milliers d’années qui montre que la modification de comportements est une tendance naturelle qui s’accélère face à une menace pour la survie.

Je crois qu’on peut développer des stratégies individuelles et collectives qui incluent ce qui est dehors de nos corps, mais je suis consciente qu’il est impossible de se sentir comme une araignée ou comme un arbre d’eucalyptus parce que nous n’avons pas les mêmes organes, tailles et sources d’energie pour survivre. Cependant, il est possible de considérer la nature en nous, ainsi que les danseurs (ses), qui relient ce qui est visible avec ce qui est distant ou invisible.

Je propose ci-dessous, deux idées pour élargir l’attention de notre existence sur les éléments vivants et non vivants de la nature.

   

1. Transformer la notion d’intelligence des animaux, qui est fixée par nos aptitudes comme êtres humains.

On ne prend pas en compte l’ouïe d’une chauve-souris, l’ingéniosité des abeilles ou le sens de l’orientation des sternes arctiques parce que nous considérons que le cerveau des mammifères est supérieur, mais des pieuvres ont neuf cerveaux qui sont indépendants et les méduses ont des neurones capables de cultiver les algues dans leurs tentacules. Alors, si on “pense” d’une manière périphérique pour amplifier nos consciences de la nature, on trouverait des solutions qui ne sont pas liées aux consumérismes sinon des actions pour récupérer les écosystèmes où il y a des espèces qui aident tous les jours à maintenir l’équilibre (polliniser, réguler la faune sauvage, éviter la transmission de maladies épidémiques, etc.).

   

2. Lutter contre la valeur des plantes et minéraux qui est basé sur une économie de l’exploitation.

Un arbre sans fruits est moins apprécié qu’un pommier, même si tous deux nous donnent d’oxygène et abritent des écureuils, des insectes et des oiseaux, le diamant est un symbole de la richesse tandis que le gypse n’est pas considéré comme significative. La production végétale et l’exploitation des énergies fossiles sont conséquences de l’industrialisation. Dans ce cas, la vision périphérique comme nouvelle approche nous invite à penser en modelés économiques plus respectueux avec la nature.

Maintenant on sait que chaque élément de la Terre a une fonction et qu’il y a des ressources qui ne sont pas renouvelables On doit repenser comment la nature s’oppose au capital, car dans un monde apocalyptique, l’or et l’argent auraient moins de valeur que l’eau ou le sodium.

Pour finir, il faut comprendre que nous vivons la crise climatique avec les animaux et les plantes. Mais pour y parvenir, nous devons générer des stratégies et étudier (avec des nouveaux critères) comment les espèces ont changé leurs comportements pour s’adapter. Si nous continuons à développer des routes conçues pour notre espèce, nous trouverons des obstacles impossibles de surpasser, mais si nous changeons d’orientation sans perdre de vue la nature entière, nous pourrons affronter toutes ces difficultés.

   

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