Colloque, 10 au 12 mai 2023
Éclatement des formes, des théories et des pratiques didactiques de la littérature sous l’impact du numérique
Lancé en 2017 à Grenoble, et poursuivi en 2019 à Montréal, le colloque international sur l’enseignement de la littérature avec le numérique, pour sa 3e édition, appelle des chercheur·se·s d’horizons différents (didactique de la lecture-écriture, sciences de l’information et des communications, études littéraires, arts médiatiques, etc.) à interroger l’évolution des formes artistiques et littéraires numériques, des approches théoriques et didactiques ainsi que des pratiques d’enseignement de la littérature sous l’impact du numérique. On souhaite, par cela, faire état d’une époque post-révolution numérique, des «mutations» (Bessard-Banquy, 2012) des pratiques de lecture et des «métamorphoses du livre» (Chartier, 2001) à l’ère numérique ayant progressivement mené à une reconfiguration du «fait littéraire» (Monjour, Vitali-Rosati et Wormser, 2016), du discours critique et social sur les écrits d’écran (Souchier, 1996) ainsi que des attentes concernant la formation littératique des jeunes.
Comment se transforme le panorama d’enseignement de la littérature (avec le) numérique, en fonction des corpus et de l’affirmation de certaines pratiques pédagogiques numériques? Comment se lisent, se discutent et se pratiquent les arts littéraires numériques en classe? À partir de quels cadres institutionnels, conceptuels et théoriques sont-ils appréhendés?
C’est ce que nous invitons les intervenant·e·s à observer, d’une part, en dressant un premier état des lieux de l’éclatement des formes littéraires, artistiques et documentaires numériques contemporaines, notamment de celles qui réussissent à s’inscrire progressivement dans le champ de l’enseignement formel –et informel– de la littérature, d’autre part, en interrogeant de façon critique les modalités d’appropriation personnelle et de transposition didactique adoptées par les enseignant·e·s dans différents contextes d’enseignement. Les propositions pourront ainsi concerner des réflexions théoriques, des analyses de corpus numériques (potentiellement) scolarisables, des études empiriques de situations de classe, des enquêtes auprès des enseignant·e·s, etc.
Le colloque du 10 et 11 mai 2023 sera suivi par une journée consacrée à la présentation des travaux menés dans le cadre de MultiNumeriC, une recherche-action portant sur la cocréation de dispositifs novateurs soutenant le développement de la compétence numérique en français, en univers social et en art (Boutin et al., 2019-2024). Les propositions de communication s’inscriront dans l’un des axes suivants:
- Axe 1: Éclatement des formes littéraires, artistiques et documentaires numériques;
- Axe 2: Éclatement des approches théoriques et didactiques;
- Axe 3: Éclatement des pratiques didactiques.
Communications de l’événement
Ouverture de colloque – Éclatement des formes, des théories et des pratiques didactiques de la littérature sous l’impact du numérique
Eleonora Acerra, Nathalie Lacelle et Jean-François Boutin contextualisent et présentent les axes de recherche du colloque Éclatement des formes, des théories et des pratiques didactiques de la littérature sous l’impact du numérique.
La littérature numérique n’existe pas…c’est le jeu vidéo
Raphaël Baroni analyse les nouvelles terminologies et catégories d’objets numériques caractérisés par leur multimodalité, interactivité et narrativité : où se situerait une frontière entre littérature numérique et jeux vidéo ? Il propose une thèse au sujet de ce qui est défini comme la littérature numérique en se questionnant, entre autres, sur la place de ces objets dans l’enseignement, la définition des genres en arts littéraires numériques ou encore sur la spécificité de ces objets par rapport à des objets littéraires analogiques.
Raphaël Baroni est professeur à l’école de français langue étrangère de l’Université de Lausanne. Ses travaux portent sur la théorie du récit et la didactique, et s’intéressent à l’étude des médias, particulièrement à la bande dessinée et l’évolution numérique des formes narratives. Il est membre du Groupe de recherche sur la bande dessinée et cofondateur du réseau des narratologues francophones. Il préside également l’association internationale des chercheur·ses en littérature populaire et culture médiatique. Baroni est l’auteur des ouvrages La tension narrative. Suspense, curiosité, surprise ; L’œuvre du temps : Poétique de la discordance narrative ; Les Rouages de l’intrigue. Les outils de la narratologie postclassique pour l’analyse des textes littéraires ou encore Lire Houellebecq. Essai de critique polyphonique. Il est co-directeur de l’ouvrage collectif Introduction à l’étude des cultures numériques : la transition numérique des médias et des projets Reconfigurer la bande dessinée à l’ère du numérique et Pour une théorie du récit au service de l’enseignement.
De quoi la littérature de jeunesse au format numérique est-elle réellement le nom ?
Dans cette communication, Aurore Lavenka tente de définir la littérature de jeunesse au format numérique en s’intéressant à ses multiples formes et en réfléchissant aux champs auxquels ces livres peuvent se rattacher : littérature numérique ou avatars sur la littérature de jeunesse ?
Aurore Lavenka est formatrice à l’INSPE de Créteil, maîtresse formatrice premier degré sur les questions de maîtrise de la langue et responsable du centre départemental lecture et écriture de l‘Inspection Académique de Seine-et-Marne. Elle prépare actuellement une thèse à l’Université Paris 8 intitulée La lecture sur support numérique dans les milieux scolaires contrastés. Elle a publié un article sur le livre jeunesse numérique dans Les Cahiers pédagogiques – Hors série n°42 et un autre article en collaboration avec Georges Ferone un article intitulé La classe virtuelle, quels effets sur la pratique de l’enseignant ?
Le réseau classe comme prototype du réseau numérique
Gaspard Turin part du constat que le médium du réseau numérique en tant qu’interface est l’une de ces structures médiatiques qui peuvent être considérées comme des opérateurs de séparation (Citton, Zielkinski) et avance l’hypothèse que le réseau numérique, dans le cas de l’éducation notamment, apparaît comme un dispositif de communication qu’on utilise sans interroger, et qu’il faudrait pouvoir envisager la classe comme un prototype et lieu de communication du réseau. Il développe cette hypothèse et propose une mise en pratique en revenant notamment sur son expérience d’enseignant.
Gaspard Turin est chargé de recherche à l’université de Lausanne dans le cadre du projet DiNarr piloté par Raphaël Baroni. Il est également professeur au secondaire et enseigne au gymnase, l’équivalent du lycée en Suisse. La première partie de son parcours académique est strictement littéraire avec un intérêt pour la littérature contemporaine de langue française. Dans le champ didactique, il s’intéresse aux phénomènes de transition littéraire dans leurs plus larges acceptions possibles. Il a corédigé un numéro de revue sur l’enseignement de la bande dessinée et s’apprête à faire paraître un ouvrage collectif portant sur la transition littéraire par le biais des jeux de rôle.
Enseigner, c’est créer: retour sur la compétence professionnelle à produire des contenus multimodaux en contexte numérique
Dans cette communication, Emma June Huebner et Martin Lalonde nous présentent les résultats d’une recherche design qui portait sur l’utilisation des dispositifs en réalité virtuelle dans le contexte de création de récits en enseignement des arts médiatiques au secondaire. Iels reviennent sur la méthodologie utilisée pour ce projet, sur ses enjeux et objectifs, et offrent une analyse des données récoltées à cette occasion. Iels évoquent notamment les compétences numériques que ce projet a permis de développer.
Emma June Huebner prépare une thèse en éducation artistique à l’Université Concordia. Elle est artiste multidisciplinaire et enseignante en arts médiatiques et en communication au secondaire. Dans le cadre de ses projets de recherche, elle s’intéresse autant à l’éducation muséale et aux nouvelles technologies qu’à la réalisation de films et aux pratiques artistiques numériques dans les écoles. Parmi ses projets de recherche-création récents, elle a exploré l’utilisation des médias sociaux comme outils pour le récit hypermédiatique, ainsi que les médias sociaux comme outil pédagogique numérique en contexte muséal.
Matin Lalonde est professeur à l’École des arts visuels et médiatiques de l’UQAM. Il œuvre à titre de spécialiste de pédagogie innovante et surtout de la didactique des arts plastiques et médiatiques auprès des adolescent·es. Ses recherches portent sur la médiatisation des environnements d’enseignement et d’apprentissages en arts visuels par les technologies numériques mobiles. Ses travaux les plus récents abordent l’impact de l’augmentation virtuelle des environnements éducatifs et des technologies immersives sur le développement des compétences en LMM en contexte scolaire interdisciplinaire. On retrouve parmi ses champs d’intérêt les fondements théoriques et pratiques des curriculums en formation des arts, l’impact des réseaux sociaux et de l’image conversationnelle sur l’intégration sociale et la construction identitaire des adolescent·es.
Œuvres littéraires en format audio: vers des ruptures dans les pratiques d’enseignement de la littérature ? Une étude en contexte congolais
Elvire Boumbou et Magali Brunel s’intéressent aux façons de mobiliser les ressources qu’offrent les technologies numériques dans des contextes scolaires où elles pourraient favoriser un accès aux corpus, la mise en place d’activités impliquant davantage les élèves dans le rapport aux œuvres. Cet enjeu est questionné dans un contexte où les pratiques sociales des jeunes congolais·es se tournent de plus en plus sur les usages du smartphone ; où l’accès aux œuvres papier est plus compliqué. Elvire Boumbou présente son projet de recherche exploratoire dans ce contexte qui vise à irriguer la formation pour identifier comment celle-ci peut accompagner une ouverture des formes d’enseignement à la lecture littéraire en s’appuyant sur les outils et ressources numériques. Les chercheuses se demandent comment des néo-enseignant·es s’approprient un dispositif de formation en didactique de la littérature mobilisant les outils numériques, et de quelles manières s’effectue cette appropriation.
Elvire Boumbou est doctorante en deuxième année d’une thèse en sciences de l’éducation intitulée Les usages du numérique dans l’Enseignement/apprentissage du français au Secondaire en République du Congo. Ce projet est rattaché au Line (Laboratoire d’Innovation et Numérique pour l’Éducation) et dirigé par Magali Brunel, en co-tutelle entre l’Université Côte d’Azur de Nice et l’Université Marien-Ngouabi.
Magali Brunel est maître de conférences, habilitée à diriger des recherches au sein de l’INSPE de l’Université Côte d’Azur, membre du laboratoire Line. Ses travaux de recherche portent sur l’enseignement de la littérature et de la lecture littéraire à l’ère du numérique, elle expérimente de nouvelles pratiques d’enseignement en intégrant outils et ressources numériques et cherche à adapter les pratiques sociales et culturelles numériques dans le contexte scolaire. Elle a coordonné l’ouvrage L’enseignement de la littérature avec le numérique et est l’autrice du livre L’enseignement de la littérature à l’ère du numérique aux Presses universitaires de Rennes.
Le lecteur internaute de sixième année et son processus de compréhension de l’information: une conceptualisation de la littératie informationnelle
Joannie Pleau est professeure en didactique du français à l’UQAR. Elle a réalisé une thèse doctorale sous la direction de Nathalie Lacelle et présente à l’occasion de cette communication les résultats de son travail de recherche. Elle y parle du développement des compétences en littératie informationnelle de jeunes lecteur·ices-internautes, et réfléchit à des conceptualisations traditionnelles de la lecture qui tiendraient compte de la complexification des processus cognitifs engagés par les lecteur·ices qui naviguent, évaluent et intègrent des informations non linéaires de modes sémiotiques et de genres variés. Elle propose de discuter du renouvellement du concept de lecteur·ice.
Regards de didacticien·ne·s de la littérature sur la diversification des écritures lecturales en réseaux
Pierre Moinard se demande à l’occasion de cette communication comment et dans quelle mesure un éclatement des pratiques didactiques a pu être pensé dans cinq publications récentes en didactique de la littérature. L’intervenant propose une méta-analyse de ces ouvrages.
Pierre Moinard est maître de conférence en 9e section à l’université de Poitiers à l’INSPE. Il est rattaché au laboratoire formes et représentations en linguistique, en littérature et dans les arts de l’image et de la scène. Ses travaux portent sur les théories didactiques de la lecture littéraire.
Des pratiques illiteraires aux arts littéraires
Bertrand Gervais s’intéresse dans cette communication à la transition actuelle entre une culture du livre et une culture de l’écran. Il s’interroge sur les façons dont se joue cette transition, à la fois du côté des écrivain·es et artistes intéressé·es par le livre et les suites du livre ; et du côté de celleux qui sont déjà passé·es du côté de l’écran et qui jouent à en explorer les formes littéraires. Il évoque entre autres une mise en scène du livre dans un contexte numérique.
Bertrand Gervais est professeur, romancier, nouvelliste et essayiste québécois. Membre de la Société royale du Canada et co-directeur de Figura, centre de recherche sur les théories et pratiques de l’imaginaire. Il a été le titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les arts et les littératures numériques.
Que devient la créativité littéraire à l’heure de Chat GPT ? Expérimenter l’Intelligence Artificielle en master de création littéraire
Anne-Marie Petitjean revient sur une expérimentation de création littéraire à l’aide de chat GPT avec un groupe d’étudiant·es en master de création littéraire à l’Université de Cergy. Elle évoque l’utilisation de chat GPT comme enjeux des écritures de demain, qui pose de nombreuses questions importantes, ou encore les GAFAM.
Anne-Marie Petitjean est professeure des universités en littérature française des XXe-XXIe siècles et création littéraire à l’Université de Cergy. Elle est membre senior de l’Institut Universitaire de France, chaire Innovation.
Formes de l’identité-flux: redéfinir les figures et les pratiques auctoriales en culture de l’écran
Bertrand Gervais relate l’histoire de Rémy Fortier, un personnage créé de toute pièce en quelques heures à partir d’un générateur d’identité. Il revient sur la création de ce personnage et de son œuvre par divers interfaces et générateurs, une identité-flux qui lui permet d’aborder les figures et pratiques auctoriales en culture de l’écran.
Bertrand Gervais est professeur, romancier, nouvelliste et essayiste québécois. Membre de la Société royale du Canada et co-directeur de Figura, centre de recherche sur les théories et pratiques de l’imaginaire. Il a été le titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les arts et les littératures numériques.
De la littérature numérique aux narrations vidéoludiques
Emmanuelle Lescouet s’intéresse à des pratiques plutôt qu’à des exemplifications d’œuvres dans cette communication, dans laquelle les gestes de manipulation de livres numériques sont centraux. Elle s’intéresse à ces manipulations et à la façon dont elles nous placent en tant que lecteur·ices, comment cela influe sur notre perception de ces œuvres. L’intervenante s’intéresse notamment à la façon dont ces textes aux supports divers vont entrer dans nos flux quotidiens, par nos objets, interfaces, réseaux et pratiques.
Emmanuelle Lescouet est doctorante en littérature à l’UdeM et s’intéresse aux gestes de lecture notamment en environnement numérique : elle travaille sur la façon dont nous utilisons notre corps pour manipuler des œuvres et ce que ces différentes manipulations vont impliquer pour la réception de ces œuvres ; ou encore sur les façons de nous mouvoir qui changent la manière dont on va recevoir ces œuvres.
Des narrations vidéoludiques aux jeux vidéos littéraires
Amélie Vallières fait, à l’occasion de cette communication, un pont entre littérature numérique et jeux vidéo et explique ce que peuvent être des jeux vidéo littéraires, avec des caractéristiques qui leur sont propres. Elle évoque notamment les formes de narrations permises par le jeu vidéo.
Amélie Vallières est doctorante et travaille sur la littérature numérique et les narrations vidéoludiques. Sa thèse s’intitule Joueur·ses adolescent·es et jeux vidéos littéraires, études à visée éducative de corpus et de cas multiples. Elle fait partie de l’équipe de Labyrinthe.
Développer un outil de formation avec, pour et pendant l’apprentissage : le cas du guide de formation au logiciel Twine produit dans le logiciel Twine
Gabriel Tremblay-Gaudette livre une communication sur la formation avec, pour et pendant l’apprentissage du logiciel Twine, un logiciel destiné à la création de récits interactifs et multilinéaires qui permet d’intégrer des contenus textuels, visuels, audio et vidéo disponibles en ligne. Il nous présente un guide de formation à l’utilisation du logiciel sur lequel il travaille depuis quelques années. L’intervenant propose une démonstration du fonctionnement de cet outil et de ses utilisations pédagogiques.
Gabriel Tremblay-Gaudette est professeur de littérature à l’Université Téluq et fondateur du collectif Obèle. Il travaille en recherche-création sur des hybridations entre littérature et jeu vidéo.
Atelier de découverte, exploration de narrations vidéoludiques
Dans cette communication, Emmanuelle Lescouet et Amélie Vallières explorent des formes de narrations plus ludiques. Les intervenantes y parlent de jeux littéraires, visual novel, application ou livre ludiques. Elles nous proposent un corpus d’œuvres avec une progression de diverses propriétés littéraires, de manipulations et gestuelles, allant d’œuvres les plus mimétiques vers des plus ludiques. Elles s’intéressent particulièrement à la pratique : comment, à partir d’un exemple, évoquer une pratique de lecture, de manipulation d’œuvres littéraires ou ludiques.
Emmanuelle Lescouet est Doctorante en littérature à l’UdeM et s’intéresse aux gestes de lecture notamment en environnement numérique : elle travaille sur la façon dont nous utilisons notre corps pour manipuler des œuvres et ce que ces différentes manipulations vont impliquer pour la réception de ces œuvres ; ou sur les façons de nous mouvoir qui changent la manière dont on va recevoir ces œuvres. Théorie de la lecture adaptée aux environnements numériques.
Amélie Vallières est doctorante en éducation à l’UQAM et s’intéresse à la littérature numérique auprès des adolescent·es joueur·ses. Elle travaille sur des jeux vidéos avec des propriétés et potentiels littéraires et s’interroge sur la mobilisation de savoirs-faires et attitudes associés à la littératie numérique qui pourraient être didactisables ou simplement plaisants. Elles travaillent toutes deux au Labyrinthe, projet encadré par Nathalie Lacelle.
Les reconfigurations du littéraire par le numérique: quelles potentialités didactiques ?
Sonya Florey nous propose des axes de réflexion pour penser certaines spécificités des œuvres littéraires numériques et leur didactisation. Elle s’intéresse dans cette communication à la notion d’éclatement en littérature et notamment littérature numérique ; et se questionne quant à ce qui peut-être problématisé comme enjeu didactique, ce que cet éclatement signifie pour la discipline scolaire, pour le corps enseignant, pour les élèves, et pour les apprentissages des élèves.
Professeure en didactique du français à la haute école pédagogique du canton de Vaud en Suisse, Sonya Florey contribue à la formation des futur·es enseignant·es dans les filières primaire et secondaire. La didactique de la littérature de l’extrême contemporain et de la littérature de jeunesse, ainsi que les enjeux du numérique et du néolibéralisme en milieu scolaire, constituent ses champs de spécialisation prioritaires dans lesquels elle a publié plusieurs articles scientifiques et professionnels. Elle s’intéresse plus généralement aux conditions qui favorisent la circulation des savoirs, informations initiales et continues.
Les enseignant·e·s au prisme de leurs cultures littéraires numériques: entre ouverture disciplinaire et éclatement des pratiques didactiques
Nolwenn Tréhondart réfléchit au fossé actuel entre la popularité de ces formes littéraires numériques et leur absence dans les corpus d’enseignement littéraires. Elle souligne une opposition entre une littérature dite patrimoniale et une nouvelle culture littéraire tournée vers le numérique, et propose quelques façons d’intégrer et didactiser ces nouvelles formes littéraires qui reflètent la variété des pratiques lectorales des futurs enseignant·es.
Nolwenn Tréhondart est maîtresse de conférences en sciences de l’éducation et de l’information et de la communication, et dirige actuellement le master pratiques numériques et éducation qui s’adresse à des enseignant·es en formation continue qui souhaitent développer une réflexion quant à une intégration du numérique dans leur usages scolaires. Elle a notamment coécrit un ouvrage Sur quoi se fondent nos interprétations à propos des images d’actualité et est également co-directrice scientifique de la revue Hybride.
Écrire avec l’intelligence artificielle générative: quels usages pour quelles compétences
Le groupe de chercheur·ses présentent un projet de cocréation réalisé avec une enseignante de français entre décembre 2022 et mai 2023 dans le cadre d’une recherche-action MultiNumeric, qui vise le développement de la compétence numérique par la littératie médiatique multimodale chez les élèves du secondaire dans différentes disciplines. Cette communication rend compte d’une séquence d’enseignement sur les thèmes de l’absurde et de l’engagement en littérature qui reposent sur l’usage de logiciel d’intelligence artificielle générative pour différentes activités d’appropriation littéraire et d’écriture créative. Après le déploiement de cette séquence d’enseignement-apprentissage axé sur la lecture littéraire numérique, le groupe de chercheur·es et l’enseignant s’interroge à l’occasion de cette deuxième année de projet sur des problématiques littéraires et technologiques. La réflexion didactique et le choix de la problématique générale de la séquence portant sur le non-sens et sur la difficulté de s’engager dans un monde dont la source nous échappe.
Eleonora Acerra est professeure Didactique de la littérature numérique jeunesse à l’UQAT, Sylvain Brehm à l’UQAM en didactique de la littérature et Nathalie Lacelle, en didactique des langues et sciences de l’éducation à l’UQAM.
La littérature, un autre monde dans la classe de FLE. Séquence numérique : “Victor Hugo : un homme, une histoire”
Dans cette communication, Sophie Baroutsaki-Tsirigoti revient sur son enseignement en classe de FLE (Français Langue Étrangère) via une séquence numérique comme dispositif didactique. L’intervenante porte son attention sur les potentiel des nouvelles technologies dans l’enseignement et situe sa proposition dans un espace hybride centré l’apprenant, avec des ressources multiples et des situations pédagogiques adaptées. Elle revient sur une série d’activités pédagogiques axée principalement sur les différentes catégories des savoirs linguistiques, socio-historiques, culturels, essayistiques et rhétoriques ; et développe sur les nouvelles technologies comme moyen renforçant l’articulation du linguistique, du culturel et de l’appréhension de l’altérité.
Sophie Baroutsaki-Tsirigoti est enseignante de FLE, directrice de l’école de la langue française ABC à Mytilène (Lesbos – Grèce) et présidente de l’association des professeurs de français langue étrangère à Lesbos depuis 2003.
Didactiser des récits interactifs : de l’analyse du discours numérique à l’analyse technolittéraire
Isabelle Cros présente ses travaux en collaboration avec Christelle Combe autour de la didactisation des récits interactifs, et plus généralement de la littérature numérique, en partant de l’analyse du discours numérique, jusqu’à l’analyse techno littéraire.
Isabelle Cros est maître de conférences à l’université Aix-Marseille et intervient à l’INSPE dans la formation des enseignant·es. Son travail est à la croisée de la didactique des langues, de l’ingénierie pédagogique de la formation et de l’analyse des discours.
Le vidéopoème à la conquête de la classe
Françoise Cahen est professeure de lettres au lycée et chercheuse française, et présente une réflexion sur le vidéopoème. Elle se questionne sur les possibilités didactiques du vidéopoème et se demande comment celui-ci, en tant que genre littéraire numérique, pourrait être valorisé comme objet d’analyse, mais aussi comme objet de pratique créative dans les cours de lettres du secondaire. Elle parle des avancées et fragilités de l’intégration de ces contenus dans le cadre des programmes d’enseignement. L’intervenante parle de l’émergence du genre en donnant quelques exemples de créations et revient sur son expérience de pratique du vidéopoème avec des élèves en classe.
Formes littéraires émergentes à l’école ? Enquête sur les pratiques déclarées (et éclatées ?) au secondaire et au collégial québécois
Luc Mahieu nous livre les résultats d’une enquête de terrain qui visait à documenter les pratiques des enseignant·es du réseau de l’équipe de Nathalie Lacelle dans le cadre d’un séjour de recherche. Le questionnaire diffusé s’intéressait à la place pour les nouveaux genres littéraires numériques dans les classes de français tant au secondaire qu’au collégial (équivalent au Cégep) ; ainsi qu’au sentiment de légitimité qu’éprouvent les enseignant·es vis-à-vis de ces genres.
Luc Mahieu est doctorant à l’Université de Louvain. Sa thèse s’intitule : Quelle place pour la théorie du récit dans l’enseignement du français, une enquête de terrain auprès des enseignant·es de secondaire 1 et 2 avec des élèves entre 12 et 18 ans en Belgique, en Suisse, en France et au Québec.
Comprendre et didactiser l’expérience immersive en réalité virtuelle dans les arts
Martin Lalonde présente quelques éléments de littérature au sujet de l’expérience immersive dans le contexte d’éducation artistique et aborde la perception de ces expériences par les élèves et enseignant·es. Il présente ensuite la façon dont a été didactisé ce type d’expérience dans le cadre du projet ma.réalité, une recherche-design sur le potentiel de l’utilisation des réalités étendues en enseignement des arts médiatiques au secondaire pour le développement des compétences numériques et en littératie médiatique multimodale.
Matin Lalonde est professeur à l’École des arts visuels et médiatiques de l’UQAM. Il œuvre à titre de spécialiste de pédagogie innovante et surtout de la didactique des arts plastiques et médiatiques auprès des adolescent·es. Ses recherches portent sur la médiatisation des environnements d’enseignement et d’apprentissages en arts visuels par les technologies numériques mobiles. Ses travaux les plus récents abordent l’impact de l’augmentation virtuelle des environnements éducatifs et des technologies immersives sur le développement des compétences en LMM en contexte scolaire interdisciplinaire. On retrouve parmi ses champs d’intérêt les fondements théoriques et pratiques des curriculums en formation des arts, l’impact des réseaux sociaux et de l’image conversationnelle sur l’intégration sociale et la construction identitaire des adolescent·es.
Des compétences numériques et de littératie en classe de français
Natalie Lacelle propose un panorama des types de littératies et propose une série d’approches, de compétences à développer par leurs biais, et de formes possibles à approcher dans une perspective interdisciplinaire d’enseignement.
Nathalie Lacelle est professeur en littératie médiatique au département de didactique des langues à l’UQAM.
Prendre parole : communication orale et ludification en 3e secondaire
Les intervenant·es reviennent sur leurs objectifs, dont revisiter l’enseignement du français oral, notamment pour accompagner des élèves en situation de mutisme ou de difficulté à la prise de parole. Iels expliquent comment ont été développés des outils qui ont permis de réaliser ce projet avec leurs élèves, par le biais de baladodiffusion, de ludification des matériaux didactiques avec comme ligne directrice la mythologie.
Narration nativement numérique et enseignement du français
Le groupe de chercheur·ses présente un projet de co-création réalisé avec une enseignante de français entre décembre 2022 et mai 2023 dans le cadre d’une recherche-action MultiNumeric, qui vise le développement de la compétence numérique par la littératie médiatique multimodale chez les élèves du secondaire dans différentes disciplines. Cette communication rend compte d’une séquence d’enseignement du français sur les thèmes de l’absurde et de l’engagement en littérature qui reposent sur l’usage de logiciel d’intelligence artificielle générative pour différentes activités d’appropriation littéraire et d’écriture créative. Après le déploiement de cette séquence d’enseignement-apprentissage axé sur la lecture littéraire numérique, le groupe de chercheur·es et l’enseignant s’interroge à l’occasion de cette deuxième année de projet sur des problématiques littéraires et technologiques.
Un outil d’autorégulation en correction textuelle pour les élèves de 5e secondaire
Les intervenant·es reviennent sur le développement d’un outil d’autorégulation en correction textuelle en contexte de classe de 5e secondaire. Iels parlent de leurs objectifs : l’optimisation de code de correction ; et le développement d’une stratégie numérique et multimodale de correction de texte. Iels nous expliquent leurs démarches pour améliorer et faciliter l’autonomie et l’investissement des élèves dans leurs travaux, notamment en regard des exigences scolaires.
L’augmentation d’un roman imprimé en 2e secondaire
Ce projet a lieu dans une classe de soutien pédagogique en français pour des élèves de 2e secondaire en difficulté. Les intervenantes présentent leur projet d’augmentation d’extraits de romans travaillés en classe par le biais de dispositifs numériques avec la mise en image vidéo ou l’utilisation de banques de sons. Elles reviennent sur le processus, depuis la lecture avec pour projet de bonifier des passages, en passant par la production de ces bonifications, l’appréciation d’œuvre multimodale numérique, jusqu’à la diffusion de leurs créations.
Accumoncellement: le cabinet des curiosités
Dans cette communication les intervenantes s’intéressent au développement des compétences numériques des élèves et du personnel enseignant du secondaire par le biais de la littératie médiatique multimodale à partir d’un projet de cabinet curiosité en classe d’art. Elles expliquent comment elles ont tentées d’amener les élèves à discerner, critiquer les informations numériques auxquelles ielles sont confronté·es depuis une perspective artistique. Elles établissent leur proposition, à partir de ces informations, de création de formes artistiques qui rendent compte de leur réalité de manière créative, critique et assurée au moyen d’outils numériques.
Ce projet s’inscrit dans le cadre de MultiNuméric
Des compétences numériques et de la littératie en classe d’univers social
Présentation du projet de bande dessinée historique en 3e secondaire : réception et production dans le cadre des chantiers de compétences numériques et de la littératie en classe d’univers social
Virginie Martel présente le cadre de l’enseignement du domaine de l’univers social, comprenant la géographie et l’histoire, dans lequel est développé une série de projets, dont le projet La bande dessinée historique en 2è secondaire : réception et production. Celui-ci est présenté avec la participation d’Éric Bédard et Emilie St-Amand, pilotes du projet, et Jean-François Boutin. La bande dessinée est utilisée comme médium de réception et de production pour les élèves, et permet ainsi le développement de compétences en littératie multimodale. Les intervenant·es reviennent sur ces activités et sur le développement des compétences, numérique notamment, que cette discipline et ce projet permettent. Virginie Martel est professeure en didactique du français au département des sciences de l’éducation de l’UQAR. Éric Bédard intervient en tant qu’enseignant au secondaire, Emilie St-Armand en tant qu’auxiliaire de recherche et doctorante en science de l’éducation, et Jean-François Boutin en tant que professeur en didactique du projet.
L’atlas numérique individuel
Ce projet est le résultat d’un processus de co-création à l’occasion duquel chercheur·ses et enseigant·es ont échangé autour du développement des compétences de lecture numérique de LMM, du soutien pédagogique et de l’apprentissage autorégulé des élèves. Celleux-ci ont créé un portfolio numérique, devenu l’atlas historique, dans le cadre de leurs cours en univers social. Les intervenant·es reviennent sur cet atlas comme moyen de développer leurs compétences, par la lecture et la production de cartes interactives ou lignes du temps, par exemple, qui permet par la même occasion de développer leurs compétences en lecture numérique et multimodale.
Le projet Premiers peuples : la culture autochtone in vivo
Les intervenant·es présentent un projet qui a eu lieu dans une école primaire de Québec, visant à faire des élèves des citoyen·nes informé·es sur les enjeux des Premières Nations. Les intervenantes reviennent sur les étapes par lesquelles ces élèves sont passé·es, de l’immersion culturelle en classe jusqu’à la production et diffusion de contenus créés par leurs soins.
Table ronde: Développement des compétences en littératie actuelle de la classe aux prescriptions officielles ?
Les panélistes discutent autour de trois questions proposées par Jean-François Boutin pour essayer d’entrevoir l’avenir des projets didactiques qui recourent aux divers objets numériques dont il est question dans ce colloque.
Cette table ronde est animée par Jean François Boutin, avec Sylvain Brehm, Jimmy Coste, Josianne Parent, et Joannie Pleau.
Journée MultiNumeric, retour sur des chantiers
Magali Brunel offre ses observations sur ce que ces divers chantiers MultiNumeric ont pu produire en termes d’objectifs et fonctions différents liés au numérique, pour les enseignant·es, les élèves et les chercheur·ses. Elle propose également différentes perspectives pour la suite.
Magali Brunel est professeure des Universités en didactique de la littérature et Sciences de l’éducation à l’Université de Montpellier et directrice adjointe à la recherche et aux relations internationales de l’INSPE à l’Université Côte d’Azur.