Colloque, 9 au 12 décembre 2015

Repenser le réalisme. IIe Symposium international de sociocritique

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Il n’y a pas un réalisme mais des réalismes, variant selon les âges et les lieux. Et s’il existe bien des effets de réalité, ils sont créés par les interactions mêmes des textes avec l’imaginaire social. C’est dans cette perspective que le IIe Symposium international de sociocritique engage à «Repenser le réalisme». Cet événement propose une relecture critique des travaux sur le réalisme à partir des hypothèses nodales de la sociocritique.

La sociocritique envisage le texte littéraire (et tout autre dispositif langagier producteur de sens) dans ses interactions avec la semiosis sociale, c’est-à-dire les savoirs, les représentations, les images, les façons de parler, les discours, les multiples voix et langages par lesquels une société, dans une situation sociohistorique précise, se représente ce qu’elle est, ce qu’elle a été et ce qu’elle pourrait devenir.

Les travaux présentés au IIe Symposium international de sociocritique examinent la manière dont les œuvres incorporent et transforment ce qu’elles empruntent à cet imaginaire social. Ils mettront en valeur l’historicité, la socialité, les mutations et la variabilité des réalismes. Ils proposent des réflexions portant sur des corpus variés, allant du Moyen Âge à l’époque actuelle. Ils s’ouvrent aussi à des œuvres aux origines géoculturelles diverses. Loin de se limiter au roman, ils mettent en exergue la pluralité générique et esthétique des œuvres considérées. Ils font ressortir la variété des réalismes, qui s’exprime entre autres dans des expressions telles «réalisme magique», «réalisme merveilleux», «réalisme symboliste», etc. Enfin la programmation accueille également des contributions qui relèvent de l’ethnocritique des textes, approche avec laquelle la sociocritique entretient un dialogue fructueux depuis quelques années.

Le IIe Symposium international de sociocritique a eu lieu du 9 au 12 décembre 2015 à l’Université de Montréal.

Les documents audio ont été traitées par Ursula Cherrier en vue de la mise en ligne sur le site de l’Observatoire de l’imaginaire contemporain.

Communications de l’événement

Francis Gingras

Fabuler et dire vrai: les réalismes et l’histoire des genres narratifs

«Il peut sembler incongru de demander à un médiéviste d’ouvrir une rencontre qui se donne pour objectif de repenser le réalisme. Qui plus est dans une perspective sociocritique. On attendrait ici, plus naturellement, un spécialiste de la littérature française du XIXe siècle ou du roman anglais de la fin du XVIIIe siècle, périodes au cours desquelles, semble-t-il, on a le plus pensé, voire théorisé, le réalisme.

Pourtant, au-delà de l’amitié et de l’honneur que me font les organisateurs de ce symposium à travers cette invitation, ils ont fait preuve (du moins de mon point de vue de médiéviste) d’une sagacité historique certaine puisque le moyen-âge central est bien la période où le mot réalisme se repend pour la première fois dans le vocabulaire économique et juridique. Au moment même où le concept s’installe au centre de la philosophie du langage. C’est aussi la période où se développe un autre rapport à la fiction, à travers des formes narratives nouvelles, dans un contexte linguistique et culturel marqué notamment par l’émergence des littératures en langues vernaculaires.»

Francis Gingras est professeur titulaire au Département des littératures de langue française de l’Université de Montréal. Il s’intéresse en particulier à l’histoire de l’imaginaire et du développement du genre romanesque au Moyen Âge. Outre de très nombreux articles, il est l’auteur de Érotisme et merveilles dans le récit français des XIIe et XIIIe siècles (Paris, Honoré Champion, 2002) ; de Miroir du français: éléments pour une histoire culturelle de la langue française (Montréal, Presses de l’Université de Montréal, 2007/2014) et du Bâtard conquérant: essor et expansion du genre romanesque au Moyen Âge (Paris, Honoré Champion, 2011/2017).

Craig Moyes

Pour une lecture sociocritique du «Roman bourgeois» de Furetière

«Comme mon titre l’indique, je veux proposer une lecture sociocritique du Roman bourgeois. C’est à dire, et ici j’emprunte un terme à Pierre Popovic, je veux offrir ou au moins suggérer une explication possible à la singularité sociosémiotique de ce roman.

Mais pourquoi choisir un texte du XVIIe siècle dans le cadre d’un colloque sur une école littéraire qui n’a véritablement court qu’au XIXe siècle? Et bien, parce que c’est justement l’action singulière du Roman bourgeois, son intervention à partir de et dans l’imaginaire social et littéraire de 1666 qui a été occultée par sa réception ultérieure au XVIIIe siècle.

On verra qu’au nom d’un prétendu réalisme, très souvent associé à ce roman et qui en principe devrait représenter le social avec toute la clarté de la description picturale qui sous-tend ce terme important du travail textuel, sa singularité sociosémiotique se voit reléguée à l’ombre.

Je propose donc un exposé en deux parties. Je vais d’abord parler du mécanisme d’occultation en faisant un détour par l’histoire de la réception du livre. Ensuite, dans un deuxième temps, je vais indiquer quelques lieux textuels et cotextuels où, je crois, réside son intérêt d’un point de vue sociocritique.»

Craig Moyes est Senior Lecturer d’études françaises et francophones à King’s College London ainsi que directeur du Centre for Quebec and French-Canadian Studies (CQFCS) à l’Institute of Modern Languages Research (IMLR), University of London. Il a publié une monographie sur le Roman bourgeois d’Antoine Furetière en 2013 et a récemment organisé un symposium international et pluridisciplinaire au Royaume-Uni pour le 50e anniversaire d’Expo67.

Patrick Maurus

Traduction ou traduire: les outils de la sociocritique au risque de la lecture-écriture

«Je cherche à mettre en phrases françaises un texte qui, avant de devenir de la littérature, doit appartenir à la langue française. Deuxième chose: la vérification des intentions évidentes de l’auteur. Trois, je joue à être écrivain. Je fais comme si j’étais l’inventeur de cette histoire. Je m’efforce de raconter la suite des actions dans ma langue personnelle.»

Patrick Maurus est professeur émérite de l’INALCO, Paris, département de langue et littérature coréennes, traducteur et directeur de la revue tangun, du site revuetangun.com, documentariste auteur de Histoire de la littérature coréenne, Ellipses, 2005, La Corée dans ses Fables, Actes Sud, 2011, Un Cheminement vagabondNouveaux entretiens sur la sociocritique, P. Maurus et Cl. Duchet, éd. Champion, 2011, Shakespeare a mal aux dents, avec Marie Vrinat-Nikolov, Inalco, 2018, Pratique du Traduire, avec Pauline Fournier, Inalco, 2019, Les trois Corées, Hémisphères, 2019.

Bertrand Gervais

Dépasser les limites: imaginer la traduction avec Harry Mathews

«Où est passé le texte? Il est passé à la trappe, pris au piège dans un processus qui élimine les difficultés pour ne pas avoir à en signaler la présence et rompre le contrat de rupture.

À vrai dire, l’élimination des difficultés permet de conserver l’illusion de traductibilité des textes, les lissant jusqu’à faire disparaître leurs aspérités. C’est le prix à payer pour leur permettre de traverser des frontières, de maintenir l’illusion que malgré les mots qui leur servent de lest, pour ne pas dire de seule réalité tangible, les idées peuvent circuler et se déployer. Elles peuvent être projetées au-delà de leurs limites naturelles.

Dans deux de ses textes, la nouvelle The Dialect of the Tribe et le bref essai Translation and the Oulipo: The Case of the Persevering Maltese, l’écrivain américain et oulipien Harry Mathews s’est amusé à penser des cas limites où la traduction devient une pratique en grande partie impossible ou alors paradoxale.»

Bertrand Gervais est le directeur du Laboratoire NT2 et du Centre Figura. Il est également professeur titulaire et enseigne au Département d’études littéraires de l’Université du Québec à Montréal.

Michaël Rinn

Fiction, chronique, historique, passage («Les Dépossédés» de Steve Sem-Sandberg)

«Je parlerai du roman Les dépossédés de Steve Sem-Sandberg, publié à l’origine en suédois en 2009 et en français en 2011.

Il dresse le portrait des habitants du ghetto de Lódz en Pologne sous l’occupation allemande durant la Seconde Guerre mondiale. Le personnage principal, Mordechai Chaim Rumkowski, président du conseil juif, homme d’affaires et tyran extravagant illustre l’ordre à la fois implacable et pervers instauré par les autorités nazies. Rumkowski transforme le ghetto en un vaste complexe industriel, espérant assurer la survie des juifs en contribuant à l’effort de guerre allemand. Or, malgré la productivité effrénée, presque tous seront exterminés vers la fin de la guerre.

Ma contribution interroge cette écriture littéraire qui enchevêtre inexorablement la chronique historique du ghetto, chronique qui a été découverte il y a peu de temps dans les décombres du ghetto, et procédures de fiction.

Je reconnais ici une sorte de réalisme sous emprise du réel.»

Djemaa Maazouzi

«Nous baignons dans la langue et quelqu’un a chié dedans»: «L’Art français de la guerre» d’Alexis Jenni

«Parfois, dire, ce n’est pas faire. Même avec la meilleure volonté ou la meilleure des velléités. Même en épuisant les ressorts de l’anaphore, de l’analogie, de la répétition, des métaphores ou de l’hypotypose. Même en essayant la polyphonie, en voulant brouiller la voix narrative par la voix du personnage principal et réciproquement. Même en tentant de donner une circularité au récit. Même en essayant tantôt avec des euphémismes, tantôt avec des images et tantôt avec un coup de gueule.

Même en choisissant de porter un discours de jeune, postcolonial, à entendre ici d’un point de vue seulement chronologique. N’ayant pas connu la dernière des guerres coloniales françaises, ayant tout lu à son sujet et le revendiquant, désabusé, pessimiste, impuissant, lâche, parfois indifférent, parfois révolté, parfois solidaire, mais intérieurement au sujet de son époque, de ses aînés, de sa société. Même en dotant son écrit d’un dispositif paratextuel censé alterner les genres.

Parfois, le dire est plus difficile à faire qu’à dire. Surtout lorsqu’on escompte des effets de hantise. Dire qu’une réalité hante c’est déjà difficile à montrer de manière crédible. Mettre en scène la hantise, surtout si on veut que cela soit effectif, que cela ait des résultats sur le lecteur, bref, utiliser l’argument que du réel se manifeste dans le présent parce que c’est du passé qui n’est pas passé, que des fantômes nous hantent par ce que la réalité n’a pas été assumée, c’est une chose. Se contenter de le dire ou de le répéter n’est pas la même chose.»

Régine Robin

Fragmentation, discontinuité, mémoire et réalité dans l’œuvre de Patrick Modiano

«J’aimerais pour les 20 minutes qui me sont imparties traiter d’un aspect de l’œuvre de Patrick Modiano qui posent des problèmes qui sont les nôtres aujourd’hui: autour du réalisme, autour de l’effet de réel au sens Barthien.

Les personnages, et le narrateur très souvent, de ses romans sont toujours en quête. En quête d’eux même lorsque amnésique ils ne savent plus qui ils sont ou en quête d’autres qui ont disparu ou ont ressurgi. Personnages obscurs souvent anonymes dont il faut retrouver la trace. C’est aussi vrai des personnages fictifs que d’un personnage non fictif de l’œuvre Dora Bruder, cette jeune adolescente juive qui a fait une fugue en décembre 1941 et dont les parents placent une annonce dans Paris Soir.

Pour tous ces personnages et en particulier les personnages fictifs, le narrateur finira par retrouver quelques traces qui ne font jamais sens totalement. Or, pour le personnage réel, il n’arrivera pas à retrouver de vraies traces, sauf quand il fera appel à un historien.

Tout ceci m’interpelle puisqu’on parlait de l’intrication du romanesque ou du fictif et d’éléments qui sont tout à fait historiques. Comment un romancier se dépêtre-t-il de cette articulation en jouant précisément de l’apparence perpétuelle de l’assise historique?»

Sophie Ménard

Bricolage générique: «La Classe de neige» d’Emmanuel Carrère

«Le bricolage est une manière de nommer, chez Lévi-Strauss, la pensée mythique qui travaille à coups d’analogies et de rapprochements et qui réorganise des matériaux précontraints. On peut faire l’hypothèse que le texte littéraire est, lui aussi, bricoleur. Comme le suggère déjà Gérard Genette dans ses Palimpsestes lorsqu’il affirme que l’hypertextualité, à sa manière, relève du bricolage. Ou encore comme l’écrit Jacques Dubois qui explique qu’en dépit de sa tension vers l’unité et la structuration, le texte est toujours à quelques degrés les résultats d’un bricolage, c’est-à-dire qu’il amalgame des fragments qui stylistiquement et sociologiquement, et j’ajouterai culturellement, sont de diverses origines.

L’ethnocritique souscrit à cette vision d’une hétérogénéité discursive, générique et culturelle constitutive des œuvres.

C’est dans ce cadre que je propose d’étudier aujourd’hui la mobilité de certains motifs, issus de la culture et du folklore, de la littérature orale et écrite, tout autant que des rites et des coutumes. Il s’agit d’une étude de ces motifs dans La classe de neige d’Emmanuel Carrère dont l’œuvre se caractérise plus généralement, selon Dominique Rabaté, par un nouveau réalisme plus brut, exigeant le croisement des paroles, des effets de construction pour dire ce qui nous agresse.»

Professeure adjointe au Département des littératures de langue française depuis 2019 et membre régulière de FIGURA, Sophie Ménard a obtenu un doctorat en études littéraires en 2011 (UQÀM/Paris-10). Outre sa thèse, parue sous le titre Émile Zola et les aveux du corps. Les savoirs du roman naturaliste (Classiques Garnier, 2014), elle a réalisé deux éditions critiques (La Conquête de Plassans d’Émile Zola, Classiques Garnier, 2013 et Mademoiselle Giraud, ma femme d’Adolphe Belot, Classiques Garnier, 2019) et a publié plusieurs articles sur Zola, les Goncourt, Maupassant, Baudelaire, Sand.

Rainier Grutman

Le roman réaliste comme lit de Procuste

«Je voudrais m’attarder à un élément de la poétique du réalisme, à la poétique de son écriture. Car, si le terme réalisme apparaît ou réapparaît en français au milieu-XIXe siècle, employé par des gens qui ne savaient sans doute pas du tout que ce terme avait déjà existé au XIIe siècle, le débat se développe aussi dans le domaine de la peinture. Autour notamment de la figure de Gustave Courbet. Mais la peinture de la “société” que propose la littérature ne se fait pas à l’aide d’un pinceau, mais à l’aide d’une plume.

Les matériels ici ne sont pas des lignes, des couleurs, des formes ou des masses, mais le langage. Le langage dans son aspect visuel, matériel et dans son aspect sonore et sémiotique.

Cet aspect de la poétique réaliste que je voudrais aborder et par rapport auquel je prendrai position assez fermement, c’est le traitement que reçoivent les langues et les langages autres dans le roman réaliste.»

Judith Sribnai

Là «où brille la rare vraisemblance»: les réalismes de Gassendi

«Gassendi est un philosophe du XVIIe siècle, ce qui veut dire une chose très simple: il n’aime pas la littérature et encore moins les romans.

Pourtant, chez cet homme de foi, pour qui la vérité relève du divin et non des hommes, la question du réalisme est centrale. Je crois que, même si lui-même en serait certainement fort surpris, il aide beaucoup à penser l’histoire de cette notion et particulièrement en littérature et – aussi – dans une perspective sociocritique.»

Judith Sribnai est chercheure régulière à FIGURA, le Centre de recherche sur le texte et l’imaginaire. Elle est professeure adjointe au Département des littératures de langue française de l’Université de Montréal. Elle s’intéresse notamment aux représentations de soi dans les récits du XVIIe siècle ainsi qu’aux relations entre fiction et savoir. Elle a publié en 2014 Récit et relation de soi au XVIIe siècle (Classiques Garnier) et Pierre Gassendi.

Isabelle Arseneau

Anatomie d’un courant. Les philologues et le réalisme littéraire

«Je voudrais aujourd’hui essayer de repenser un peu plus globalement les rapports des philologues du début du XXe siècle au réalisme littéraire de façon à mesurer les conséquences qu’a pu avoir la confusion qu’ils entretiennent avec les historiens et les littéraires, entre l’écriture du réalisme et celle de l’histoire.

La lecture de leurs travaux fait apparaître d’emblée un triple modèle, téléologique, organiciste et bourgeois, sur lequel je voudrais m’arrêter.»

Isabelle Arseneau est professeure agrégée au Département de langue et littérature françaises de l’Université McGill. Elle est l’auteure d’un ouvrage paru aux éditions Classiques Garnier en 2013, Parodie et merveilleux dans les romans dits réalistes au XIIIe siècle.

Olivier Parenteau

«Des obus explosent à la radio»; «Parachute flares drift in the burn time/of dream»: la guerre d’Irak dans la poésie québécoise et américaine

«There is no escape. The big pricks are out. They’ll fuck everything in sight. Watch your backs.

Dans ces vers du célèbre dramaturge anglais Harold Pinter, écrits en 2003 au lendemain de l’annonce officielle d’une participation de l’armée britannique dans le cadre de l’opération Iraqi Freedom, c’est la grossièreté du vocabulaire qui génère la polysémie. L’expression “big pricks” permet de désigner simultanément des dirigeants infatués par leur pouvoir, des dirigeants stupides et les gros canons pointés par leurs soins.

De même, “they’ll fuck everything in sight” peut signifier que ces gouvernants vont tromper tous ceux qui se mettront au travers de leur chemin, que les conséquences de leurs décisions politiques seront catastrophiques et que les armes qu’ils vont déployer aveuglément permettront une destruction sans précédent.

Enfin, la formule “watch your back” permet quant à elle d’insister sur la lâcheté de ces chefs et sur la déloyale asymétrie de la guerre qu’ils appellent de leurs vœux. 

Aussi excessif soit-il, ce poème de Pinter n’en demeure pas moins assez représentatif de la majorité des textes poétiques occidentaux inspirés par la guerre d’Iraq. Il s’agit de poésie écrite contre la guerre, centrée exclusivement sur l’évènement qu’elle condamne et directement soutenue par l’actualité politique et militaire contemporaine de leur rédaction.  Cependant, le contexte guerrier post-11-septembre-2001 a tout de même poussé certains poètes à trouver une écriture qui refuse les simplifications outrancières et qui cherche à exprimer avec inventivité et sensibilité les chocs provoqués par la global war on terrorism et la violence qui la caractérise.

Trois œuvres poétiques ont retenu mon attention que je présente ici en respectant l’ordre dans lequel elles vont être analysées.  Premièrement, il y a le recueil Les années de guerre publié en 2014 par le poète québécois Samuel Mercier. Dans un deuxième temps, je vais vous parler du recueil Stateside publié en 2010 par la poétesse américaine Jehanne Dubrow.  Et dans un troisième temps, je vais vous parler du recueil intitulé Here, bullet publié en 2005 par le poète soldat américain Brian Turner.»

Denis Saint-Amand

Rimbaud aux frontières du réel

«L’hallucination simple, qui tient lieu de poétique à Rimbaud, se fonde sur une similaire perspective ludique, faite d’inside jokes, de petits détournements du quotidien, d’héritages intertexuels et de la capacité du poète à puiser dans une culture de l’imprimé que l’on pourrait aujourd’hui qualifier de underground. Rimbaud s’empare d’une partie du discours social, de différentes formes de la culture légitime, mais aussi de différentes formes de culture marginale: des caricatures, des insultes populaires et des chansons engagées.

Le tout, en hallucinations souvent hargneuses, parfois riantes, mais toujours très satiriques.

Rimbaud me semble livrer un projet plus signifiant, plus politisé, qu’on a parfois bien voulu le croire. Il redit l’actualité et les travers de son époque dans une perspective engagée.»

Docteur en langues et lettres de l’Université de Liège, Denis Saint-Amand est l’auteur de La Littérature à l’ombre. Sociologie du Zutisme (Éditions Classiques Garnier, 2013), Le Dictionnaire détourné. Socio-logiques d’un genre au second degré (P.U.R., 2013), La Préface. Formes et enjeux d’un discours d’escorte (avec Marie-Pier Luneau (dir.), Éditions Classiques Garnier, 2016), La Dynamique des groupes littéraires (Presses de l’Université de Liège, «Situations», 2016) et d’une édition de l’Album zutique et des Dixains réalistes (avec Daniel Grojnowski, Flammarion, «GF», 2016).

Bernabé Wesley

La dimension sonore du roman moderne et contemporain

«Ce projet porte sur les modalités d’intégration du son dans le roman de langue française de la période 1945-2015. De l’après-guerre à nos jours, une part significative de la production romanesque intègre, au domaine de l’écrit, des onomatopées, des exclamation, des perturbations sémantiques fondées sur des analogies sonores et des termes étrangers dont l’intégration s’accompagne également de perturbations syntaxiques et orthographiques.

Cette série de formes-sens composent la dimension sonore du roman moderne et contemporain.

Dans une perspective sociocritique, ma communication d’aujourd’hui va tenter de dresser une typologie des effets de langue relatifs à ces motifs sonores et d’interroger leurs interaction dynamique avec la mémoire collective de la période ciblée.»

Marc Angenot

L’art du portrait: portraits croisés de Robespierre et de Staline

«Ce dont je vous parle aujourd’hui, ce n’est pas vraiment de Robespierre. C’est en effet guidé de portraits écrits. C’est un objet en indivision entre la littérature, c’est-à-dire le roman, et les dehors de la littérature, c’est-à-dire les mémorialistes, les publicistes et les historiens.

Le portrait écrit est la description verbale, textuelle, des traits du visage et de l’habitus corporis de personnages réels, notamment de ces personnages que l’on qualifie d’historiques, ou bien de personnages de fictions et de leur herméneutique physiognomoniste.

La notion de réalisme est elle-même une catégorie qui est avant tout pas littéraire. Elle est en indivision elle aussi avec les Belles Lettres et leurs dehors. Le réalisme n’est jamais la mise en texte d’un réel unidimensionnel. Il est ce genre d’énoncé dans lequel l’information que l’on vous procure appelle de la part du lecteur les mêmes inférences que ce lecteur fait dans la vie empirique, c’est-à-dire: pas de réalisme sans une herméneutique du visible, muée en trace déchiffrable de quelque chose, notamment du cachet intérieur de l’imperceptible. Alors, évidemment, le visage humain, que ce soit celui de Robespierre ou de Madame Bovary, est par excellence le lieu du déchiffrement. Car le narrateur, au moment où le personnage apparaît, invite à y lire quelque chose qui permet en principe d’anticiper la destinée du personnage et la suite de l’intrigue.»

Marc Angenot est historien des idées et théoricien de la rhétorique. Il est docteur en philosophie et lettres de l’Université libre de Bruxelles. Il est depuis 1967 professeur à l’Université McGill de Montréal et depuis 2013 professeur émérite. Il est l’auteur de plus de 175 livres, cahiers de recherche et contributions à des ouvrages collectifs. Il a été nommé en 2001 à une chaire de recherche, le James McGill Professorship d’étude du discours social. Il est membre de l’Académie des arts, des lettres et des sciences humaines, une des composantes de la Société Royale du Canada. Il est le seul prof de lettres à avoir jamais reçu le Prix du Québec Léon-Gérin en 2005 pour l’ensemble de son œuvre.

Pierre Popovic

Le chômage dans l’imaginaire social français contemporain

«Cher pole emploi et Chronique d’une branleuse, sont à mes yeux deux petits livres importants. Avec des moyens différents, ils s’opposent en effet à cette représentation du chômeur, qui, donnée pour réaliste et vraie, prévaut dans l’imaginaire social actuel.

Généré par un mixte de néolibéralisme et de conservatisme qui dominent la scène idéologique depuis quelques trente ans, et dont les idées squattent désormais les gouvernements successifs (y compris les dits “de gauche” ou “socio-démocrates”), cette représentation fait du chômage une honte et du chômeur le responsable de son sort.»

Pierre Popovic est l’auteur d’essais comme La contradiction du poème (1992), Imaginaire social et folie littéraire. Le second empire de Paulin Gagne (2008) et La mélancolie des Misérables. Essai de sociocritique (2013). Il a dirigé ou codirigé nombre d’ouvrages collectifs dont Présence de Gilles Marcotte (2017), Montréal, Paris, Marseille: La ville dans la littérature et le cinéma contemporain (2014), Une cité entre deux mondes.

Elaine Després

De la nécessité du pseudo-réalisme en science-fiction: l’exemple d’Élisabeth Vonarburg

«La science-fiction peut-elle être réaliste? Serait-ce un oxymore?

Selon Darko Suvin, “la science-fiction est un genre littéraire dont les conditions nécessaires et suffisantes sont la présence et l’interaction de la distanciation et de la cognition et dont le principal procédé formel est un cadre imaginaire différent du monde empirique de l’auteur”.

L’effet de distanciation est le principe qui différencie la science-fiction des principaux courants littéraires dits réalistes. La cognition la différencie du conte de fées qui n’utilise pas l’imagination pour comprendre les tendances de la réalité, mais comme fin en soit. La cognition n’implique pas seulement une réflexion de la réalité, mais aussi sur la réalité

Ainsi, il y a un paradoxe inhérent à la lecture science-fictionnelle, narrateurs et narrateurs ne partagent pas a priori le même cadre référentiel. Le lecteur est face à un monde variablement distancié auquel son encyclopédie, selon Umberto Eco, ne correspond pas. Il doit tenter de reconstruire ce que Richard St-Gelais nomme la xénoencyclopédie du texte.»

Christiane Ndiaye

Le réalisme socialiste de Jacques-Stéphen Alexis: que faire du surnaturel?

«Vous aurez peut-être deviné que ma proposition était inspirée de tout ce débat, qui n’est jamais fini, autour du réalisme merveilleux, qui en Haïti date des années 1950 et qui, je dirais, constitue jusqu’à présent un passage obligé pour tous ceux qui pensent parler de la littérature des Caraïbes, alors que je ne suis pas sûre qu’on sache encore aujourd’hui de quoi on parle.

J’ai donc pensé qu’il serait utile de revenir sur deux des textes de base à l’origine de ce débat sur le réalisme merveilleux en Haïti. Le principal intervenant, Jacques-Stéphen Alexis, est à la fois romancier, critique, médecin et surtout militant communiste.

C’était, en fait, un débat, autour de la notion d’une littérature nationale, fortement ancrée dans l’idéologie marxiste et les deux textes dont il sera question. Ces deux articles sont la publication des conférences d’Alexis au premier congrès des écrivains et artistes noirs qui a eu lieu en 1956 à Paris.»

Marie-Christine Vinson

Ethnocritique d’une nouvelle de Maupassant: «En mer» (1883)

«En mer de Guy de Maupassant paraît dans les Contes de la bécasse en juin 1883 avec une dédicace à Henry Céard. Cette dédicace place le récit sous les meilleurs auspices naturalistes. Disciple et ami de Zola, du moins jusqu’à l’affaire Dreyfus, Céard est un des collaborateurs des Soirées de Médan.

Une lecture ethnocritique dont la posture épistémologique obéit à une technique de dépaysement culturel montre que le texte En mer n’obéit pas uniquement à un programme réaliste naturaliste. C’est la présence d’une forme de pensée sauvage au cœur de même de ce récit que je me propose de rendre manifeste ici.»

Maitresse de conférence en langue et littérature française à l’INSPÉ – l’Université de Lorraine, Marie-Christine Vinson est membre du Centre de recherche sur les médiations (communication, langue, art, culture). Ses thématiques de recherche portent sur l’ethnocritique de la littérature, la littérature de jeunesse, les pratiques de lecteurs et les médiations littéraires.

Jean-François Chassay

Une affaire de perception: dédoublement et monstruosité

«Le roman qui m’intéresse ici, Quatre voyageurs d’Alain Fleischer publié en 2000, donne un sens particulier à l’expression “se mettre dans la peau de quelqu’un”. Centré sur un thème célèbre de la littérature, celui du double, il fait écho aussi à un thème social très présent en ce XXIe siècle: celui de l’altérité, de la différence et de l’hybridité.

On pourrait dire aussi que tout en s’appuyant sur des recherches scientifiques et technologiques qui traduisent certains travaux actuels, et en ce sens réalistes, sur la virtualité ou la recherche biomédicale, il radicalise la formule rimbaldienne ‘je est un autre”.»

Sylvain David

L’écriture du punk rock chez P. Eudeline et V. Despentes

«L’un des personnages de Patrick Eudeline se targue de posséder une vision du monde comme un prisme où tout passe au travers.

Il ajoute:

Pour certains, c’est le rock. Une attitude de dandy, un engagement politique, il faut quelque chose en tout cas pour voir au travers. Une grille de lecture. Celle-ci, elle est peut-être terrible d’accord, mais grâce à elle au moins j’ai trouvé mes marques. Dans tous les sens du terme.

De telles remarques revêtent une qualité éminemment métatextuelle, car l’œuvre au complet de l’auteur, si elle n’a pas toujours comme sujet immédiat le rock, n’en est pas moins traversée de références constantes à celui-ci. Comme le précise par ailleurs la narration du roman: “Oui, tout se tenait comme le rock“. C’était un ésotérisme à déchiffrer avec gourmandise, initiatique et exigeant. Tout cela lui offrait une légitimité, un fil conducteur, une culture, en fait.

Si l’œuvre d’Eudeline marie constamment culture rock et attitude de dandy, elle ne fait pas pour autant preuve d’un engagement politique. Ceci est bien davantage le cas chez Virginie Despentes, autre auteure contemporaine à qui les remarques métatextuelles d’Eudeline peuvent aisément s’appliquer. Je propose donc de comparer ici ces deux visions du monde rock qui se déclinent l’une dans le sens d’un néo-dandysme l’autre dans celui du militantisme et de la revendication.»

Véronique Cnockaert

Le réalisme grotesque et le monde à l’envers dans «Baise-moi» de Virginie Despentes

Assise en tailleur face à l’écran, Nadine appuie sur «Avance rapide» pour passer le générique. C’est un vieux modèle de magnétoscope, sans télécommande. À l’écran, une grosse blonde est ligotée à une roue, tête en bas. Gros plan sur son visage congestionné, elle transpire abondamment sous le fond de teint. Un mec à lunettes la branle énergiquement avec le manche de son martinet. Il la traite de grosse chienne lubrique, elle glousse. Une voix off de femme rugit: ‘Et maintenant, salope, pisse tout ce que tu sais’. L’urine sort en un joyeux feu d’artifice. La voix off permet à l’homme d’en profiter, il se précipite sur le jet avec avidité. Il jette quelques coups d’œil éperdus à la caméra, se délecte de pisse et s’exhibe avec entrain.

Scène suivante, la même fille se tient à quatre pattes et écarte soigneusement les deux globes blancs de son gros cul. Un type semblable au premier la bourre en silence. La blonde a des minauderies de jeune première. Elle se lèche les lèvres avec gourmandise, fronce le nez et halète gentiment.

«Vous l’avez reconnu, ainsi débute Baise moi de Virginie Despentes. On conviendra que malgré les termes qui appartiennent au lexique de la fête (joyeux feu d’artifice, délectation, gourmandise), la note divertissante de cette incipit peine à s’imposer.

Il faut dire que s’y superpose une brutalité non-masquée, élément déclencheur néanmoins du plaisir à l’œuvre. Ainsi, dès le début, la violence et la jouissance sexuelle s’exaltent mutuellement. Il en sera ainsi tout au long du roman, le crime prenant le pas cependant sur la douleur consentie.

Cet incipit a retenu notre attention. Non pas pour sa note licencieuse, mais d’une part parce qu’il met en place une logique d’inversion qui n’est pas sans effets sur la poétique du roman, et d’autre part parce qu’il noue dialectiquement matière et savoir. Dans les deux cas, ces procédés participent d’une carnavalisation indirecte du texte qui, nous le verrons, pose la question du réalisme en termes esthétiques mais aussi et surtout offre les moyens d’interroger le point aveugle de toute entreprise réaliste.»

Véronique Cnockaert est membre régulière de FIGURA, le Centre de recherche sur le texte et l’imaginaire. Professeure au Département d’Études littéraires de l’Université du Québec à Montréal, elle est spécialiste du XIXe siècle, particulièrement de l’œuvre de Zola et du Naturalisme. Outre de nombreux articles, elle a entre autres édité Une Page d’amour de Zola, chez Garnier en 2021; Renée Mauperin des Goncourt, chez Honoré Champion en 2017, ainsi qu’une édition commentée de Au Bonheur des Dames dans la collection «Foliothèque» chez Gallimard en 2007. Elle a également dirigé le collectif Zola. Mémoire et sensations, chez XYZ Éditeurs en 2008.

Jean-Marie Privat

Ethnocritique du roman policier (Agatha Christie, «La mystérieuse affaire de Styles»)

«S’il est un point consensuel parmi les critiques du genre du roman policier, c’est bien le suivant: un polar, c’est un assassin, une victime, un détective. J’ajouterais tout de suite: une communauté.

Mais, la véritable énigme pour moi, c’est l’extrême rareté des études consacrées aux cadavres. Je dirais que cet angle mort de la critique ne cesse pas de surprendre et d’interroger. Alors même que le roman policier semble ne pas se désaffilier de la mimesis aristotélicienne, sa poétique et son esthétique.»

Jean-Marie Privat est professeur de langue et littérature françaises, spécialiste d’ethnocritique. Il est membre des comités de rédaction des revues Cahiers de Littérature OraleEthnologie françaisePratiques et Romantisme. Il codirige la collection EthnocritiqueS. Anthropologie de la littérature et des arts. Il est membre du CREM (Centre de recherches sur les médiations, Université de Lorraine), membre associé de Figura – UQAM et du IIAC-LAHIC (Paris).

Claudia Bouliane

Excursion touristique en terres néoromanesques

«Dès l’après-guerre, un important changement de paradigme s’opère dans la façon dont la littérature conçoit le voyage. On ne lit donc plus seulement les récits de voyage des grands auteurs, mais aussi des romans dans lesquels des Français moyens courent le monde. Les vacances ne se limitent plus, dans les œuvres des poètes et des cinéastes et des essayistes aux villégiatures en maison secondaire campagnarde ou à bord d’un bateau de croisière princier, mais comprennent désormais les séjours  dans les campings sociaux, les hôtels de deux étoiles confort, les villages vacances famille et les stations balnéaires bon marché qui pullulent en France et ailleurs. Les représentations des estivants, des festivaliers et autres vacanciers, faites par ceux qui les accueillent avec bienveillance ou non, foisonnent dans la production artistique et littéraire des années 1950 et 1980.

Ce qui surprend un peu, du moins pour une néophyte comme moi, c’est le grand nombre d’œuvres rassemblées – parfois à tort – sous la bannière du nouveau roman. Qu’il représente le tourisme de masse, qu’il fasse l’objet de scènes importantes ou qu’il apparaisse au détour d’une description dans une comparaison ou une métaphore. C’est le cas, notamment, de L’été indien de Claude Ollier, de Dix heures et demie du soir en été de Marguerite Duras ou de ses Petits Chevaux de Tarquinia, de L’observatoire de Cannes de Jean Ricardou, du Livre des fuites: un roman d’aventure de Le Clézio, de Six million huit cent dix mille litres d’eau par seconde de Butor et de Topologie d’une cité fantôme de Robbe-Grillet. Si le tourisme de masse se rencontre aussi souvent dans l’art et la littérature, c’est qu’il occupe de plus en plus de place dans la société française. Avec le second après-guerre naît une nouvelle phase du développement industriel, laquelle induit le passage d’un tourisme d’élite à un tourisme de masse.»

Claudia Bouliane est professeure adjointe à l’Université Brandon, au Manitoba. Elle est également la coordonnatrice du Centre de recherche interuniversitaire en sociocritique des textes (CRIST). Elle a obtenu un doctorat en littérature française à l’Université McGill. Son projet de recherche actuel porte sur la représentation du tourisme de masse dans l’art et la littérature française du XXe siècle. Elle est l’auteure de nombreux articles sur ce sujet et elle publiera prochainement un livre issu de son projet de recherche précédent sur la représentation de l’adolescence dans les romans français de l’entre-deux-guerres.

Anne-Hélène Dupont

La fête vue par les dictionnaires: exploration du champ sémantique du mot «fête» sous la IIIe République

«Le régime de la IIIe République est jalonné par la publication d’articles et de traités fondateurs pour l’étude du phénomène de la fête en sciences humaines. Ces travaux sont signés, notamment, par Henri Hubert et Marcel Mauss, Arnold Van Gennep, James George Frazer, Émile Durkheim et Sigmund Freud.

La fête est aussi l’objet de discours politiques, pédagogiques, journalistiques et religieux qui se focalisent particulièrement autour d’évènements dont on peut supposer qu’ils ont des effets significatifs sur l’imaginaire de la fin. On pense à l’adoption en 1880 du 14 juillet comme fête nationale de la République française, à la tenue des premiers Jeux olympiques modernes en 1896, à l’adoption en 1905 de la loi de séparation des églises et de l’état, de la Grande Guerre et de l’armistice, des fêtes de la victoire tenues en 1919 et, en 1920, de la canonisation de Jeanne d’Arc, doublée de l’instauration d’une fête nationale la célébrant, la fête de Jeanne d’Arc et du patriotisme.

J’ai donc eu l’idée d’étendre ma réflexion à la notion de fête dans son ensemble, d’imaginer un imaginaire de la fête qui me semble être en mutations sous la 3e république, où la notion de fête est interrogée et redéfinie par ces multiples discours qui la prennent pour thème.

Donc j’en viens maintenant à l’objet plus précis de cette communication. Une bonne façon d’obtenir un aperçu du travail sémantique intense dont la fête est l’objet sous la troisième république est le dictionnaire. Plus exactement, les différents dictionnaires publiés pendant cette période.  Ce sont bien sur des ouvrages qui oscillent entre deux pôles du rapport à la langue puisqu’ils jouent à la fois un rôle normatif en tant qu’ouvrages de référence, c’est particulièrement vrai du dictionnaire de l’Académie française. Mais les dictionnaires ont aussi on rapport descriptif avec le lexique et enregistrent les déplacements dans l’usage et les redécoupages sémantiques.»

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