Colloque, 10 décembre 2015
Fragmentation, discontinuité, mémoire et réalité dans l’œuvre de Patrick Modiano
«J’aimerais pour les 20 minutes qui me sont imparties traiter d’un aspect de l’œuvre de Patrick Modiano qui posent des problèmes qui sont les nôtres aujourd’hui: autour du réalisme, autour de l’effet de réel au sens Barthien.
Les personnages, et le narrateur très souvent, de ses romans sont toujours en quête. En quête d’eux même lorsque amnésique ils ne savent plus qui ils sont ou en quête d’autres qui ont disparu ou ont ressurgi. Personnages obscurs souvent anonymes dont il faut retrouver la trace. C’est aussi vrai des personnages fictifs que d’un personnage non fictif de l’œuvre Dora Bruder, cette jeune adolescente juive qui a fait une fugue en décembre 1941 et dont les parents placent une annonce dans Paris Soir.
Pour tous ces personnages et en particulier les personnages fictifs, le narrateur finira par retrouver quelques traces qui ne font jamais sens totalement. Or, pour le personnage réel, il n’arrivera pas à retrouver de vraies traces, sauf quand il fera appel à un historien.
Tout ceci m’interpelle puisqu’on parlait de l’intrication du romanesque ou du fictif et d’éléments qui sont tout à fait historiques. Comment un romancier se dépêtre-t-il de cette articulation en jouant précisément de l’apparence perpétuelle de l’assise historique?»