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Chemins de traverse et mémoire d’une ville: la double spatialité du labyrinthe dans «L’emploi du temps» de Butor

Nicolas Simard
couverture
Article paru dans L’imaginaire du labyrinthe, sous la responsabilité de Samuel Archibald, Bertrand Gervais et Anne-Martine Parent (2002)

Dans la production romanesque de Michel Butor, et de façon plus explicite dans L’emploi du temps, le labyrinthe représente un paradigme majeur autour duquel s’organise une réflexion sur la relation du sujet à l’espace urbain et sur sa lecture des images culturelles constitutives de cet espace de figuration et d’écriture qu’est «le texte de la ville». C’est par le biais de telles images démultipliées que le narrateur parviendra à inférer du sens et à se rendre intelligible son expérience de la ville, passant ainsi, dans l’écriture, de la remémoration d’une architecture urbaine pratiquée à la spatialisation d’une architecture textuelle, complexe, suivant en effet le fil (tortueux) des références culturelles croisées. Aussi, la question du labyrintbe sera envisagée sous deux aspects qui semblent déterminants: la perception de la ville dans les parcours qu’y effectue le narrateur, l’espace urbain se donnant dès son premier abord comme espace labyrintbique, et la constitution d’un autre espace, imaginaire celui-là et tout aussi égarant, à partir des différents signes culturels que la ville dispose en ses différents lieux comme de multiples points d’une topologie. La prise en compte de ce labyrintbe second, réseau d’images, offrira également l’occasion d’envisager la ville en tant que structure réticulaire d’une mémoire artificielle, mémoire extérieure au narrateur mais fortement investie -on pourrait dire, littéralement, qu’il vient l’habiter, qu’il s’y installe, voire qu’il l’installe en lui, ultimement, par un renversement (la véritable péripétie) qu’opérerait «l’aventure du récit» conçue comme appropriation des signes. C’est donc depuis ces lieux de mémoire ainsi parcourus et investis que s’enclenchera un processus d’imagerie, le plus souvent motivé par le désir du narrateur d’interpréter son expérience passée dans la ville étrangère de Bleston. Une telle fantasmagorie donnera forme à ces «errances mentales» auxquelles laissait croire James Jenkins et dont parle Dominique Viart dans «L’écriture et le labyrinthe des signes».

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