Article d'une publication
L’alpha et l’oméga. Le temps catastrophique dans «Des anges mineurs» d’Antoine Volodine
Les anges que le lecteur découvre dans l’ouvrage d’Antoine Volodine —ou subodore, car on ne peut que les deviner parmi ces personnages étranges qui correspondent mal à l’image d’Épinal de l’ange— n’ont pas l’ampleur et le pouvoir que Benjamin découvre dans celui de la toile de Klee, «Angelus Novus». Ils sont, à tout point de vue, des anges mineurs, comme le titre du livre l’indique. «Les anges ici sont insignifiants et ils ne sont d’aucun secours pour les personnages» écrit l’auteur cursivement, dans une note qui précède la fiction. Pourtant, ils surplombent ces histoires comme s’ils se préparaient au Jugement dernier dans ce livre qu’on peut qualifier sans exagération d’apocalyptique. L’apocalypse, comme on le sait, est une révélation accordée à un élu, souvent, dans la tradition, par l’entremise d’un ange. Des anges mineurs est un livre sur l’attente, sur un temps suspendu, où le monde se défait (a déjà été défait? Sera défait? On ne respecte pas ici la logique du temps linéaire). Mais dans ce monde qui ressemble au nôtre tout en l’exaspérant, les anges peuvent apparaître, comme chez Benjamin, comme des anges de l’histoire.