Colloque, 28 et 29 avril 2016
Narrations contemporaines: écrans, médias et documents
Le colloque Narrations contemporaines: écrans, médias et documents, coorganisé par le Leverhulme International Network for Contemporary Studies (LINCS) et la Chaire de recherche du Canada sur les arts et les littératures numériques (ALN), a eu lieu les 28 et 29 avril 2016 à l’Université du Québec à Montréal.
Quels récits nous faisons-nous du monde? Quelle place la narration occupe-t-elle dans l’espace contemporain? La multiplication des plateformes de diffusion transforme nos modes d’écriture et de lecture. Les récits ne se limitent plus à un seul médium, mais se ramifient, exploitant le livre, l’écran de l’ordinateur et la tablette; les frontières de la fiction deviennent poreuses; les auteurs se mettent de plus en plus en scène, prenant en charge leur propre valorisation. Les pratiques littéraires se modifient et avec elles les conventions au cœur du récit et de ses modes de déploiement. Dans un tel contexte, il convient d’explorer certaines avenues permettant de cerner les narrations contemporaines: le caractère urbain des pratiques littéraires, par exemple, ou encore la place de plus en plus grande qu’occupe le numérique dans leur développement. Il faut aussi s’interroger sur les formes actuelles de production, de diffusion et d’archivage des textes; et plus largement s’arrêter sur les dispositifs par lesquels les textes sont diffusés et conservés.
Communications de l’événement
Bibliothèques littéraires contemporaines: le matériel, le numérique et le temps perdu
De nombreuses études sur la bibliothèque ont vu le jour depuis une dizaine d’années, la plupart d’entre-elles la revisitant dans le cadre de nouvelles technologies numériques.
En parallèle ont paru des textes littéraires qui nous proposent une autre vision de la bibliothèque.
Dans le cadre de cette communication, je souhaiterais aborder deux questions: qu’est-ce que ces représentations littéraires ont en commun?
Comment remettent-elles en jeu l’imaginaire de la bibliothèque?
Margaret-Anne Hutton est professeur de littérature comparée et de français à l’Université de St Andrews, directrice de l’Institute for Contemporary and Comparative Literature, et “Principal Investigator” du “Leverhulme International Network for Contemporary Studies”. Elle est l’auteur de quatre monographies (Michel Tournier: Vendredi et les Limbes du Pacifique; The Novels of Christiane Rochefort; Testimony from the Nazi Camps: French Women’s Voices; French Crime Fiction 1945-2005: Investigating WWII). Elle a dirigé plusieurs ouvrages collectifs et publié de nombreux articles sur la littérature contemporaine.
«Des hommes sur des échasses»: narrations contemporaines à grande échelle
Ce n’est certes pas sans raison qu’on se représente parfois la littérature française contemporaine comme liée à l’expression de soi et d’un individualisme minimaliste. Reste que, si cette échelle réduite préside souvent aux représentations (auto)fictionnelles littéraires, elle n’est pas la seule. En effet, si elle n’est pas dominante en regard du souci de l’intime, une conception de l’être humain comme inscrit dans un temps, un lieu ou un monde qui le définissent demeure malgré tout active.
On voudrait, dans cette communication, préciser les contours de cette anthropologie sociale ou politique, de même que de la rationalité et de la poétique fictionnelles qu’elle commande, loin d’une «influence du milieu» d’inspiration naturaliste. Il s’agira, concrètement, de voir comment s’articulent conception de l’être humain ainsi qu’art et savoir de la fiction, dans Port-Soudan d’Olivier Rolin et dans Naissance d’un pont de Maylis de Kerangal.
Nicolas Xanthos est professeur au département des Arts et Lettres de l’Université du Québec à Chicoutimi. Ses recherches actuelles portent sur la narrativité, la théorie du personnage, les usages de Wittgenstein en théorie de la littérature et la littérature française contemporaine.
Médias sociaux et narration romanesque chez Jean-Jacques Pelletier
Les trois derniers romans de l’auteur québécois Jean-Jacques Pelletier ont la particularité d’incorporer à leur trame narrative des courriels, des textos, des entrées de blogues, des statuts et commentaires Facebook et des fils Twitter. En effet, la production de Pelletier, qui a toujours accordé une place fondamentale au discours médiatique (journaux, télévision, notamment) dans ses thrillers internationaux, s’ouvre, dans Les visages de l’humanité (2012), Dix petits hommes blancs (2014) et Machine God (2015), à l’exploitation des nouvelles possibilités d’investigation offertes par les récents dispositifs d’échanges numériques.
Nous postulons que ces diverses interventions, produites tantôt par des personnages, tantôt par des «robots», qui génèrent une véritable polyphonie et qui introduisent des précisions sur les liens entretenus entre les individus et sur les événements qui marquent l’actualité, jouent un véritable rôle dans la progression de l’intrigue et dans la résolution de l’enquête. L’intégration du discours circulant sur les plateformes numériques se traduit par ailleurs sur le plan formel, on le verra, par un travail minutieux de mise en page, qui mime l’apparence à l’écran des différents types d’intervention.
Cette communication sera somme toute l’occasion de montrer en quoi la présence des médias sociaux et des dispositifs d’échange numériques dans les romans de Pelletier constitue non seulement une thématique tout à fait contemporaine, mais qu’elle paraît participer aussi d’un renouvellement des formes et des narrations romanesques.
Sophie Marcotte est chercheure régulière à FIGURA, le Centre de recherche sur le texte et l’imaginaire, et directrice de l’antenne FIGURA-NT2 Concordia depuis juin 2018. Outre ses travaux sur les archives et les manuscrits d’écrivains et sur l’édition électronique (HyperRoy, manuscrits et inédits dans les archives de Gabrielle Roy), elle s’intéresse depuis quelques années aux liens entre littérature et technologies et à l’étude de la présence et de l’influence du numérique dans le roman contemporain.
Hochelaga-l’engloutie. Dire le lieu dans «Homa Sweet Home» de Patrick Lafontaine
Publié en 2008 aux éditions du Noroît, le recueil de poésie Homa Sweet Home de Patrick Lafontaine offre au lecteur une vision intime et nuancée du quartier Hochelaga.
C’est à partir du regard cerné par la figure de la fenêtre et par les photographies, partout présentes dans le recueil, que nous démontrerons la constitution de l’espace appartemental (A. Mons, 2013) du sujet lyrique.
Au-delà de la trame urbaine, nous verrons que cette flânerie entre le texte et l’image déploie un imaginaire de l’île et de la ville engloutie.
Benoit Bordeleau est né en 1986 à Buckingham. Il vit et travaille à Montréal depuis 2005. Il est actuellement coordonnateur du développement de partenariat Littérature québécoise mobile : pratiques littéraires d’écriture et de lecture en contexte numérique. Dans le passé, il a aussi œuvré, entre autres, en tant que coordonnateur de La Traversée – Atelier québécoise de géopoétique et comme assistant de recherche au Laboratoire NT2. Depuis 2008, il a tenu plusieurs carnets en ligne, notamment Cerné, notes de terrains/lignes de fuite et Hoche’élague.
Écrire le rock
Il est souvent question de rock dans le roman contemporain. Généralement, ces mentions sont allusives: la narration se contente de citer le titre d’un morceau, de préciser le nom du groupe qui l’interprète, d’en rapporter quelques paroles. Ce procédé sert, au mieux, à créer une ambiance particulière ou à suggérer l’état d’esprit d’un personnage; au pire, à produire un cliché de l’époque, un «effet de réel».
Certains textes font toutefois du rock leur sujet principal. La musique dont il est question se voit alors plus longuement décrite: elle est donnée à lire par la narration. C’est cette traduction d’un son en mots qui fera l’objet de ma communication. J’y défendrai l’hypothèse comme quoi un tel déplacement n’est jamais neutre: il s’accompagne au contraire d’un commentaire implicite du morceau évoqué. Se voient ainsi pris en compte non seulement l’appréciation de la pièce elle-même, laquelle transparaît dans le choix du lexique retenu pour en traiter, mais également l’effet qu’elle exerce sur son auditeur diégétique et ses possibles significations sociales.
Ce cumul de valeurs et de perspectives peut mener, dans certains cas, à la constitution d’une vision du monde (Weltanschauung) soutenue par la narration ou les dialogues. De même, l’axiologie rock ainsi définie peut se refléter dans l’écriture elle-même, revêtant de ce fait une dimension métatextuelle. La démonstration s’appuiera sur des romans récents consacrés au punk rock, un sous-genre dont la codification sociale et esthétique marquée rend le traitement littéraire particulièrement révélateur.
Sylvain David est chercheur régulier à FIGURA, le Centre de recherche sur le texte et l’imaginaire. Il fait aussi partie du programme de recherche interdisciplinaire RADICAL (Repères pour une articulation des dimensions culturelles, artistiques et littéraires de l’imaginaire contemporain). Il est professeur agrégé au Département d’études françaises de l’Université Concordia, où il enseigne la littérature du XXe siècle et la littérature contemporaine. Ses recherches actuelles portent sur l’imaginaire de l’«après» dans le roman et l’essai français depuis l’après-guerre et sur le mouvement punk comme esthétique et éthique. Il est l’auteur de l’essai Cioran.
Le profil numérique: un genre littéraire?
Le développement du web participatif, ou web 2.0, a donné lieu ces dernières années à une multiplication de ce que l’on appelle les profils d’usagers. Chaque plateforme demande en effet la création d’un «profil»: depuis les réseaux sociaux jusqu’aux plateformes d’achat en ligne, en passant par les sites de rencontres, les jeux en ligne, les forums, les journaux, etc. Parce qu’elles regorgent de contraintes formelles, les plateformes ne semblent laisser que peu de place à l’expression littéraire. Pourtant, de plus en plus d’écrivains les investissent pour s’y raconter, jouant avec ces contraintes de manière ludique et poétique.
Dans cette communication, nous étudierons plusieurs exemples d’appropriation des outils et des formes numériques par des écrivains qui, selon une démarche à la fois transgressive et ludique, investissent des espaces fonctionnels du profil d’usager pour les transformer en espaces littéraires.
Servanne Monjour est postdoctorante au département des littératures de langue française de l’Université de Montréal, où elle travaille au sein de la Chaire de recherche du Canada sur les écritures numériques (titulaire Marcello Vitali-Rosati). Ses travaux portent sur les nouvelles mythologies de l’image à l’ère du numérique. Depuis 2014, elle est coordonnatrice de la revue numérique Sens public.
Ruining Film Undoing Time
Ruins in their decay speak to us of passing time and of mortality; but they also expose unfamiliar dynamics of temporality.
But why the current day ruinenlust?
And why the current interest in modern ruins?
This paper will examine the contemporising effects of the modern ruin by focussing on a relationship between film and ruin at the decaying 1960s St Peter’s Seminary building at Cardross in Scotland.
Johnny Rodger is a writer, critic, and Professor of Urban Literature at the Glasgow School of Art. He has published several books of fiction –including Redundant (1998), g haun(s) Q (1996), and The Auricle (1995)– and critical works like the recent Tartan Pimps: Gordon Brown, Margaret Thatcher and the New Scotland (2010), Fickle Man: Robert Burns in the 21st Century (2009), The Red Cockatoo: James Kelman and the Art of Commitment(2011), and the monograph Gillespie, Kidd & Coia 1956-87 (2007). His latest publication is The Hero Building: An Architecture of Scottish National Identity.
The Unexpected Time of the Contemporary: Indian cinema in the contemporary digital archive
There is an element of surprise, of not knowing what we are likely to see when we trawl the Internet. This paper takes the surfacing of the cinema in digital formats as a particular register of the contemporary. What happens to the time held in the celluloid image in such transfers?
Taking the case of the Indian contemporary, we will observe that such images may be left historically unmarked, their provenance uncertain. In other instances, the sounds and images of lost cinematic objects may arrive in bits and pieces, as video and audio files, analog and digital, uploaded by the commitment and obsession of lovers of film. This is apparently in contrast to the state itself, eager to convey and reinscribe cinema as a vehicle of heritage. And yet here too we have different curations and fragmentary uses of the newsreel and the official documentary.
This paper seeks to map this archive, ranging from the official and the inadvertent, to the passionate and the whimsical, the ways it subjects the cinematic to recombination, and how it reframes the question of historiography and historical time in the contemporary.
Ravi Vasudevan works in the area of film and media history at the Centre for the Study of Developing Societies, and at Sarai, the Centre’s urban and media research programme which he co-founded with his colleague Ravi Sundaram and the RAQS Media Collective. His work on cinema explores issues in film, social history, politics, and contemporary media transformation. He is visiting faculty at Jadavpur University, Kolkata, and Jawaharlal Nehru University, Delhi, and has taught and given public lectures at the Universities of Chicago, Yale and at Oberlin College.
«Walking Dead»: un exemple d’évolution du roman graphique avec les nouvelles pratiques transmédiatiques
L’analyse de la bande dessinée Walking Dead – considérée tant comme roman graphique que comme comics, selon le lieu de réception et le public ciblé – permet de repenser les catégorisations du récit de bande dessinée contemporain et leurs enjeux tant commerciaux que de légitimation du genre.
Par ailleurs, ce récit qui n’est pas nativement transmédiatique, mais qui le devient après un passage relevant de la simple adaptation permet également un balayage de l’évolution du récit de bande dessinée dès lors qu’il devient un succès commercial.
Auteur et éditeur de romans graphiques, Olivier Crépin a obtenu un Master de Bande Dessinée à l’EESI (École Européenne Supérieure de l’Image). En 2012, il crée la maison d’édition Rutabaga, au sein de laquelle il a publié trois romans graphiques. Actuellement doctorant en littérature comparée à l’Université Paris 8, au sein du Labex ArtsH2H2, il prépare une thèse intitulée «le roman graphique confronté à ses mutations transmédiatiques contemporaines: perspectives narratives et éditoriales» sous la direction de Lionel Ruffel.
Le «true crime» 2.0: enjeux narratifs et «spreadability» dans la première saison du podcast «Serial»
Les deux dernières années ont été marquées par un intérêt renouvelé pour le true crime, genre qui présente des récits de longueurs et de structures diverses se déployant sur différents médiums, mais dont le point commun est de présenter la narration d’affaires criminelles réelles, majoritairement de meurtres. Dans cette communication, nous nous proposons d’analyser la première saison du podcast Serial, œuvre ambiguë qui se présente comme le récit factuel d’un évènement criminel irrésolu tout en utilisant les dispositifs narratifs et structurels de la fiction.
Si le true crime a acquis ses lettres de noblesse avec le roman In Cold Blood de Truman Capote, les enjeux narratifs de ce genre se trouvent significativement modifiés par la disponibilité grandissante d’informations en ligne et les pratiques de réappropriation et de diffusion du Web 2.0. Il s’agira donc d’envisager les nouvelles modalités fictionnelles à l’œuvre dans ces récits, qui posent plus que jamais la porosité de la frontière entre fiction et non-fiction, à la lumière des notions de transmedia storytelling et de spreadability proposées par Henry Jenkins (2006, 2013).
Emmanuelle Leduc est candidate au doctorat en études littéraires à l’Université du Québec à Montréal. Sous la direction de Bertrand Gervais, elle prépare –avec l’appui financier du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada– une thèse portant sur les nouvelles représentations du personnage historique dans les romans de l’extrême contemporain. S’intéressant aux liens complexes qu’entretiennent fiction et Histoire dans la littérature contemporaine, elle a déposé en janvier 2015 un mémoire de maîtrise intitulé «Crise de l’histoire et réécriture postmoderne, l’exemple de The Book of Daniel de E. L. Doctorow et Libra de Don deLillo».
TimeTraveller™: analyse d’une science fiction hypermédiatique
Dans cette communication, nous analyserons l’œuvre TimeTraveller™ de l’artiste Mohawk Skawennati (Tricia Fragnito) en regard du concept de «remédiation» de Bolter et Grusin.
Nous affirmerons que le dispositif hypermédiatique – combinant un site web et une série de machinima – engendre une expérience distincte du récit qui sert les visées critiques de l’œuvre.
L’expérience d’«estrangement» (Darko Suvin, 1979/88), que l’on pourrait traduire de distanciation et que l’on attribue traditionnellement au roman science-fictionnel, est ainsi performée par le dispositif technique.
Gina Cortopassi est doctorante et chargée de cours au département d’histoire de l’art de l’Université du Québec à Montréal. Elle étudie les imaginaires du futurs en art Internet ainsi que la dimension temporelle du biopouvoir et de la résistance artistique en ligne à travers le prisme des études féministes, décoloniales et de la performance. Dans le cadre de ses fonctions au Laboratoire NT2, à la Chaire de recherche du Canada sur les art et les littératures numériques et au groupe de recherche Archiver le présent – tous trois situés à l’UQAM – elle a co-commissarié des expositions en ligne et organisé plusieurs colloques et conférences sur l’art, le numérique et le contemporain.
Histoires inachevées: «Immatériel» et les récits disparus
L’histoire de Theresa Hak Kyung Cha est fascinante: l’artiste était écrivaine, productrice et cinéaste. Malheureusement, elle vécut une très courte vie, laissant ainsi de nombreuses œuvres inachevées. En 2015, le Centre Phi à Montréal monte une exposition multimédiatique autour de ses compositions inachevées: Immatérielle.
L’évènement présentait des fragments de son travail ainsi que – et surtout – leurs entrées dans la base de données du centre de données du University of Berkeley Art Museum and Film Archive.
À partir de la notion de trace et de document d’archives derridienne, cette communication questionnera le récit et le métarécit élaboré par le commissariat de cette exposition.
Ariane Savoie a fait des études universitaires en littérature, en scénarisation et en cinéma à l’Université du Québec à Montréal et à l’Université de Montréal. Elle est présentement étudiante au doctorat et écrit sa thèse en cotutelle entre l’UQAM (département de sémiotique, sous la supervision de Bertrand Gervais) et l’Université catholique de Louvain, sous la direction de Michel Lisse). Savoie est bénéficiaire d’une bourse de recherche PAI du gouvernement belge et participe dans le cadre de sa thèse de doctorat au projet international Literature and Media Innovations dirigé par quatre universités. Sa thèse de doctorat explore les relations entre récit et base de données dans des œuvres hypermédiatiques et dans les installations muséales.
Exposer/ Éditer
L’exposition comme un livre étalé sur les murs, ou le livre comme espace d’exposition: cette réversibilité est forte déjà d’une histoire longue et tourmentée.
Cette communication se proposera d’en évoquer des modalités contemporaines.
Il sera aussi notamment question de l’énonciation éditoriale dans l’espace et pratique de l’exposition.
Jean-Max Colard est critique d’art et commissaire d’exposition. Il est notamment responsable de la page arts du magazine Les Inrockuptibles. Ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure, il est agrégé de Lettres Modernes, docteur ès Lettres et maître de conférences à l’Université de Lille 3 où il enseigne la littérature contemporaine.
L’imaginaire de la publication. Pour une approche médiatique des littératures contemporaines
The various methods that are typically used in literary studies, are not suited to describe the profound evolutions that have been occurring in the contemporary literary ecosystem, which has gone from an imaginary centered on the book as object and medium, to an imaginary centered on a practice: publication.
Beyond artistic creations, the whole of human communications are also entering the publishing era, thanks to the democratization of tools formerly limited to privileged authorities.
Lionel Ruffel est professeur de littérature comparée et de création littéraire à l’Université Paris 8 et membre de l’Institut Universitaire de France. Il a été Leverhulme Visiting Professor in Contemporary Studies à l’Université St-Andrews et est actuellement Alexander von Humboldt Research Fellow à la Freie Universität de Berlin. Il est l’auteur de trois ouvrages (Le Dénouement, 2005; Volodine post-exotique, 2007; Brouhaha, les mondes du contemporain, 2016) et a dirigé ou codirigé plusieurs volumes collectifs (La littérature exposées, les écritures contemporaines hors du livre, 2010,Volodine etc.)
Narrating “Frag-ments. Frags. Fr. ments,” grazing fragments
In Discourse, Figure, Jean-François Lyotard defines a good book, as “a book to be grazed,” that is, one where “the reader could dip into anywhere, in any order.”
Starting from that premise, this talk aims at examining how the digital processes have enhanced a form of reading as “grazing”.
It focuses on the way contemporary print and digital narratives are told in fragments and vignettes that are constantly being (re)composed as they are read.
Gwen Le Cor est professeure associée à l’Université Paris-8 où elle enseigne l’anglais. Elle est membre du groupe de recherche «Transferts critiques et dynamique des savoirs» et co-titulaire du projet de recherche «Text/ures». Ses recherches récentes portent sur l’hybridité et ses figures dans la littérature américaine contemporaine.
Livres-écrans et pratiques illittéraires
Dans le but de documenter et de conceptualiser la situation de transition que nous connaissons, qui nous fait passer d’une culture du livre à une culture de l’écran, il est important d’étudier de quelle façon le livre est repris, voire remédiatisé (Bolter et Grusin) à l’aide de dispositifs numériques. C’est dire que depuis le début du vingt-et-unième siècle, nous avons vu apparaître de nombreuses formes de livres écrans, des contreparties numériques de livres qui en reproduisent certaines des caractéristiques dites essentielles, notamment la présence d’un volume, de pages qui peuvent être tournées, etc.
Dans certaines œuvres hypermédiatiques, le livre a été mis en scène pour ses valeurs médiatiques et symboliques, dans des œuvres qui reproduisaient à l’écran la réalité du livre. C’est à explorer ces remédiatisations du livre que cette communication sera consacrée. On notera, d’une part, qu’elles opèrent sur les plans médiatique, sémiotique et symbolique; et, d’autre part, qu’elles mettent en scène des avatars tantôt fonctionnels, tantôt dysfonctionnels et singuliers.
Bertrand Gervais est le directeur du Laboratoire NT2 et du Centre Figura. Il est également professeur titulaire et enseigne au Département d’études littéraires de l’Université du Québec à Montréal.
Anthropologue et explorateur de la culture Web
L’exploration de la culture Web est au cœur de la démarche de l’artiste Jon Rafman. Ordinateur, jeux vidéo, réseaux, bases de données comme Google Earth ou Google Street View, Second Life, constituent les champs d’investigation avec lesquels il travaille.
Adoptant la posture de l’anthropologue, l’artiste creuse, fouille et archive le Cyberespace, il étudie ces nouveaux mondes et ses sous-cultures.
Qu’en est-il de cette anthropologie de la culture Web qui a pris pleinement acte du tournant numérique des sociétés contemporaines? Jon Rafman ne crée pas des œuvres pour et sur le Web, il propose une exploration intérieure de ses mondes et de ses communautés virtuels.
Marie Fraser est chercheure régulière à FIGURA, le Centre de recherche sur le texte et l’imaginaire. Elle est professeure en histoire de l’art et en muséologie à l’Université du Québec à Montréal depuis 2007. Ses recherches portent de façon générale sur la transformation des régimes narratifs et temporels ainsi que sur l’histoire des expositions et le commissariat.
Co-creation and collaboration in the public art work of “Narratives in Space + Time”
As a member of a tightly-knit artist group that presents & documents narrative-based public art walks & through digital mapping, I recognize the complex nature of the concept of collaboration, and its reliance on related concepts such as “co-creation”, “narrowcast audiences” and “creative citizenship”.
We aim to facilitate co-creation of meaningful content with other artists & the public, resisting scripting these collaborations.
What works? What doesn’t? How do we know?
Dr. Luka’s academic research focuses on the concept of creative citizenship to investigate how civic, culture and business sectors are networked in the digital age, including the intricate ways that governments, universities, corporations and socio-cultural enterprises connect.
The concept of creative citizenship established by her previous research helps analyse cultural industries, creative labour policy and practices, and encourages original forms and expressions of artistic practice.
Notes on the Composition of “Notes on the Voyage of Owl and Girl”
This paper will reflect upon the transmutation of male-authored print-based narratives into female narrated digital literary spaces through the strategies of détournement employed in the composition of Notes on the Voyage of Owl and Girl.
Part ship’s log, part sea chart, part sailor’s yarn, part children’s book, part Victorian nonsense poem, part computer-generated narrative — this web-based work détournes characters, facts, fictions, and forms of accounts of sea voyages undertaken over the past 2340 years, into the North Sea, into the North Atlantic, and beyond into territories purely imaginary.
J. R. Carpenter is a Canadian artist, writer, researcher, performer and maker of maps, zines, books, poetry, short fiction, long fiction, non-fiction, and non-linear, intertextual, hypermedia, and computer-generated narratives. Her pioneering works of digital literature have been exhibited, published, performed, and presented in journals, galleries, museums, and festivals around the world.
How to Pronounce
My talk focuses on two YouTube channels, Pronunciation Book and Webdriver Torso, both famously enigmatic “Internet mysteries,” and both recently solved. Both channels signify screens, through their organization as a YouTube channel and through the way specific videos simulate television or film frames and imagery. Both signify writing as well, using the form of the written character and a thematics of reading and speaking. Intense speculation surrounded both, with arguments for their authorship and intention by aliens, spies, and artists. The revelation of the fact that one was a teaser for an over-corporate ARG and the other a video quality test for YouTube left palpable disappointment.
Certainly, this outcome can be read in terms of the collapse a discourse of desire and its proffered communication from some other in the form of cryptic writings; that is, we wanted these to be significant, artistic and subversive, we wanted them to convey some sort of truth of the internet. Instead they expose the inscription or logo of various corporate others (and notably Google’s ever presence). What if such machinic inscription is on every screen on the web? And what if we refuse the bitter pleasure of “solving” these mysterious YouTube channels?
Interfacing the Database: (Ab)Using the PO.EX Digital Archive
The goal of this communication is to discuss ways of exploring the complexity of multimodal databases, discussing the possible translation of organized data into enhanced and adaptable interfaces.
Using the Digital Archive of Portuguese Experimental Literature as an example (www.poex.net), I will describe and provide examples of two different strategies: curating the Archive, i.e., reinterpreting database assets, creating conceptual and thematic exhibits; and appropriating and remixing the Archive, i.e., (ab)using the database for artistic and creative remixing.
Rui Torres est professeur associé à l’Université Fernando Pessoa où il enseigne la sémiotique et les nouveaux médias.