Colloque, 23 octobre 2010
Les regards d’Ulysse, de Josef Koudelka et de Théo Angelopolos
En 1994, Joseph Koudelka est sollicité par le producteur, Eric Heumann, qui lui demande de suivre la réalisation du Regard d’Ulysse, le film que Théo Angelopoulos est sur le point de commencer à tourner. Il ne s’agit pas pour lui d’être photographe de plateau: on fait appel à Joseph Koudelka pour sa connaissance des Balkans, de l’histoire, car on se trouve en quelque sorte face à deux actualités: celle du tournage du film, et celle de la guerre, une de plus à la fin d’un siècle dont on dira qu’il est allé «de Sarajevo à Sarajevo». Durant plus de deux mois, Koudelka a suivi l’équipe de tournage en Grèce, Albanie, Roumanie et en ex-Yougoslavie. Le film obtiendra le Grand Prix du jury à Cannes en 1995. L’une des images les plus connues du film montre une gigantesque statue de Lénine embarquée, au bout d’une grue, à bord d’une péniche qui l’emporte jusqu’en Allemagne, destinée à un collectionneur d’objets de brocante… C’est aussi l’une des images les plus marquantes du reportage de Koudelka: mais à l’évidence le rapport à cette icône est bien différent, chez le cinéaste —nostalgique du communisme—, et chez le photographe, longtemps apatride après avoir fui la Tchécoslovaquie en 1969.
Jean-Pierre Montier, ancien élève de l’ENS, Agrégé de Lettres et Professeur de Littérature et Art à l’université européenne de Bretagne – Rennes 2, a publié des ouvrages sur Henri Cartier-Bresson et Joseph Koudelka. Il dirige le Centre d’Études des Littératures anciennes et modernes (Celam) depuis 2003.