Salon double, 2013
Lectures critiques VI
Cette publication rassemble des entrées publiées en 2013 dans la section «Lectures» du site web Salon double, une section dédiée à des textes au caractère hybride se situant entre critique journalistique et la critique spécialisée de type universitaires.
Avec les contributions de David Bélanger, Cassie Bérard, Christian Blanchard, Simon Brousseau, Pierre-Paul Ferland, Jean-Philippe Gravel, Martin Hervé, Pierre Luc Landry, Simon Levesque, Treveur Petruzziello, Kiev Renaud, Myriam Saint-Yves, Phillip Schube-Coquereau, Catherine Thériault, Gabriel Tremblay-Gaudette, Marie-Hélène Voyer et Bernabé Wesley.
Articles de la publication
Couler l’encre du sang
Œuvre référencée: David, Sylvain. (2013) «Faire violence». Entre essai et fiction, ce premier roman retrace l’itinéraire d’un jeune homme qui se radicalise, expérience que le narrateur se remémore des années plus tard afin d’en saisir la particularité.
Audrey Prévost, entre silence et inaction
Œuvre référencée: Delisle, Michael. (2007) «Dée». «M’ma, I’m going out!» C’est par ces mots révélateurs, criés par la jeune Dée, que s’ouvre le roman éponyme de Michael Delisle. S’ils sont révélateurs, c’est que, dès l’incipit, on peut commencer à discerner certaines caractéristiques qui marqueront la parole et les actions du personnage central tout au long des pages suivantes.
L’ère du constat?
Œuvre référencée: Pynchon, Thomas. (2013) «Bleeding Edge». Pynchonien, «Bleeding Edge» l’est sans conteste: les théories de conspiration y abondent toujours autant (et, la proximité historique des catastrophes du 11 septembre aidant, semblent même nous rattrapper); les échevaux parallèles de l’histoire et du savoir technique y sont toujours aussi inextricablement liés aux plus délirantes spéculations, et, si l’on consent à lui reconnaître un rythme plus digeste que dans le roman qui l’imposa à l’apogée de ses facultés cannabinoïdo-mentales d’illisibilité («Gravity’s Rainbow», pour ne pas le nommer), on constate que, bien qu’assagi quelque part, le Thomas Pynchon de «Bleeding Edge» est encore porté, de ses digressions sur les effets néfastes du Web à ses portraits de fêtes sans fin, explosions de vitalité qui ne semblent aller nulle part, par la fougue potache et adolescente d’un des plus juvéniles et «geek» auteurs américains encore vivants à 76 ans.
Un mythe canadien?
Œuvre référencée: Fortier, Dominique. (2008) «Du bon usage des étoiles». «Du bon usage des étoiles» relate le périple historique des navires Erebus et Terror dans l’océan Arctique à partir de l’été 1845 selon les perspectives parallèles des marins se dirigeant vers leur mort et de leurs flammes demeurées en Angleterre, liant la trame épique à une intrigue amoureuse.
Concert de voix singulières ou récit totalitaire
Œuvre référencée: Wilhelmy, Audrée. (2013) «Les Sangs». «Les Sangs» se présente comme une réécriture du conte «La Barbe bleue», donnant la parole à toutes les victimes du meurtrier.
L’auréole profanée du désir
Œuvre référencée: Louis-Combet, Claude. (1997) «L’Âge de Rose». L’écriture combetienne se déploie à partir d’un matériau légendaire et biblique dont elle tire des réinterprétations traversées de ses idées fixes: par elle seule l’écrivain peut poursuivre le dialogue silencieux et vital qu’il a instauré avec l’énigme de son origine fracturée. Loin des querelles de chapelles et des débats sur ce que «doit être» la littérature contemporaine, il poursuit inlassablement sa marche sur son chemin intime.
La France: territoires morcelés
Œuvre référencée: Adam, Olivier. (2012) «Les lisières». «Les Lisières» est paru fin août 2012 chez Flammarion. Son auteur, Olivier Adam, souvent qualifié d’«auteur social» par la critique parisienne, propose une œuvre ambitieuse, qui se donne pour tâche de faire le pont entre les conflits personnels de son narrateur et ceux qui animent la France dite «normale»: classe moyenne, banlieue, idéologies du quotidien.
Jusqu’à la fin ou la continuité malgré tout
Œuvres référencées: DesRochers, Jean-Simon. (2013) «Demain sera sans rêves» et Landry, Pierre-Luc. (2013) «L’équation du temps». On voit bien, suivant les titres des œuvres de Pierre-Luc Landry –«L’équation du temps»– et de Jean-Simon DesRochers –«Demain sera sans rêves»– l’entêtement de la question temporelle et, par-delà, de la continuité. Mais davantage que cette interrogation pour le moins commune –tous les romans ne parlent-ils pas du temps?– les œuvres de Landry et de DesRochers travaillent à actualiser les méthodes s’attaquant aux récits linéaires mâtinés d’analepses. Cette même entreprise justifie sans doute que cette présente lecture s’attaque à ces deux œuvres, comme de deux œufs une même bouchée.
Marqueuse de parole
Œuvre référencée: Poitras, Marie-Hélène. (2012) «Griffintown». Dans «Griffintown», la temporalité, comme l’exactitude factuelle et historique, n’est qu’un artifice, au même titre que le subterfuge du western. Seule compte l’inflation de la parole érigée en tant que folklore.
Combattre le cliché par le cliché
Œuvre référencée: Séguin, Marc. (2012) «Hollywood». «Hollywood» propose une quête de la transcendance, de l’authentique au delà du quotidien trivial du monde contemporain, bref une recherche du sacré dans un monde irrémédiablement désacralisé ayant perdu contact avec certaines expériences fondamentales telles que la vie, la mort et l’amour.
Comparaison, avec raisons
Œuvre référencée: Hall, Steven. (2007) «The Raw Shark Texts». Eric Sanderson se réveille chez lui au beau milieu de la nuit. Il est en proie à une panique totale, puisqu’il a l’impression de se noyer en eaux profondes. Après quelques instants angoissants, il reprend ses esprits et constate qu’il n’est pas en mer mais bien sur la terre ferme, au pied de son lit. Mais il constate rapidement qu’il n’est pas hors de danger pour autant, puisqu’il prend soudainement conscience qu’il n’a aucune idée d’où il peut bien se trouver, ni, surtout, de «qui il peut bien être».
La théorie dans le rétroviseur
Œuvre référencée: Eugenides, Jeffrey. (2011) «The Marriage Plot». Tout cela offre une belle porte d’entrée dans le roman d’Eugenides, puisque les armes privilégiées du roman réaliste, qu’il manie d’ailleurs avec beaucoup d’adresse —cela est particulièrement sensible dans le déploiement progressif de la psychologie de ses personnages—, permettent de jeter un regard nuancé sur l’héritage de la théorie.
La Pologne… quelle Pologne? Studio de lecture #3
Œuvre référencée: Tholomé, Vincent. (2010) «La Pologne & autres récits de l’Est». Bien avant d’essayer de résumer «La Pologne», je sens le besoin de comprendre la chose, le projet, l’intention (même si certains y verront peut-être un exercice futile).
À la fin il est las de ce monde ancien
Œuvre référencée: Martel, Jean-Philippe. (2012) «Comme des sentinelles». Paru en 2012 aux éditions de La Mèche, «Comme des sentinelles», premier roman de Jean-Philippe Martel, expose les vicissitudes d’un trentenaire-littéraire-esseulé.
Histoires de béances
Œuvre référencée: Berthiaume, Sarah, Handfield, Mathieu, Baril Guérard, Jean-Philippe et Boulerice, Simon. (2012) «Les cicatrisés de Saint-Sauvignac (Histoires de glissades d’eau)». Il y a de ces lieux qui marquent l’imaginaire, des lieux qui agissent comme de véritables fabriques narratives tant leur potentiel romanesque apparaît inépuisable. Les quatre auteurs du collectif «Les cicatrisés de Saint-Sauvignac» ont bien su s’approprier ce haut lieu de l’enfance et de l’adolescence que constitue le parc aquatique et, plus spécifiquement, la glissade d’eau.
Leçons d’humilité. Studio de lecture #2
Œuvre référencée: Gaulejac, Clément de. (2012) «Grande École». Comment ne pas voir dans ce premier texte un programme, une confession, une sorte de plan de l’ouvrage qui s’entame? J’ai donc lu «Grande École» comme le récit d’une découverte: celle de la littérature, que l’on devine à travers les arts visuels et l’étude de ceux-ci dans une prestigieuse école des beaux-arts.
Américains après tout
Œuvre référencée: Beaulieu, Alain. (2012) «Quelque part en Amérique». Difficile, dans ces circonstances, d’aborder «Quelque part en Amérique» (2012) d’Alain Beaulieu autrement qu’à partir de la notion d’américanité qui vise, entre autres, à décrire la perception des États-Unis que transmettent les écrivains québécois.