Salon double, 2010
Lectures critiques III
Cette publication rassemble des entrées publiées en 2010 dans la section «Lectures» du site web Salon double, une section dédiée à des textes au caractère hybride se situant entre critique journalistique et la critique spécialisée de type universitaires.
Avec les contributions de Adina Balint-Babos, Simon Brousseau, Anne-Renée Caillé, Laurence Côté-Fournier, Charles Dionne, Geneviève Dufour, Daniel Grenier, Raphaël Groulez, Anaïs Guilet, Sophie Hébert, Tim Lane, Pierre Luc Landry, Chantal Lapeyre-Desmaison, Stéphane Larrivée, Amélie Paquet, Mélodie Simard-Houde, Gabriel Tremblay-Gaudette et Marie-Hélène Voyer.
Articles de la publication
Ces poussières faites pour troubler l’oeil
Œuvre référencée: Foster Wallace, David. (1996) «Infinite Jest». Un roman de l’envergure d’«Infinite Jest» repose sur le projet de s’opposer à la facilité de l’art divertissant, tant par sa structure narrative complexe et par les thèmes qui y sont abordés que par l’engagement que sa lecture implique.
Fin d’une ère et début de jeu
Œuvre référencée: Coupland, Douglas. (2010) «Player One: What Is to Become of Us». Oublions un instant les scénarios extrêmement improbables, comme une invasion de zombies, une guerre intersidérale, ou une rébellion de robots-tueurs. Peut-on penser à une plausible amorce de fin du monde, dont l’humain serait directement responsable?
Double Houellebecq: littérature et art contemporain
Œuvre référencée: Houellebecq, Michel. (2010) «La carte et le territoire». Quiconque s’intéresse à l’art, à la littérature, ne reste pas indifférent à ces paroles: «Je veux rendre compte du monde… Je veux simplement rendre compte du monde». Insérés vers la fin de «La carte et le territoire» de Michel Houellebecq, ces mots de Jed Martin, l’artiste contemporain qui est également le personnage principal du roman, peuvent nous servir de fil conducteur pour une lecture à rebours et nous investir d’une mission: tenter de décrypter un dialogue entre l’art et le monde, la représentation et le réel, l’artiste et son pouvoir de créativité.
Photogénie du terroriste
Œuvres référencées: Lefranc, Alban. (2005) «Attaques sur le chemin, le soir, dans la neige», Lefranc, Alban. (2006) «Des foules des bouches des armes» et Lefranc, Alban. (2009) «Vous n’étiez pas là». «L’acte surréaliste le plus simple consiste, revolvers aux poings, à descendre dans la rue et à tirer au hasard, tant qu’on peut, dans la foule.» Cette phrase, tirée du «Second manifeste du surréalisme», aurait été citée en 1968 par un avocat allemand plaidant pour la libération d’étudiants accusés d’incitation à l’incendie.
La tueuse: le combat de la fiction contre le vide
Œuvre référencée: Delaume, Chloé. (2007) «La nuit je suis Buffy Summers». Pour aborder un livre-jeu comme «La nuit je suis Buffy Summers» de Chloé Delaume, le terme «lecture» adopté par Salon double prend tout son sens. Delaume propose véritable une expérience de lecture, une aventure dans un univers étrange que l’on peut recommencer en prenant chaque fois des routes différentes.
Un poète n’existe jamais seul
Œuvre référencée: Giraudon, Liliane. (2009) «La Poétesse». Depuis «Homobiographie» publié en 2000 chez Farrago, la poète, traductrice et plasticienne française Liliane Giraudon travaille ce genre inventé et fait sien depuis plusieurs titres: l’homobiographie.
Symphonie sans vuvuzela
Œuvre référencée: Coetzee, John Maxwell. (2008) «Journal d’une année noire». Évoquer l’Afrique du Sud sans lui accoler la Coupe du Monde; faire dialoguer les générations sans discuter du mode de financement des retraites: de la science-fiction? Pas tout à fait.
Des charognes et des hommes
Œuvre référencée: Messier, William S.. (2010) «Épique». Il est difficile, à la lecture du premier roman de William S. Messier, «Épique», de ne pas se souvenir de cette lettre-ouverte aux jeunes romanciers que Victor-Lévy Beaulieu avait fait paraître dans La Presse, il y a de cela quelques années.
Le narrateur en commentateur ou la fascination du métadiscours
Œuvre référencée: Leblanc, David. (2010) «Mon nom est personne». Le deuxième livre de David Leblanc, auteur de «La descente du singe», a de quoi laisser perplexe au premier abord. Il se présente dès la première de couverture comme un ensemble de «fictions» réunies sous le titre intrigant «Mon nom est personne».
Quand l’auteur joue avec la (méta)fiction
Œuvre référencée: Hazra, Indrajit. (2007) «Le Jardin des délices terrestres». «Le Jardin des délices terrestres» est le deuxième roman d’Indrajit Hazra, musicien, journaliste et écrivain indien né à Calcutta en 1971. Ce roman, qui au final pourrait être qualifié de ludique, emprunte à la bande dessinée belge comme à la littérature jeunesse bengali et induit, avec sa structure problématique et sa narration indécidable, certains effets de rupture qui dévoilent et problématisent sa construction.
Exercice de style en dix-huit crimes
Œuvre référencée: Clerc, Thomas. (2010) «L’homme qui tua Roland Barthes et autres nouvelles». C’est bien à une forme d’agonie que nous assistons à la lecture des dix-huit nouvelles qui composent le recueil de «Thomas Clerc, intitulé L’homme qui tua Roland Barthes et autres nouvelles».
Seul contre tous
Œuvre référencée: Millet, Richard. (2008) «L’Opprobre. Essai de démonologie». Les essais de Richard Millet, du «Dernier écrivain» (2005) au «Désenchantement de la littérature» (2007), semblent, depuis quelques années, se fermer à toute entreprise herméneutique, en développant une posture auctoriale particulièrement complexe. «L’Opprobre» (2008), son dernier livre, confirme cette tendance.
La plus petite unité de temps
Œuvre référencée: Ernaux, Annie. (2008) «Les Années». À la lecture de Les Années d’Annie Ernaux, il apparaît que le projet de ce livre, déjà, était contenu en germe dans toute la production romanesque antérieure de l’écrivaine, dont les particularités semblent avoir été fondues en un seul ouvrage pour aboutir à ce livre aux allures de somme.
La lecture coupable
Œuvre référencée: Jelinek, Elfriede. (1996) «Lust». Volupté, envie, plaisir, luxure, désir. Autant de mots qui auraient pu traduire en français le titre allemand de ce roman de Jelinek que l’on a finalement laissé intact, par souci d’en préserver la polysémie.
La rassurante présence des déclassés
Œuvres référencées: Despentes, Virginie. (2002) «Teen Spirit» et Despentes, Virginie (2004). «Bye Bye Blondie». À l’évidence, la lutte des classes dans la littérature tient d’une autre époque. La théorie littéraire marxiste est passée de mode, et sans doute nos contemporains espèrent-ils que la littérature d’aujourd’hui se soit enfin débarrassée des divisions de classe.
Mourir de sa belle mort
Œuvre référencée: Uguay, Marie. (2005) «Journal». Le «Journal» de Marie Uguay, paru en 2005 chez Boréal, offre, comme d’autres avant lui —qu’on pense à ceux d’Hector de Saint-Denys Garneau et d’Hubert Aquin, pour ne nommer que ceux-là—, une proximité peu commune, non pas avec une représentation fabulée de l’auteur, mais bien avec l’auteure réelle elle-même.
L’univers gravite autour d’un gigot d’agneau
Œuvre référencée: Jauffret, Régis. (2003) «Univers, Univers». Le récit est défini le plus souvent comme étant une mise en intrigue, ce qui implique une forme de tension narrative ainsi que son dénouement.
L’impasse de l’oubli
Œuvre référencée: Mavrikakis, Catherine. (2008) «Le ciel de Bay City». Le thème de la mort chez Catherine Mavrikakis, ou plus précisément, l’impact que peut avoir la mort sur les «survivants» semble s’inscrire dans l’ensemble de son travail.
Les condamnées
Œuvre référencée: Jelinek, Elfriede. (2001) «Maladie ou Femmes modernes: comme une pièce». La pièce de théâtre d’Elfriede Jelinek, Maladie ou Femmes modernes: comme une pièce, s’ouvre sur un couple: une infirmière-vampire et un médecin.
Le sort des mécaniques défaillantes
Œuvre référencée: Lane, Tim. (2008) «Abandoned Cars». En mettant au point la technique de la chaîne de montage au début du XXe siècle, Henry Ford a réussi à accélérer la production de son modèle T. La légende veut qu’il aurait convoqué plusieurs journalistes à l’une de ses usines afin de faire la démonstration de l’efficacité de ses constructions.
Anatomie de l’inhabitable
Œuvre référencée: DesRochers, Jean-Simon. (2009) «La canicule des pauvres». «La canicule des pauvres», c’est 26 personnages et 10 jours de chaleur insupportable répartis sur près de 150 chapitres.
La première énigme
Œuvre référencée: Bourg, Lionel. (2007) «L’engendrement». Lionel Bourg est de ces écrivains français contemporains qui, dans le silence, la discrétion, ont construit une œuvre déjà importante, à tous les sens du terme.