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Une fin de siècle à rebours
La fin du XIXe siècle en France est, encore aujourd’hui, représentative d’un vaste imaginaire de la fin, en cela qu’elle fut identifiée et même revendiquée par toute une génération d’artistes et de critiques comme une période de décadence. Paradoxalement, comme toute période de crise, cette fin de siècle «décadente» était un moment de grande expérimentation, de bouillonnement artistique et culturel qui préparait la littérature à entrer de plein-pied dans la modernité. À travers le miroir déformant, mais révélant pourtant une formidable clarté, du roman À rebours de Joris-Karl Huysmans, il est possible de cerner les grandes lignes de cette rhétorique de la décadence «fin de siècle» et d’en décrire certains éléments prédominants. Cette pensée est marquée, entre autres, par le refus du progrès, par un modèle organique de description des civilisations, par un retour vers la culture du Moyen Âge et de la décadence latine ainsi que par le triomphe de la poésie descriptive, autant d’éléments qui contribuent à ancrer l’idée d’une fin, sinon du monde, du moins d’une certaine conception de celui-ci, dans l’imaginaire littéraire des derniéres années du XIXe siècle.