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Lecture, écriture de soi et engagement de l’écrivain. Autour de Sartre lecture du «Journal» de Gide durant la drôle de guerre

Francis Walsh
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Article paru dans Politiques de la littérature. Une traversée du XXe siècle français, sous la responsabilité de Laurence Côté-Fournier, Élyse Guay et Jean-François Hamel (2014)

Pour Jean-Paul Sartre, l’engagement politique n’aura pas été spontané. Il est le fruit d’un travail sur soi envisagé autour de l’année 1939 et accentué avec l’approche de la Seconde Guerre mondiale: «[À partir de 1939] un lent travail s’opérait en moi, qui me faisait sentir ma conscience d’autant plus libre et absolue que ma vie était plus engagée, plus contingente et plus esclave.» Les Carnets de la drôle de guerre sont l’une des pièces qui permettent de retracer ce lent travail vers l’engagement. Ils permettent aussi de rétablir certaines continuités entre le Sartre apolitique de l’avant-guerre et l’intellectuel engagé de l’après-guerre. Mais entre les Carnets et le manifeste de la littérature engagée de 1947, il y a aussi un écart de taille. Si Sartre se découvre en 1940 «le produit monstrueux du capitalisme, du parlementarisme, de la centralisation et du fonctionnarisme», Geneviève Idt fait remarquer que dans «Journal de guerre I», l’engagement spécifique de l’écrivain, la réflexion sur ses moyens d’action, sur sa responsabilité professionnelle n’apparaissent pas.»

À première vue, le reste des Carnets n’échappe pas à un tel constat. On y voit Sartre se définissant et, certes, réfléchissant l’historicité, la situation, mais la responsabilité de l’écrivain, les rapports entre la littérature et la politique ne le préoccupent que très peu. C’est plutôt de l’irresponsabilité d’avant-guerre dont il est question dans les notations quotidiennes de Sartre. On aperçoit toutefois quelques bribes d’une réflexion plus politisée, notamment dans les commentaires qu’il fait sur ses lectures.

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