Article d'une publication
Équivalences érotiques. Apollinaire traduit, Apollinaire traducteur
L’étude de la matière érotique permet d’envisager la traductologie sous un angle tout à fait original, comparé à l’appareil herméneutique habituellement utilisé dans le domaine de la traductologie littéraire. Ces deux disciplines demeurent jusqu’ici tributaires des réflexes de la traduction philosophique, essentiellement structurée par l’attention qu’elle porte à la notion de référent. De même, la traductologie plus particulièrement consacrée au domaine esthétique et poétique s’attache bien naturellement à maintenir un difficile équilibre entre l’équivalence signifiante d’une traduction vis- à-vis du texte original, et une relative isomorphie du style du premier auteur (pour employer la terminologie de Paul Ricœur).
L’étude de la matière érotique permet d’envisager la traductologie sous un angle tout à fait original, comparé à l’appareil herméneutique habituellement utilisé dans le domaine de la traductologie littéraire. Ces deux disciplines demeurent jusqu’ici tributaires des réflexes de la traduction philosophique, essentiellement structurée par l’attention qu’elle porte à la notion de référent. De même, la traductologie plus particulièrement consacrée au domaine esthétique et poétique s’attache bien naturellement à maintenir un difficile équilibre entre l’équivalence signifiante d’une traduction vis- à-vis du texte original, et une relative isomorphie du style du premier auteur (pour employer la terminologie de Paul Ricœur). En pratique, la traduction herméneutique se concentre plus volontiers sur l’énoncé, la traduction poétique, née des travaux de Jakobson, sur le prédicat. Au sein de cette distinction habituelle, une «traduction érotique» a ceci d’original que sa matière est essentiellement illocutoire. Il s’agit d’éveiller le désir dans une langue d’accueil, par la manipulation de signes destinés à éveiller le désir dans une langue d’origine.