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Biographies imaginaires, imaginaires de la biographie
Le corpus des biographies imaginaires d’écrivains regorge de témoignages selon lesquels l’imaginaire, voire la fiction, seraient mieux à même de dire la vérité d’un auteur réel, de s’élever au-dessus des trivialités et contingences de l’existence, que le compte rendu documentaire strict. Ainsi, dans Monsieur Melville (1978), Victor-Lévy Beaulieu affirme que ce qu’il sait vraiment de l’écrivain américain, il le sait depuis l’intérieur de sa fiction, alors que Pierre Mertens, en quatrième de couverture (signée) des Éblouissements, son roman biographique consacré au poète allemand Gottfried Benn, note ceci:
Pour dire cela: une fiction, bien sûr. Rien qu’une fiction. Qui raconte l’erreur d’une vie, et la vie d’une erreur. Le plus court chemin entre Histoire et histoire, c’est encore d’imaginer. Le biographe, ici, n’a d’autre choix que de se faire historien, et le chroniqueur n’a d’autre ressource que de devenir romancier. Mais le romancier, à son tour, n’a de chance d’y voir clair que de se découvrir poète.