Colloque, 23 avril 2014

Une œuvre, deux signatures: «Le Cœur de Pic»

Andrea Oberhuber
couverture
L’imaginaire contemporain. Figures, mythes et images, événement organisé par le Centre de recherche sur le texte et l'imaginaire Figura

Depuis les recherches d’Henri Béhar (1982), de François Chapon (1987), de Renée Riese Hubert (1988) et de Lothar Lang (1993), de Johanna Drucker (1995) et d’Yves Peyré (2001), entre autres, menées dans le domaine des études sur l’objet livre, on sait la place privilégiée qu’occupe la collaboration entre écrivains et artistes visuels dans l’élaboration d’une esthétique «transfrontalière». Inspirée du concept de l’ars combinatoria, cette collaboration entre deux créateurs dans le but de faire œuvre commune prend forme dans une panoplie de ce que l’on appelle aujourd’hui communément «livre d’artiste» (Anne Moeglin-Delcroix, Leszek Brogowski). Ces œuvres, à l’occasion de véritables «livres-objets» sont issus d’une collaboration mixte ou alors d’une collaboration entre deux femmes créatrices (plus rare pour ce qui est de la première moitié du XXe siècle). Dans tous les cas de figure, ces formes d’étroite collaboration sont régies par un principe de création mettant en place des relations dynamiques entre l’écriture et l’iconographie (la peinture, le dessin et, de plus en plus souvent, la photographie).

Dans le cadre d’une réflexion sur la coexistence de deux moyens d’expression (l’écriture et de la photographie), de même que sur les lignes de faille entre le texte et l’image au sein d’un même espace livresque, je me pencherai sur l’exemple peu étudié du Cœur de Pic (1937), signé conjointement par Lise Deharme, poète et romancière, et Claude Cahun, auteure, photographe, actrice de théâtre et essayiste. Issu d’une collaboration sollicitée par Deharme s’étant servie de Paul Éluard comme médiateur, Le Cœur de Pic donne lieu à un dialogue intermédial où la frontière entre le littéral et le figural connaît divers degrés de «coïncidence», pour reprendre le terme d’Àron Kibédi Varga. Il s’agira également de savoir quelle posture devra – idéalement – adopter le lecteur face au livre conçu tel un objet iconotextuel.

Andrea Oberhuber est chercheure régulière à FIGURA, le Centre de recherche sur le texte et l’imaginaire. Elle est professeure titulaire au Département des littératures de langue française de l’Université de Montréal où elle enseigne les littératures française et québécoise, notamment l’écriture des femmes (XIXe-XXIe siècles), les avant-gardes historiques et la photolittérature. Elle a dirigé, entre autres, le collectif Claude Cahun: contexte, postures, filiation. Pour une esthétique de l’entre-deux (2007).

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