
Les journées d’étude «Architectures de mémoire» se sont déroulées les 16, 17 et 18 novembre 2015 au LABEX-ARTS-H2H, à Paris. Organisé par Jean-Marie Dallet (Paris 8) et Bertrand Gervais (UQAM), l’événement a ressemblé plus d’une trentaine de chercheur.e.s.
Le modelage des bases de données et leur exploration constituent, suivant les mots de Lev Manovitch, une nouvelle catégorie-clé de la culture, l’«info-esthétique». Cette esthétique de l’information est fondée sur la description sémantique des contenus, sur les lisibilité en somme, dont le moteur de recherche serait l’outil privilégié. La mise en forme de l’information, langagière, mais aussi spatiale, apparaît alors comme une nouvelle façon de décrire et de représenter le monde.
[Crédit de la vidéo: Alix Bonnet]
Communications de l’événement
J’ai la mémoire qui flanche…
Dans cette communication, Phillipe d’Anfray explore la question des supports de mémoire. Les supports numériques, qui ont remplacé les supports physiques, ont donné naissance à leur lot de problématiques.
Philippe d’Anfray a travaillé au sein de divers organismes (EDF, ONERA, RENATER, Université Paris 13, CEA) dans les domaines du calcul intensif, des infrastructures distribuées, des grands volumes de données et des outils de travail collaboratif pour la recherche. En parallèle, le projet MaP (Multicast artist Platform) vise à utiliser certaines de ces techniques dans le monde de l’art pour développer une plate-forme de création collaborative.
http://www.mmmarcel.org/
http://www.map-marcel.fr/
La vidéo de cette communication a été réalisée par Alix Bonnet.
Montrer les calculs
«Le sujet qui m’intéresse est principalement le fait qu’aujourd’hui, la plupart de nos navigations numériques sont confiées à des calculateurs. Nos navigations se réduisent à une portion absolument infime du Web en raison des artéfacts techniques et notamment calculatoires qui nous ont guidés vers tel ou tel contenu.
Il y a une sorte de débat assez classique dans le monde du design de l’information, où on a deux types de publics. Un public qui veut que ce soit fluide et immédiat et puis un public qui veut aussi savoir pourquoi ces calculateurs ont produit tel ou tel type d’ordre ou classement de l’information.»
Dominique Cardon est sociologue au Laboratoire des usages d’Orange Labs et professeur associé à l’Université de Marne la vallée. Ses travaux portent sur les usages d’Internet et les transformations de l’espace public numérique. Ses recherches récentes portent sur les réseaux sociaux de l’Internet, les formes d’identité en ligne, l’autoproduction amateur et l’analyse des formes de coopération et de gouvernance dans les grands collectifs en ligne. Il conduit aujourd’hui une analyse sociologique des algorithmes permettant d’organiser l’information sur le web.
La vidéo de cette communication a été réalisée par Alix Bonnet.
Archéologie des médias et tracéologie des datas
Dans cette communication, Vincent Puig pose son regard sur l’archéologie des médias, qu’il tente de lier à la «tracéologie des datas». Il prend comme point de départ la «fin de la théorie» de Chris Anderson.
Vincent Puig est praticien des relations culture, recherche et industrie depuis 1993 (Directeur de la valorisation scientifique à l’Ircam, Directeur Adjoint du Dpt. Développement Culturel du Centre Pompidou). Il fonde en 2008 avec Bernard Stiegler, l’Institut de recherche et d’innovation du Centre Pompidou. Il est membre du conseil d’administration d’Ars Industrialis, Vice-président de la commission services de Cap Digital, et membre du conseil scientifique de l’Institut Méditerranéen de Recherches Avancées d’Aix-Marseille (IMéRA).
http://www.iri.centrepompidou.fr
La vidéo de cette communication a été réalisée par Alix Bonnet.
Vers une topographie de l’archive visuelle: le dispositif V-ATLAS du projet VISUALL-TEK
Mathias Blanc et Cécile Picard-Limpens présentent le dispositif V-ATLAS du projet VISUALL-TEK.
«À Lille, depuis maintenant trois ans, se développe un programme de recherche qui s’intitule Science et culture du visuel. Dans le cadre de ce programme de recherche, nous avons développé une bibliothèque d’applications en HTML 5.
Celle-ci se compose de trois outils logiciels qui interrogent chacun de manière différente la façon dont on peut annoter visuellement et retarder le moment de la catégorisation textuelle. C’est-à-dire se rapprocher de l’expérience esthétique et, par l’image, essayer de proposer des modalités d’annotation.»
Docteur en sociologie, Matthias Blanc a été lauréat du programme Fernand Braudel IFER-Outgoing (FMSH-Actions Marie Curie-Thyssen Stiftung) puis du DAAD pour poursuivre ses recherches postdoctorales en sociologie visuelle à l’Institut de sociologie de la Technische Universität de Berlin (2011-2013). Il est actuellement coordinateur du projet ANR VISUALL (2013-2017) au sein de l’Institut de Recherches Historiques du Septentrion (CNRS/Lille3). Ce projet interroge les liens entre sociologie visuelle et sciences de l’image dans le monde germanique (Bildwissenschaften). Ces recherches permettent notamment de concevoir des dispositifs numériques d’annotations visuelles qui valorisent la plasticité de l’image, les techniques de collage et de tracé.
La vidéo de cette communication a été réalisée par Alix Bonnet.
La base de données de Manovich: syntagme et paradigme
«Quel forme peut prendre le récit lorsque la narration est donnée à partir d’une base numérique? Comment la base de donnée articule-t-elle une dynamique particulière entre la narration et l’histoire dans un récit?»
Dans cette communication, Ariane Savoie résume un élément important de sa recherche autour de ce que Lev Manovich a soulevé comme réflexion dès 1998 dans Database as a Symbolic Form. Cette très brève description faite de ce petit corpus met en évidence non pas la nature médiatique des oeuvres, mais bien les similarités qui les lient dans l’exploration des formes narratives qu’elles ont pu générer à partir d’une base de données.
Ariane Savoie a fait des études universitaires en littérature, en scénarisation et en cinéma à l’Université du Québec à Montréal et à l’Université de Montréal. Elle est présentement étudiante au doctorat et écrit sa thèse en cotutelle entre l’UQAM (département de sémiotique, sous la supervision de Bertrand Gervais) et l’Université catholique de Louvain, sous la direction de Michel Lisse). Savoie est bénéficiaire d’une bourse de recherche PAI du gouvernement belge et participe dans le cadre de sa thèse de doctorat au projet international Literature and Media Innovations dirigé par quatre universités. Sa thèse de doctorat explore les relations entre récit et base de données dans des œuvres hypermédiatiques et dans les installations muséales.
La vidéo de cette communication a été réalisée par Alix Bonnet.
Esthétique des databases
Depuis 2005, le SLIDERS_lab travailler des questions liées au cinéma, à la mémoire, aux bases de données, à l’interactivité, à la jouabilité, autrement dit liées à l’aspect performatif des oeuvres.
Le SLIDERS est un collectif d’artistes qui prend en compte un territoire esthétique émergeant autour des images animées, de l’archivage et du numérique. Une démarche qui s’étend actuellement aux formes contemporaines de représentation et de navigation dans les collections audiovisuelles. À eux trois, Frédéric Curien, Jean-Marie Dallet et Hervé Jolly réunissent les mondes de la musique, de l’image et du code informatique. [http://www.sliderslab.com]
La vidéo de cette communication a été réalisée par Alix Bonnet.
Critical Datawar (KW): une archive dans la culture de la guerre, pour une méta-archive critique
Christophe Domino présente son projet en cours, une collaboration avec l’artiste Krzysztof Wodiczko.
Il aborde la question de la guerre, de la base de données et de l’archive.
Christophe Domino est critique d’art. Il écrit sur l’art et la culture contemporains depuis les années 1990 pour divers supports (livre, radio et télévision, presse spécialisée —aujourd’hui pour le Journal des Arts—, édition universitaire et scientifique, catalogues institutionnels). Il conduit des projets d’exposition et d’édition, en France et à l’étranger. Enseignant-chercheur, il coordonne depuis 2007 Grande Image lab, unité de recherche au sein de l’ESBA TALM, au Mans.
La vidéo de cette communication a été réalisée par Alix Bonnet.
Présentation de deux projets, «Autovision» et «We Are Stardust»
Dans le cadre de cette communication, George Legrady présente deux projets hypermédiatiques qu’il a réalisé. Les oeuvres, Autovision et We Are Stardust, sont présentées en lien avec la problématique des bases de données.
George Legrady (Hongrie, Canada, Etats-Unis) est un artiste numérique dont le travail actuel s’articule autour de la visualisation de données, de l’interaction de caméra robotisée, et de la création de récits multi-images. Il a commencé à explorer dans les années 1990 le potentiel du traitement informatique dans la narration au travers d’installations interactives numériques exposées internationalement. Il est directeur du Experimental Visualization Lab, professeur et chef du département Media Arts & Technology à l’Université de Californie, Santa Barbara.
La vidéo de cette communication a été réalisée par Alix Bonnet.
La base de données des collections, centre névralgique du musée. Intervention suivie d’une visite d’Eluard/Picasso
Dans son intervention, Anne Yanover du Musée d’art et d’histoire de Saint-Denis présente la question de la base de données dans un contexte muséal.
Elle s’intéresse, plus précisément, aux problématiques liées à la gestion de collections muséales.
Historienne de l’art de formation, Anne Yanover est attachée de conservation du patrimoine et responsable du service des collections du musée d’art et d’histoire de Saint-Denis. Après un master consacré à l’art contemporain et son exposition, elle s’est spécialisée dans la documentation et la gestion des collections de musées, s’intéressant tout particulièrement aux questions soulevées par leur informatisation, notamment au cours des années passées au sein de l’équipe de coordination de l’association Videomuseum, réseau de collections publiques d’art moderne et contemporain.
La vidéo de cette communication a été réalisée par Alix Bonnet.
Cinéma sans cinéastes
Patrick Nardin parle de ce qu’il nomme «un cinéma dont on aurait démonté l’écran, un cinéma dont l’image serait absente et le film serait absent».
Il aborde un cinéma qui serait de l’ordre de la ré-imagination et de la remémoration. La mémoire dont il est question ne serait pas la mémoire du film comme oeuvre, mais une forme mémoire beaucoup plus diffuse: «la mémoire intérieure qu’on peut avoir du cinéma».
Patrick Nardin est maître de conférences en arts plastiques à l’Université Paris 8, artiste et théoricien. Son travail plastique et théorique interroge les questions de l’image en mouvement dans le champ de l’art contemporain, en particulier l’usage de techniques obsolètes et leur confrontation aux nouveaux médias. Il est également Président et co-fondateur du Centre d’art contemporain Faux Mouvement à Metz. Dernières parutions : Effacer-Défaire-Dérégler, Paris, L’Harmattan, Coll. Eidos, juin 2015, Voir à Travers, de von Sternberg à Cécile Bart», in Frontières des écrans, (dir. S. Le Corre et F. Soulages), Paris, L’Harmattan, septembre 2015.
La vidéo de cette communication a été réalisée par Alix Bonnet.
Esthétiques numériques: stratégies d’appropriation et de détournement
«L’époque hypermoderne est contemporaine d’une véritable inflation écranique», expliquaient déjà en 2007, Lipovestsky et Serroy, ajoutant que: «Jamais l’homme n’a disposé d’autant d’écrans non seulement pour regarder le monde, mais pour vivre sa propre vie».
Le monde, nous le découvrons maintenant avec l’aide de nos écrans. À ce titre, les moteurs de recherche s’imposent comme les inéluctables interfaces de nos démarches et interrogations, voire de nos processus de découverte.
Bertrand Gervais est le directeur du Laboratoire NT2 et du Centre Figura. Il est également professeur titulaire et enseigne au Département d’études littéraires de l’Université du Québec à Montréal.
La vidéo de cette communication a été réalisée par Alix Bonnet.
Du document au monument. Les architectures de mémoire vidéographiques de Woody Vasulka
«Qui dit architectures de mémoire dit, bien entendu, spatialisation de la mémoire. C’est cette relation particulière entre espace et temps sur laquelle j’aimerais me concentrer.»
Pour approcher cette relation particulière entre espace et temps, Larisa Dryansky s’appuie sur l’analyse d’une œuvre vidéo de Woody Vasulka dédiée explicitement à la question de la mémoire, Art of Memory de 1987.
Larisa Dryansky est maître de conférences à l’université Paris-Sorbonne et conseillère scientifique du domaine Histoire de l’art contemporain à l’INHA. Parmi ses publications: «Paléofuturisme. Robert Smithson entre préhistoire et posthistoire» (Les Cahiers du MNAM, 2014) et «Sartrean Phenomenology and Postminimalism: On Some Works by Mel Bochner and Dan Graham» (French Theory and American Art, 2013). Elle codirige actuellement un numéro sur la projection pour la revue Intermédialités.
La vidéo de cette communication a été réalisée par Alix Bonnet.
Texture de mémoires
Laurie Bellanca et Camille Louis font partie du collectif Kom.post. Elles présentent l’état de leurs travaux.
«Il n’y a pas une mémoire unique. Nos travaux rendent plutôt compte d’une diffraction des informations d’une mémoire constituée.»
Kom.post est un collectif interdisciplinaire, créé en janvier 2009 à Berlin, ce collectif s’est toujours pensé comme un processus de créations répétées, non orienté par une fin productive unique, et devant sans cesse repenser ses formats et outils en regard des contextes (géographiques, sociétaux, politiques) dans lesquels il intervient.Allant de l’installation in situ, aux dispositifs alliant débat et performances, en passant par des propositions dramaturgiques multimédia ou diverses oeuvres conversationnelles.
Laurie Bellanca est chercheuse pluridisciplinaire et créatrice sonore.
La vidéo de cette communication a été réalisée par Alix Bonnet.
La mémoire géolocalisée
Olivier Asselin aborde, dans cette communication, une sous-question négligée dans la vaste question des architectures et des bases données, celle de leur localisation.
«On pourrait dire que le savoir s’est largement constitué contre la localisation. Avec l’apparition de l’écriture, puis de l’imprimerie, le savoir s’émancipe des lieux. Le texte –tablettes d’argile, cire, rouleaux, papyrus, parchemins, livres, manuscrits– devient le principal moyen de la production et de la diffusion du savoir. Dans ce mouvement, le savoir s’émancipe de son premier support, qui est le corps: celui du témoin, du savant ou de l’auteur. Il est libéré de la mémoire et de la voix individuelle, de la coprésence entre destinataire et destinateur. Il est libéré du lieu. Notamment par l’inscription, la notation et l’enregistrement.»
Olivier Asselin est chercheur régulier à FIGURA, le Centre de recherche sur le texte et l’imaginaire. Il est professeur titulaire au Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques de l’Université de Montréal, où il enseigne l’art contemporain, le cinéma élargi et les arts médiatiques. Il a co-dirigé Precarious Visualities: New Perspectives on Identification in Contemporary Art and Visual Culture (avec J. Lamoureux et C.
La vidéo de cette communication a été réalisée par Alix Bonnet.
Morphogenèse de systèmes: développement d’une mémoire connexionniste
Yves Duthen travaille à la création de vie artificielle. Dans cette communication, il propose de montrer ce qui construit ces codes et ces programmes qui construisent les systèmes complexes d’intelligence artificielle.
«En vie artificielle, l’objectif est de concevoir des systèmes, des programmes, des machines physiques qui ont des propriétés du vivant, c’est-à-dire qui peuvent s’adapter, évoluer (au sens darwinien du terme), apprendre et se répliquer.»
Yves Duthen, professeur d’informatique, dirige des recherches en Vie Artificielle et Réalité Virtuelle dans l’équipe VORTEX de l’Institut de Recherche en Informatique de Toulouse (IRIT). Docteur en informatique en 1983 puis Habilité à Diriger de Recherches en 1993, il a travaillé successivement dans les domaines de la synthèse d’images et des machines parallèles puis de la simulation comportementale d’avatars jusqu’à la synthèse de créatures artificielles. La spécificité de son domaine de recherche repose sur l’exploitation de mécanismes évolutionnaires pour faire émerger par «évolution» des solutions à un problème donné, les travaux de son équipe portent actuellement sur la morphogenèse de systèmes complexes.
La vidéo de cette communication a été réalisée par Alix Bonnet.
Quelques traces de mémoire en bibliothèque
Qu’est-ce que l’expression «architectures de mémoire» peut bien inspirer à un bibliothécaire? Carole Letrouit propose de montrer dans quels sens les bibliothèques sont des architectures de mémoire.
«Le mot bibliothèque a toujours désigné à la fois un regroupement physique -un lieu, un contenant- et un regroupement intellectuel -un ordre, un catalogue. Le dépôt de livres devient une bibliothèque à partir du moment où il se mue en construction structurée dans laquelle le stock devient une collection vivante.»
Après des études universitaires en philosophie et en allemand, Carole Letrouit a obtenu le diplôme supérieur de l’Institut national des techniques de la documentation du CNAM. Elle a travaillé brièvement en tant que documentaliste dans le privé avant de passer avec succès le concours de conservateur des bibliothèques. Elle a exercé d’abord au Service commun de la documentation de l’université Lyon3 où elle a développé ses compétences dans le champ des services numériques (1993-1998), puis à l’université Paris Descartes où elle a occupé les fonctions de directrice adjointe du Service commun de la documentation (1998-2008) tout en étant chargée de mission pour l’accès distant aux ressources documentaires numériques par le consortium national Couperin.
La vidéo de cette communication a été réalisée par Alix Bonnet.
L’Ars Memoriae, l’ordinateur et la cité
Marie Fraser présente trois architectures de mémoire qui, malgré leurs différences, ont en commune relation avec l’espace.
«Cette spatialisation a comme effet d’en reconfigurer la temporalité. Il s’agit de la mémoire orale et de ses liens avec l’Ars Memoriae, l’ordinateur et la cité.»
Marie Fraser est chercheure régulière à FIGURA, le Centre de recherche sur le texte et l’imaginaire. Elle est professeure en histoire de l’art et en muséologie à l’Université du Québec à Montréal depuis 2007. Ses recherches portent de façon générale sur la transformation des régimes narratifs et temporels ainsi que sur l’histoire des expositions et le commissariat.
La vidéo de cette communication a été réalisée par Alix Bonnet.
Nouvelles histoires de fantômes (2012-2014). Retour sur un projet réalisé par George Didi-Huberman et Arno Gisinger
Arno Gisinger présente un projet qu’il a mené avec George Didi-Huberman et qui s’est terminé en 2014, après quatre expositions.
«C’était un travail en commun entre un historien de l’art et un plasticien, un photographe, que je suis. Ce travail était basé sur Aby Warburg et la question de la mémoire iconographique et iconologique.»
Arno Gisinger développe depuis plusieurs années une pratique artistique singulière qui lie photographie et historiographie. Son travail met à l’épreuve la représentation visuelle du passé et interroge le statut des images photographiques. Entre 2012 et 2014, il conduit en parallèle deux projets majeurs qui expérimentent les transformations des images confrontées aux différentes conditions des espaces d’exposition. Topoï propose une reconfiguration de ses travaux majeurs, tandis qu’Atlas, suite (réalisé en collaboration avec le philosophe Georges Didi-Huberman) interroge les relations complexes entre les œuvres d’art et leur interprétation photographique.
La vidéo de cette communication a été réalisée par Alix Bonnet.
Vitesse et mémoire. Exploration actuelle d’«Immemory» de Chris Marker
Sorti en 1998, le cédérom Immemory de Chris Marker a d’abord fait l’objet d’une installation au centre Georges-Pompidou en 1997. Sur ce support qui est devenu rapidement désuet, Marker a gravé une partie des impressions visuelles et des traces textuelles contenues dans sa mémoire: une partie de sa conscience ou de son âme.
Raymong Bellour n’hésite pas à associer Immemory à la pratique de l’autoportrait essayistique de Montaigne. «Tout ce que je peux offrir, c’est moi», dit Chris Marker, paraphrasant à l’évidence l’auteur des Essais.
Sylvano Santini est professeur au département d’études littéraires de l’UQAM où il enseigne la sémiologie tardive à partir des Grecs. Chercheur régulier à FIGURA, le Centre de recherche sur le texte et l’imaginaire, il s’intéresse présentement à la relation performative de la littérature au cinéma dans le cadre des activités du projet-équipe RADICAL (Repères pour une articulation des dimensions culturelles, artistiques et littéraires de l’imaginaire contemporain).
La vidéo de cette communication a été réalisée par Alix Bonnet.
Bergson, architecte de la mémoire: élément pour une esthétique de l’accès aux informations
Pierre-Jean Truchot ouvre sa communication sur ce concept clé de la pensée bergsonienne qu’est le concept de durée.
«La pure durée pour une conscience à l’intérieur d’une conscience pourrait bien être cela: une succession de changements qualitatifs qui se fondent, qui se pénètrent, sans contour précis, sans aucune tendance à s’extérioriser les uns par rapport aux autres… de l’hétérogénéité pure.»
Pierre-Jean Truchot est docteur en philosophie de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et chercheur au laboratoire FoRell «Poétiques de la représentation» de l’Université de Poitiers. Sa thèse peut se résumer en une histoire de la peinture occidentale à la lumière des concepts de mouvement et de temps. Il est l’auteur de nombreux articles portant sur la pensée et l’esthétique de Bergson, sur les rapports entre textes et images et sur la philosophie de l’art au XVIIIe siècle. Il écrit également sur l’art contemporain en collaboration avec des artistes comme Bruno Serralongue, Julien Berthier, Vincent Ganivet. D’autres publications portent sur les serious games et les arts games.
La vidéo de cette communication a été réalisée par Alix Bonnet.
Formation de la mémoire et phénomènes de neurodégénérescence: les nouvelles facettes des mécanismes de type prion
Jean-Philippe Deslys propose, dans cette communication, de traiter de la mémoire, du cerveau et des phénomènes de neurodégénérescence.
«Nous avons maintenant des machines capables de produire un tel nombre de données que nos cerveaux ne sont plus capables de les gérer. Dans un contexte où nous dépendons de plus en plus des machines, comment arriver à maîtriser ce système qui nous échappe?»
Docteur en médecine, docteur ès sciences, directeur de recherche au CEA (Commissariat à l’Energie Atomique) et chef de service, Jean-Philippe Deslys est spécialiste des maladies à prions. Il est l’auteur de plus de cent publications dans des revues scientifiques internationales, portant sur les principaux aspects appliqués de ce domaine de recherche (diagnostic des maladies à prions, techniques de décontamination, évaluation du risque et les approches thérapeutiques dans différents modèles expérimentaux) ainsi que sur les mécanismes sous-tendant ces pathologies.
La vidéo de cette communication a été réalisée par Alix Bonnet.