Article d'une publication

Once in a Promised Land

Chloé Tazartez
couverture
Article paru dans Romans états-uniens, sous la responsabilité de Équipe LMP (2007)

Œuvre référencée: Halaby, Laila (2007), Once in a Promised Land, Boston, Beacon Press, 344p.

Disponible sur demande (Fonds Lower Manhattan Project au Labo NT2)

Présentation de l’œuvre

Résumé de l’œuvre

Salwa et Jassim vivent en Arizona lorsque les attentats du 11 septembre 2001 se produisent. D’origine jordanienne, ils vont subir les conséquences de ces attentats. Ils sont brisés par l’atmosphère générale qui règne aux États-Unis, et par une vie de couple qui se décompose petit à petit. Salwa tombe enceinte sans en parler à son mari qui ne veut pas d’enfant, puis elle fait une fausse couche. Juste après avoir appris le malheur de sa femme, Jassim a un accident de voiture en rentrant de la piscine. Jassim ne révèle pas à Salwa qu’un jeune homme est décédé lors de l’accident. Les non-dits les éloignent de plus en plus l’un de l’autre: Salwa entame une relation avec un collègue de travail qui s’avère être un dealer alors que Jassim, hanté par l’accident, a une attitude bizarre. Un ancien marine, Jack, qui avait rencontré Jassim à la piscine, devient paranoïaque lorsque l’attitude de celui-ci change. Il pense qu’il trame quelque chose de louche. Il contacte le FBI avant de mourir d’une crise cardiaque.  Le signalement de Jack, conjugué à la haine que lui porte la réceptionniste de son entreprise qui veut lui faire payer le 11 septembre à cause de ses origines et est persuadée qu’il est une menace pour la sécurité intérieure, va entraîner le déclenchement d’une enquête du FBI. Il s’avère que le jeune homme qui est mort dans l’accident détestait lui aussi les arabes à cause du 11 septembre. Jassim n’a pas conscience de tout cela, persuadé que la peur des Américains se calmera avec le temps. Obnubilé par sa culpabilité dans l’accident, il ne voit pas à quel point la situation se dégrade, jusqu’au jour où il est renvoyé car aucun client ne veut plus travailler avec lui.À cette intrigue principale, s’entremêlent l’histoire de Jack, Américain raciste qui ne voit plus sa fille depuis qu’elle s’est mariée avec un Arabe ; celle de Jake, collègue de travail de Salwa, dealer, et celle de Penny, serveuse dans un café, qui s’est enfuie de chez elle juste avant de perdre sa fille aînée d’une overdose de drogue.

Précision sur la forme adoptée ou sur le genre

Roman.

Précision sur les modalités énonciatives de l’œuvre

Quatre récits s’entremêlent avec la narration principale. On passe d’une focalisation interne d’un personnage à un autre, avec toujours une narration à la troisième personne.

Modalités de présence du 11 septembre

La présence du 11 septembre est-elle générique ou particularisée?

La présence des attentats est généralisée. L’intrigue se déroule dans l’Arizona. Les événements ne sont représentés que par le discours et les pensées des personnages. Nous n’apprenons ce qui s’est passé qu’une fois que les personnages ont vu les reportages télévisés. Il n’y a pas de descriptions des événements ni de la réaction des personnages « à chaud ». Nous sommes dans l’après. Les attentats servent de toile de fond sur laquelle évoluent la peur et la paranoïa de certains Américains envers les Arabes.

Les événements sont-ils présentés de façon explicite?

Non, ils n’apparaissent qu’à travers les récits qu’en font les personnages qui tiennent l’information des médias.La voiture est présente et est mise en scène à travers les autocollants patriotiques qui doivent orner son pare-brise arrière. Elle est également le symbole de l’indépendance et de la réussite sociale. Elle est aussi l’arme du crime accidentel dont Jassim est l’auteur, et la victime (il est traumatisé et désespéré par le rôle qu’il a joué dans cet accident, sa vie devient un enfer de culpabilité).Les médias sont très peu présents. La radio plus que la télévision prend le rôle d’outil de propagande : les gens l’écoutent en voiture et sont influencés par les discours anti-arabes prononcés lors de diverses émissions. Nous avons notamment une scène où Salwa monte dans sa voiture et est horrifiée d’entendre un présentateur appeler à la chasse aux Arabes.

Quels sont les liens entre les événements et les principaux protagonistes du récit (narrateur, personnage principal, etc.)?

Aucun des personnages du roman a vécu directement les attentats du 11 septembre, ils sont concernés par les conséquences des événements.

Les deux personnages principaux, Salwa et son mari Jassim, subissent la paranoïa envers les Arabes que les attentats ont engendrée. Ils sont stigmatisés même s’ils vivent selon le mode de vie occidental. Salwa se hérisse face au moindre soupçon et affirme son innocence et la stupidité de ceux qui la jugent de par ses origines. Jassim, par contre, ne voit pas les tensions qui se créent autour de lui, il n’en prendra conscience que tardivement, lorsqu’il perdra son travail car plus aucun client ne voudra avoir affaire à un Arabe, malgré les multiples mise en garde de ses amis et de sa femme.

Tout comme ils représentent une vision différente du rapport entre l’Orient et l’Occident, Jassim et Salwa représentent deux modes de réactions opposés à la stigmatisation dont ils sont les victimes.Le racisme de Jack, Américain pur souche, un peu chauvin, se réveille avec les attentats et il se met à surveiller étroitement Jassim dont le changement d’attitude et la froideur l’inquiète.Jake, jeune dealer qui travaille dans la même banque que Salwa, possède un skateboard avec un permis de chasse des terroristes, tout comme le jeune homme que Jassim tue dans un accident de voiture.

Aspects médiatiques de l’œuvre

Des sons sont-ils présents?

Pas de son.

Y a-t-il un travail iconique fait sur le texte? Des figures de texte?

Pas de travail iconique.

Autres aspects à intégrer

N/A

Le paratexte

Citer le résumé ou l’argumentaire présent sur la 4e de couverture ou sur le rabat

Once in a Promised Land is the story of Jassim and Salwa, who left the deserts of their native Jordan for those of Arizona. Although the couple lives far from Ground Zero, it’s impossible to escape the nationwide fallout from 9/11. When Jassim kills a teenage boy in a terrible accident and Salwa becomes hopelessly entangled with a shadowy young man, their tenuous lives in exile and their fragile marriage begin to unravel. This intimate account of two parallel lies is an achingly honest look at what it means to straddle cultures, to be viewed with suspicion, and to struggle to find safe haven.

Intentions de l’auteur (sur le 11 septembre), si elles ont été émises

N/A

Citer la dédicace, s’il y a lieu

For Raik

Donner un aperçu de la réception critique présente sur le web

http://contemporarylit.about.com/od/fiction/fr/onceInA.htm [Page consultée le 8 septembre 2023 via Wayback Machine, URL modifiée]

http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2007/02/01/AR2007020101878.html [Page consultée le 8 septembre 2023]

http://www.curledup.com/onceprom.htm [Page consultée le 8 septembre 2023 via Wayback Machine, URL modifiée]

http://carpelibris.blogspot.com/2008/02/once-in-promised-land-by-laila-halaby.html [Page consultée le 8 septembre 2023 via Wayback Machine, URL modifiée]

Impact de l’œuvre

L’impact de l’oeuvre m’est inconnu.

Pistes d’analyse

Évaluer la pertinence de l’œuvre en regard du processus de fictionnalisation et de mythification du 11 septembre

Les attentats du 11 septembre se produisent dès le début du roman. Ils servent de déclencheurs et de révélateurs dans la vie des personnages. Salwa et Jassim, de par leurs origines jordaniennes, subissent une pression très importante qui révèle la vraie nature de leur entourage. Le couple doit faire face individuellement à des scènes d’hostilité de plus en plus récurrentes et violentes. Des adolescentes qui travaillent dans un centre commercial appellent le vigile pour qu’il surveille Jassim car il a l’air bizarre et une cliente à la banque où Salwa travaille ne veut pas traiter avec elle car elle pense qu’elle ne la comprend pas. À côté de ces scènes, une atmosphère de suspicion et de violence s’installe. Salwa tombe enceinte et fait une fausse couche sans rien dire à son mari, Jassim a un accident de voiture dans lequel il tue un jeune homme mais il ne raconte pas toute l’histoire à sa femme. Ils ne se parlent pas, comme si le fait de mettre en mots leurs craintes et leurs peines leur donnait plus de réalité. Il en va de même avec les personnages secondaires dont l’histoire nous est contée. Jack est décrit comme un rustre qui n’accepte pas que sa fille ait épousé un Jordanien, Jake est un petit dealer qui a une vie misérable mais ne fait rien pour s’en sortir, Jenny est une femme battue dont la fille est morte d’une overdose sans qu’elle puisse faire quoi que ce soit.

C’est un portrait critique de l’Amérique et de son rêve qui est résumé par les effets des attentats. Les personnages ne peuvent plus faire semblant de croire à l’idéal américain d’intégration et d’égalité. Toutes les composantes de la société sont critiquées, même Jassim et Salwa. Ils se veulent Américains et réagissent comme des Américains, mais leurs origines les mettent face aux mauvais côtés de la société américaine. Ils réagissent avec le même individualisme devant leurs problèmes respectifs que celui dont ils sont les victimes. Par contre, la Jordanie et le personnage de Hassan (ami d’enfance de Salwa qui est toujours amoureux d’elle) sont présentés comme plus droits, plus honnêtes, plus chaleureux, même si certains problèmes liés au monde arabe, comme celui de trouver du travail pour Jassim, sont soulignés par moment.

L’histoire de ce couple montre que même après un événement de cet ampleur, les Américains ne se remettent pas en question, ils s’enfoncent un peu plus dans leur désespoir, privés de leurs illusions. C’est un appel à une remise en question interne de la société américaine et une mise en garde contre le rejet de la responsabilité des attentats simplement sur l’Orient. Ce récit nous invite à dépasser l’opposition de surface entre Orient et Occident, pour chercher les causes de ces attentats dans l’évolution globale d’une société mondialisée.

Les multiples références aussi bien poétiques que thématiques au conte (oriental et occidental) plongent les attentats dans un entre-deux fictionnel : la vie n’est pas un conte de Walt Disney avec un happy end mais ce n’est pas non plus un conte arabe dans lequel l’individu finit toujours par trouver sa place dans la communauté. La vie est un univers désenchanté qui permet aux attentats du 11 septembre d’avoir lieu, mais c’est également un univers qui dépasse les contes merveilleux dans la fantaisie qu’il déploie : les attentats, ainsi que la violence sociétaire qui en découlent, auraient plus leur place dans un conte que dans le monde réel.

Cet usage des codes du merveilleux permet également de dénoncer la stigmatisation dont font l’objet les Arabes musulmans des États-Unis. La figure du terroriste associée aux Arabes est monstrueuse et c’est l’absurdité d’une telle figure monstrueuse qui est critiquée ici : c’est une figure du conte et non de la vie réelle.

Donner une citation marquante, s’il y a lieu

“Our main characters are Salwa and Jassim. We really come to know them only after the World Trade Center buildings have been flattened by planes, flown by Arabs, by Muslims. Salwa and Jassim are both Arabs. Both Muslims. But of course they have nothing to do with what happened to the World Trade Center.

Nothing and everything.” (p.VII-VIII)

Sur le réveil de la paranoïa de Jack :

“Not two weeks later, the Twin Towers were flattened. In those few hours and the days that followed, everything he had run from, every weakness he had disguised, came bubbling to the surface. All that was really wrong in his life came back to haunt him, to erase the man he had become.” (p.165)

Noter tout autre information pertinente à l’œuvre

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Couverture du livre

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