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La tentation de la fin. Esthétique de l’interruption dans 1999 de Pierre Yergeau

Bertrand Gervais
couverture
Article paru dans Imaginaire du roman québécois contemporain, sous la responsabilité de Petr Kyloušek, Max Roy et Józef Kwaterko (2006)

Qui croit encore à la fin? À une fin littérale du monde? Qui a vraiment cru que l’an deux mille provoquerait, selon des scénarios faussement millénaristes, une Apocalypse? Plus personne n’ose dire qu’il y a cru.

Plus personne n’ose avouer qu’il a pu considérer ne serait-ce qu’un instant, lors d’une rêverie particulièrement corrosive, un cataclysme apte à annihiler un monde déjà dévasté de toute façon. Pourtant, le fantasme d’une fin de siècle catastrophique est séduisant, ne serait-ce qu’en raison de sa dimension dramatique. Rien n’attire autant que la fin, Edgar Allan Poe l’avait bien compris, lui qui avait fondé sa philosophie de la composition sur ses possibilités narratives et symboliques. Rien ne bouleverse autant que les catastrophes car, nous dit Annie Le Brun, par elles «l’excès devient réalité, entraînant un changement d’échelle, qui peut même parfois suggérer l’impossible d’une perception physique de l’infini.»

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