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La représentation de l’écrivain réel et/ou imaginaire dans «Le coeur est un muscle involontaire» de Monique Proulx et «Ça va aller» de Catherine Mavrikakis

Piotr Sadkowski
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Article paru dans Imaginaire du roman québécois contemporain, sous la responsabilité de Petr Kyloušek, Max Roy et Józef Kwaterko (2006)

Nombre de travaux critiques portant sur les textes spéculaires démontrent l’ampleur et le dynamisme du phénomène que l’on peut nommer le roman de ou sur l’écrivain québécois. Qu’il suffise de rappeler ici les ouvrages tels que Le romancier fictif d’André Belleau (1980), ouvrage fondamental dans ce domaine, et les textes plus récents -Le moment critique de la fiction de Robert Dion (1997) et L’écrivain imaginaire de Roselyne Tremblay (2004). Tout en admettant que la mise en abyme, la thématisation de l’écriture et la fictionnalisation de l’écrivain demeurent des traits universels des lettres postmodernes, il faut reconnaître la spécificité du roman autotélique au Québec. Les lettres québécoises, en tant qu’une littérature, «liminaire», selon la formule de Michel Biron (2003), ou une, «littérature de l’intranquillité» d’après Lise Gauvin, partageant certaines caractéristiques avec des «littératures mineures», au sens du terme dérivé des «petites littératures» kafkaïennes, recontextualisées par Deleuze et Guattari (1975), semblent par le biais de la fictionnalisation de l’écrivain réel et/ou imaginaire et par la configuration romanesque de l’acte de lecture-écriture interroger leur statut -celui du nouveau champ littéraire autonome- en problématisant ainsi leur enjeu axiologique. Le roman sur l’écrivain appelle souvent la présence du personnage-lecteur et critique: la question a été étudiée par Robert Dion (1997) et par Lucie Hotte (2001). Avec Le Semestre de Gérard Bessette (1979) émerge un type particulier du roman autothématique: la fiction métatextulle, c’est-à-dire, le roman qui, à travers la mise en scène de la lecture des ouvrages d’autres représentants contemporains du champ littéraire québécois, se constitue en une interprétation critique incluse dans la fiction. Dans cette perspective, il me semble intéressant d’examiner deux exemples particuliers de ce paradigme générique représenté par deux livres publiés en 2002: Le coeur est un muscle involontaire de Monique Proulx et Ça va aller de Catherine Mavrikakis.

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