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Jeunes filles et vieilles filles. Autour de quelques inconvenantes chez Flaubert, Goncourt et Zola
«La différence entre une convention et un contrat», tel est le sujet de la première question que doit affronter Frédéric Moreau lors de son examen à l’École de droit, dans L’Éducation sentimentale. Vu l’économie romanesque mise en place par Flaubert, qui réserve à Moreau nombre de projets abandonnés et d’occasions manquées, il n’y a rien d’étonnant à ce que le candidat —ému, puis «démoralisé» (ibid.)— rate sa réponse, et tout l’examen, d’ailleurs. Cependant, que Frédéric Moreau «défini[sse] l’une pour l’autre» (ibid.), qu’il intervertisse la «convention» et le «contrat», n’est pas seulement un symptôme de la nervosité, de la préparation inadéquate, voire des limites intellectuelles du candidat; il ne s’agit pas non plus d’un simple «échec» (ÉS, p. 94) qui trouverait parfaitement sa place dans cette suite de renoncements et d’inachèvements que d’aucuns considèrent constituer «l’éducation sentimentale» de Moreau. Demander à distinguer la convention d’un contrat, c’est —tout en affirmant que l’une n’est pas l’autre— faire ressortir la parenté et la proximité de deux notions qu’il est aisé de confondre; montrer un protagoniste assimilant l’une à l’autre, c’est donner l’indice d’un système social fondé sur des conventions ayant valeur de contrat, et auxquelles tous les acteurs doivent se conformer, même hors de la sphère du droit.