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Caveaux funestes
Œuvre référencée: Fairstein, Linda (2006), Caveaux funestes, Paris, JC Lattès, 456p. [Fairstein, Linda (2003), The Bone Vault, New York, Pocket Star Books, 503p.]
Disponible sur demande en traduction française et en version originale anglaise (Fonds Lower Manhattan Project au Labo NT2)
Présentation de l’œuvre
Résumé de l’œuvre
Lors d’une soirée mondaine au Metropolitan Museum of Art de New York à laquelle Alexandra Cooper, adjointe au procureur, assiste, on découvre dans un sarcophage égyptien le corps d’une jeune assistante du musée, Katrina Grooten. Comme l’exposition en cours est une exposition conjointe du Metropolitan Museum of Art et de l’American Museum of Natural History, commence alors une enquête auprès du personnel administratif des deux institutions.
L’intrigue permet à l’auteure d’explorer les sous-sols des deux musées, de décrire les politiques (contestables) d’acquisition des oeuvres, d’explorer la législation muséale passée et récente, de décrire les trésors des musées et d’expliquer comment de grands aventuriers ou des hommes politiques célèbres ont pu constituer, sur le dos des populations locales ou en massacrant allègrement les espèces, des collections immenses, et maintenant inexploitées. Ces collections sont en effet laissées en l’état dans des salles et peu exploitées. Elles constituent des fonds prestigieux dédiés à la recherche. C’est donc parmi les chercheurs et les responsables des départements que l’enquête va progresser d’une manière littérairement assez classique.
Cette enquête est entrecoupée de descriptions de situations juridiques ou d’enquêtes à différents stades sur des crimes sexuels dont Alexandra Cooper a la charge. Le propos du roman est donc aussi de montrer le quotidien d’une enquêteuse et de son équipe, les rivalités de département comme les difficultés légales ou psychologiques sur lesquelles butent les enquêtes en cours.
La « couleur » un peu british et XIX e siècle de l’ouvrage en ce qui concerne les musées, ou les anecdotes quotidiennes dans le cadre du vécu de la procureure, sont très bien documentées et vivantes. On suit moins bien l’enquête qui passe de rebondissements en rebondissements, en abandonnant au fil des épisodes des personnages essentiels au profit d’une narration qui respire parfois l’artifice.
Sans révéler la chute, il est possible de dire qu’Alexandra Cooper et ses deux adjoints, Mike Chapman (Blanc, vulgaire, macho, prêt à tirer sur tout ce qui bouge, mais blessé au coeur par le 11 septembre) et Mercer Wallace (Noir, intelligent, raffiné, attentif, négociateur dans les prises d’otage) vont traquer et finir par arrêter le tueur grâce à Clémentine Qisukqut, Inuite du Groenland qui s’identifie davantage à la culture britannique qu’à ses origines inuites (et qui rappelle, peut-être, la solidarité politique entre les États-Unis et la Grande-Bretagne).
Précision sur la forme adoptée ou sur le genre
Roman policier.
Précision sur les modalités énonciatives de l’œuvre
Narration au « je », narrateur unique.
Modalités de présence du 11 septembre
La présence du 11 septembre est-elle générique ou particularisée?
La présence du 11 septembre est générique, il en est surtout question au chapitre 23, à partir de la p.244.
Les événements sont-ils présentés de façon explicite?
Les événements sont présentés de façon explicite par le biais du témoignage de la procureure Alexandra Cooper qui, de son bureau, voit les tours « monter la garde à dix rues de là ». C’est un vécu en direct qui est décrit, les mouvements de foule, l’incompréhension psychologique et la solidarité. La mobilisation quasi immédiate des forces de l’ordre est aussi mise en avant.
Quelle est l’attitude face aux événements? Incrédulité tragique mais aussi aide, solidarité, secours, fraternité de corps.
Des moyens de transport sont-ils représentés? Voitures de police surtout.
Les médias ou les moyens de communication sont-ils représentés? Dans le cadre du 11 septembre, aucun grand média n’est nommé.
La radio de la police est citée (p. 252), le téléphone de l’appartement de Alexandra Cooper et sa télévision dans la soirée et dans la nuit également.
Quels sont les liens entre les événements et les principaux protagonistes du récit (narrateur, personnage principal, etc.)?
La mémoire du 11 septembre est essentiellement circonscrite aux policiers (leur admirable dévouement lors des attentats), aucun des autres personnages du polar ne semble avoir besoin d’évoquer ce traumatisme.
Le point de vue est individuel.
Aspects médiatiques de l’œuvre
Des sons sont-ils présents?
Aucun son.
Y a-t-il un travail iconique fait sur le texte? Des figures de texte?
Aucun travail iconique.
Autres aspects à intégrer
N/A
Le paratexte
Citer le résumé ou l’argumentaire présent sur la 4e de couverture ou sur le rabat
Lors d’une soirée d’inauguration au Metropolitan Museum of Art de New York, le directeur réclame l’aide d’Alexandra Cooper, adjointe du procureur, pour une étrange affaire… Dans un sarcophage repose, non pas la princesse égyptienne censée s’y trouver, mais une jeune femme tout aussi morte, bien que beaucoup plus récemment, et elle aussi embaumée. Qui était-elle? Qui pouvait-elle gêner au point d’être tuée? Et surtout, qui se cache derrière cette sordide mise en scène? Dans l’atmosphère lourde de secrets du Met, Alexandra est bien décidée à percer le mystère du sarcophage.
Version Québec Loisirs :
Alexandra Cooper, adjointe au procureur de Manhattan spécialisée dans les crimes sexuels, est appelée sur le port de New York : un ancien sarcophage, destiné à être envoyé au Caire pour un échange d’objets d’art, contient non pas la princesse égyptienne censée s’y trouver, mais une jeune femme, morte elle aussi, mais bien plus récemment. Encore plus étonnant : le corps est parfaitement préservé…
Intentions de l’auteur (sur le 11 septembre), si elles ont été émises
http://www.thebookplace.com/bookends/be_interviews_fairstein.asp?TAG=&CID= [Page consultée le 8 septembre 2023 via Wayback Machine, URL modifiée]
http://www.bookbrowse.com/author_interviews/full/index.cfm?author_number… [La page n’est plus accessible.]
Citer la dédicace, s’il y a lieu
Pour Suzanne Kirk,
brillante éditrice,
amie dévouée
et docteur ès crimes
Donner un aperçu de la réception critique présente sur le web
Rien en français.
Sites en anglais :
http://www.bookreporter.com/reviews/0743436679.asp [Page consultée le 8 septembre 2023 via WayBack Machine, URL modifiée]
http://www.ereader.com/product/detail/9999?book=The_Bone_Vault:_An_Alexandra_Cooper_Mystery [Page consultée le 8 septembre 2023 via WayBack Machine, URL modifiée]
Impact de l’œuvre
Inconnu pour le moment (12/2006)
Pistes d’analyse
Évaluer la pertinence de l’œuvre en regard du processus de fictionnalisation et de mythification du 11 septembre
Les attentats du 11 septembre sont traités par excellence dans ce roman comme l’événement traumatisant auquel les enquêteurs font parfois référence explicitement ou implicitement, en liant leur comportement à cette blessure non refermée. Le traumatisme justifie ainsi la plupart des attitudes psychologiques policières, dès lors qu’il est question d’expliquer un comportement post-traumatique ou des attitudes plus ou moins contestables ou brutales. Il est important de noter le côté définitivement « intégré » du 11 septembre au langage quotidien new-yorkais de l’après-11 septembre tel qu’il est illustré ici.
La symbolique traumatique du 11 septembre ainsi que son expansion dans ces thrillers/best-sellers, montrent que les mots sont en train de relire ou de redire la chute des tours du World Trade Center en magnifiant, dans ce cas, l’obéissance et la force morale de tous ceux qui portent l’uniforme au détriment des civils couards (voir citation).
La force oratoire des attentats crée un fond littéraire mouvant, composé de blessures essentielles et d’une idéologie consolatrice de résistance et de solidarité nationale, tentation à laquelle ne résiste pas cet exemple de littérature policière avec son héroïne procureure qui n’est plus certaine de faire condamner les prétendus coupables dans le maelström de lois de droits civils.
La référence au 11 septembre semble devenue LA référence obligatoire en littérature dans l’étouffante pression idéologique qu’il a suscitée à New York.
Ce best-seller intègre la réalité du 11 septembre comme le fragment d’un tout social qui en est peut-être responsable, comme cela est fortement suggéré par le contenu même des enquêtes parallèles.
Après le 11 septembre, les gens et la société ont radicalement changé mais le désarroi règne encore et la lumière n’est pas prête d’apparaître au bout du tunnel. La littérature continue donc à assimiler et à s’imprégner du 11 septembre avec des intensités diverses, en constituant ainsi une des parties les plus visibles de la mythification en cours.
Donner une citation marquante, s’il y a lieu
« Jusque là, j’avais réussi à éviter le sujet à chaque fois qu’elle l’avait évoqué. Quand on avait été témoin de l’attentat du World Trade Center, il était impossible d’en parler sans ressentir à nouveau la même douleur que ce matin-là. » (p.245)
«… tous se ruaient vers le World Trade Center. À cet instant, j’étais incapable d’imaginer ce qu’ils allaient trouver. Je savais seulement que dans leur tête et dans leur cœur, quelque chose leur donnait le courage d’aller secourir les victimes, alors que tous les autres, ceux qui ne portaient pas l’uniforme, fuyaient dans la direction opposée. » (p.248)
Noter tout autre information pertinente à l’œuvre
Versions françaises :
- La maison des morts, Paris, Lattés, 2003.
- La noyée de l’Hudson, Paris, Lattés, 2001.
- L’épreuve finale, Paris, J’ai lu, 2001.
- Un cas désespéré, J’ai lu, 2001.
Éléments de biographie: Linda Fairstein est l’auteur de plus d’une dizaine de titres de romans policiers parus aux États-Unis. Linda Fairstein, adjointe du procureur de New York, a été chargée pendant vingt-cinq ans des crimes sexuels et des violences domestiques auprès du ministère public à Manhattan. Site de l’auteur : http://www.lindafairstein.com/ [Page consultée le 8 septembre 2023]
Couverture du livre