Colloque, 4 et 5 mai 2016

Femmes ingouvernables: (re)penser l’irrévérence féminine dans l’imaginaire populaire contemporain

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Le colloque étudiant Figura «Femmes ingouvernables: (re)penser l’irrévérence féminine dans l’imaginaire contemporain», organisé par Joyce Baker et Fanie Demeule, a eu lieu les 4 et 5 mai 2016 à la Salle des Boiseries de l’UQAM.

Tantôt crainte pour cause du pouvoir qu’elle incarne, tantôt admirée pour son aplomb, la femme irrévérencieuse hante les imaginaires collectifs et la culture populaire en s’incarnant sous une pluralité de visages. Pour Kathleen Rowe, la “Unruly Woman” (que nous traduisons librement par «femme ingouvernable») est cette figure archétypale qui perturbe l’image traditionnelle de la féminité, notamment en manifestant des comportements en décalage avec ce que l’on attend du féminin. Selon Rowe, la femme ingouvernable peut présenter une forte corpulence, adopter des comportements dérangeants tels que de parler trop fort, de faire preuve d’un humour salace et assumé, ou encore d’exprimer sa colère en public et de faire preuve d’agressivité; à notre sens, elle peut aussi jouer la carte de la classe, de l’auto promotion et de l’hyperféminité assumée.

Si la figure féminine est habituellement celle qui se fait regarder, qui fait parler d’elle ou est la cible des blagues, la femme ingouvernable est celle qui regarde, parle et s’impose d’elle-même en spectacle. Laissant entendre haut et fort ses désirs comme sa rage, elle incarne l’archétype de femme en tant que sujet. Par cette attitude irrévérencieuse, elle se positionne elle-même au centre du discours et clame son droit à l’expression, mais aussi à son pouvoir dans l’espace public. Ce qui devient provocant chez la femme ingouvernable n’est pas tant son rejet de la féminité, qu’elle tend souvent, au contraire, à conserver sous plusieurs traits, que sa propension à faire cohabiter sans gêne des éléments féminins et masculins, car “elle ébranle l’une des distinctions fondamentales –celle entre le masculin et le féminin.” (Rowe, p. 31, notre traduction) L’une des incarnations de la femme ingouvernable serait la figure de la Virago, cette «femme d’allure masculine, autoritaire et criarde». Il est intéressant d’observer que chez la femme, l’attitude colérique et la violence ont de tout temps été perçues comme des marques de virilité –d’où l’origine du terme Virago, constitué du latin vir, désignant l’homme. En raison de sa reconfiguration libre des genres, elle laisse rarement indifférent; si elle se voit parfois s’attirer le mépris, elle n’en inspire pas moins l’admiration, et même l’identification auprès des auditoires. Quelle apparaisse sous une apparence androgyne ou hyperféminine, on la dénigre ou on l’admire en même temps et parce que l’on reconnaît chez elle le pouvoir féminin, et donc le renversement qu’elle initie, car la femme ingouvernable refuse massivement le rôle de victime et d’oppressée qu’on veut lui faire endosser. Ce faisant, celle-ci peut questionner les attentes que l’on cultive envers le féminin et proposer un décalage en utilisant ce qu’on attend d’elle (telles que le culte de l’apparence et la séduction) comme d’une arme, à ses propres fins.

Ce colloque se propose de réfléchir sur la multiplicité des figurations de femmes ingouvernables au sein de la culture populaire contemporaine. Qu’elle soit guerrière (Xena, Hit Girl), sorcière (Maleficient, Melisandre), superhéroïne (Black Widow), détective (Jessica Jones), travailleuse du sexe (Ovidie), femme artiste (Gaga, Cyrus), lutteuse (Ronda, Chyna) ou encore criminelle (Aileen Wuornos), l’irrévérencieuse infiltre à l’heure actuelle tous les médiums et médias populaires; littérature, cinéma, télévision, bande dessinée, jeu vidéo, arts du spectacle et visuels. C’est donc à travers un prisme multidisciplinaire que nous invitons les éventuel.les participant.es à réfléchir aux implications idéologiques, aux questionnements et aux problématiques que soulèvent les représentations de femmes ingouvernables aujourd’hui. Par conséquent, les pistes de réflexion que nous vous proposons à titre de muses intellectuelles ne représentent qu’une infime parcelle des innombrables possibilités.

Vous pouvez rejoindre la communauté Femmes ingouvernables/Unruly Women sur Facebook en cliquant ici.

Communications de l’événement

Camille Saintagne

La performeuse burlesque: de la femme gouvernée à l’artiste ingouvernable

«Le succès du film Tournée de Mathieu Amalric, sorti en 2011, a participé au regain d’intérêt du grand public pour le néo-burlesque. Ce mouvement artistique et féministe présente un strip-tease parfois comique et fortement théâtralisé appellé l’effeuillage où sont mis en lumière des corps souvent non normatifs et une nudité partielle.

Cependant, dans le langage courant des performeuses, le terme est parfois utilisé pour désigner une période historique. Le néo-burlesque désigne alors toute la scène burlesque à partir de son renouveau dans les années 90 aux États-Unis et dans les années 2000 en Europe. Il peut aussi désigner un courant esthétique.

Ce courant néo-burlesque se distingue alors d’un courant dit plus “classique” qui pour sa part privilégie plus de glamour et d’effeuillage.

Le rapport du néo-burlesque à la culture populaire est complexe. Tout d’abord, la définition de la culture populaire est un écueil qu’il nous faut souligner. Est-ce un critère qui serait plus quantitatif, populaire signifierait alors “apprécié par le plus grand nombre”? Ou alors, serait-ce plutôt un critère qui serait de l’ordre qualitatif, c’est-à-dire apprécié par la frange de la population que l’on appelle “le peuple”?

Le néo-burlesque est associé à un mouvement de contre-culture, un mouvement dit underground, qui s’oppose donc au mouvement mainstream. Dans le sens quantitatif, la culture populaire s’oppose fondamentalement à cette idée de mainstream

Ariane Gruet-Pelchat

La Duchesse Parle: Annie-Claude Deschênes comme prêtresse asservissante

Ariane Gruet-Pelchat étudie l’irrévérence d’Annie-Claude Deschênes, chanteuse du groupe Duchess Says, un groupe très important dans la scène underground au Québec. Annie-Claude Deschênes est connue pour donner des performances intenses et imprévisibles.

Cette communication propose d’étudier ces performances comme un éclatement des codes rigides de la chrétienté et la neutralité de genre de la chanteuse comme une irrévérence en soi.

Vous pouvez consulter la présentation PREZI directement sur cette page, en complément à la capture audio.

Marjorie Champagne, Morgane Clément-Gagnon & Jeanne Larocque-Jeffrey

«La Revengeance des Duchesses»: Une réappropriation féministe de la fête

«Vous connaissez sans doute le Carnaval de Québec, fête qui a lieu en hiver à Québec depuis de nombreuses années. Entre 1954 et 1996, le Carnaval est représenté par un bonhomme qui était entouré d’un harem, constitué des duchesses du Carnaval. Le rôle des Duchesses était assez simple, elles se faisaient co-porte-paroles du Carnaval et étaient surtout là pour favoriser la vente de la bougie, objet promotionnel pour financer le carnaval. Chaque duchesse représentait un quartier de Québec: Lévis, Montcalm et autres. Chaque Duchesse était accompagnée d’un major d’homme qui formatait son discours.

En 2010, nous avons décidé de remettre ce procédé à l’avant-scène. Nous avons créé la Revengeance des Duchesses.

Concrètement, qu’est-ce que la Revengeance? Il s’agit d’une satire des duchesses qui se tient en parallèle au Carnaval. Ce que cela vise à faire est de se réapproprier le sens de la fête le côté déjanté d’un carnaval.»

Fanie Demeule

«Throne of Glass» et la violence au féminin en young adult fiction

«S’il est une instance féminine trouble dans laquelle persiste l’énigme des genres sexués, il s’agit de la femme guerrière.

À la lumière de mes recherches actuelles il m’est devenu plus qu’apparent qu’à travers la young adult fiction – ou littérature pour jeunes adultes – l’héroïne se cristallise actuellement autour de la figure guerrière. Vous avez probablement déjà rencontré quelques-unes d’entre elles vous même. En effet, à l’image de Katniss Everdeen de Hunger Games, un nombre important de fictions jeunesse mettent désormais en vedette des personnages de jeunes filles armées.

Ma présentation visera à démontrer que si la jeune guerrière connaît une visibilité grandissante, il demeure des manières codifiées de représenter sa violence et son agressivité, témoignant de la présence de contraintes idéologiques et iconographiques.»

Fanie Demeule dispose d’un diplôme de maîtrise en recherche et création littéraire de l’Université de Montréal (2012-2014). Cette recherche s’intéressait au récit de leur maladie chez les écrivaines ayant vécu l’anorexie mentale. Elle rédige aujourd’hui une thèse de doctorat en études littéraires à l’Université du Québec à Montréal (2014-…), un projet portant sur la figure de guerrière des productions de culture populaire contemporaine. Financée par le FRQSC et le Département d’études littéraires de l’UQAM, cette recherche s’inscrit dans les champs d’études culturelles et féministes. Ses articles, publiés dans diverses revues canadiennes, traitent principalement des représentations contemporaines des femmes.

Charlotte Coutu

Femmes violentes et transgression de genre dans les nouvelles de l’auteure finlandaise Rosa Liksom

«Il y a, dans l’oeuvre de l’auteure Rosa Liksom, un important décalage entre le temps de la description et son contenu.

La violence et le pathétique des situations décrites ne trouvent pas, dans l’implication émotive des personnages, leur équivalent. Ainsi, l’innommable et la banalité cohabitent dans cet espace restreint de la nouvelle et vont jusqu’à provoquer l’inconfort de la lectrice ou du lecteur.

Dans le cadre de ce colloque, il nous a été proposé de penser l’irrévérence féminine dans l’imaginaire contemporain. L’oeuvre de Liksom propose plusieurs figures de femmes irrévérencieuses qui toutes transgressent d’une façon ou d’une autre le féminin accolé à leur sexe. Elles débordent et, en ce sens, elles sont ingouvernables.»

Marie Darsigny

La dépression comme acte de résistance en littérature: de la Sad Girl à la Sick Woman

«Je vais parler aujourd’hui de trois archétypes: la sad girl, la sick woman et la femme post-blessée, traduction de la théorie de Leslie Jameson du post-wounded.

Ma communication s’avise à étudier la sad girl, la sick woman et la femme post-blessée comme femmes ingouvernables en littérature. J’explore l’idée que des actes, étant décrits comme passifs, tel que les pleurs, la tristesse, la dépression, l’anorexie et le suicide peuvent en font être politiques. Il serait donc subversif d’utiliser ces personnages ou ces archétypes pour former un acte de résistance.

En littérature, en écrivant la tristesse et la souffrance, la femme auteure se place dans une position non seulement vulnérable, mais combative à la fois. Puisqu’elle résiste aux idéologies dominantes de son époque. Idéologies voulant que la tristesse et la souffrance soient signe de faiblesse alors qu’ils sont ici des actes de résistance.»

Thomas Lafontaine

Stand-up! Stratégies d’écriture humoristique et constructions d’identités dissidentes dans les stand-up de Margaret Cho et de Chelsea Peretti

Margaret Atwood, une romancière, demandait aux femmes ce qu’elles craignaient le plus des hommes en général. Elles répondaient «me faire attaquer» ou «me faire violer». Lorsqu’elles demandaient aux hommes que craignaient-ils des femmes, la réponse était «qu’elles rient de nous». Pourtant, il existe cette injonction voulant que les femmes ou encore les féministes n’aient pas d’humour, ce qui expliquerait leur absence de la scène humoristique.

Dans sa communication, Thomas Lafontaine aborde ce paradoxe. Il présente alors l’humour comme un espace de politique et militant, qu’il compare à un espace confessionnel.

Thomas Lafontaine est étudiant à la maîtrise en études littéraires à l’UQAM.

Sandrine Galand

«Broad City» Exit bromance. Hello bramance

«Dans son ouvrage sur l’humour des femmes au Québec, paru il y a déjà 14 ans, Lucie Joubert lançait à l’époque des pistes de réflexion qui sont malheureusement une ritournelle encore trop familière à nos oreilles: une femme drôle, c’est forcément une femme laide; elle fait des blagues parce qu’elle est incapable de séduire; elle a, c’est obligé, un physique ingrat. Une femme qui parle trop fort, c’est une femme vulgaire, c’est une femme qui se donne en spectacle, c’est une femme qui manque cruellement de féminité.

Heureusement, vous savez comme moi, que de nombreuses femmes ne s’en sont pas formalisées et que la scène de l’humour est occupée par sa part de femmes humoristes. Cependant, malgré les années qui passent et les avancées qui sont faites, il semblerait qu’il existe encore un deux poids deux mesures quand il est question de thématiques humoristiques.»

Sandrine Galand étudie au doctorat en études littéraires à l’UQAM et elle est membre étudiante du Centre Figura. Elle rédige une thèse s’intéressant à l’énonciation et à la palce du corps dans les écrits autobiographiques de personnalités médiatiques état des figures de prou du popular feminism.

Vicky Bertrand, Marie-Anick Blais, Catherine Chabot, Rose-Anne Déry, Sarah Laurendeau & Marie-Noëlle Voisin

TABLE RASE

Dans le cadre du colloque Femmes ingouvernables: (re)penser l’irrévérence féminine dans l’imaginaire populaire contemporain, Marie-Anick Blais, Vicky Bertrand, Sarah Laurendeau, Marie-Noëlle Voisin et Catherine Chabot ont présenté la pièce TABLE RASE.

Après avoir montré un extrait de la pièce au public du colloque, les artistes ont discuté de la conception de la pièce, du jeu d’interprétation et des enjeux de la mise en scène. La discussion était animée par Samuel Archibald.

Extrait de la pièce TABLE RASE

Organigramme // TABLE RASE de Nesto Cienfuegos sur Vimeo.

Synopsis

Six femmes dans la vingtaine se réunissent autour d’une immense table. Elles mangent, boivent, chantent et rient parce que c’est le seul rituel qu’elles connaissent. Afin de combattre la sensation d’absurdité révélée par leur obsolescence programmée, elles veulent se créer « autres » parce qu’elles aspirent à plus grand. Défiée par la soirée qui s’accélère, chacune d’entre elles devra trouver son point de départ, celui où tout recommence, car plus rien de ce qu’elles sont ne sera pareil. Tout sera dit avec excès et amour, dans l’effort conscient de purger ce vertige qui les habite. Bacchanale d’une génération lucide, Table rase est la parole de six jeunes femmes qui affirment leur urgent besoin d’exister.
Production
Transthéâtre en coproduction avec Collectif Chiennes
Texte
Catherine Chabot avec la collaboration de Brigitte Poupart et du Collectif Chiennes
Mise en scène
Brigitte Poupart
Interprétation
Vicky Bertrand, Marie-Anick Blais, Catherine Chabot, Rose-Anne Déry, Sarah Laurendeau, Marie-Noëlle Voisin
Martine Delvaux

Ingouvernable Jessica Jones

Martine Delvaux aborde l’invisibilisation des hommes et l’extrême figuration des femmes, la transparence du masculin et le technicolor féminin, la disparition des unes qui fonctionne comme une monstration et l’ultra représentativité des autres, qui a pour effet leur invisibilisation.

À partir de ce constat, Martine Delvaux se penche sur la série Jessica Jones et son héroïne. Son ingouvernable superhéroïne. Cette conférence traite du lien entre la femme ingouvernable et ce Dieu invisible, omniscient et omnipotent qu’est le gouvernement incarné par le vis-à-vis de Jessica Jones, Killgrave.

Martine Delvaux est chercheure régulière à FIGURA, le Centre de recherche sur le texte et l’imaginaire. Elle est professeure au Département d’études littéraires de l’Université du Québec à Montréal.

Dinaïg Stall

Stella, féministe au firmament? «The Fall», anatomie des violences masculines

«Dans le cadre de cette réflexion sur la figure de la femme ingouvernable, il me paraît fort pertinent d’analyser la série télévisée britannique The Fall, réalisée par Allan Cubitt et dans laquelle Gilian Anderson incarne l’équivalent d’une inspectrice en chef qui, tout en adoptant les codes de la féminité conventionnelle, parvient néanmoins à asseoir progressivement une véritable autorité au sein d’une hiérarchie policière, par définition essentiellement masculine, et à défier les relations de pouvoir et de domination qui la structurent.»

Dinaïg Stall est professeure à l’École supérieure de théâtre de l’Université du Québec à Montréal. Ses aires de recherche incluent le théâtre de marionnettes contemporain et les études féministes (représentations des femmes dans la création théâtrale contemporaine, interdépendances entre représentations et pratiques).

Gabrielle Doré

Les nouvelles figures de femmes détectives: une utopie féministe?

L’arrivée de Jessica Jones sur nos écrans nous permet de réfléchir au personnage de détective au féminin dans les séries télé, en observant plus particulièrement ce qui caractérise Jessica Jones, mais surtout le scénario qui permet à cette émission de tenir des propos singuliers dans un univers qui, de prime abord, ne porte pas souvent une voix féministe.

En effet, Jessica Jones s’inscrit dans une grande histoire des détectives au masculin, boys’ club bien enraciné dans la culture télévisuelle et plus de provenir d’un univers tout aussi masculin, celui de Marvel.

Gabrielle Doré est étudiante à la maîtrise en Études littéraires de l’UQAM. Son projet de mémoire porte sur la performance de la colère dans l’écriture contemporaine des femmes, sous la direction de Martine Delvaux. Elle s’intéresse particulièrement au champ des études féministes contemporaines en s’impliquant dans la revue étudiante FéminÉtudes et dans un projet de projections de documentaires féministes (qui est encore au stade embryonnaire). Gabrielle Doré a publié quelques articles dans divers médiums uqamiens, notamment Pop-en-Stock et FéminÉtudes.

Laurence Pelletier

Érotique du cyborg: réflexion sur la différence sexuelle dans «Ex Machina» d’Alex Garland

Laurence Pelletier parle d’ingouvernabilité et d’irrévérence en montrant ce que ces deux concepts ont d’essentiellement féminin, en passant par la figure du cyborg.

«La figure du cyborg offre des possibilités d’imaginaires et de conjonctures qui sont nécessaires quand on en vient à penser le féminin, son genre, son sexe et son plaisir. En effet, c’est bien parce qu’on arrive jamais à le définir et le déterminer que celui-ci est sujet d’expérimentations, d’essais, de simulations. On teste le féminin pour voir ce qu’il pourrait bien être.

C’est d’ailleurs le propos central du film de science-fiction Ex Machina réalisé par Alex Garland en 2015 qui fait se superposer les possibilités techniques de l’intelligence artificielle avec la sexualité et le désir féminin, il donne à voir un possible de l’être féminin.»

Laurence Pelletier est doctorante en études littéraires à l’UQAM. Ses travaux s’intéressent à la question des discours et des politiques de représentation de la féminité et du corps féminin.

Jean-Michel Berthiaume

«We will be the stars we were always meant to be»: réattribution sexuelle dans le canon superhéroïque de Marvel

«Grant Morrisson, auteur de comic books, souligne souvent en entrevue qu’il ne ressent aucun problème avec les changements drastiques faits à des personnages du canon superhéroïque, tant que l’objectif est celui de raconter de meilleures histoires.

Dans les années récentes, il nous apparaît que l’univers Marvel ait décidé de prendre cette décision comme agenda, avec l’augmentation considérable des titres mettant en vedette des superhéroïnes. De plus la maison de publication a également défrayé la chronique en transformant certains de ces superhéros en femmes. Le tout, hors de tout doute, pour laisser place à la création d’histoires plus intéressantes.

L’objet de notre communication vise à observer les incidences de réattribution sexuelle dans le canon superhéroïque et ses impacts sur le personnage, sur lectorat et sur l’imaginaire superhéroïque en général. J’inscris ma démarche dans la lignée des cultural studies car, comme Lilian Robinson le rappelle:

Connecting the narrative to the dominant (or sometimes, for that matter, the latent and resistant) forces in our society is perhaps the most obvious part of the critical mandate (…). But there are other places outside the text that inform it and should informa a cultural reading. One of them is the interaction between the reader and the text.

Pour ce faire, nous nous pencherons sur les personnages d’X23, Thor et Spider Gwen. Dès lors, il me doit de spécifier que l’objet de ma communication ne sera pas les réappropriations qui se produisent dans une optique d’hypersexualisation ou d’érotisation des personnages.»

Jean-Michel Berthiaume est doctorant en sémiologie et chargé de cours à l’UQAM. Sa thèse, qu’il a récemment déposée, porte sur la note de bas de page comme procédé métafictionnel dans les fictions contemporaines. Il est aussi chroniqueur culturel à ICI Radio-Canada Première, où il commente les phénomènes liés à la culture populaire et animateur pédagogique à l’École des médias de l’UQAM. Il a longtemps animé l’émission POP-EN-STOCK à choq.ca.

Mylène Truchon

Feminism’s Not (Un)Dead: Michonne et Andrea, figures de résistance dans la bande dessinée «The Walking Dead»

«Je vais débuter en parlant des fictions post-apocalyptiques. La trame narrative est toujours la même: une personne ou un groupe de personnes essaient de survivre dans un environnement hostile ou stérile.

C’est la fin d’un monde et le début d’un autre monde. Ceci étant dit, un nouveau départ n’égale pas nécessairement une amélioration puisque ces fictions sont toujours, ou presque, des dystopies. C’est-à-dire qu’il y a un arrêt dans la quête du progrès. Les femmes se retrouvent, dans le meilleur des cas, entre progressisme et régression. Il y aura de l’héroïsme masculin, mais il se greffera quelques images d’autonomie et de puissance féminines. C’est le cas pour la série Walking Dead.»

Mylène Truchon est candidate à la maitrise à l’Université du Québec à Chicoutimi. Son mémoire est consacré à The Walking Dead et la classification genrée de ses personnages.

André-Philippe Lapointe

Une société de violence, la réponse des guerrières. De la science-fiction punk en bande dessinée

«Je vais comparer deux bandes dessinées dans lesquelles la figure de la guerrière s’illustre particulièrement. Le manga cyberpunk Gunnm de Yukito Kishiro ainsi que le comicbook steampunk La ligue des gentlemen extraordinaires d’Alan Moore.

Malgré des origines différentes, la cyborg amnésique Gally possède beaucoup en commun avec la capitaine Nemo, fille du capitaine éponyme, et la suffragette Mina Murray. En effet, ces héroïnes doivent composer avec un legs incertain dans un monde problématique et dystopique dont le vernis seul masque – un temps – les horreurs.

Étant donnée la complexité des univers respectifs, je vais d’abord aborder Gunnm, puis La ligue des gentlemen extraordinaires et ma conclusion permettra de faire une synthèse des deux oeuvres.»

André-Philippe Lapointe est doctorant en études littéraires à l’UQAM. Sous la direction d’Antonio Dominguez Leiva, il travaille sur le corpus d’Alan Moore.

Maude Lafleur

L’autofiction comme un appel aux armes: la musique mobilisatrice d’Emilie Autumn et de Otep

«Dans le cadre de cette communication, je me pencherai sur l’oeuvre de deux artistes qui ont su investir les sphères du métal et de l’industriel, soit Otep Shamaya et Emilie Autumn.

Il s’agira d’étudier comment ces deux femmes ont su s’imposer dans ce milieu dominé par les hommes en empruntant divers procédés au genre littéraire de l’autofiction. Contrairement à leurs homologues masculins, Otep et Autumn travaillent beaucoup la fictionnalisation du soi. Cependant, loin de faire de leur musique quelque chose de très personnel ou d’individuel, l’autofiction semble servir une dénonciation ainsi qu’un bouleversement de l’ordre social. En somme, il s’agira de démontrer comment -par l’utilisation de procédés narratifs autofictionnels qui servent à se mettre en scène comme individus- les deux artistes arrivent à former une communauté imaginaire orientée par le combat et la résistance.»

Maude Lafleur est doctorante à l’Université du Québec à Montréal sous la direction d’Isaac Bazié. Après avoir rédigé un mémoire sur la construction identitaire du sujet féminin dans l’œuvre de l’auteure sud-africaine Nadine Gordimer, elle travaille présentement à la rédaction d’une thèse intitulée «Corps chaotiques dans le roman contemporain: relecture de la norme corporelle». Ses recherches actuelles portent donc sur la lecture et la représentation des corps atypiques et leur rejet dans les communautés occidentales modernes et la portent à la frontière des Disability Studies, du postcolonialisme, des Gender Studies et de la sémiotique.

Krystel Bertrand

Femmes militaires, femmes guerrières: La place du féminin dans le métal extrême

«Lorsqu’il est question d’heavy métal ou de métal extrême, on pense généralement à des hommes aux cheveux longs, souvent très barbus ou très tatoués, qui portent des jeans déchirés et des gilets à l’effigie de groupes de musique. On pense à des musiciens qui ont des allures agressives avec des bottes de style militaire et des ceintures particulières dites ceintures de balles. L’imaginaire relié au monde du métal renvoie à des hommes forts et imposants qui travaillent leurs muscles en jouant de la batterie ou encore qui chantent avec leurs voix caverneuses.

Par contre, quand on parle de musique extrême, il est rarement question de femmes.

Si l’imaginaire du heavy métal renvoie principalement à la figure masculine, c’est bien parce que cette culture est née à la manière des tavernes, soit comme des boys clubs où les femmes ne sont présentes qu’à travers des images: sur des couvertures d’albums, par exemple, ou encore dans des calendriers érotiques, tels de simples décorations.

L’objectif de cette recherche est de s’interroger sur les enjeux entourant la place du féminin dans l’environnement hypermasculin de la culture du métal extrême afin de voir comment les femmes ingouvernables que sont les métalleuses réinventent la féminité.»

Krystel Bertrand est étudiante à la maîtrise en études littéraire à l’UQAM. Elle est titulaire d’un baccalauréat en études littéraires de l’Université du Québec à Montréal. Ses travaux récents s’intéressent aux enjeux entourant la place des femmes et du féminin dans les milieux de contre-culture. Krystel est également critique culturelle et cheffe du pupitre de littérature de l’Artichaut magazine, la revue de la Faculté des arts de l’UQAM.

Tristan Bera

Considérations science-fictives de l’image de la femme, les mondes de demain pour décrire le monde d’aujourd’hui

«Qu’on se le dise, les femmes en science-fiction ont souvent été comparées à deux catégories différentes, mais relativement semblables: la femme-objet, cette femme que les hommes utilisent pour que l’intrigue avance (ex. L’Ève future de Villiers-de-L’Isle-Adam); et la femme comme image sexuelle, femme uniquement présente pour ajouter de la romance ou pour attirer un public masculin lorsqu’elle se trouve sur la couverture de magazines.

Heureusement, les choses ont un peu changé depuis. Les femmes en science-fiction sont une partie intégrante du paysage. Elles sont même devenues un incontournable. Comment sommes-nous passé d’une image telle que sur les couvertures des pulp à Ex Machina d’Alex Garland?»

Tristan Bera est docteur en littérature comparée de l’Université de Montréal et professeur de français langue seconde. Sa thèse, complétée en 2013, portait sur l’évolution du ocncept de destin dans Dune de Frank Herbert.

Aurélie Chevanelle-Couture

De Médée à Maleficent: la sorcière et le mal indécidable

«La figure de la sorcière et celle de la femme ingouvernable ne peuvent être abordées sans parler de la femme ingouvernable par excellence, la mythique Médée.

Ramenée de Colchide en Grèce en même temps que la précieuse Toison d’or, l’épouse de l’Argonaute Jason est l’étrangère, la divergente qui fait planer sur la société policée la menace du chaos. Par sa ruse autant que par son pouvoir surnaturel, cette redoutable magicienne, petite-fille du Soleil et avatar ancien de la Terre Mère, réussit à verser le sang des rois et à décapiter leurs états. Par la force, cette femme insoumise, cette mère dévoratrice porteuse de la sauvagerie de la nature, détruit la cellule familiale et sa structure.»

Aurélie Chevanelle-Couture enseigne le français au Collège de Rosemont et poursuit des études doctorales au Département de langue et littérature françaises de l’Université McGill. Sous la direction du professeur Normand Doiron, elle prépare une thèse intitulée «Médée comme mémoire du théâtre: poétique du mal».

Marion Gingras-Gagné

Subversion et éloge de la «méchante» dans «Maleficent»: la femme forte et puissante comme nouvelle héroïne du conte de Disney

«Si les productions Disney sont au coeur de débats sur la représentation du genre, sur les rapports entre les sexes, on observe depuis quelques années une tendance progressiste qui tend à produire des films d’animation où les personnages féminins forts et actifs refusent le mariage et qui représentent les stéréotypes traditionnels de la féminité différemment.

Dans la lignée de Rebelle (Brave) ou de La Reine des neiges (Frozen), Disney va produire en 2014 le film Maléfique (Maleficient) qui raconte le conte classique de La Belle aux bois dormants, mais d’une façon revisitée et renversée.»

Marion Gingras-Gagné poursuit actuellement des études doctorales en littérature à l’Université du Québec à Montréal. Sa thèse, sous la direction de Lori Saint-Martin, porte sur les liens entre femmes, mensonge et performativité dans un corpus de romans contemporains français et québécois. En 2018, elle a déposé un mémoire de maîtrise portant sur la réécriture contemporaine des contes de fées. Depuis 2015, elle a participé à une dizaine de colloques et publié des articles dans les revues universitaires en ligne PosturesPop-en-stock ainsi que dans FéminÉtudes.

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