Journée d'étude, 24 novembre 2017
Prolégomènes pour une réanimation du concept de transécriture
«Le concept de transécriture a été initialement élaboré lors d’un colloque Cerisy en 1992, lors duquel une vingtaine de chercheurs ont voulu étudier les adaptations artistiques dans leurs versions les plus transgressives. Proposer un néologisme pour aborder cette problématique procédait de la volonté de se détourner de la question de la fidélité narrative —effective ou non— dans le processus d’adaptation, pour plutôt porter attention à des aspects de ce processus tels que la technicité des opérations pragmatiques de transferts, la liberté de réinterprétation des œuvres, ainsi que le contournement, voire le renversement, des obstacles et écueils à la conversion médiatique inhérents à l’adaptation. L’originalité du concept de transécriture tient à sa perspective particulière : il s’agit de penser l’adaptation du point de vue de la poétique de l’artiste travaillant sur l’œuvre adaptée, autrement dit, d’interroger le processus de création-adaptation en ce qui a trait aux réaménagements sémiotiques, médiatiques et technologiques qu’il convoque, afin de considérer les solutions formelles et techniques retenues pour assurer le passage transmédiatique et transsémiotique. La recrudescence des reprises culturelles appelle à une remise en circulation (que d’aucuns nommeraient recyclage) de la notion de transécriture.
Ma communication procèdera en trois temps. D’abord, elle introduira le concept de transécriture en cherchant à le peaufiner afin de lui permettre éventuellement de connaître la fortune critique qu’elle mérite. Ensuite, quelques exemples tirés de la culture populaire seront brièvement passés en revue afin d’illustrer la pertinence d’employer la perspective particulière à ce concept pour parvenir à des analyses pointues et révélatrices de certains aspects des opérations de transferts que permet de cerner la transécriture. Finalement, une série d’hypothèses et d’avenues de développement seront soumises à l’assemblée afin de jeter les fondations d’une élaboration plus solide du concept de transécriture.»