Colloque, 23 avril 2010

Le cours, une «morale de la forme» (Barthes)

Julien Piat
couverture
Cours et séminaires comme «style de pensée»: Barthes, Deleuze, Derrida, Foucault, événement organisé par Guillaume Bellon et Jean-François Hamel

Confronté à la présentation, par Barthes, du séminaire «Proust et la photographie» comme «sorte de travaux pratique», le cours manifeste une tension entre la recherche d’un discours de vérité et une parole assumée comme subjective – plus particulièrement encore à travers La Préparation du roman, dont on sait que l’idée est née sous la pression de la vie, des désirs et des envies du professeur.

Se construit ainsi une sémiologie du style de pensée propre au cours qui, telle qu’on l’observe dans les notes de Barthes, reposerait sur la coprésence de deux modes de textualisation: l’un, en même, accumulant les formes langagières de «cophasage» entre le professeur et l’auditoire (tours gnomiques, définitions, noms propres du canon…); l’autre, en soi-même, ménageant à intervalles réguliers des espaces d’affirmation du je, notamment à travers l’abondance des marqueurs de méta-énonciation (figures de correction, commentaires, etc.).

Dans cet équilibre précaire, on pourrait ainsi reconnaître un avatar de cette «morale de la forme» que Barthes appelait en 1953 écriture: un entre-deux entre la pression des affects et les contraintes non pas ici de la langue, mais du vrai. Le cours comme écriture… de cet apparent paradoxe il y aurait encore beaucoup à dire, notamment parce qu’au cœur d’un «moment énonciatif» de l’imaginaire littéraire, le cours pourrait bien apparaître comme un idéal stylistique.

Julien Piat est Enseignant-chercheur et Maître de conférences à l’Université Stendhal-Grenoble III.

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