Colloque, 11 avril 2018
Le chien, sa vie, notre œuvre
«Cette communication voudrait s’appuyer dans un premier temps sur The Companion Species Manifesto. Dogs, People, and Other Significant Otherness de Donna Haraway qui voit dans l’espèce de compagnie une figure « bricolée » à l’image de celle du cyborg sur laquelle elle a, comme on le sait, beaucoup travaillée. Elle envisage notre rapport aux espèces animales (et au chien en particulier dans ce livre) dans une perspective « biosociale » qui tient compte d’une cohabitation relevant d’une socialité interspécifique, interespèce. Utiliser le terme « biosocial » rappelle presque naturellement le concept de «biopolitique» qu’a développé Foucault et arrime à la fois les dimensions sociale, ontologique et politique. La coévolution nécessite en ce sens d’envisager un regard singulier sur l’animal devant lequel je me trouve qui représente une altérité radicale. Il apparaît alors fallacieux de parler de l’animal de manière générique, comme si l’Homme se différenciait (et s’opposait) à l’Animal (je renvoie ici aux propos de Derrida sur la question dans L’animal que donc je suis).
À partir de cet arrière-plan, je voudrais m’appuyer sur deux ouvrages que je choisis volontairement pour leur grande différence, mais qui tous deux traitent d’un rapport très singulier au chien: la fiction de l’auteur de science-fiction Clifford D. Simak, Demain les chiens et le récit de Romain Gary, Chien blanc.» [Texte de Jean-François Chassay]