Colloque, 12 avril 2018

Expérimentations et transgressions interespèces dans «K_9 Topology» de Maja Smrekar

Marianne Cloutier
couverture
L’animal et l’humain. Représenter et interroger les rapports interespèces, événement organisé par Jérôme-Olivier Allard, Fanie Demeule, Marion Gingras-Gagné et Marie-Christine Lambert-Perreault

Dans le cadre de K_9 Topology, l’artiste slovène Maja Smrekar propose une réflexion sur la relation de l’être humain à l’animal, sur la notion de co-évolution et celle d’hybridation inter-espèces. À travers une analyse détaillée des quatre œuvres qui forment ce projet (Ecce Canis, 2014; I Hunt Nature, Culture Hunts Me, 2014; Hybrid Family, 2015-16; et ARTE_mis, 2016-17), cette communication propose de s’intéresser aux liens complexes entre les enjeux esthétiques et éthiques de l’utilisation animale dans le travail de Smrekar. En effet, dans ces œuvres installatives et performatives, loups et chiens sont impliqués dans diverses actions et interactions avec l’artiste. De même, des substances biologiques prélevées sur ces animaux -sérotonine provenant du sang, cellules issues de la salive- sont l’objet de diverses expérimentations en laboratoire et participent également de cette volonté interactionnelle puisqu’elles sont mises en relation avec des éléments biologiques de l’artiste. Poussée à son paroxysme, cette exploration ira jusqu’à la fusion in vitro du matériel génétique de Smrekar avec celui du chien domestique (ARTE_mis). Ainsi, ce projet ne cherche pas à éviter la controverse liée à l’utilisation animale en art contemporain: au contraire, il l’alimente par son détournement provocateur des biotechnologies et par la proximité physique dérangeante qu’il instaure entre le corps de l’animal et celui de l’artiste. En effet, Smrekar transpose également des rapports humain/humain -comme par exemple l’allaitement (Hybrid Family)- à une relation humain/animal, volonté affirmée de dépassement des normes et d’en proposer des alternatives. Pour Smrekar, K_9 Topology est à la fois un retour sur l’histoire de la domestication et des relations humain-animal, et invite à redéfinir les communications interespèces selon une perspective anti-anthropocentriste. Cette volonté de l’artiste est-elle atteinte par ce projet ou ne l’amène-t-elle pas à réaffirmer la domination de l’humain sur les formes de vie non-humaines? Ces expériences artistiques, animées d’un désir empathique, sont-elles finalement des dérives des intentions éthiques et philosophiques de l’artiste vers d’autres formes d’instrumentalisation du vivant? [Texte de Marianne Cloutier]

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