Colloque, 9 septembre 2016
Actualiser le contemporain: l’évolution des modes d’existence dans les romans de Milan Kundera
«Ce que je propose est une forme d’actualisation de l’oeuvre qui s’établit dans un dialogue à cinq entre celle-ci, le monde qui l’informe, sa critique, la philosophie pragmatiste et ma subjectivité de chercheuse. La grande époque des commentaires sur l’oeuvre kunderienne se situe dans les années 90 et se poursuit jusqu’au début des années 2000 avec des critiques Eva Legrand et François Ricard. Ces critiques reconnaissent tous en lui un des écrivains qui exposent peut-être la société contemporaine de la façon la plus juste et la plus impitoyable, mais qui refusent paradoxalement d’aborder concrètement la question sociale dans ses romans en raison de la part autotélique de l’oeuvre essayistique kunderienne.
Je rappelle rapidement que Kundera considère les personnages de ses romans comme des ego expérimentaux, parfois aussi appelés ego existentiels. Ces derniers permettent à l’auteur d’expérimenter la contingence du réel ainsi que certaines expériences auxquelles il peut donner lieu à partir d’une pluralité de focalisations narrativement équivalentes.
Or, si pour ses exégètes le roman kunderien ne peut être séparé d’une pensée du roman qui appréhende l’existence contemporaine à partir de ces ego expérimentaux, il ne peut pas pour autant être approché à partir de conceptions philosophiques ou politiques.
La solution adoptée semble donc être de creuser le filon de ces thèmes récurrents ainsi que de celui de l’esthétique de la variation, de la polyphonie et de l’ironie.»