Cahiers Figura, numéro 10, 2004
Les écrivains déambulateurs: poètes et déambulateurs de l’espace urbain
Ce recueil se veut une initiation à la littérature de déambulation urbaine, qui a pris son essor au XVIIIe siècle avec Restif de la Bretonne et au XIXe siècle avec Baudelaire et son flâneur urbain. Depuis, nombre d’écrivains de nombreux pays ont parcouru et poétisé la ville à leur manière. Dans ce vaste bassin de poètes et de prosateurs nous avons retenu: Jacques Réda, Eugène Dabit, José Acquelin, Paul Chamberland, Virginia Woolf, Tiziano Scarpa, Sylvie Germain et Albert Camus.
Les dix articles qui composent ce recueil ont été répartis en quatre sections. La première, «Sur la déambulation», tente de cerner les enjeux spécifiques de la littérature de déambulation. Les trois autres regroupent divers écrivains selon leur lieu d’écriture et de promenade: «Marcher à Paris et autours», «Montréal et ses poètes déambulateurs», «Déambulations en ville étrangère».
Articles de la publication
Présentation: Les écrivains déambulateurs
La déambulation, comme pratique de l’espace habité et de ses circuits d’échanges, intéresse la littérature depuis au moins le siècle des Lumières, qu’on pense à Rousseau et à Restif de la Bretonne.
La déambulation, entre nature et culture
Nous tenterons d’élaborer une réflexion ouverte sur la marche depuis ses fondements jusqu’à ses plus récentes formes d’expressions urbaines, en passant par son actualisation dans la nature et ses nombreux défenseurs.
Huit remarques sur l’écrivain en déambulateur urbain
J’ai choisi de proposer ici quelques remarques sur le déambulateur urbain, parce que l’appellation me correspond, même si je marche parfois dans des milieux et paysages naturels.
Un parcours. Une lecture de «Hors les murs» de Jacques Réda
Les premiers mots, tout comme les premiers pas, sont soumis à un étrange vertige: sans appui, ils accomplissent un saut —un passage— initiant et déterminant une marche singulière, qui sans cesse cherche son équilibre dans le pas-à-pas de l’écriture.
S’inscrire dans l’immuabilité. La déambulation dans «Grande banlieue sud» d’Eugène Dabit
À une vision linéaire du temps, modèle sur lequel s’établissent les concepts d’Histoire et de progrès s’oppose une vision circulaire qui, elle, s’inscrit dans une compréhension du monde basée sur l’immuabilité ou, en opposition au progrès, sur la tradition.
La marche de José Acquelin dans la ville, la vie et le ciel
Où suis-je quand je marche? L’interrogation suinte quelque part entre le sol et soi. Ce n’est pas une question d’ordre touristique, mais poétique. Elle accompagne la marche, se pose comme les pas dans la ville.
Le témoin nomade. La pratique déambulatoire de Paul Chamberland
Partipriste de la première heure, Paul Chamberland fait incontestablement parti des grandes figures de la littérature québécoise. Poète, philosophe, essayiste et enseignant, le témoin nomade ne cesse d’élaborer sa réflexion sur le devenir du monde.
Virginia Woolf et le moi ballotté dans la ville en mémoire. Sur «Au hasard des rues. Une aventure londonienne»
On connaît Paris, Londres, Montréal et New York, leurs rues et leurs quartiers, on connaît la ville et la modernité, les déchets qu’on répand et les biens qu’on récolte au passage, la librairie du coin et le café entre deux courses. Pourtant, en chemin, on s’égare et on se perd soi-même.
Noyade dans «Venise est un poisson» de Tiziano Scarpa
Marcher, écrire, parcourir un espace, qu’il soit géographique, littéraire ou même onirique, supposent une transformation de soi, aussi minimale soit-elle, une certaine re-symbolisation du monde.
Apparition des lieux dans «La Pleurante des rues de Prague» de Sylvie Germain
Sylvie Germain est l’auteur de plusieurs romans dans lesquels la nuit, comme métaphore de l’invisible et de l’insaisissable, occupe une place prépondérante. Dans La Pleurante des rues de Prague, la nuit s’oppose au jour, davantage associé à une possibilité de percevoir la réalité des choses.
Camus, le flâneur de l’absurde. Une lecture de Noces
Marcher, se déplacer d’un lieu à un autre, même à reculons, c’est le fait réel de ce mouvement qui fait qu’on avance et évolue dans le temps et dans l’espace. Les plus sages disaient que nous marchons bêtement vers notre mort, vers notre fin et qu’il s’agit d’une chose absurde.