Salon double, 2011

Lectures critiques IV

Équipe Salon double
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Cette publication rassemble des entrées publiées en 2011 dans la section «Lectures» du site web Salon double, une section dédiée à des textes au caractère hybride se situant entre critique journalistique et la critique spécialisée de type universitaires.

Avec les contributions de Anne-Marie Auger, Alberto Bejarano, Simon Brousseau, Laurence Côté-Fournier, Pierre-Paul Ferland, Daniel Grenier, Pierre Luc Landry, Stéphane Larrivée, Louis-Thomas Leguerrier, William S. Messier, Marie Parent, Charles Singher, Julie St-Laurent, Karrick Tremblay et Gabriel Tremblay-Gaudette.

Articles de la publication

Julie St-Laurent

La beauté bousculée

Œuvre référencée: Beauregard D., Virginie. (2010) «Les heures se trompent de but». Dans un monde saturé d’images, de matériel, de gens, où il y a à peine de place pour soi, la subjectivité demeure une matière précaire. Bien sûr, la poésie procède toujours d’une expression du «je», mais l’écriture de Virginie Beauregard D. dans «Les heures se trompent de but», comme un grand pan de la poésie contemporaine, montre que cette prise de parole ne peut plus s’effectuer à huis clos, même s’il se produit un retour du sujet.

Pierre Luc Landry

Comme un long striptease

Œuvre référencée: Beigbeder, Frédéric. (2011) «Premier bilan après l’apocalypse». Il est possible d’aborder «Premier bilan après l’apocalypse» par ce qu’il dit de Beigbeder et, par extension, par ce qu’il dit de la littérature, notamment d’une certaine littérature contemporaine. «Premier bilan après l’apocalypse», c’est un long striptease pendant lequel on en apprend tout autant sur Beigbeder que sur les romans qu’il a choisi de faire figurer dans ce grand palmarès.

Gabriel Tremblay-Gaudette

Déprime profonde

Œuvre référencée: Zviane. (2010) «Apnée». Aborder le thème de la maladie mentale dans une œuvre d’art est un choix périlleux, parce que cette décision entraîne dans son sillage un paradoxe: traiter d’une affliction mentale par le spectre étroit du rationalisme est sans doute une approche juste eu égard aux implications médicales du sujet abordé, mais peut laisser de côté les aspects émotifs très pénibles corollaires à cette condition. En revanche, la représentation des aléas d’un esprit atteint par le figuré et le symbolique parvient à restituer de manière plus frappante et émouvante l’épreuve que constitue un épisode de maladie mentale.

Louis-Thomas Leguerrier

Le visage de l’histoire

Œuvre référencée: Mavrikakis, Catherine. (2011) «Les derniers jours de Smokey Nelson». Si le Raskolnikov de Dostoïevski, dans «Crime et châtiment», représente le meurtrier qui par son crime et par la conscience de la culpabilité qui en découle réussit à communier, dans le repentir, avec la communauté humaine universelle, si la Thérèse Raquin de Zola représente au contraire celle dont le crime comme la déchéance qui en découle reconduisent la destruction de cette même communauté, Smokey Nelson, pour sa part, est le meurtrier séparé de son crime et sans rapport avec celui-ci, la possibilité d’un tel rapport lui ayant été confisquée.

Stéphane Larrivée

La défaite de l’autorité

Œuvre référencée: Jelinek, Elfriede. (2003) «Avidité. Roman de divertissement». L’insistance à dévoiler les mécanismes de la transmission narrative permet d’inscrire «Avidité» dans la production contemporaine et ce, malgré les expérimentations formelles si présentes chez Jelinek, qui nous rappellent souvent les écritures des différents regroupements littéraires des années 1950 et 1960 —l’influence du Groupe de Vienne se fait fortement sentir dans ses romans— et qui inscrivent l’œuvre de l’écrivaine autrichienne en opposition avec le retour à la lisibilité fréquemment observé dans la littérature contemporaine.

Laurence Côté-Fournier

Le mauvais rêve de la pensée

Œuvre référencée: Roussel, Maggie. (2010) «Les Occidentales». Bien que plusieurs poètes contemporains français puissent être rattachés à cette mouvance (Phillipe Beck, Olivier Cadiot), il me paraît plus malaisé de lui trouver des héritiers au Québec, rendant d’autant plus singulière la démarche de Maggie Roussel.

Pierre-Paul Ferland

Alias Clint Eastwood

Œuvre référencée: Michaud, Andrée A.. (2009) «Lazy Bird». L’enjeu du roman «Lazy Bird» d’Andrée A. Michaud se situerait dans une interrogation plus fondamentale que celle à laquelle la lecture policière nous habitue: comment, aujourd’hui, percevoir le monde hors du cadre culturel imposé par la puissance médiatique des États-Unis? Sommes-nous condamnés, à l’instar de Bob Richard, à percevoir nos existences comme des «blockbusters» en devenir?

Marie Parent

L’art de la légèreté

Œuvre référencée: Moore, Lorrie. (2009) «A Gate at the Stairs». La «légèreté» dont je tenterai de cerner les contours et les conséquences ici est à la fois ce qui fait la réussite et l’échec de ce roman initiatique déconcertant, portrait d’un sujet à côté de lui-même, incapable de rendre l’ampleur des drames qui s’abattent sur lui, comme si le réel devenait insoutenable au point de ne pouvoir être raconté sérieusement.

Charles Singher

Un journal très utile

Œuvre référencée: Paquet, Simon. (2010) «Une vie inutile». Nous sommes dans un moment de relâchement crispé, je parle de la couleur du temps. Constat facile. Lieu commun des lieux communs. Recyclage. C’est pourtant la réflexion qui est provoquée par la lecture d’«Une vie inutile» de Simon Paquet.

Simon Brousseau

La réalité semblait de plus en plus stérile

Œuvre référencée: July, Miranda. (2007) «No One Belongs Here More Than You». Cette insistance sur l’incommunicabilité et sur la solitude du sujet contemporain m’apparaît importante en ce qu’elle adresse à notre époque des questions qui concernent ses fondements. Je ne crois pas qu’il s’agisse d’un hasard si tant d’oeuvres littéraires, ces dernières années, se montrent soucieuses quant à la solitude des individus et insistent à ce point sur l’importance des rapports intersubjectifs.

Karrick Tremblay

Scènes de cul postmodernes et autres allusions à la neuvième porte du corps

Œuvre référencée: DesRochers, Jean-Simon. (2009) «La canicule des pauvres». Nous avons donc entre les mains un «roman adressé à ceux qui ne lisent pas» et, ironiquement, c’est en faisant une analyse plus poussée des éléments inhérents à la littérature postmoderne que le lecteur plus aguerri trouve son compte. C’est donc dans cette optique que j’ai choisi de lire La canicule des pauvres et je vais montrer comment les multiples mises en abyme, l’intertextualité et les différentes formes d’intermédialité servent à générer l’autoréflexivité de l’œuvre et de son contexte d’édition.

Anne-Marie Auger & Pierre Luc Landry

Dans le «vestibule de l’enfer»

Œuvre référencée: Millet, Richard. (2010) «L’enfer du roman. Réflexions sur la postlittérature». Dans ce recueil de réflexions au titre saisissant, Richard Millet tente de livrer une définition du «cauchemar contemporain nommé roman». Voilà bien une entreprise pour le moins complexe et téméraire, si on en juge par la position privilégiée qu’occupe la littérature narrative en régime contemporain. Mais c’est justement là, on le devine, l’intérêt du propos de Millet.

Daniel Grenier

Les gros bras du conteur

Œuvre référencée: Moody, Rick. (2010) «The Four Fingers of Death». «The Four Fingers of Death», le très massif roman de l’américain Rick Moody, auteur de «The Ice Storm» et «The Black Veil», est assez facile à résumer. Dans une longue introduction rédigée en 2026, le narrateur, un écrivain qui se qualifie d’ultra-minimalisteappelé Montese Crandall explique comment il en est venu à être l’auteur de la novélisation de «The Four Fingers of Death», la nouvelle version du film culte de 1963 «The Crawling Hand».

Julie St-Laurent

Le corps sur la main

Œuvre référencée: Emaz, Antoine. (2009) «Cambouis». «Cambouis» est le deuxième carnet de travail publié par Emaz. Cet ouvrage collige un ensemble de notes, d’impressions et d’observations: il constitue à la fois un espace d’épanouissement et de survivance.

Anne-Marie Auger & William S. Messier

La littérature postironique, une rebelle qui vous veut du bien

Œuvre référencée: Langelier, Nicolas. (2010) «Réussir son hypermodernité et sauver le reste de sa vie en 25 étapes faciles».Une œuvre plutôt éclectique, intitulée «Réussir son hypermodernité et sauver le reste de sa vie en 25 étapes faciles» de Nicolas Langelier (2010), récupère une réflexion sur l’ironie entamée chez nos voisins du sud.

Alberto Bejarano

Littérature impolitique

Œuvre référencée: Bolaño, Roberto. (2008) «2666». Comment un écrivain, dans notre cas Bolaño, transforme un fait divers en symptôme et avertissement politique? Or, l’écrivain chilien Roberto Bolaño n’a pas fait une simple transposition d’un fait divers; il construit plutôt, dans son roman «2666», un récit apocalyptique sur la violence totalitaire et la violence suicidaire, considérées comme violences autodestructrices.

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