Article d'une publication

The Zero

Chloé Tazartez
couverture
Article paru dans Romans états-uniens, sous la responsabilité de Équipe LMP (2007)

Œuvre référencée: Walter, Jess (2007), The Zero, New York, Harper Perennial, 368p.

Disponible sur demande — 2 copies (Fonds Lower Manhattan Project au Labo NT2)

Présentation de l’œuvre

Résumé de l’œuvre

Une pluie de papier. C’est le seul souvenir que conserve Brian Remy de ce jour funeste durant lequel les tours jumelles sont tombées. Ce flic new yorkais se retrouve totalement passif face à son sort : il est la victime de trous de mémoire importants qui font que sa vie ressemble à un puzzle dont il manque plusieurs pièces. Il a la vue qui flanche et il maigrit énormément. Nous le suivons dans ce New York post-11 septembre, dans l’enquête top secrète qui lui est confiée, et pour laquelle il acquiert la certitude, petit à petit, qu’elle n’est pas aussi honorable que l’on tente de lui faire croire. On lui demande de retrouver la trace de March Selios, une jeune consultante pour des entreprises pétrolières pour tout ce qui concerne le Moyen-Orient. Le gouvernement a un doute sur sa mort : elle a été vue sortant de son bureau quelques minutes avant les attentats. Était-elle au courant de ce qui allait se passer ? Son ex-petit ami d’origine arabe aurait pu la prévenir. C’est ce que Remy doit déterminer… en apparence. Il s’avère que le but réel de l’opération est de monter une cellule terroriste fictive dans le but de pouvoir l’arrêter au moment voulu, pour gagner de bons points auprès de la population.Nous suivons Remy dans le chaos de sa vie, sur laquelle il ne possède aucune prise. Une profonde stupeur le paralyse. Son fils, Edgar, agit comme s’il avait perdu son père dans les attentats. Remy entame une liaison avec April, la soeur de March, qu’il trompe. Mais il n’en prend conscience qu’après, c’était pendant un de ses trous de mémoire.Le roman s’ouvre sur une scène qui se déroule dans l’appartement de Remy. Il entend quelqu’un frapper à la porte et l’appeler. Il constate que sa chambre est sens dessus dessous. Il a un trou dans la tête mais ne sait pas ce qui l’a provoqué.Au fur et à mesure que l’enquête avance, Remy se demande s’il n’existe pas deux Remy. Le premier est un bon flic aimé de tous, qui tente d’établir si March Selios est bien morte dans les attentats, le second est un policier véreux qui tabasse les gens pour obtenir ce qu’il veut et qui est mort pour son fils.La description que fait Remy de son état fait dire à certains personnages que tout le monde ressent les mêmes impressions de perte, de paralysie, d’oubli que lui. C’est ce qui constitue le traumatisme.

Précision sur la forme adoptée ou sur le genre

Roman.

Précision sur les modalités énonciatives de l’œuvre

C’est une narration à la troisième personne du singulier, mais avec une focalisation interne dans le personnage de Brian Remy.Le déroulement du roman suit le mode de perception de Remy. Il est ponctué par ses trous de mémoire qui se trouvent matérialisés soit par un tiret qui coupe la phrase commencée, suivi d’un saut de paragraphe ; soit par une phrase complète mais qui n’annonce pas la fin de la scène et qui est également suivie d’un saut de paragraphe. Une nouvelle scène commence avec quelques lettres en capitales d’imprimerie. Elle n’a aucun rapport avec la scène précédente. Chaque scène commence in medias res, nous ne savons pas combien de temps s’est écoulé depuis le dernier moment de conscience de Remy, ni depuis quand cette scène est commencée. Tout comme Remy, il nous faut du temps pour comprendre plus ou moins ce qui se passe, ou cela se passe et qui sont les protagonistes. Néanmoins, nous avons un déroulement de l’intrigue linéaire, sans analepse.

Modalités de présence du 11 septembre

La présence du 11 septembre est-elle générique ou particularisée?

La présence du 11 septembre est particularisée. Elle concerne exclusivement la chute des tours du World Trade Center et a aucun moment il n’est fait mention des autres avions. Le rapport à la ville de New York est mis en scène de manière particulièrement forte, et c’est dans le cadre de cette relation que s’inscrivent les attentats.

Les événements sont-ils présentés de façon explicite?

Ni le crash des avions, ni la chute des tours ne sont décrits. Tout le roman se déroule dans l’après 11 septembre. Il est beaucoup question des décombres, de l’odeur, de la recherche des corps, de morceaux de corps, de la collection des morceaux de papier et du déblaiement du site. Brian Remy ne raconte jamais les événements dont il dit ne conserver qu’un seul souvenir : la pluie de papier. Par contre, son collègue, Paul Guterak, ne cesse d’en parler. Mais il ne décrit pas les événements, il parle de ce qu’il a ressenti et fait juste après.Le site de Ground Zero, appelé par les protagonistes « The Zero », est omniprésent et représente le seul point d’ancrage de Remy, « the one place where he might still be able to make sense of things. » (p.303)

Quels sont les liens entre les événements et les principaux protagonistes du récit (narrateur, personnage principal, etc.)?

April a perdu son mari et sa sœur dans les attentats. Tous les deux travaillaient dans les tours. Elle ne peut pas sortir de cette journée qu’elle revit sans cesse. Elle était séparée de son mari, il la trompait. Le 10 septembre 2001, ils s’était réconciliés. April s’était laissé aller et avait pris conscience qu’elle aimait encore son mari et lui avait pardonné. Mais le lendemain matin, après son départ, elle constate qu’il a oublié son portable. Il y a un message de sa maîtresse. Elle découvre que son mari avait une relation avec March, sa soeur. Blessée, trahie et humiliée, elle appelle March et lui annonce qu’elle est au courant de tout. Elle lui dit à quel point elle est déçue et raccroche. Elle appelle ensuite son mari à son bureau. Elle constate qu’il n’est pas seul. March est venu lui parler après l’appel d’April et elle est encore dans son bureau. April raccroche, dégoûtée. Quelques minutes plus tard, les attentats ont lieu et elle sait qu’ils seront ensemble pour toujours. Cette idée l’obsède et l’empêche d’aller de l’avant. Paul Guterak est le collègue de Remy et son meilleur ami. Au début du roman, il dit qu’il est content de ce qui s’est passé car cela a rendu son travail plus intéressant. Par la suite, il reviendra sur ses propos. Paul ne vit plus qu’au rythme de cette journée, d’une part parce que son travail le mène tous les jours sur le site des tours, d’autre part parce qu’il ne cesse d’en parler. On lui proposera de témoigner à la télévision de sa propre expérience. Il pense tout d’abord qu’on va faire un film avec lui, mais il s’avère qu’on ne lui demande que de faire une publicité pour des céréales. Il y figure aux côtés d’un pompier et ils clament que ces céréales sont le petit déjeuner des héros. Malgré cette expérience, Paul ne sort pas de cette journée, même le fait d’en parler ne le libère pas de ses souvenirs. Il se souvient avoir vu Remy entrer dans les tours car l’évacuation semblait trop lente, mais lui, il s’est éloigné, il a fui. Il éprouve un fort sentiment de honte qu’il ne confie qu’à Remy et qui l’empêche de dépasser ces événements.Brian Remy ne se souvient absolument pas des attentats du 11 septembre, il ne conserve que la vision des papiers virevoltant. Remy ne parle jamais de ses sentiments, ni de ses souvenirs. Ses trous de mémoire le plongent dans une stupeur continue. Guterak est obligé de lui rappeler l’héroïsme dont il a fait preuve en entrant dans les tours avant leur effondrement. Après les événements, Remy est entrainé dans une chasse aux terroristes montée de toutes pièces par le gouvernement. Il n’a pas conscience qu’il participe à cette chasse et lorsqu’il commence à comprendre ce qui se passe, il est horrifié et paralysé. Il a le sentiment qu’il ne peut rien y faire. Nous ne savons pas comment était Remy avant les attentats, mais il semble que depuis, il n’existe plus en tant qu’individu, c’est une sorte de mort-vivant : il n’a le contrôle ni de sa vie, ni de ses pensées ; son fils le déclare mort, sa santé décline (il maigrit beaucoup et perd la vue). Il disparaît petit à petit. D’ailleurs, le roman se clôt sur une impression onirique dont il ne souhaite pas sortir.

Aspects médiatiques de l’œuvre

Des sons sont-ils présents?

Pas de son.

Y a-t-il un travail iconique fait sur le texte? Des figures de texte?

Pas de travail iconique.

Autres aspects à intégrer

La matérialité des trous de mémoire structure tout le texte. Ils rythment le roman, et ne nous donnent pas accès à l’intégralité des événements. ils forment des ellipses qui ne peuvent à aucun moment être reconstituées.À un moment, Remy demande à Guterak de le suivre et de prendre en note tous ces déplacements. Il doit se faire discret. Lorsque Remy trouve les notes de Guterak, il se rend compte qu’elles ne l’aident pas vraiment et que, finalement, il se souvient de l’essentiel. Remplir les trous est inutile.

Le paratexte

Citer le résumé ou l’argumentaire présent sur la 4e de couverture ou sur le rabat

« Hero cop Brian Remy wakes up after shooting himself in the head – and so begins a harrowing tour of a city and country shuddering through the aftershocks of a devastating terrorist attack. Lurching between lucid moments and entire days when he feels he’s living another’s life, Remy confronts a landscape at once fractured and oddly familiar. As he tries to make sens of his new life – chasing paper scraps for a shadowy intelligence agency – Remy can’t be certain whether the trail will lead him to an elusive terror cell…or send him circling nightmarishly back to himself. »

Intentions de l’auteur (sur le 11 septembre), si elles ont été émises

« [Playboy] Amy Grace Loyd : In arguably the most visualized event in American history, the attacks of 9/11, what’s left for the writer ? And for the fiction writer in particular ?Jess Walter : It is exactly the pervasiveness of those images – jets dissolving into buildings, people dangling from skyscrapers – and their power within our collective unconscious that makes them such vital subjects for fiction. We all witnessed the same event, but we didn’t see the same thing. Where some people saw leadership, others saw opportunism ; where some saw victims, others saw heroes ; where some saw crime, others saw an act of war. Fiction’s freedom allows us to rearrange and reorder, to synthesize, satirize, and make thematic connections between disparate images and movements. (…) Sometimes I think fiction writers are the only one who can make sense of what has happened to us since 9/11. (…) We live in a world that could only have been dreamed up by Graham Green and Franz Kafka on a weekend bender, with George Orwell along to write slogans. (…)It’s a satire about us, about the collective post-traumatic stress that we’ve suffered and the way we’ve retreated into a cocoon lined with the real estate listing and 401(k) updates while truly frightening measures are undertaken on our behalf. From the first day I began writing I knew this wouldn’t be a 9/11 novel. It’s more of a 9/12 novel. (…)AGL : There’s a lot of hilarious satire here (the officials in this story will be recognizable to some) as well as Kafkaesque fragmentation and almost dream-like sequences ; but there are also acute realistic descriptions, and throughout you manage to remain empathetic and affectionate toward your characters. Was that balance important to you ?JW : That was certainly what I hoped to achieve, the dizzying balance between the real and the surreal, between vivid description and dreamy inexactitude that I first experienced at Ground Zero. I wanted the reader to feel the same way the characters do, especially Remy and April. And they, in turn, had to be real enough to register that what happened wasn’t just surreal, but truly awful. The best indication I have that this balance might’ve worked is how many people ask me if the agency Remy works for, the Department of Documentation, is real.AGL : Your protagonist, a cop called upon to join a special investigative team, is a complicated hero : he’s losing his eyesight and has gaps in his memory, often blocking out his own bad acts. How are you playing with our notion of a hero and with his and the reader’s complicity in events surrounding 9/11 ?JW : There was a real conflation of hero and victim in the wake of 9/11, in our perverse desire to create a triumphant myth out of pure tragedy. I wanted Brian Remy to be an unwilling hero, blinded in every way, to his own acts and to the motivations of others. Most of all, though, I wanted him to feel what I think most of us feel : confused ans frightened, a helpless man of the very best intentions. »

Published in Playboy and reprinted at the end of the novel in the Harper Perennial edition.

Citer la dédicace, s’il y a lieu

To Brooklyn Walter.

Donner un aperçu de la réception critique présente sur le web

http://www.nytimes.com/2006/09/11/books/11masl.html [Page consultée le 8 septembre 2023 via WayBack Machine, URL modifiée]

http://www.jesswalter.com/index.htm (mais il n’y a pas de réflexion sur ses œuvres, juste des informations sur le titre, le prix et des liens commerciaux pour ses textes). [Page consultée le 8 septembre 2023]

http://www.bookreporter.com/reviews2/0060898658.asp [Page consultée le 8 septembre 2023 via WayBack Machine, URL modifiée]

http://www.bookpage.com/books-13711-The+Zero [La page n’est plus accessible.]

http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2006/09/07/AR2006090701149.html [Page consultée le 8 septembre 2023]

Impact de l’œuvre

L’impact de l’œuvre m’est inconnu. Le livre n’a pas encore été traduit en français mais figure comme référence dans certains appels à contribution. Il semblerait qu’il prenne de l’importance.

Pistes d’analyse

Évaluer la pertinence de l’œuvre en regard du processus de fictionnalisation et de mythification du 11 septembre

Le mode de fonctionnement de ce roman est particulièrement intéressant pour la question de la fictionnalisation et de la mythification du 11 septembre. Le fait que la narration suit les errances de Brian Remy à travers ses trous de mémoire donne une vision interne des événements et de leur impact. Nous avons l’impression d’avoir un accès conscient et inconscient à la gestion du traumatisme causé par les événements. Leur représentation rejoint grandement la définition de l’événement par Derrida : la suspension de la compréhension. Remy ne porte aucun jugement sur ce qui s’est passé, il ne raconte pas les attentats, il ne prend aucune décision. Il se trouve dans le labyrinthe de sa perception et tente de mettre du sens dans ce qui se passe, il cherche à comprendre. Il affirme d’ailleurs vers la fin du roman qu’il n’y a que sur le site de Ground Zero qu’il a l’impression de pouvoir encore donner du sens aux choses.Les événements sont intimement liés à l’individu. L’événement historique  s’imbrique dans l’événement individuel (les attentats sont liés à la vie personnelle et individuelle de Remy), qui lui-même est confronté à un contexte politique par la mission à laquelle Remy se trouve mêlé.  Pour Remy, les attentats du 11 septembre signent le début de sa fin : il se retrouve au tout début avec une blessure de balle à la tête et ne se souvient pas de ce qui s’est passé, ce n’est que plus tard que nous apprenons qu’il a tenté de se suicider ; il maigrit, son état mental et physique se dégrade, il perd tout contrôle sur sa vie, il ne prend plus de décision. Ces attentats mènent à un autre attentat qui clôture le roman et entraîne la mort d’April. Remy venait la rejoindre. Toute  l’activité de Remy durant le roman, qui est une tentative de contrer le terrorisme, n’aboutit strictement à rien puisqu’elle se conclut par un autre attentat suicide. La mort déclarée de Remy par son fils Edgar alors que Remy est encore en vie fait de lui un mort vivant dès le début du roman : Edgar raconte qu’il a perdu son père dans les attentats du 11 septembre. La tentative de suicide de Remy vient s’ajouter à cela : il tente de mettre fin à ses jours mais échoue, il s’enfonce un peu plus dans le chemin de la mort. L’état plus ou moins conscient dans lequel il est plongé, victime de l’attentat dans lequel April trouve la mort, finit de l’ancrer dans ce statut de mort-vivant, plus proche de la mort que de la vie. Toute la fin nous est racontée comme si c’était un rêve de Remy duquel les infirmières tentent de le réveiller à la fin de sa convalescence, en lui disant qu’il peut ouvrir son seul œil encore valide, mais Remy refuse, ne souhaitant pas se réveiller de ce rêve dans lequel il attend April.Les événements sont ainsi mythifiés en tant qu’élément apocalyptique signant,  la fin du monde qui ne peut sortir du terrorisme, l’entrée dans une boucle destructrice qui n’aboutira qu’à sa fin, et le début de la fin de Remy, qui ne meurt pas physiquement, mais qui n’est plus maître ni de sa vie mentale, ni de sa vie physique à laquelle il ne parvient pas à mettre fin.La fictionnalisation et la mythification du 11 septembre passe également dans ce roman par le rapport à la ville. Par le biais d’une conversation avec un vieil homme qui aurait travaillé dans l’administration policière de New York, et avec qui Remy devait avoir rendez-vous le matin du 11 septembre, nous avons le portrait d’une ville qui ne peut qu’être destinée à devenir une cible pour le terrorisme. Le vieil homme raconte la violence quotidienne dans laquelle il évoluait lorsqu’il était en activité, le nombre de fois qu’il a souhaité déménager sans le faire, puis sa prise de conscience, un matin, que même lorsque la violence semble atteindre son apogée, et la ville sa destruction, celle-ci renaît tous les matins, avec le lever du soleil, dans une apocalypse sans fin.

Donner une citation marquante, s’il y a lieu

« How come you never talk about it ? Every cop I know talks about it, even if they weren’t there. But you… you never talk about it. »« I don’t remember. »« Nothing ? »« No. » But it wasn’t entirely true. Remy did remember something from that day. Paper. He remembered smoke and he remembered standing alone while a billion sheets of paper fluttered to the ground. Like notes without bottles on the ocean, a billion pleas and wishes sent out on the wind. He remembered walking beneath his feet and -Guterak was staring at him. « The last time I saw you that morning, you were going in. Do you remember that at least ? »« No. »« We couldn’t get anyone on the fuggin’ radio and it seemed like the evacuation was slowing down. It was just smoke up there, and people falling, jumping…and you said you were gonna go in and get a visual, see where they stood with the evacuation. You were gone fifteen minutes or so… when everything went to shit. I thought for sure we’d lost you, until I saw you that night. »Remy searched his memory, but there was nothing.« Sometimes I wish I’d gone in », Guterak said.« What are you talking about ? »« When it all started coming down, there was the fire probie… stupid kid ran toward the thing. I passed him – he’s running in while I’m running away. » Guterak’s eyes glistened. « Sometimes I hear people use that word – hero – and I feel…sick. » (p.306)

Noter tout autre information pertinente à l’œuvre

L’auteur revendique l’influence de l’ouvrage de Joseph Conrad, The Secret Agent. Il y a un parallèle de traitement littéraire du terrorisme entre ce texte sur le 11 septembre, et celui de Conrad sur le mouvement anarchiste de la fin du XIXè siècle. Les deux textes ne présentent pas la même structure ni le même type de narration. Conrad n’utilise pas une focalisation dans un personnage, ni la structure elliptique de Walter, mais il est intéressant de mettre en relation le roman de Walter avec la manière dont Conrad met en scène le rapport au politique ainsi que le rapport au suicide. Chez Conrad, un agent secret s’est installé dans une petite vie tranquille de commerçant lorsque des personnes très haut placées le font venir et lui demandent de perpétrer un acte terroriste pour réveiller un peu et la population, et le gouvernement. Mais il s’avère que cet agent n’a pas du tout envie de reprendre ses activités et surtout n’a pas envie de se faire prendre. Il se sert donc de son beau-frère attardé pour commettre son attentat, sauf que ce dernier se prend les pieds dans la racine d’un arbre et se fait exploser en plein jardin public. Autour de l’agent secret, évoluent diverses figures : celle de l’anarchiste convaincu de sa supériorité sur la société car il se promène toujours avec une dose d’explosif pour se suicider s’il se fait prendre, celle de l’anarchiste modéré qui pense plus à ses propre intérêts, celle de la femme de l’agent secret, entièrement dévouée à son frère et qui, lorsqu’elle apprend la mort de ce dernier et les conditions de cette mort, tue son mari avant de se suicider par peur de la potence.Il y aurait ainsi un parallèle à faire entre certains romans du 11 septembre et les romans nihilistes de la fin du XIXè siècle et du début du XXè siècle.

Couverture du livre

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