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The Zenith Angle

Jean-François Legault
couverture
Article paru dans Romans états-uniens, sous la responsabilité de Équipe LMP (2007)

Œuvre référencée: Sterling, Bruce (2004), The Zenith Angle, New York, Del Rey/Ballantine Books, 341p.

Disponible sur demande (Fonds Lower Manhattan Project au Labo NT2)

Présentation de l’œuvre

Résumé de l’œuvre

Le roman Zenith Angle de Bruce Sterling (2004) n’est pas une oeuvre portant directement sur les événements du 11 septembre 2001. Elle traite plutôt de l’impact radical que ces événements ont eu sur la société américaine. Bruce Sterling est un auteur considéré par plusieurs comme le maître de la cyberfiction. Si Zenith Angle met en scène des gens évoluant dans les hautes sphères gouvernementales à Washington, dans une Amérique post-11 septembre, les véritables personnages principaux de ce roman sont l’ordinateur et l’Internet. Moins une biographie qu’une dissection, le roman de Sterling s’applique à mettre en fiction l’avant et l’après de l’informatique, le 11 septembre étant le moment charnière d’une mutation du domaine cybernétique. Sterling en tire un portrait caustique des États-Unis à l’ère de la terreur, de l’Internet en tant que nouveau champ de bataille dont les règles et les conventions restent encore à définir, et du computer-geek comme nouveau guerrier/héros. C’est à travers le personnage de Derek Vandeveer, surnommé Van, que l’auteur procède à son analyse. Van est un programmeur informatique de génie ayant tout pour être heureux : une femme qui l’aime, un enfant, un travail stimulant accompagné d’un salaire que lui-même juge étrangement «monstrueux». Les avions qui s’écrasent dans le World Trade Center, le matin du 11 septembre 2001, viennent ébranler tout son édifice de certitudes quant à sa vie. Avant même d’en comprendre le pourquoi et le comment, il se retrouve engagé dans la guerre à la terreur; son champ d’expertise sera celui où ses compétences pourront être le mieux mises à profit : la sécurité informatique. Naviguant au cœur du labyrinthe des comités, bureaux, associations, conseils, groupes militaires, consultants, etc., Van réalise progressivement que le gouvernement ne parviendra jamais à interdire l’accès au gruyère qu’est son réseau informatique. Les solutions ingénieuses qu’il apporte dans la lutte contre le terrorisme informatique et son attitude rogue font de lui ce que lui-même croyait ne jamais devenir : un héros de guerre, un sujet de légendes. Deux accomplissements majeurs à son actif : l’invention d’un système de guidage à distance qui, implanté dans n’importe quel aéronef, permettrait d’en prendre le contrôle afin d’éviter une nouvelle catastrophe, ou au contraire de créer une nouvelle porte d’accès informatique à une arme de destruction massive.Le roman est donc centré sur l’apprentissage de Derek Vandeveer, de son initiation à la guerre cybernétique, que personne ne comprend, mais à laquelle personne ne peut plus échapper au XXIe siècle.

Précision sur la forme adoptée ou sur le genre

Roman

Précision sur les modalités énonciatives de l’œuvre

Narrateur omniscient. Narration linéaire. La forme du thriller est attachée à l’oeuvre dans le paratexte, mais cette forme populaire est ici réductrice et ne correspond qu’imparfaitement à la complexité de la réflexion et des thèmes abordés par le roman.

Modalités de présence du 11 septembre

La présence du 11 septembre est-elle générique ou particularisée?

En concordance avec le style ironique de l’auteur, les attentats ne sont que brièvement montrés pour contraster avec l’influence importante qu’ils auront sur la suite de l’histoire. Ainsi, les seuls événements mis en scène sont un bulletin télévisé montrant la tour nord en flamme et le deuxième avion percutant la tour sud. Tout le reste est omis.

Les événements sont-ils présentés de façon explicite?

i) Comme le roman se penche sur les répercussions des attentats plutôt que sur leurs causes, la place donnée à leur représentation est minime. Les personnages de Van et de Dottie (sa femme) déjeunent tranquillement lorsque apparaît à l’écran le bulletin spécial rapportant l’écrasement du premier avion dans la tour nord. La réaction immédiate de Van, qui sait très bien que la probabilité d’une erreur humaine est presque nulle, est de se remémorer la paranoïa entourant le virus de l’an 2000, et d’espérer que son téléphone ne sonnera pas. Il en résulte un effet comico-ironique, caractéristique de l’ensemble du roman, où l’innocence du personnage est mise en relief. Alors qu’un seul avion s’est écrasé et que l’hypothèse d’une attaque terroriste n’a même pas encore effleuré son esprit, la brève phrase «Uh-oh, there went the other one» terminant le chapitre sonne le glas de cette innocence. L’auteur fait alors l’ellipse de la suite des attentats, et par ce procédé il signifie efficacement à son lecteur que plus rien ne sera jamais pareil pour son personnage et, par extension, pour le monde entier.

ii) Nous l’avons vu, le chapitre mettant en scène directement les attentats se concentre exclusivement sur les quelque dix minutes séparant les deux écrasements d’avion dans les tours du WTC. Ce faisant, l’auteur met en opposition les avions pour mieux faire ressortir deux fils conducteurs du roman : la gestion américaine de la sécurité intérieure et la menace constante (réelle ou virtuelle) qui pèse constamment sur le pays. Pour Derek Vandeveer, le premier écrasement n’est qu’un accident que le gouvernement n’a pas su prévenir, alors que le deuxième est une attaque que le gouvernement n’a pas su contrer. Toute la problématique du roman se place donc sur l’axe de la technologie et de la sécurité : la superpuissance américaine possède une infrastructure dont la technologie dépasse toutes les imaginations, mais qui est trouée de porte d’accès pour les hackers et les espions informatiques. Elle n’est même pas efficace à prévenir la catastrophe du 11 septembre. D’autre part, cette superpuissance a pour effet de se créer des ennemis qui n’auraient pas existé sans elle.

iii) Le satellite est le moyen de communication central du roman, jusqu’à en inspirer le nom : le zenith angle désigne l’angle entre un objet dans le ciel et le centre du ciel situé directement au-dessus de l’observateur. Le satellite devient un symbole fort dans le roman en se rapportant à plusieurs de ses thèmes : la sécurité et l’espionnage, l’explosion de la technologie, la bulle de l’Internet et des télécommunications, la suprématie terrestre et spatiale des États-Unis, etc.

Quels sont les liens entre les événements et les principaux protagonistes du récit (narrateur, personnage principal, etc.)?

Le personnage principal de Van n’a aucun lien avec les événements du 11 septembre, il n’habite pas New York et n’est pas affecté directement par les attentats. Par contre, le 11 septembre sera le point de départ d’une longue transformation qui fera de l’inoffensif geek informatique qu’il était un véritable guerrier du cyberespace.

Aspects médiatiques de l’œuvre

Des sons sont-ils présents?

Pas de traitement du son.

Y a-t-il un travail iconique fait sur le texte? Des figures de texte?

Pas de traitement de l’image.

Autres aspects à intégrer

N/A

Le paratexte

Citer le résumé ou l’argumentaire présent sur la 4e de couverture ou sur le rabat

Like his peers William Gibson and Neal Stephenson, bestselling author Bruce Sterling writes cutting-edge speculative fiction firmly rooted in today’s reality. Now in The Zenith Angle, he has created a timely thriller about an information-age security expert caught up in America’s escalating war on terror. Infowar. Cybercombat. Digital security and techno-terror. It’s how nations and networks secretly battle, now and into the future. And for Derek “Van” Vandeveer, pioneering computer wizard, a new cyberwarrior career begins on the fateful date of September 11, 2001. Happily married with a new baby, pulling down mind-blowing money as a VP of research and development for a booming Internet company, Van has been living extralarge. Then the devastating attacks on America change everything. And Van must decide if he’s willing to use the talents that built his perfect world in order to defend it. “It’s our networks versus their death cult,” says the government operative who recruits Van as the key member of an ultraelite federal computer-security team. In a matter of days, Van has traded his cushy life inside the dot-com bubble for the labyrinthine trenches of the Washington intelligence community–where rival agencies must grudgingly abandon decades of distrust and infighting to join forces against chilling new threats. Van’s special genius is needed to make the country’s defense systems hacker-proof. And if he makes headway there, he’ll find himself troubleshooting ultrasecret spy satellites. America’s most powerful and crucial “eye in the sky,” the KH-13 satellite — capable of detecting terrorist hotbeds worldwide with pinpoint accuracy — is perilously close to becoming an orbiting billion-dollar boondoggle, unless Van can debug the glitch that’s knocked it out of commission. Little does he suspect that the problem has nothing at all to do with software . . . and that what’s really wrong with the KH-13 will force Van to make the unlikely leap from scientist to spy, team up with a ruthlessly resourceful ex-Special Forces commando, and root out an unknown enemy . . . one with access to an undreamed of weapon of untold destructive power. http://ebooks.ebookmall.com/title/zenith-angle-sterling-ebooks.htm [Page consultée le 8 septembre 2023 via WayBack Machine, URL modifiée]

Intentions de l’auteur (sur le 11 septembre), si elles ont été émises

Extrait d’un interview du magazine Reason, en janvier 2004 :«Contributing Editor Mike Godwin talked with Sterling last summer, in the sprawling house the author designed for himself and his family in Austin, Texas.Reason: Not long after the 9/11 terrorist attacks, you wrote a cri de coeur about how the attacks signified the end of a belle époque, during which the government is relatively technocratic, competent, and bland — providing basic services but otherwise uninteresting — and the rest of the world is peacefully progressing, partly as a function of technological advance. Are we going to see that kind of era again?Bruce Sterling: It depends on who “we” are. For the U.S., the belle époque is over. It lost its steam under this tremendous necromantic thing that bin Laden pulled, and also it’s over because this huge surge of energy that was in the dot-com world failed at the last mile. Socially, policy makers have made a series of choices very similar to what preceded the collapse into World War I. There’s the same kind of massive gung-hoism for acts of violence and the same kind of irrationality. We’re in a very dark time. It’s dark enough that it cannot lift overnight.

Source: http://findarticles.com/p/articles/mi_m1568/is_8_35/ai_111574439 [Page consultée le 8 septembre 2023 via Wayback Machine, URL modifiée]

Citer la dédicace, s’il y a lieu

Pas de dédicace, mais une définition :«Zenith Angle:a measured anglebetween the sky directlyoverhead and any object in the sky.»

Donner un aperçu de la réception critique présente sur le web

http://www.well.com/conf/inkwell.vue/topics/221/Bruce-Sterling-The-Zenith-Angle-page01.html [Page consultée le 8 septembre 2023 via WayBack Machine, URL modifiée]

http://www.powells.com/review/2004_05_14.html [Page consultée le 8 septembre 2023 via WayBack Machine, URL modifiée]

http://www.sfreviews.net/zenithangle.html [Page consultée le 8 septembre 2023 via WayBack Machine, URL modifiée]

http://www.scifi.com/sfw/issue369/excess.html [Page consultée le 8 septembre 2023 via WayBack Machine, URL modifiée]

Impact de l’œuvre

Impact inconnu

Pistes d’analyse

Évaluer la pertinence de l’œuvre en regard du processus de fictionnalisation et de mythification du 11 septembre

Zenith Angle est censé être un thriller, mais il n’en possède que bien peu des caractéristiques. L’auteur Bruce Sterling, célèbre pour ses nouvelles de science-fiction, a également produit un essai, The Hacker Crackdown, où il traite de la bulle informatique des années 90 et de la chasse au piratage de tous genres. L’impression qui se dégage de son roman est similaire : il semble qu’il y soit moins question de raconter une histoire que de faire une démonstration. Du point de vue de la narration, la structure du roman est faible, l’intrigue presque inexistante, le dénouement précipité, pour ne pas dire quasi superflu. Ceci est toutefois loin de diminuer l’intérêt de la lecture, les chapitres s’enchaînant facilement autour d’une réflexion sur la nature du gouvernement, de l’Internet, de l’informatique, de la guerre, du terrorisme, mais aussi sur la famille, l’amour, le travail et le dévouement. C’est que Sterling tente de capter l’air du temps (l’un de ses romans est d’ailleurs nommé Zeitgeist) à travers l’évolution du personnage de Derek Vandeveer. Les attentats du 11 septembre sont l’élément déclencheur du roman, mais Sterling montre rétrospectivement qu’ils sont la charnière d’un changement d’époque. Le personnage, sinon le roman en entier, parce qu’il est pris dans une sorte de suspension de la forme, dans un entre-deux irrésolu, se fait le symbole de cette transition.Le style ironique de l’auteur sied bien à la situation qu’il met en scène : alors que le savoir technologique n’a jamais été aussi maîtrisé, le monde qui en résulte change si radicalement que personne ne parvient plus à l’appréhender, pas même les génies scientifiques qui en ont accouché. L’explosion des TICs est souvent pointée du doigt dans cette course effrénée au progrès. Sterling montre comment l’informatique est en effet au cœur du changement de paradigme. Par exemple, il est fait allusion à plusieurs reprises dans le roman à une transition entre deux époques : la Bulle (The Bubble) des années 1990, marquée par l’explosion puis l’effondrement des technologies de l’information et de la communication (les TICs) sur les marchés boursiers, et la Terreur (The Terror) des années 2000, marquée par une déterritorialisation des conflits et une réappropriation des réseaux virtuels. Cette transition se superpose à la situation politique étrangère des États-Unis. Au temps de la Guerre froide, l’espionnage et les satellites de surveillance faisaient la différence entre le gagnant et le perdant : il s’agissait d’une guerre de l’information. L’ennemi est maintenant beaucoup moins tangible. Il peut être autant un groupe terroriste basé en Afghanistan qu’un adolescent crack d’informatique cherchant à s’attaquer aux sites sécurisés de la CIA par exemple. Alors que les nouvelles armes du terrorisme ne sont plus les fusils et les bombes, mais bien les avions de passager ou l’anthrax, l’espace aérien et le service postal deviennent un des nombreux champs de bataille possibles. Dans Zenith Angle, Bruce Sterling montre que la guerre post-11 septembre ne sera pas gagnée par celui qui possédera le plus d’armes, ou qui aura la mainmise sur les télécommunications et l’information, mais par celui qui saura utiliser le chaos insaisissable des réseaux virtuels pour attaquer l’ennemi à son point le plus faible.

Donner une citation marquante, s’il y a lieu

«Problem number one : there was no such thing as a “national” computer. At all. That was a contradiction in terms, like talking about a black sun or a square triangle. You could put a flag decal on the side of a computer. You could hide it in a military base. You could pay for it with taxpayer money. But talking about “America” computation was like talking about “American” mathemathics or “American” physics. It just didn’t come with flags.» (page 268)«The biggest competitor that Microsoft faced wasn’t even a business. It was a new and terrible thing in the world. It was Open Source, a thing that frightened Microsoft so much they regarded it as a cancer.Open Source aimed to eat away Bill’s empire and replace it with a swarming, leaderless ant pile of global hackers. And Open Source wasn’t a governement any more than Open Source was a business. There was no one to negotiate with. There was no one to regulate. There was no one to bomb.You could bribe them. But you could never bribe all of them. You could sue them, arrest some of them, but that really looked stupid, and besides, they were probably living in Finland.» (p. 271-272)

Noter tout autre information pertinente à l’œuvre

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