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The Kite Runner

Jean-François Legault
couverture
Article paru dans Romans états-uniens, sous la responsabilité de Équipe LMP (2007)

Œuvre référencée: Hosseini, Khaled (2004), The Kite Runner, Toronto, Anchor Canada, 394p.

Disponible sur demande — version originale anglaise et traduction française (Les cerf-volants de Kaboul) (Fonds Lower Manhattan Project)

    

Présentation de l’œuvre

Résumé de l’œuvre

Avec The Kite Runner, Khaled Hosseini tisse un roman d’initiation puisant sa force dans l’histoire tragique de l’Afghanistan. On y suit les traces d’Amir, émigré aux États-Unis, dont le parcours en boucle le ramène presque malgré lui dans la ville de son enfance. Il devra y affronter les fantômes de son passé, et peut-être parvenir à percer le sens des paroles de son ami Rahim Khan : « There is a way to be good again. »

Inséparables depuis la naissance, Amir et Hassan ont grandi comme des frères. Le père d’Amir les traite en égaux, même si Hassan est le fils d’Ali, le serviteur de la famille. Un fossé pourtant sépare les enfants, qui dans le contexte de l’Afghanistan des années 1970 pourrait aussi bien être un abysse : Hassan est un Hazara, une caste de rang inférieur soumise aux Pashtuns. Hassan est néanmoins habile, fort et courageux, des qualités qu’aimerait bien posséder Amir pour gagner l’estime de son père Baba. L’ombre de la mère morte en couche s’interpose entre les deux et, face à l’admiration sans borne de son fils, Baba ne parvient qu’à manifester un vague mépris.

Les deux enfants ne sont jamais aussi heureux que lors des compétitions de combats de cerfs-volants, un sport auquel sont dévoués les Afghans. Lors de la grande compétition annuelle de Kandahar, Amir croit enfin détenir le moyen de rendre son père fier de lui. Mais au moment même où il croit pouvoir savourer les fruits de sa victoire éclatante, un événement tragique le marquera toutefois pour la vie : il est témoin du viol brutal de Hassan par Assef, le tyran du quartier, et ne trouve pas le courage de défendre son meilleur ami. Amir grandira avec la honte de ne pas être intervenu. Parce qu’il ne supporte plus de se faire rappeler le poids de sa lâcheté par la présence quotidienne de Hassan, il manigance un plan pour faire congédier le Hazara et son père.

Quelques années plus tard, en réaction à la montée du communisme Baba et Amir décident de quitter l’Afghanistan et de tenter leur chance aux États-Unis. Amir y trouve une vie moins luxueuse, mais la rencontre de sa femme et sa réconciliation avec son père lui permettent d’atteindre le bonheur. Quelques années après la mort de Baba, un appel téléphonique de son vieil ami Rahim Khan réveille la blessure de son passé enterré. Il lui faut retourner en Afghanistan, alors sous le joug des talibans, pour y retrouver la trace du fils de Hassan, désormais orphelin, et le ramener en Amérique. Des révélations sur son passé l’y attendent, ainsi que l’opportunité de se racheter, d’en finir avec ses démons et d’honorer la mémoire de son meilleur ami.

    

Précision sur la forme adoptée ou sur le genre

Roman.

    

Précision sur les modalités énonciatives de l’œuvre

Narration homodiégétique, temporalité linéaire.

    

Modalités de présence du 11 septembre

La présence du 11 septembre est-elle générique ou particularisée?

Les événements du 11 septembre ne sont représentés que dans les dernières pages du livre, la quasi intégralité de l’histoire se passant avant.

     

Les événements sont-ils présentés de façon explicite?

Les mots utilisés pour représenter les attentats sont succincts, mais relativement explicites : « While Sohrab was silent, the world was not. One Tuesday morning last September, the Twin Towers came crumbling down and, overnight, the world changed. » (page 381) Il est ensuite fait mention dans la suite du paragraphe de deux conséquences des attentats : l’omniprésence du drapeau américain et l’invasion de l’Afghanistan par l’armée américaine.

    

Quels sont les liens entre les événements et les principaux protagonistes du récit (narrateur, personnage principal, etc.)?

Il n’existe pas de liens entre les personnages et les attentats. Puisqu’ils habitent San Francisco et ne connaissent personne à New York, les événements ne les atteignent pas directement. L’auteur ne fait aucune allusion à un quelconque racisme ayant pu les affecter. En comparaison, le traitement narratif accordé au 11 septembre en fait un événement dont le tragique pâlit en regard des autres situations pathétiques qui abondent dans le roman. Ce n’est que par l’entremise du personnage d’Amir que l’auteur se laisse aller à un rapide commentaire sur les attentats. En effet, dans le paragraphe suivant la mention de l’effondrement des tours jumelles, Amir ne manque pas de remarquer l’omniprésence du drapeau américain. Là s’arrête le texte, et il n’est pas fait mention de l’opinion du personnage à propos de cette situation. Jusqu’à la toute fin du livre, l’auteur se tiendra donc loin de la critique, préférant centrer l’intrigue sur l’évolution de ses personnages et n’utilisant le contexte politique que comme catalyseur de l’action.

     

Aspects médiatiques de l’œuvre

Des sons sont-ils présents?

Pas de sons.

    

Y a-t-il un travail iconique fait sur le texte? Des figures de texte?

Pas de travail iconique.

    

Autres aspects à intégrer

N/A

    

Le paratexte

Citer le résumé ou l’argumentaire présent sur la 4e de couverture ou sur le rabat

An epic exploration of the ties that bind sons to fathers and boyhood friends to one another – and of the forces that tear them apart.

Amir is the son of a wealthy Kabul merchant, a member of the ruling caste of Pashtuns. Hassan, his servant and constant companion, is a Hazara, a despised and impoverished caste. Their uncommon bond is torn by Amir’s choice to abandon his friend amidst the increasing ethnic, religious, and political tensions of the dying years of the Afghan monarchy, and apparently dissolved when Amir and his father flee to California to escape the Soviet invasion, leaving Hassan and his own gentle father to a terrible fate.

But years later, an old family friend calls Amir from Pakistan and reminds him: « There is a way to be good again. » And Amir journeys back to a distant world, to try to right past wrongs against the only true friend he ever had.

    

Intentions de l’auteur (sur le 11 septembre), si elles ont été émises

Extrait d’un entretien entre Erika Milvy et Khaled Hosseini, publié sur le web le 9 décembre 2007 :

To what extent was “”The Kite Runner”” a product of geopolitical timing? That is, just after Afghanistan and Afghans reached the headlines here and showed up on Americans’ radar, your book comes out. Did you think, “”Well, now there’s finally an interest in the region”” or “”Now it’s a marketable story””?

The timing wasn’t intentional, but it kind of worked out that way. I really meant the book as a challenge to myself to write a novel. I had always written short stories and I’d written a short story called “”Kite Runner”” and I went about expanding the short story to a novel. When 9/11 happened, my wife really started talking to me about submitting a novel. I was reluctant at first, but eventually I came around to her way of looking at it, which was that this story could show a completely different side of Afghanistan. Usually stories about Afghanistan fall into “”Taliban and war on terror”” or “”narcotics”” — the same old things. But here’s a story about family life, about customs, about the drama within this household, a window into a different side of Afghanistan.

Do you think the book would have gotten the same attention if the U.S. hadn’t been in the midst of a war in Afghanistan?

It helped the novel be published, but being published and having people still embracing the book four years later are two very different things. People read the books and tell their friends to read the book because they connect with something in the story.

http://www.salon.com/ent/movies/feature/2007/12/09/hosseini/ [Page consultée le 8 septembre 2023 via WayBack Machine, URL modifiée]

      

Citer la dédicace, s’il y a lieu

This book is dedicated to Haris and Farah, both the noor of my eyes, and to the children of Afghanistan.

      

Donner un aperçu de la réception critique présente sur le web

http://en.wikipedia.org/wiki/The_Kite_Runner [Page consultée le 8 septembre 2023]

http://www.amazon.com/gp/product/product-description/1594480001/ref=dp_proddesc_0?ie=UTF8&n=283155&s=books [Page consultée le 8 septembre 2023]

http://www.chapters.indigo.ca/books/The-Kite-Runner-Khaled-Hosseini/9780385660075-153109-Review.html [La page n’est plus accessible.]

http://www.chapters.indigo.ca/books/The-Kite-Runner-Khaled-Hosseini/9780385660075-AllReviews.html [La page n’est plus accessible.]

http://www.curledup.com/kiterun.htm [Page consultée le 8 septembre 2023 via Wayback Machine, URL modifiée]

http://www.bookreporter.com/reviews/1594480001.asp [Page consultée le 8 septembre 2023 via Wayback Machine, URL modifiée]

http://www.elise.com/books/el/archives/the_kite_runner_khaled_hosseini.php [Page consultée le 8 septembre 2023 via Wayback Machine, URL modifiée]

     

Impact de l’œuvre

The Kite Runner a été adapté au cinéma en 2007 par le réalisateur Marc Foster. http://www.imdb.com/title/tt0419887/ [Page consultée le 8 septembre 2023]

Le roman est un « Heather’s Pick », c’est-à-dire une œuvre recommandée par Heather Reisman, la propriétaire de la plus importante chaîne de librairies au Canada, le groupe Chapters/Indigo, une distinction dont l’équivalent aux États-Unis pourrait être le célèbre « Oprah’s Pick ». L’œuvre a également été votée le meilleur livre pour les clubs de lecture pour l’année 2006, après avoir été numéro 1 sur la liste des best-sellers américains en 2005.

     

Pistes d’analyse

Évaluer la pertinence de l’œuvre en regard du processus de fictionnalisation et de mythification du 11 septembre

The Kite Runner n’est pas un roman sur le 11 septembre. Le 11 septembre n’y occupe pas même une place significative. Le roman ne manque toutefois pas d’apporter sa contribution au processus de fictionnalisation du 11 septembre par l’entremise de sa représentation de l’Afghanistan. Pour mieux comprendre ce processus, une autre oeuvre, le film Wag the Dog réalisé par Barry Levinson en 1998, peut nous servir d’exemple. Le film relate comment un producteur hollywoodien parvient à monter une guerre de toutes pièces afin de distraire l’attention de l’électorat américain centrée sur le dernier scandale présidentiel. Le choix de l’emplacement de ce conflit fictif (l’Albanie) est expliqué dans ce dialogue entre le réalisateur et le représentant du président :

“- Why Albania?

– Why not?

– What have they done to us?

– What have they done FOR us? What do you know about them?

– Nothing.

– See? They keep to themselves. Shifty. Untrustable.”

Bien que les attentats terroristes aient eu lieu en territoire américain, un pays s’est retrouvé presque aussitôt pointé du doigt : l’Afghanistan. Pourtant, avant l’automne 2001, ce pays n’évoquait pour l’Américain moyen que de vagues réminiscences de conflits reliés à la Guerre froide. Peu auraient été capables de le trouver sur une carte, encore moins se faire une idée de sa géographie, de sa démographie, de sa politique, etc. La représentation qu’en ont fait les médias américains a reposé presque exclusivement sur une construction fictive, peut-être basée sur des faits réels, mais de la même façon que dans Wag the Dog, c’est à dire orientée de manière à servir les intérêts subjectifs de ces mêmes médias américains. L’intérêt du livre de Khaled Hosseini est de venir nuancer cette représentation unilatérale à laquelle ont été soumis les Américains et qui joue un rôle non négligeable dans la constitution du mythe du 11 septembre 2001.

Le paragraphe dans lequel est annoncée la chute des tours jumelles montre le personnage d’Amir étonné de voir des gens ayant sur les lèvres les noms des lieux de son enfance : « Soon after the attacks, America bombed Afghanistan, the Northern Alliance moved in, and the Taliban scurried like rats into the caves. Suddenly, people were standing in grocery store lines and talking about the cities of my childhood, Kandahar, Herat, Mazar-i-Shraif. […] Now Dan Rather, Tom Brokaw, and people sipping lattes at Starbucks were talking about the battle for Kunduz, the Taliban’s last stronghold in the north. » (page 382) L’attaque du World Trade Center a eu pour conséquence de tourner l’attention publique vers l’Afghanistan. Sans le vouloir, Hosseini s’est retrouvé à faire exactement la même chose par l’entremise de son roman. Voici par exemple ce qu’il est possible de lire sur le site www.chapters.indigo.ca, dans la section des critiques des lecteurs :

« [The book] inspired me to learn more about Afghanistan and the people there. »

« Prior to this decade, Afghanistan was just an empty spot on the world map for me. Recent world events have changed that and plugged names like Kandahar, Kabul and The Taliban into my consciousness. Khaled Hosseini’s The Kite Runner gave me insight into Afghanistan beyond my limited knowledge and I enjoyed reading and learning. » http://www.chapters.indigo.ca/books/The-Kite-Runner-Khaled-Hosseini/9780385660075-AllReviews.html) [La page n’est plus accessible.]

Ainsi, même si la majorité de l’action du roman The Kite Runner se passe avant le 11 septembre, Khaled Hosseini a tissé une fiction qui s’intègre parfaitement dans le discours et l’imaginaire public qui entourent ces événements.

     

Donner une citation marquante, s’il y a lieu

« Now Dan Rather, Tom Brokaw, and people sipping lattes at Starbucks were talking about the battle for Kunduz, the Taliban’s last stronghold in the north. » (page 382)

« I thought of a line I’d read somewhere, or maybe I’d heard someone say it: There are a lot of children in Afghanistan, but little childhood. » (page 333)

      

Noter tout autre information pertinente à l’œuvre

L’auteur possède son propre site web, qu’il utilise pour présenter son livre, mais aussi pour promouvoir certaines causes caritatives en Afghanistan. http://www.khaledhosseini.com [Page consultée le 8 septembre 2023]

     

Couverture du livre

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