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The 9/11 Report: A Graphic Adaptation

Gabriel Tremblay-Gaudette
couverture
Article paru dans Bandes dessinées et romans graphiques, sous la responsabilité de Équipe LMP (2007)

Œuvre référencée: Jacobson, Sid; Colon, Ernie (2006), The 9/11 Report: A Graphic Adaptation, New York, Hill and Wang, 133p.

Disponible sur demande (Fonds Lower Manhattan Project au Labo NT2)

Présentation de l’œuvre

Résumé de l’œuvre

The 9/11 Report: A Graphic Adaptation est, comme son nom l’indique, une adaptation sous forme de roman graphique du Final Report of the National Commission on Terrorist Attacks Upon the United States, rapport indépendant qui avait été commandé par le Congrès américain et le président George W. Bush en novembre 2002 afin d’examiner les causes des attentats du 11 septembre sous toutes leurs coutures et de produire une série de recommandations afin que de telles tragédies soient évitées à l’avenir. Considérablement écourté dans sa version BD, le 9/11 Report original de 568 pages est repris dans ses grandes lignes dans un roman graphique de 134 pages. Les auteurs se sont permis une certaine liberté artistique dans la reconstitution de certains dialogues mais on tenté de reproduire fidèlement le rapport original afin d’en proposer une version intelligible pour le lecteur intéressé d’en savoir plus sur cette enquête gouvernementale, sans pour autant avoir à effectuer une lecture fastidieuse.

Précision sur la forme adoptée ou sur le genre

The 9/11 report, dans sa version roman graphique, conserve le ton sérieux d’un document produit dans le cadre d’une enquête gouvernementale, mais des dialogues créés par Sid Jacobson ont été ajoutés dans certaines scènes. L’adaptation a repris la division en 13 chapitres qui avait été employée dans le rapport original.

Précision sur les modalités énonciatives de l’œuvre

Une narration omnisciente est employée tout au long du rapport.

Modalités de présence du 11 septembre

La présence du 11 septembre est-elle générique ou particularisée?

La présence du 11 septembre n’est jamais particularisée d’une manière quelconque au cours du rapport. Chaque site d’attentat est représenté tour à tour, mais le rapport accorde une importance particulière aux attentats sur le World Trade Center.

Les événements sont-ils présentés de façon explicite?

Les événements sont présentés d’un point de vue rétrospectif mais certains des chapitres présentant les événements menant vers les attentats (préparation, recrutement des terroristes, montée de Al-Qaïda) adoptent une posture anticipative pour le bien de la reconstitution. Si le ton du rapport tend vers l’objectivité, on sent dans certains passages un mécontentement de la part des auteurs du rapport quant au laxisme du gouvernement américain en matière de sécurité dans les aéroports et dans l’absence d’intervention militaire à l’endroit de Ben Laden.

Des moyens de transport sont représentés. Les avions tiennent une large place dans l’œuvre, puisque la réaction des différentes agences gouvernementales veillant à contrôler la sécurité aérienne est passée au peigne fin afin de démontrer un manque de communication flagrant ayant empêché une réaction adéquate face aux événements. L’incapacité à déployer les secouristes de manière ordonnée a entraîné l’immobilisation de nombreux véhicules de secours qui auraient dû se diriger vers les lieux des attentats.

Finalement, les médias n’occupent pas une place importante dans le rapport. Il est toutefois établi que les dirigeants américains ont suivi le déroulement des événements en direct à la télévision, comme ce fut le cas pour la majorité de la population. Certaines cases contiennent des textes qui rappelle la manchette d’un journal quotidien (ex : « Bush Sworn In, Clinton Leaves Office », p.64).

Quels sont les liens entre les événements et les principaux protagonistes du récit (narrateur, personnage principal, etc.)?

Puisque le rapport est le fruit du travail d’une commission sénatoriale, il présente les événements d’un point de vue collectif. Le rapport présente tour à tour les attentats tels que vécus par les différents services de sécurité nationale lors du déroulement des attentats (Federal Aviation Administration, National Security Agency, Central Intelligence Agency, Federal Bureau of Investigation, Fire Departement of New York, Police Depertement of New York), la longue préparation des terroristes en vue de mener leurs attaques en sol américain, le cafouillage des dirigeants politiques et l’horreur vécue par les victimes tentant d’échapper à la mort en évacuant les tours.

Aspects médiatiques de l’œuvre

Des sons sont-ils présents?

Alors que nous avons remarqué dans d’autres romans graphiques et bandes dessinées une large tendance à ne pas employer d’onomatopées pour signifier le bruit de l’explosion des avions dans les bâtiments visés par les attentats du 11 septembre, Jacobson et Colon n’ont pas hésité à faire usage à plusieurs reprises de « Blam ! » « R-Rumble… », « Boom ! » et autres « Crash ! » dans leur adaptation.

Y a-t-il un travail iconique fait sur le texte? Des figures de texte?

Hormis les polices frappantes employées pour les onomatopées, aucun travail iconique sur le texte ne figure dans cet ouvrage.

Autres aspects à intégrer

Nous avons remarqué de nombreux problèmes de lisibilités, notamment en ce qui a trait au découpage de certaines planches à la mise en page non ordonnée. En effet, il s’avère parfois compliqué de saisir l’ordre de lecture prévu pour une planche, notamment lorsque celle-ci prend l’aspect d’un diagramme mais nécessite que les blocs de texte soient lus dans un ordre précis qu’il est impossible de saisir intuitivement. La confusion lors de la lecture de ces planches dénote une carence importante dans la construction d’une mise en page fonctionnelle chez les artistes, problème agaçant qui nuit à la transmission des informations lors de la première lecture. Les dialogues laissent également grandement à désirer. Il est étonnant que ces deux artistes, pourtant des vétérans du milieu de la bande dessinée (tous deux sont septuagénaires et comptent une cinquantaine d’années d’expérience dans le domaine), commettent de telles erreurs de débutants.

Le paratexte

Citer le résumé ou l’argumentaire présent sur la 4e de couverture ou sur le rabat

La 4e de couverture présente une biographie des deux artistes ainsi qu’un court texte de Stan Lee, que voici :

Never before have I seen a nonfiction book as beautifully and compellingly written and illustrated as The 9/11 Report ; A Graphic Adaptation. I cannot recommend it too highly. It will surely set the standard for all future work of contemporary history, graphic or otherwise, and should be required reading in every home, school, and library.”

Un texte d’introduction est également présent sur la première de couverture de l’ouvrage :

September
11, 2001, was a day of unprecedented shock and suffering in the history of the
United States. The nation was unprepared. How did this happen, and how can we
avoid such tragedy again? Ten commissioners were given a sweeping mandate to
find answers and offer recommendations. On july 22, 2004, they issued their
report…”

Intentions de l’auteur (sur le 11 septembre), si elles ont été émises

L’introduction du roman graphique, rédigée par deux membres de la commission sénatoriale à l’origine du rapport, indique à la fois les intentions de la commission et de l’adaptation en roman graphique :

It was the goal of the Commission to tell the story of 9/11 in a way that the american people could read and understand. We felt strongly that one of the
most important and strategic events in our nation’s history needed to be accessible to all. Our goal in the 9/11 Commission Report was not only
to inform our fellow citizens about history but also to energise and engage them on behalf of reform and change, to make our country safer and more secure.

For this reason, we are pleased to have the opportunity to bring the work of the 9/11 Commission to the attention of a new set of readers. We commend the
talented graphic artists of this edition for the close adherence to the findings, recommendations, spirit, and tone of the original commission report.
Their adaptation conveys much of the information contained in the original report. We believe that you will find the story of 9/11 a gripping one, whether
in narrative or pictorial form.

We hope readers of all ages, especially those unfamiliar with the original report, find that these pages encourage them to learn more about the events of 9/11. We would be delighted if this publication led to additional national conversation about the recommendations of the 9/11 Commission Report, and the extent to which they have been implemented.

The safety and security of our country require a well-informed public to hold its elected leaders to account. Have our leaders done all that they can and should to protect the american people? It is up to each of us to insist that they do. As we stated in our original preface to the Commission Report, we hope that this graphic version will encourage our fellow citizens to study, reflect — and act.

— Thomas H. Kean, chair

— Lee H. Hamilton, vice-chair

The 9/11 commission.

June 2006

Citer la dédicace, s’il y a lieu

This book is dedicated to the memory of those who lost their lives in the tragedy of 9/11. We hope this book can help the rest of us to understand better what happened that day and in the years leading up to it.

Donner un aperçu de la réception critique présente sur le web

  • Le site ING offre une critique favorable de l’œuvre mais en déplore les dialogues malhabiles ici.
  • Le blogue The graphic classroom recommande fortement la lecture de l’œuvre ici.
  • Critique brève mais dévastatrice de l’œuvre sur le site Mrlarson.org.
  • The comics journal, l’une des revues les plus respectées dans le domaine de la bande dessinée américaine, offre un amusant collage de dialogues et d’effets sonores en guise de critique.

Impact de l’œuvre

La plupart des critiques lues sur le Web s’entendent sur certaines choses. Premièrement, la version en roman graphique du 9/11 Report est d’une plus grande lisibilité que le rapport original, et tous les critiques saluent la qualité du premier chapitre, qui propose quatre lignes de temps exposant en parallèle chaque étape du piratage des vols lors du 11 septembre. Deuxièmement, l’adaptation a bien réussi à condenser les informations du rapport de plus de 500 pages. Troisièmement, les dialogues malhabiles, voire ridicules, affaiblissent grandement la qualité de l’œuvre. Quatrièmement, la disposition confuse des cases et des récitatifs provoque une expérience de lecture qui relève davantage du casse-tête que du parcours linéaire. Mais en dépit des défauts inhérents à cette œuvre, l’adaptation du roman graphique permet de proposer à l’Américain moyen une version écourtée et accessible du rapport sénatorial. Ce constat, aussi réaliste que légèrement méprisant, qui a été émis par les membres de la commission en introduction de l’ouvrage, établit clairement l’objectif de cet ouvrage et l’impact qu’il peut espérer atteindre. Il y a fort à parier que de nombreux lecteurs qui ne se risqueraient pas dans les pages d’un rapport de plus de 500 pages vont prendre connaissance des recommandations de la commission sénatoriale grâce à The 9/11 Report: A Graphic Adaptation.

Pistes d’analyse

Évaluer la pertinence de l’œuvre en regard du processus de fictionnalisation et de mythification du 11 septembre

Il faut de prime abord rappeler que l’intention derrière l’adaptation du 9/11 report en roman graphique n’était pas de créer une œuvre de fiction mais bien de présenter les événements du 11 septembre dans toute leur complexité. À ce titre, il faut souligner la qualité du travail de synthèse des deux artistes, qui ont réussi à condenser en 134 pages les grandes lignes d’un volumineux rapport. Ceci dit, les quelques libertés prises par les artistes, notamment en ce qui a trait aux dialogues intégrés à certaines scènes, causent parfois des problèmes. Par exemple, lorsque le président Bush apprend qu’un avion a percuté une des tours du World Trade Center, il s’exclame : « Oh no ! Must have been a pilot error ! »(p.26), ce qui frise le ridicule. De même, dans une case présentant les talibans repoussant l’armée soviétique, un des combattants afghans se lance contre les chars d’assaut armé d’une mitraillette automatique et d’un sabre. Néanmoins, en dépit de ces quelques situations loufoques et des problèmes de lisibilité mentionnés plus haut, l’objectif de créer une version allégée et accessible du 9/11 Report est atteint par Jacobson et Colon.

Donner une citation marquante, s’il y a lieu

“The FAA, the white House and the Defense Department each initiated a multiagency teleconference before 9:30. The National Military Command Center (NMCC) Started its conference call at 9:37. None of these teleconferences included the right officials from the FAA or defense department until 10 o’clock.” (p.27)

“The lessons of 9/11 for civilians and first responders can be stated simply: in the new age of terrorism, they are the primary targets. The losses that day demonstrated the gravity of the threat and the need to prepare ourselves. We must plan for the next attacks. This is perhaps the best way to honor the memories of those we lost that day.” (p.98)

“We will make no distinctions between the terrorists who commit these acts and those who harbour them” (p.99)

“The commission was struck by the narrow and unimaginative menu of options for actions offered to both presidents Clinton and Bush” (p.112)

“As was pointed out earlier, information was not shared, analysis was not pooled, and effective operations were not lauched. What was missing was an agency that made sure the various agencies worked as a team” (p.113)

Noter tout autre information pertinente à l’œuvre

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