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Pour un imaginaire lesbophile
Dans le cadre d’une réflexion sur la lutte à l’homophobie, je voudrais, en tant que littéraire, hétérosexuelle et alliée, plaider ici «pour un imaginaire lesbophile»1Par ce déplacement de l’«homo-» vers le «lesbo-», je questionne le rapport du général au spécifique qui efface le féminin de la culture. Dans cet esprit, j’invite lecteurs et lectrices à opérer à rebours la métaphore du tout et de la partie, et d’inclure les gais dans cette mise en avant du lesbianisme.. J’insisterai, d’une part, sur l’importance de lire des écrivaines lesbiennes (essayistes comme romancières, théoriciennes comme poètes) et, d’autre part, sur l’importance de lire des récits mettant en scène des personnages lesbiens –ou queer– peu importe l’«orientation» de l’auteur-e (car bien sûr, ce n’est pas l’apanage des lesbiennes que de représenter des personnages lesbiens). Il va de soi que cette plaidoirie s’adresse surtout aux personnes étiquetées «hétéros», question de «nous» faire sortir des fictions dominantes de l’hétéronormativité. Car la mise en place de personnages lesbiens dans les textes littéraires2«Texte littéraire» ayant ici une portée globale, étant entendu comme texte-source: aussi bien dans la chanson, le théâtre, le scénario de cinéma. est apte à reconfigurer l’imaginaire, et à défalquer les «résidus culturels» (Butler, dans Rubin, 2001: 16) lesbophobes qui traînent encore dans les représentations.
Littérature, force des représentations
Mais comment la littérature peut-elle favoriser la «lesbophilie»? D’abord, elle peut multiplier les personnages hétérodoxes. Ne pas les présenter systématiquement comme négatifs, ne pas non plus les présenter systématiquement comme positifs (Hamon, 1995). Multiplier, et par là, banaliser et, par là, instruire. Surtout, instruire : mettre en jeu les subjectivités queer, les faire résonner dans l’espace social, là où on ne les entend pas, pour que puissent être saisies leur humanité, leur mêmeté: «Je suis humain, et rien de ce qui est humain ne m’est étranger», écrivait Terence.
Or, la fiction modélise l’imaginaire, fournit des modèles identificatoires. En témoigne indirectement l’appropriation, par le domaine de la publicité, du storytelling (Salmon, 2007)3Selon l’auteur, «les technologies [du marketing] qui permettent d’écouler les marchandises se sont déplacées en une quinzaine d’années du produit au logo, puis des logos aux stories» (Salmon, 2007: 18).. Il est plutôt récent, ce phénomène d’appropriation du récit par les industries publicitaires qui, après avoir constaté les effets identificatoires des fictions, effets non prévus et non programmés, se sont approprié ce mode, ces «usages instrumentaux du récit» (Salmon, 2007: 17), ce que Salmon qualifie de «hold-up sur l’imaginaire» (20) et qu’on connaît pourtant depuis Aristote, selon le phénomène de l’«identification» devant mener à la catharsis. «Des personnages de fiction réussis deviennent des exemples primordiaux pour la condition humaine “réelle”» (Eco, 2010), ce qu’on appelle l’effet Werther4De: Les Souffrances du Jeune Werther de Goethe, ayant entrainé une identification très forte à ses protagonistes, jusqu’à multiplier les suicides à l’instar du personnage.. La littérature a donc bien à voir avec l’anthropologie des connaissances:
En ces places émotionnelles [que constituent les textes littéraires], confluent, se concentrent, se transmuent, se créent et circulent des flux socio-culturels qui éclosent et se condensent en connaissances, en représentations, en entités de fiction, en histoires, en personnages, en sensations et émotions qui font leur œuvre et trouvent leur chemin vers l’expression collective et l’existence sociale qu’elles alimentent en sensations et émotions nouvelles. Ces nouveaux affects produits seront à leur tour éprouvés par les êtres sociaux réels. (Farrugia, 2010)
Car en effet, «la culture donne forme à l’esprit» (Bruner, 1991). Les textes littéraires façonnent nos imaginaires. Ils ne sont pas de simples reflets du réel, comme on les a longtemps considérés. Ils sont partie prenante du trafic d’idées. Ils participent au discours social et sont, à ce titre, «productifs». C’est en ce sens que Stuart Hall nous invite à considérer «le rôle constitutif des représentations dans la production du champ social et des identités» (Cervulle, 2013: 16). Sur l’horizon des Cultural Studies, «les productions culturelles constituent […] un lieu d’articulation entre des formations discursives et des formations sociales» (Cervulle, 2013: 16). Se développe ainsi une saisie anthropologique du texte littéraire: non plus comme un produit culturel ne concernant qu’un cénacle lettré, non plus un pur objet esthétique à saisir selon des critères de spécialistes, non plus simple objet de divertissement, mais bien objet à produire du sens. La littérature peut donc être vue comme un laboratoire où les identités peuvent être disséquées, démontées; puis ré-assemblées. En un mot: ré-imaginées.
D’après Claude Fintz, «la littérature vient placer nos croyances dans un champ plus vaste, selon une perspective où, prenant de l’altitude [moi je dirais de la distance], l’identité m’apparaît autre que celle que j’imaginais : moins territoriale que panoramique et inter-relationnelle, moins locale qu’éthique» (Fintz, 2010: 51). L’identité apparaît ainsi comme «un lieu de (re)création socio-imaginaire permanent, qui se trouve au principe même de [ce que Castoriadis appelle “l’imagination de la société” (Castoradis 1999)], et dont l’enjeu est la négociation permanente du lien social» (Fintz, 2010: 51). Selon cette perspective, c’est «le rôle de toute littérature que de nous initier à l’altérité et de requalifier en permanence l’humain» (Fintz, 2010: 51). Dans le même esprit, pour Jacques Rancière, le «partage du sensible» que permet la littérature est un «des liens de sociabilité les plus forts qui soient» (Fintz 2009). Ainsi, la littérature a ce pouvoir de renouveler l’imaginaire, de poser des questions au vivre-ensemble. Recadrer, resignifier, hors des stéréotypes, des boites à penser.
À ce titre, la littérature est, à l’instar de ce que De Lauretis considère pour le cinéma, une véritable technologie du genre. Même lorsqu’ils n’évoquent pas le genre comme «thème» ou motif de l’intrigue, voire: a fortiori, lorsqu’ils ne problématisent pas l’identité et l’orientation sexuelle, même lorsqu’ils ne les «travaillent» pas donc, les textes constituent une technologie du genre qui relaie des modèles identitaires et les actualise, en les articulant avec les réalités contemporaines.
Or, un grand pan de la littérature s’est érigé sur la conception de l’amour romantique hétéronormatif, qu’elle a contribué à forger. Tristan et Iseult, Roméo et Juliette. Un grand texte d’amour romantique pourrait très bien s’intituler Johanne et Sylvie. Johanne et Sylvie pourraient s’aimer et illustrer un rapport amoureux –un rapport humain. Oui: il y a Thérèse et Isabelle de Violette Leduc (1954, puis édition non expurgée publiée en 2000). Il faudrait cependant en arriver à saisir Thérèse et Isabelle (ou Johanne et Sylvie) comme un roman d’amour, non pas comme un roman lesbien. Que le sexe du partenaire sexuel qualifie le rapport amoureux tout entier, c’est là que le bât blesse. Pourtant, c’est bien sûr le sexe du partenaire sexuel que le rapport amoureux hétéro se définit, ce qui n’apparaît nulle part –on ne dit pas un roman hétéro –, car il fonde la norme… Un jour, peut-être, lesbienne (pas davantage que gai ou hétéro), ne sera plus une identité: le mot pourrait ne plus désigner que le rapport sexuel, ce à quoi il renvoie dans les faits, mais dont il déborde.
«Je suis lesbienne»
Les écrivaines lesbiennes (dans la mesure où une telle catégorie a du sens), surtout celles qui écrivent au «je» mais pas uniquement, non seulement m’invitent à me distancier de moi-même, à faire abstraction de mon expérience, mais me font éprouver la leur, me font introjecter leur subjectivité. Lorsque le personnage qui s’exprime au «je» dit «je suis une lesbienne» et que je lis, le syntagme circule dans ma pensée; ou lorsque, s’étant exprimé au féminin dans un texte, il dit «je t’aime» à l’endroit d’un autre personnage féminin, il me fait affirmer cela, il force mon identification au personnage lesbien et me fait lesbienne. Et si je lis plusieurs livres où les personnages sont lesbiens, alors je deviens un peu plus lesbienne. Lecture performative donc, qui m’identifie.
Je sais bien: il ne suffit pas de prononcer «je suis lesbienne» pour le devenir. La condition et le traitement qui sont réservés aux lesbiennes dans l’espace social me sont épargnés. Tout de même, je ne pense plus les lesbiennes en tant qu’autres. Et il m’est possible de me lever à leurs côtés pour défendre leurs droits, nonobstant le fait que les miens ne sont nullement attaqués.
De la même façon que la littérature phallocentrée a participé à la fiction du féminin et qu’il m’assimile, quand je le lis, à la «femme», une œuvre lesbienne m’identifie au queer. Il est bien sûr possible de refuser l’identification, car le texte littéraire n’est pas une injonction; mais, au fil des fréquentations, je me familiarise, et avec la familiarisation tombent les résistances.
Et la forme énonciative dont je viens de parler n’est qu’une possibilité, qui ne résume pas l’ensemble des possibilités de représentation de personnages lesbiens et de leur inscription dans l’imaginaire. On ne peut donc que souhaiter que les figures de gais et lesbiennes se multiplient –et elles se multiplient actuellement5Même si la question «Où sont les lesbiennes?» se pose toujours, selon l’intitulé du 4e numéro de la revue Miroir/Miroirs (2014)., encore que relativement peu dans la chanson, notons-le, de même que dans la culture adolescente, deux lieux de reconduction des normes. Au sujet de sa websérie Féminin/féminin, Chloé Robichaud va tout à fait dans cet esprit: «Je voulais faire en sorte qu’une jeune fille qui voit la websérie puisse se dire que non seulement ce n’est pas la fin du monde d’être lesbienne, mais que ça peut même être facile. Agréable. Et banal» (Lévesque, 2014).
Et certes, le seul fait de mettre en scène des personnages lesbiens ne garantit pas la subversion des normes ni ne garantit l’effet d’une identification, laquelle mène à une plus grande « acceptation »; une lesbophilie, justement. La représentation de personnages lesbiens peut même être mise au service de l’homophobie, si par exemple ceux-ci sont dépeints comme des «failures» (je reprends les mots d’Halberstam). On se tournera plutôt vers des textes s’attachant à la démonstration du «queer art of failure» (Halberstam, 2011), aux formes qui déjouent les normes décrétant les valeurs de défaite ou de réussite. Car il ne s’agit pas tant de transgresser des lois que de subvertir les formes.
Contribution des écrivaines lesbiennes
Lire des fictions mettant en scène des personnages lesbiens donc, mais aussi: lire les écrivaines lesbiennes, et pas seulement les auteures de «romans lesbiens», pour sortir de la coupe du sujet phallologocentré6Mot-valise forgé par Derrida à partir de «phallocentrisme» et «logocentrisme», ici confondus, et signifiant le fait que la posture d’autorité discursive est pensée comme étant intrinsèquement masculine. La valorisation de la pensée phallologocentrée disqualifie tout ce qui relève de l’affect, associé au féminin. et penser ailleurs, avec un sujet dominé, altérisé par la culture. Indubitablement, ce déplacement invite à adopter un autre point de vue, à mettre en doute les schémas normatifs. Intégrant le point de vue de l’autre, je dissous déjà un peu les différences. Je ne suis plus que moi, je suis un peu cet autre.
À la parution de son roman Annabel, qui met en scène un personnage intersexué, Kathleen Winter racontait: «J’ai noté récemment que tous les écrivains et artistes que j’admire sont gais. Jeanette Winterson, Ali Smith, aussi. Je ne sais pas trop quoi en conclure. Est-ce que, comme femme artiste, il vaut mieux ne pas se trouver à l’extrême du spectre de la féminité pour pouvoir vraiment remettre en question ce qu’il faut remettre en question pour produire de l’art puissant ?»7On tique sur la façon dont elle pose les lesbiennes comme «à l’extrême du spectre de la féminité», mais là n’est pas notre propos. (Lalonde, 2012). De la même façon, il faut prendre acte de la contribution majeure des penseuses lesbiennes à la pensée féministe, ce que je ne manque jamais de faire remarquer à mes étudiants-es: Butler, Causse, Delphy, Despentes, Millett, Wittig, et j’en passe… Ce que le féminisme contemporain doit à la pensée lesbienne, il faut le mesurer.
Car aussi bien la théorie que la fiction émanant du point de vue lesbien a cet effet de décentrer les fictions communes et de déployer un imaginaire lesbophile. Il y a une quinzaine d’années, quelques jours après avoir lu pour la première fois «La contrainte à l’hétérosexualité» d’Adrienne Rich, ma fille, alors âgée de 5 ou 6 ans, se projetant dans l’avenir, venait de réaliser qu’elle ne vivrait pas toujours avec nous, ses parents, sous notre toit –éventualité qui semblait alors catastrophique. Je lui ai alors répondu: «T’inquiète, ce sera comme quand nous allons rendre visite à mes parents ou à ceux de ton père. Tu viendras nous visiter, avec ton chum…». Là, en une fraction de seconde, quelque chose s’est inséré dans la pensée. Une semaine plus tôt, ma phrase se serait fort probablement terminée là: «tu viendras nous visiter, avec ton chum», point barre. Mais voilà qu’un élément nouveau faisait en sorte que la phrase se poursuivant d’elle-même: «avec ton chum, ou ta blonde». Ainsi, les imaginaires se transforment, de génération en génération8Le film The Hours (2002), adapté par Stephen Daldry du roman éponyme de Michael Cunningham, figure cela de belle façon: chacune des trois périodes représentées comporte une scène où un enfant voit deux adultes du même sexe s’embrasser: la petite fille de Vanessa Bell voit Virginia et Vanessa s’embrasser sur le bouche; Richie, le fils de Laura Brown (interprété par Julianne Moore) voit sa mère et la voisine s’embrasser; c’est celui-ci que l’on voit adulte dans la troisième partie du film. Ainsi est illustrée l’évolution du statut de l’homosexualité, de sa marginalisation (Bloomsbury, dont faisaient partie les deux sœurs Bell, était un groupe d’artistes marginaux post-aristocratiques) jusqu’à sa relative démocratisation dans un New York contaminé par le sida (l’amie de Richie, Clarissa Vaughan l’éditrice incarnée par Meryl Streep, est elle aussi lesbienne), en passant par ce qu’on pourrait appeler un creux dépressionnaire dans l’Amérique maccarthyste. Où l’on voit l’œuvre du travail que la transmission de nouveaux possibles dans l’imaginaire peut accomplir au cours d’un siècle.. Les enfants d’aujourd’hui grandissent avec cette possibilité d’avoir des conjoints-es ou des partenaires de même sexe; possibilité qui a toujours existé, mais qui n’était pas nommée, qui restait cachée et qui, de ce fait, même lorsque découverte, conservait la marque du tabou.
«Technologie du genre» au même titre que les autres productions de la socioculture, la littérature peut reconduire les modèles identitaires normatifs et conforter le statu quo ou en produire de nouveaux et transformer les représentations –qui, à leur tour, transforment les schémas mentaux. Il s’agit donc de réimaginer les modèles identitaires de genre, et les rapports entre les sexes. Si je n’avais pas peur du ridicule, je parlerais même d’une «ré-ingénierie» de l’articulation entre sexe, genre et sexualité (comme on parle d’une «ré-ingénierie de l’État»). Il s’agit en effet de –je cite wiki, une fois n’est pas coutume– «réorganis[er] un système d’information existant». Système d’information, «appareil sémiotique» (Navarro-Swain, 1998), c’est bien ce qu’est le «système de sexe/genre» (Rubin, 1998: 6), qui nous chacun des éléments se trouvant sur l’axe sexe/genre/désir (Butler, 2005). Et voilà que l’appareil traditionnel, construit sur la binarité, apparaît insuffisant pour traduire la complexité des identités contemporaines, des manières d’être au monde et des rapports humains que ces identités engagent.
Selon Marie-Hélène Bourcier et Alice Molinier, l’un des principaux enjeux actuels du féminisme est précisément de «réduire ses effets excluants» (Bourcier et Molinier, 2012: 11). La lecture de l’autre-lesbienne permet de saper ces effets. Le féminisme a tout intérêt à dénouer les liens entre sexe, genre et désir, pour désenclaver chacune et chacun des contraintes que nous a imposées le patriarcat, et contrer l’homophobie. Et la littérature peut aider à faire ça. Écrire le personnage lesbien, lire le personnage lesbien, lire la penseuse lesbienne, et pas seulement dans nos cours de théories féministes, pas seulement dans nos cours d’écriture des femmes: c’est un activisme qui n’est pas vain.
Références
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BRUNER, Jérôme. 1991. … car la culture donne forme à l’esprit. De la révolution cognitive à la psychologie culturelle, Paris: Eshel.
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FARRUGIA, Francis. 2010. «Socio-anthropologie de la connaissance», SociologieS [En ligne], castroDossier «Émotions et sentiments, réalité et fiction», mis en ligne le 01 juin 2010, En ligne: http://sociologies.revues.org/3140. Consulté le 26 septembre 2014.
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HAMON, Philippe. 1995. «L’épidictique: au carrefour de la textualité et de la socialité», Discours social/Social discourse, vol. 7, n° 3-4, p. 85-90.
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Consulté le 11 mars 2016
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NAVARRO SWAIN, Tania. 1998. «Au-delà du binaire: les queers et l’éclatement du genre», dans Les limites de l’identité sexuelle, sous la dir. de Diane LAMOUREUX, Montréal, Remue-ménage, p. 135-149.
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RUBIN, Gayle. 2001. «Penser le sexe. Pour une théorie radicale de la politique de la sexualité», dans Marché au sexe, Gayle RUBIN et Judith BUTLER, trad. de l’anglais par Éliane Sokol et Flora Bolter, Paris : EPEL, coll. «Les grands classiques de l’érotologie moderne», p.63-134.
______. 1998 [1975]. L’économie politique du sexe. Transactions sur les femmes et systèmes de sexe/genre, trad. de l’anglais par Nicole-Claude Mathieu, Cahiers du Cedref, no. 7.
SALMON, Christian. 2007. Storytelling, la machine à fabriquer des histoires et à formater les esprits, Paris: La Découverte, 239 p.
- 1Par ce déplacement de l’«homo-» vers le «lesbo-», je questionne le rapport du général au spécifique qui efface le féminin de la culture. Dans cet esprit, j’invite lecteurs et lectrices à opérer à rebours la métaphore du tout et de la partie, et d’inclure les gais dans cette mise en avant du lesbianisme.
- 2«Texte littéraire» ayant ici une portée globale, étant entendu comme texte-source: aussi bien dans la chanson, le théâtre, le scénario de cinéma.
- 3Selon l’auteur, «les technologies [du marketing] qui permettent d’écouler les marchandises se sont déplacées en une quinzaine d’années du produit au logo, puis des logos aux stories» (Salmon, 2007: 18).
- 4De: Les Souffrances du Jeune Werther de Goethe, ayant entrainé une identification très forte à ses protagonistes, jusqu’à multiplier les suicides à l’instar du personnage.
- 5Même si la question «Où sont les lesbiennes?» se pose toujours, selon l’intitulé du 4e numéro de la revue Miroir/Miroirs (2014).
- 6Mot-valise forgé par Derrida à partir de «phallocentrisme» et «logocentrisme», ici confondus, et signifiant le fait que la posture d’autorité discursive est pensée comme étant intrinsèquement masculine. La valorisation de la pensée phallologocentrée disqualifie tout ce qui relève de l’affect, associé au féminin.
- 7On tique sur la façon dont elle pose les lesbiennes comme «à l’extrême du spectre de la féminité», mais là n’est pas notre propos.
- 8Le film The Hours (2002), adapté par Stephen Daldry du roman éponyme de Michael Cunningham, figure cela de belle façon: chacune des trois périodes représentées comporte une scène où un enfant voit deux adultes du même sexe s’embrasser: la petite fille de Vanessa Bell voit Virginia et Vanessa s’embrasser sur le bouche; Richie, le fils de Laura Brown (interprété par Julianne Moore) voit sa mère et la voisine s’embrasser; c’est celui-ci que l’on voit adulte dans la troisième partie du film. Ainsi est illustrée l’évolution du statut de l’homosexualité, de sa marginalisation (Bloomsbury, dont faisaient partie les deux sœurs Bell, était un groupe d’artistes marginaux post-aristocratiques) jusqu’à sa relative démocratisation dans un New York contaminé par le sida (l’amie de Richie, Clarissa Vaughan l’éditrice incarnée par Meryl Streep, est elle aussi lesbienne), en passant par ce qu’on pourrait appeler un creux dépressionnaire dans l’Amérique maccarthyste. Où l’on voit l’œuvre du travail que la transmission de nouveaux possibles dans l’imaginaire peut accomplir au cours d’un siècle.