Article d'une publication

Old Men in Love. John Tunnock’s Posthumous Papers

Gabriel Tremblay-Gaudette
couverture
Article paru dans Romans internationaux, sous la responsabilité de Équipe LMP (2007)

Œuvre référencée:

Gray, Alasdair. 2007. Old Men in Love. John Tunnock’s Posthumous Papers, Easthampton: Small Beer Press, 311p.

Présentation de l’œuvre

Résumé de l’œuvre

Fidèle à son habitude, l’écrivain Alasdair Gray créé un roman avec une structure narrative téléscopique fondée sur la stratégie du faux document, où un directeur d’école à la retraite, John Tunnock, est retrouvé mort à son domicile dans des circonstances nébuleuses. L’enquête de la police ne produit pas de conclusions définitives. La plus proche héritière de Tunnock est une femme d’affaire américaine, qui n’a que peu de cas à faire de l’héritage qui lui revient. Elle découvre au logis de son lointain cousin une série de manuscrits, autant de romans inachevés et d’extraits de journal intime. Elle engage l’écrivain écossais Alasdair Gray afin qu’il mette de l’ordre dans ces documents en vue de publication. Le résultat est Old Men in Love, assemblage de ces projets de livres successivement avortés et laissés incomplets, intercalés par des extraits de la vie personnelle de Tunnock, où on découvre qu’il recueillait à son domicile des jeunes femmes entretenant des liens troubles avec des membres du monde interlope. C’est dans les extraits de journal intime que Tunnock évoque les attentats du 11 septembre et la réaction enthousiaste déplacée des habitants de Glasgow, ainsi que sa participation à une marche de protestation contre la guerre en Irak en 2003.

Précision sur la forme adoptée ou sur le genre

Roman à la structure de récits enchâssés formés par les fragments de projets de romans non terminés de John Tunnock et dont le texte principal est fait d’extraits du journal personnel de Tunnock.

Précision sur les modalités énonciatives de l’œuvre

Roman à la structure de récits enchâssés formés par les fragments de projets de romans non terminés de John Tunnock et dont le texte principal est fait d’extraits du journal personnel de Tunnock.

Modalités de présence du 11 septembre

La présence du 11 septembre est-elle générique ou particularisée?

La présence du 11 septembre est particularisée en ceci qu’il en est offert un point de vue externe, à partir d’un personnage écossais qui croit d’abord que les télévisions diffusent en boucle les images d’un film catastrophe (“The TV kept showing what seemed a Hollywood disaster movie” – p. 9). Tunnock décrit comment la population de Glasgow accueille l’événement avec le même enthousiasme que si c’était une victoire de leur équipe de soccer dont il était question. Il suppose que cet enthousiasme est motivé par l’espoit de voir naître de cet attentat une refonte de l’échiquier mondial, des suites imprévisibles qui leur confère une illusion de liberté.

Plus tard, Tunnock prend part à une manifestation dénonçant la participation de l’Angleterre à la guerre d’Irak, mais le compte-rendu qu’en fait l’écrivain permet de comprendre que la grogne populaire est davantage motivée par une insatisfaction généralisée envers Blair que par l’injustice liée à la War on Terror.

Les événements sont-ils présentés de façon explicite?

Les attentats sont évoqués au travers de leur diffusion en direct à la télévision. Au moment même où New York est en plein chaos, la discussion entre Tunnock et son ami intellectuel porte sur les conséquences futures possibles de cet attentat. Peu de cas est fait des victimes et des terroristes.

Quels sont les liens entre les événements et les principaux protagonistes du récit (narrateur, personnage principal, etc.)?

Le protagoniste n’est pas affecté directement par les événements, il se contente d’observer la réaction des habitants de Glasgow et de faire une analyse politique spéculative de la situatuion avec son ami. Par la suite, Tunnock fait la rencontre d’une avocate qui tient des propos flirtant avec la théorie de la conspiration, évoquant les gains politiques et économiques importants engendrés par les puissances occidentales suite aux attentats.

Aspects médiatiques de l’œuvre

Des sons sont-ils présents?

Non

Y a-t-il un travail iconique fait sur le texte? Des figures de texte?

Non

Autres aspects à intégrer

Voici la reproduction complète du passage abordant le 11 septembre 2001 :

Worked all day at University Library on Athenian economics, left late, called in at Tennants. It was buzzing with the communal elation that usually follows Scottish Football victories, though the TV kept showing what seemed a Hollywood disaster movie. I joined the Mastermind who told me suicidal terrorists had made two passenger planes cracsh in the World Trade Center, totally destroying it and killing hundreds. He thought the elation in Tennants resembled the delight of mobs in Berlin, Paris and London who in 1914 cheered the start of the first great modern war – they knew the world would now change unpredicably, which gave them an brief illusion of freedom. I disagreed. The Twin Towers had been the main financial house of an Empire State whose bankers and brokers (according to New York writer Tom Wolfe), think themselves masters of the universe although they do nothing but enrich themselves by manipulating international money makers. They do not care what this does to other nations, but know they control them, and such capitalists should not be perfectly safe. The destroyers of the World Trade Center must have thought like Jorh Byrne and the blacks who attacked the United States armoury in Virginia and those who in 1916 flew the Irish Republic flag above the central Dublin Post Office: they knew they would die but thought their example would change history in a way years of appealing for justice had faile to change it. Mastermind is an old-fashioned Tory since his father was a landowning squire in the north of England. After a thoughful silence he said the atrocity would not even slightly damage Capitalism, which is fully insured against the worst conceivable losses of life and property. The calamity was an act of guerilla warfare by folks without an army and air force to fight the USA – folk from several lands there the USA have propped dictatorships, usually to tel the USA buy natural products cheaply – Iran had been one before the recent war. This propping had been done secretly with British assistance, so most Americans and Britains knew nothing of it. If President Bush reacts by declaring war on much poorer nations another Vietnam situation will arize (sic), which the terrorists probably want. Bush’s richest supporters will want that too, as their wealth gathers interest from an expanding war economy. It will also excuse them from seizing dictatorial powers unthinkable in peace. “Interesting times”, concluded Mastermind, having turned my temporary elation into worry for the future. pp. 9-10

Le paratexte

Citer le résumé ou l’argumentaire présent sur la 4e de couverture ou sur le rabat

Beautifully designed by the author and printed in two colors: you have to handle this book to believe how beautiful it is. You can see the title page and first couple of chapters here1Cette page n’est plus accesible.

Small Beer Press are delighted to publish the first US edition (updated with the author’s corrections from the UK edition) of Alasdair Gray’s latest novel, Old Men in Love: John Tunnock’s Posthumous Papers, a unique melding of humor and metafiction that at once hearkens back to Laurence Sterne yet sits beside today’s literary mash-ups with equal comfort. Old Men in Love is smart, down-to-earth, funny, bawdy, politically inspired, dark, multi-layered, and filled with the kind of intertextual play that Gray delights in.

As with Gray’s previous novel Poor Things, several partial narratives are presented together. Here the conceit is that they were all discovered in the papers of the late John Tunnock, a retired Glasgow teacher who started a number of novels in settings as varied as Periclean Athens, Renaissance Florence, Victorian Somerset, and Britain under New Labour. Fifty percent is fact and the rest is possible, but it must be read to be believed.

(reproduit du site Web de l’éditeur, disponible ici : http://smallbeerpress.com/books/2010/06/08/old-men-in-love-john-tunnocks…) [Cette page n’est plus accessible]

Intentions de l’auteur (sur le 11 septembre), si elles ont été émises

Aucune intention n’a été émise par l’auteur en ce qui a trait au 11 septembre, il se contente de faire parler ses personnages

Citer la dédicace, s’il y a lieu Aucune. Donner un aperçu de la réception critique présente sur le web

N/A

Impact de l’œuvre

Considérée comme une oeuvre mineure dans la carrière d’Alasdair Gray, Old Men in Love ne fait pas partie du canon littéraire du 11 septembre 2001, probablement parce que l’événement occupe une importance marginale dans l’ensemble de l’oeuvre.

Pistes d’analyse

Évaluer la pertinence de l’œuvre en regard du processus de fictionnalisation et de mythification du 11 septembre

Rares sont les oeuvres portant sur le 11 septembre 2001 qui présentent de manière explicite une réaction de joie face aux attentats. Gray est un nationaliste écossais notoire et présente la réaction aux attentats d’une perspective occidentale mais non affiliée étroitement avec les États-Unis, ce qui explique en partie la joie non dissimulée des congénères du personnage John Tunnock. S’il est tout à fait possible d’éprouver un malaise face à une réaction émotive positive face à un attentat terroriste, Gray, faisant preuve de la finesse d’analyse politique qui est sa principale force d’écrivain, tente d’expliquer cette réaction par le biais d’une discussion entre deux personnages. Il est intéressant de noter que Tunnock observe que la cible des attentats n’est pas tant le bâtiment en tant que symbole du capitalisme, mais bien les personnes travaillant dans le World Trade Center, agents importants du capitalisme; ainsi, il ne se borne pas à une interprétation symbolique des événements mais considère le geste des terroristes comme un meurtre ciblé et non comme une déclaration de guerre visant un symbole arrogant de la domination économique occidentale. La distance géographique d’avec le site des attentats permet aux deux protagonistes de dépasser rapidement la réaction émotive pour procéder immédiatement à une analyse clinique des attentats, en le considérant dans une perspective historique par le biais de comparaisons avec des événements ultérieurs aux motifs semblables. Les commentaires spéculatifs sur les conséquences prochaines des attentats sont très justes, mais puisque le roman a été publié en 2007 il n’est pas difficile de comprendre la manière dont Gray a pu faire tenir des propos si prophétiques à ses personnages – il était au fait des suites de 9/11.

Il n’en demeure pas moins qu’il est inhabituel, dans la littérature du 11 septembre, de lire une scène ou une frange de la population exprime aussi ouvertement une certaine satisfaction face aux événements. Il est même curieux de lire, au terme de la citation retrascrite plus haut, le narrateur exprimer que l’analyse des conséquences de l’attentat, soit la futilité éventuelle de cette provocation guerrière servant la cause des États-Unis, a pour effet de tempérer son élation pour la remplacer par une crainte des événements à venir. On peut spéculer que pareille réaction en partie émotive positive en partie analytique n’est rendue possible que par le détachement national et politique du personnage, écossais et socialiste. Il est au final intéressant de voir mis en fiction une réaction de joie face aux attentats, qui a probablement eu lieu chez certains individus mais qui n’a pas quitté leur for intérieur.

Donner une citation marquante, s’il y a lieu

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Noter tout autre information pertinente à l’œuvre

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Image de couverture

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