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Nicole Brossard, le je en mouvement, l’exploration de l’intime
Nicole Brossard se définit comme écrivaine à partir des années 80 (après une période où l’engagement indépendantiste et l’engagement féministe l’ont emporté), et c’est dans cette décennie que son écriture se transforme. Le je réapparaît alors, devient objet d’analyse et la voix intime s’exprime. Dans son oeuvre poétique de la décennie 90 et du début des années 2000, la fascination de l’ailleurs pousse le sujet à se déplacer et à s’engager dans un face à face avec des lointains, non seulement avec des paysages -urbains ou sauvages, méridionaux ou nordiques-, mais aussi avec l’art et avec des langues diverses.
Après une brève analyse de l’évolution de son oeuvre poétique des années 60 aux années 80, nous allons étudier comment se construit le retour au lyrisme à partir de la fin de la décennie 80. Nous étudierons la cartographie de l’intime et aussi l’expérience du silence, de la solitude et du dialogue dans des espaces de l’ailleurs, et la façon dont les paysages et les musées notamment deviennent des espaces où le je s’interroge, dans une convergence de sensations, de sentiments et de quête de sens. Nous analyserons également le processus de traduction dans lequel le je s’engage, traduction des paysages et de l’art, et nous verrons comment il intègre les langues étrangères, attiré qu’il est par la traduction, la «transformance», le «déguisement linguistique».