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New York en plein cœur. De la double catastrophe dans «25th Hour» de Spike Lee
On connaît surtout le réalisateur Spike Lee pour son exploration des problématiques sociales et identitaires, notamment celles qui touchent la population afro-américaine. De façon générale, et nonobstant les qualités cinématographiques indubitables de celles-ci, des œuvres comme «Do The Right Thing» (1989), «Jungle Fever» (1991) ou «Malcom X» (1992) traduisent une vision plus ou moins manichéenne de la réalité sociale américaine dans laquelle Noirs et Blancs, riches et pauvres, hommes et femmes, luttent, les uns pour la préservation des droits, les autres pour leur conquête. Néanmoins, le cinéaste natif d’Atlanta a su prouver qu’il était également capable de plus de nuances sur le plan discursif. «25th Hour» en est un probant exemple. Délaissant le schéma dichotomique qu’il aura fréquemment exposé au grand écran, Lee fait alors le pari d’utiliser, comme prétexte à ce drame intimiste, un événement traumatique à portée universelle, les attentats du 11 septembre. L’intérêt de reprendre, par les ressorts de la fiction, l’une des pires catastrophes de l’histoire des États-Unis, est étayé par le caractère, en un sens au moins, fort peu discriminatoire de l’événement.