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New York City After the Fall
Œuvre référencée: Hiller, Geoffrey. 2002. New York City After the Fall. Œuvre d’art web accessible via Wayback Machine1https://web.archive.org/web/20070302230702/http://www.hillerphoto.com/nyc/ [Page consultée le 4 août 2023]
Présentation de l’œuvre
Résumé de l’œuvre
New York City After the Fall de Geoffrey Hiller est un montage de diaporamas d’images montrées en mosaïque et accompagnées de petites phrases poétiques qui soulignent le sentiment d’angoisse qui domine les images. Ce sentiment est également répercuté par la bande sonore de l’œuvre qui se présente comme un fond continu de bruits de ville sur une musique lente qui répète quelques notes. Le son des sirènes de voitures de polices ou de pompiers arrive et repart en fondu enchaîné tout comme les images qui se construisent et se déconstruisent en fondu au noir. Chaque mosaïque se développe autour d’un carré représentant le portrait d’une personne présente dans l’image. Ces images se forment et s’effacent dans un mouvement lent, régulier et sans arrêt. Au-dessous d’elles quelques phrases apparaissent et disparaissent au rythme des images, des phrases poétiques et interrogatives quant à l’ampleur du traumatisme des attentats du 11 septembre sur le quotidien des new-yorkais.
Précision sur la forme adoptée ou sur le genre
Œuvre d’art web
Précision sur les modalités énonciatives de l’œuvre
La construction de l’œuvre est fragmentée autour d’un thème principal qui est l’angoisse au quotidien à New York depuis 11 septembre 2001.
Modalités de présence du 11 septembre
La présence du 11 septembre est-elle générique ou particularisée?
La présence du 11 septembre est générique dans cette œuvre. Même si l’on peut se demander la part d’interprétation qu’imposent les auteurs de l’œuvre aux images captées dans les rues de New York, chaque image et chaque texte qui l’accompagne sont tournés autour de l’angoisse qu’ont déclenché les attentat du 11 septembre 2001. L’attentat en lui-même n’est pas représenté, ce sont ses conséquences qui sont exposées.
Les événements sont-ils présentés de façon explicite?
Les événements du 11 Septembre ne sont pas directement représentés. Ils sont évoqués comme souvenir et point de trauma. Ils motivent l’expression d’une angoisse latente, centre et motif premier de cette œuvre.
Moyens de transport représentés: Des moyens de transports sont représentés de deux façons. D’une part les photos prises dans les rues de New York laissent entrevoir en arrière-plan, pour beaucoup d’entre elles, des voitures, cela donne l’ambiance de la ville.
D’autre part, la bande sonore laisse entendre comme un leitmotiv les sirènes des voitures de police et celles des pompiers de la ville, comme un signe de réminiscence des attentats.
Moyens de communication représentés: Ni les médias, ni les moyens de communication ne sont représentés.
Quels sont les liens entre les événements et les principaux protagonistes du récit (narrateur, personnage principal, etc.)?
Les personnages de cette œuvre semblent aussi en être les narrateurs. Le point de vue est démultiplié pour exposer l’angoisse générale qui hante les habitants de la ville de New York quelques mois après les attentats. C’est surtout le regard de chacun des personnages photographiés qui détermine le sentiment exposé. Ce regard (et l’expression que l’on peut en dégager) est appuyé par les phrases au bas des images. La narration se fait en mosaïque, par fragments, tout comme le mode d’exposition des images, chacune des photos et des personnes photographiées apportant leur regard et leur point de vue, leurs réactions et leur assimilation des événements, comme si chacun se sentait à la fois victime potentielle et rescapé de ces événements. Les attentats du 11 septembre 2001 semblent habiter chaque carré de photo présenté, chaque bout de la trame sonore et chaque regard exposé.
Aspects médiatiques de l’œuvre
Des sons sont-ils présents?
Les sons font partie de la diégèse de l’œuvre. Ils inscrivent le rythme de la ville et répercutent le sentiment d’angoisse que semblent représenter les images. Les sons constituent la trame de fond de l’œuvre, ils forment son unité et travaillent son sens.
Une même trame sonore se poursuit durant l’ensemble de l’œuvre. Cette trame se compose d’une musique lente de quelques notes toujours répétées et des bruits de la ville qui semblent aller et venir selon leur intensité sonore. Dans les bruits de la circulation urbaine, se détache par intermittence le son des sirènes des voitures de police ou de pompier.
Y a-t-il un travail iconique fait sur le texte? Des figures de texte?
On peut parler ici d’un travail iconique pour le texte sous les images. Chaque portion de phrase apparaît au fur et mesure que se développe la photographie. Les phrases, mots ou portions de phrases semblent ainsi se développer comme une pensée à laquelle réfléchirait le protagoniste de l’image. Le sens des phrases reprend également certains aspects ou éléments représentés dans les photographies. Les phrases et les images se répondent et s’éclairent ainsi mutuellement.
Autres aspects à intégrer
N/A
Le paratexte
Citer le résumé ou l’argumentaire présent sur la 4e de couverture ou sur le rabat
Voici le poème qui se déroule lorsqu’on ouvre la première page de l’œuvre:
Dust now settled
in the shadows of memory,
we heed the alarm
and rise to face a new day.Sorrow clouds the mind
as we struggle with the reason.Eyes open,
leery of what we might see,
we move forwardwith honor and love
in our hearts
Intentions de l’auteur (sur le 11 septembre), si elles ont été émises
“A moving elegy to New Yorkers moving on with their lives amid the physical and emotional wreckage of this earth-shaking event. The Oregonian Critic’s Choice gave this web documentary a strong review and hailed it as a “new hope in the cottage industry of tragedy reflections … this is one of the more rewarding post 9/11 enterprises and should not be missed.” Writer Tom Vandel, sound designer Heather Perkins and Flash programmer Peter Sylwester all contributed to this project.” — Geoffrey Hiller2https://web.archive.org/web/20080827161224/http://www.hillerphoto.com/projects.htm [La page est partiellement accessible (Flash Player désuet). Page consultée le 4 août 2023]
Citer la dédicace, s’il y a lieu
«In the memory of Bill Biggart»
Donner un aperçu de la réception critique présente sur le web
Sites recensant l’œuvre:
- https://web.archive.org/web/20100612194941/http://911digitalarchive.org/guide.php?detail=334 [Page consultée le 4 août 2023]
- http://www.bornmagazine.org/mother.html [La page n’est plus accessible.]
- https://web.archive.org/web/20080706155243/http://www.digital-web.com/news/2002/04/02_11_48 [Page consultée le 4 août 2023]
- https://web.archive.org/web/20080725020437/http://www.photomediagroup.com/archive/2002-fall/peopleInTheIndustry.html [Page consultée le 4 août 2023]
- https://web.archive.org/web/20060506191150/http://roguelibrarian.com/diary/235 [Page consultée le 4 août 2023]
- https://web.archive.org/web/20080113043826/http://apps.exploratorium.edu/10cool/index.php?cmd=browse&category=18 [Page consultée le 4 août 2023]
Impact de l’œuvre
L’œuvre est toujours visible et toujours citée depuis 6 ans.
Pistes d’analyse
Évaluer la pertinence de l’œuvre en regard du processus de fictionnalisation et de mythification du 11 septembre
L’œuvre travaille évidemment le processus de mythification du 11 septembre 2001, l’événement devenant la figure de l’angoisse qui tient les New-Yorkais dans leur quotidien. L’œuvre analyse ainsi la présence des événements du 11 septembre au plus profond du quotidien. Elle travaille cet événement comme une figure, c’est-à-dire qu’elle ne donne pas à voir l’événement même mais ce qu’il représente: son impact, sa résonance dans la vie de tous les jours des habitants de New York.
La théorie d’une image «cache» vient notamment des écrits sur la télévision de Serge Daney (voir Le Salaire du zappeur par exemple). Dans Violencia, c’est le rythme même de l’œuvre qui permet d’enclencher cette proposition de réflexion. Il me semble que, de ce point de vue, le rythme prend une importance capitale, il représente en quelque sorte non seulement la visibilité des événements mais aussi, et surtout, notre possibilité de les voir. Un événement est visible dans la mesure où l’on peut le capter, il ne s’agit pas seulement de son passage sur les ondes télévisuelles, ou web, mais plutôt de la possibilité donnée au spectateur de le comprendre (de le faire sien). Cette compréhension passe, entre autre, par le temps d’exposition de l’événement qui détermine notre capacité à le voir et à l’intégrer à notre quotidien, ou tout du moins nos pensées pour un temps. Qui n’a pas pensé, ne serait-ce quelques minutes, au 11 septembre? Par leur présence médiatique, les images de cet événement nous ont habités et nous habitent toujours. Violencia s’arrête donc sur les tours du World Trade center, sous la foudre et sous le coup des attentats, avec une image vidéo qui semble tournée au ralenti. À la suite de ces fragments défilent à une vitesse qui rend les images invisibles, comme indiqué plus haut, d’autres fragments portant sur d’autres événements qui restent mystérieux. Ces fragments, et donc ces événements, n’ont pas le temps d’entrer dans notre champ de vision et nous n’avons pas le temps de les comprendre. Comme si le temps accordé à la représentation de la violence avait été entièrement pris par la médiatisation du 11 septembre. La violence du 11 septembre, c’est donc aussi ce que cet événement sur-médiatisé a empêché de rendre visible.
Donner une citation marquante, s’il y a lieu
N/A
Noter tout autre information pertinente à l’œuvre
N/A
- 1https://web.archive.org/web/20070302230702/http://www.hillerphoto.com/nyc/ [Page consultée le 4 août 2023]
- 2https://web.archive.org/web/20080827161224/http://www.hillerphoto.com/projects.htm [La page est partiellement accessible (Flash Player désuet). Page consultée le 4 août 2023]