L’imaginaire du lecteur de romans québécois

On ne se questionne plus, depuis longtemps, sur l’originalité du roman québécois, mais on s’inquiète périodiquement de sa visibilité et de son accueil. Malgré le succès de plusieurs oeuvres, les conditions de diffusion et de réception suscitent toujours quelques craintes chez les éditeurs et les libraires, lesquels parient sur le marché du livre et sur la composition du lectorat. La dimension imaginaire du roman contemporain n’est pas exclue de ce pari, puisqu’elle rejoint les attentes du lectorat. Il reste inhabituel de s’intéresser à l’imaginaire romanesque selon le point de vue du lecteur. Tout lecteur n’a-t-il pas des attentes, des connaissances et des expériences personnelles? Existerait-il quelque essence du roman québécois qui en déterminerait l’usage? N’y a-t-il pas une pluralité d’oeuvres contemporaines, irréductibles à une forme, à un thème ou à un courant littéraire? La diversité d’origine des écrivains et la portée universelle des thèmes qu’ils abordent ne signaient-elles pas, justement, l’irréductibilité de l’imaginaire à un environnement culturel?