Article d'une publication

Like Son

Chloé Tazartez
couverture
Article paru dans Romans états-uniens, sous la responsabilité de Équipe LMP (2007)

Œuvre référencée: Lemus, Felicia Luna (2007), Like Son, New York, Akashic Books, 266p.

Disponible sur demande (Fonds Lower Manhattan Project au Labo NT2)

Présentation de l’œuvre

Résumé de l’œuvre

Frank est parti à New York pour refaire sa vie depuis le début. Enfant de parents divorcés, violé par son beau-père, Frank s’appelait, à sa naissance, Francisca. Séparé de son père pendant plusieurs années, il va tout de même s’en occuper jusqu’à la fin. Il reçoit en héritage la photo d’une jeune femme qui aurait été l’amante de sa grand-mère, Nahui Olin, une artiste mexicaine du début du XXè siècle.

Hanté par la mort de son père ainsi que par la photo de Nahui, Frank va tomber amoureux de Nathalie. Ils vivent le parfait amour à New York jusqu’aux attentats du 11 septembre. Nathalie décide de se porter volontaire pour aider sur le site de Ground Zero. Son attitude change, elle est plus taciturne, mais ne parle jamais de ce qu’elle ressent ni de ce qu’elle voit là-bas. À deux reprises, elle fugue, laissant un mot à Frank lui promettant de l’appeler, sans préciser à quel moment. Lorsqu’elle réapparaît, ils ne parlent pas des raisons qui l’ont poussée à s’enfuir, ni des endroits où elle est allée.

Rempli de non-dits et de sous-entendus, ce roman s’inscrit en négatif à l’ombre des deux tours disparues.

Précision sur la forme adoptée ou sur le genre

Roman

Précision sur les modalités énonciatives de l’œuvre

Narration à la première personne avec focalisation interne sur le personnage de Frank.

Modalités de présence du 11 septembre

La présence du 11 septembre est-elle générique ou particularisée?

La présence du 11 septembre est particularisée. Il est question essentiellement du crash des avions dans les tours du World Trade Center, que Frank et Nathalie apprennent par les informations télévisées.

Les événements sont-ils présentés de façon explicite?

Les événements sont présentés de façon explicite, mais ils ne sont pas décrits pas à pas. Nous avons accès surtout à la réaction de Nathalie, qui se met à trembler devant la télévision, et à l’absence de réaction de Frank, qui affirme ne rien ressentir. Les attentats sont décrits en ces termes: « the country’s most important city collapsed less than three miles south of our repose. » (p.118). Il est beaucoup plus question des réactions des voisins, des bruits de sirènes et du malaise qui s’installe dans le couple après les attentats, mais aucun lien direct ne relie la crise que traverse le couple au 11 septembre.

ii) Des moyens de transport sont-ils représentés? Quelle est leur fonction? Sont-ils simplement évoqués ou mis en scène? Pas de mise en scène de moyens de transport.

iii) Les médias ou les moyens de communication sont-ils représentés? Quelle est leur fonction? Sont-ils simplement évoqués ou mis en scène? Les personnages apprennent ce qui s’est passé au World Trade Center à travers les médias, mais ceux-ci ne sont pas mis en scène.

Quels sont les liens entre les événements et les principaux protagonistes du récit (narrateur, personnage principal, etc.)?

Les attentats du 11 septembre marquent un tournant dans la relation de couple de Frank et de Nathalie, tournant qui se matérialise notamment par les cris que pousse Nathalie toutes les nuits après les attentats et qui les empêchent d’avoir une bonne nuit de sommeil.Frank est complètement insensible aux événements. Il est horrifié, mais cela n’altère pas son quotidien. Il est plus préoccupé par son manque de sommeil et par l’état de Nathalie. Il avoue d’ailleurs ne pas vouloir se rendre sur le site, alors que Nathalie se porte tout de suite volontaire pour donner un peu d’aide. Chacun représente une façon particulière de réagir à l’événement: là où Nathalie extériorise tout en tremblant, en criant, en ayant l’impression de suffoquer devant sa télévision, Frank intériorise tout : il ne parle pas de ses sentiments, bien au contraire, il finit par prendre la prescription de somnifères de Nathalie pour justement ne rien ressentir. Les attentats ouvrent la seconde partie du roman qui s’inscrit sous leur égide. On sent à la lecture de la deuxième partie que leur vie est marquée par le 11 septembre, mais on ne sait pas de quelle manière. Ils deviennent très rapidement le non-dit. Ils sont très probablement la cause des fugues de Nathalie, mais elle ne s’en explique jamais.

Aspects médiatiques de l’œuvre

Des sons sont-ils présents?

Pas de son.

Y a-t-il un travail iconique fait sur le texte? Des figures de texte?

Pas de travail iconique.

Autres aspects à intégrer

N/A

Le paratexte

Citer le résumé ou l’argumentaire présent sur la 4e de couverture ou sur le rabat

« Set amidst the outsider worlds of present-day downtown New York, 1990s Los Angeles, and 1940s Mexico City, Like Son is the not-so-simple story of a father, a son, and the love-blindness shared between them.

Meet Frank Cruz : a post-punk, sardonic thirty-year-old who unwittingly inherits his dead father’s legacy. Born a bouncing baby girl named Francisca to parents tangled in a doomed love affair, Frank grows up in both the poorest barrios and poshest hills of Southern California. A defiant loner, Frank leaves home at the age of eighteen for the big city, but is instead sucked  back into helping his estranged and blind father navigate an untimely death. On his deathbed, Frank’s father gives him a mysterious crumbling photograph of a woman with a stunning gaze : Nahui Olin, a fierce member of the early-twentieth-century Mexican avant-garde who once brought tragedy upon  the Cruz family.

Punctured to his score by Nahui, Frank takes her portrait and flees to New York City to start a anew – this time for real. There he meets eccentric, gorgeous, and sharp-tongued Nathalie. The two fall in love, but after seven years of happy-go-lucky life together, in September 2001 the New York skyline tumbles, and Frank finds himself smack in the middle of his predestined fate. »

Intentions de l’auteur (sur le 11 septembre), si elles ont été émises

« Your novel blends fiction and reality, could you say a little bit more about that please?

I’m very interested in stories that are pushed into dark shadows in order to allow ‘reality’ to shine brightly. Much of what we understand to be real is as much a construct as is fiction. We employ narrative strategies to tell and document our truths same as we do to create our fables. While I want to respect what is established historical fact, I also want to dig around the edges, peel back layers, critically examine and expand the entire notion of truth.
Frank’s family has closets full of skeletons that have been edited out of his family’s version of reality. Similarly, for over half a century Nahui Olin’s importance in the early 20th century international avant-garde was swept under the rug. Like Son brings these deletions to the centre and shines a spotlight on them1http://www.rainbownetwork.com/UserPortal/Article/Detail.aspx?ID=19372&sid=59 (La page n’est plus accessible.) . »

Citer la dédicace, s’il y a lieu

“For T.”

Donner un aperçu de la réception critique présente sur le web

http://genderqueerchicago.blogspot.com/2010/09/book-review-like-son-by-felicia-luna.html [Page consultée le 8 septembre 2023 via WayBack Machine, URL modifiée]

http://www.gomag.com/article/books_like_son/ [Page consultée le 8 septembre 2023 via WayBack Machine, URL modifiée]

http://labloga.blogspot.com/2007/12/review-felicia-luna-lemus-like-son.html [Page consultée le 8 septembre 2023 via WayBack Machine, URL modifiée]

http://www.bookslut.com/features/2007_06_011231.php [Page consultée le 8 septembre 2023 via WayBack Machine, URL modifiée]

http://www.gaydarnation.com/UserPortal/Article/Detail.aspx?ID=19371&gnbox_cn=0&gnbox_ca=2 [La page n’est plus accessible.]

Impact de l’œuvre

L’impact m’est inconnu.

Pistes d’analyse

Évaluer la pertinence de l’œuvre en regard du processus de fictionnalisation et de mythification du 11 septembre

La place du 11 septembre dans ce roman est très étrange. Les attentats ouvrent la seconde et dernière partie du livre, mais ils ne sont pas du tout décrits. Ce qui compte, ce sont les réactions des personnages, le dérèglement dans leur quotidien. D’un premier abord, les attentats semblent donc très vite évacués. Il n’est pas question des pompiers, ni des disparus, ni des portraits of grief. Mais si l’on creuse un petit peu, il est très probable qu’ils influent sur le cours de la vie de Frank et de Nathalie. Frank affirme que leur vie a changé depuis le 11 septembre. Nathalie commence à les réveiller en pleine nuit par des cris stridents et, à deux reprises, elle part sans dire un mot, promettant seulement d’appeler et de revenir. À son retour, elle n’aborde pas du tout son absence. Frank n’analyse rien de ce qui leur arrive, il est focalisé entièrement sur Nathalie et devient un zombie lorsqu’elle est loin de lui. Pendant la deuxième fugue de Nathalie, juste avant de la retrouver, Frank décide de régler ses histoires avec ces vieux fantômes que sont ses parents : il retourne voir sa mère qui ne lui ouvre pas la porte. Il finit par déposer sur le palier le paquet de lettres formant la correspondance amoureuse qu’elle a écrite à son père. Ensuite, il enterre les vêtements de son père et lui dit adieu. Il retrouve Nathalie plus fort, tourné vers le futur, prêt à l’aider à affronter ses propres fantômes qui semblent plus se trouver dans ce qu’elle a vu à Ground Zero.

Sans aller jusqu’au mythe, les attentats du 11 septembre 2001 rôdent dans l’ombre de cette histoire d’amour, transformant leur présent de manière indéfinissable. Ils se trouvent dans les silences, dans les disparitions de Nathalie, dans les blancs de l’écriture mais jamais de façon très explicite. Ils forment une toile de fond pour toute la deuxième partie du roman, une toile problématique mais pas problématisée. Nathalie s’est portée volontaire pour aider sur le site de Ground Zero juste après des attentats. Traumatisée par ce qu’elle y a vue, elle n’y est allée qu’une seule fois. Mais jamais elle ne fait part à Frank de ce dont elle a été témoin, ce qui le rassure car il craint ce qu’elle pourrait lui raconter. Rôdeur, toile de fond, ombres, fantômes, tous ces termes correspondent à la représentation des événements du 11 septembre 2001 dans ce roman. Au lecteur d’y accorder l’importance qu’il souhaite concernant le reste de l’intrigue, de creuser les ombres ou bien de les aplanir. Cet aspect donné aux attentats en fait un symbole du doute, de l’indécis, de l’insaisissable. Le lecteur est constamment en train de se demander s’il n’exagère pas l’importance du 11 septembre dans le déroulement du roman ou bien s’il le sous-estime. Ce doute semble faire écho à l’incrédulité face à la violence traumatique de l’événement : est-il possible que les attentats du World Trade Center aient pu réellement avoir lieu ?

Donner une citation marquante, s’il y a lieu

« September 11, 2001. The crisp blue sky came tumbling down and yet, somehow, Nat and I slept like babies well past noon. Neither of us had jobs to head off to that day, so we remained asleep and comfy cozy in bed as the southern tip of what was arguably the country’s most important city collapsed less than three miles south of our repose. How we didn’t hear the sirens and helicopters and neighbors’ screams of shock as they watched the news, how we’d dreamed of sugar plum fairies through it all, I’ll never understand. But we did. We slept. Beautifully. Peacefully. And it was a good thing we did, because that would be the last time we’d wake rested for a very long time to come. » (p.117-118)

Noter tout autre information pertinente à l’œuvre

N/A

Couverture du livre

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    http://www.rainbownetwork.com/UserPortal/Article/Detail.aspx?ID=19372&sid=59 (La page n’est plus accessible.)
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