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«Le Fantasque» de Napoléon Aubin: mutation du genre utopique et jeux de mascarades
Le Fantasque de Napoléon Aubin paraît dans une des périodes les plus effervescentes de la vie politique canadienne, soit entre 1837 et 1845. Le ton libertaire de l’épigramme du journal annonce bien son style, qui se démarque nettement de la prose lourde et grave des autres journaux de son temps. Dans le paysage plat de notre littérature du XIXe siècle, l’écriture brillante de cet écrivain irrévérencieux a de quoi étonner. La lecture du Fantasque nous fait découvrir une oeuvre métissée, tissée d’intertextualités, oeuvre d’une grande érudition qui fascine par ses procédés habiles de séduction et de déstabilisation du lecteur. Le satiriste Aubin s’amuse à fustiger la bêtise humaine et à parodier les auteurs qu’il aime, pour ne nommer que Voltaire, Swift et Cyrano de Bergerac. Aubin a une imagination foisonnante, il adore les effets de grossissement, d’exagération, les longues énumérations d’images farfelues qui visent à faire sourire ses lecteurs et surtout… ses lectrices… Il a toujours un petit mot pour charmer les femmes. Napoléon Aubin séduit par son mélange hybride de foi et de dérision, d’esprit utopique et de scepticisme.