Article d'une publication

Le Dernier beau jour

Patrick Tillard
couverture
Article paru dans Romans états-uniens, sous la responsabilité de Équipe LMP (2007)

Œuvre référencée: Blauner, Peter (2006), Le Dernier beau jour, Paris, Éditions du Seuil, 502p. [Blauner, Peter (2003), The Last Good Day, New York, Little Brown, 432p.]

Disponible sur demande — traduction française (Fonds Lower Manhattan Project)

Présentation de l’œuvre

Résumé de l’œuvre

15 jours après le 11 septembre 2001, plusieurs personnes s’apprêtent à prendre le train de banlieue qui les conduira à New York. Mais de la gare de Riverside, un corps est aperçu dans le fleuve Hudson, le corps d’une femme décapitée. On découvre très vite qu’il s’agit de Sandi, une amie de Lynn.

L’enquête devient un champ de réactions entre Barry, le mari de Lynn, dont la compagnie est par ailleurs en difficulté, Michael, ancien petit ami de Lynn devenu policier, la famille de Sandi, les relations de cette banlieue tranquille où tout semble basculer à cause du meurtre et des enjeux politiques des prochaines élections, le shérif étant noir dans une banlieue plutôt blanche.

Le roman propose une lente remontée de mémoires individuelles qui mettent en lumière des événements anciens et présents qui s’entrechoquent autour du sujet unificateur de l’enquête. L’enquête progresse entre déséquilibres et rythmes différents, décrivant des hommes et des femmes sans clarté, ayant tous et toutes un univers caché dont le centre semble faire défaut ou être en voie de disparition. Quelque chose bouge dans ce commerce entre les êtres et dans ce jeu de perspectives auxquels se livre le roman, le monde de la vérité, de la sincérité se perd et la substance de cette perte demeure inépuisable : chacun est livré à soi-même et doit choisir sa voie. Elle peut être une perte ou une substance accumulée, peut-être non dévaluée. Le roman formule un certain scepticisme sur toute chose et particulièrement sur la sensibilité humaine. Des destins se croisent, parfois tragiquement, sans se rencontrer ; la vie aussi joue des tours et éparpille le bilan.

Précision sur la forme adoptée ou sur le genre

Roman policier.

Précision sur les modalités énonciatives de l’œuvre

Roman polyphonique.

Modalités de présence du 11 septembre

La présence du 11 septembre est-elle générique ou particularisée?

La présence du 11 septembre 2001 est évoquée avec la participation de Mike, le policier, au sauvetage et au déblaiement après la chute des tours et les réflexions de Barry sur l’événement.

Le roman ne traite pas spécifiquement des attentats, il s’inscrit dans l’après en y faisant parfois référence comme présence sourde.

Les événements sont-ils présentés de façon explicite?

Les événements sont simplement abordés, ne constituant jamais un des éléments majeurs du roman.

Attitude face aux événements: Pour les personnages Mike et Barry, désarroi et colère, incrédulité et volonté de faire front. Mike a été volontaire pour se rendre sur le site des attentats et collaborer aux secours.

Moyens de transport représentés, leurs fonctions : Aucun n’est significatif.

Les médias et les moyens de communication représentés, leurs fonctions: Lynn est photographe artistique. L’image est l’un des thèmes principaux du roman (voir citation).

Quels sont les liens entre les événements et les principaux protagonistes du récit (narrateur, personnage principal, etc.)?

Mike, le policier, a été volontaire après la chute des tours pour participer aux efforts de secours. Barry Shulman compte ceux qui manquent (4 personnes) dans la petite ville de Riverside et voit toujours les corps tomber dans sa tête. Le point de vue est individuel.

Aspects médiatiques de l’œuvre

Des sons sont-ils présents?

Aucun son.

Y a-t-il un travail iconique fait sur le texte? Des figures de texte?

Aucun travail iconique sur le texte.

Autres aspects à intégrer

N/A

Le paratexte

Citer le résumé ou l’argumentaire présent sur la 4e de couverture ou sur le rabat

Quinze jours après les attentats du 11 septembre, Barry Schulman, un avocat de quarante-huit ans, attend le train pour New York à la gare de Riverside lorsqu’un cadavre sans tête s’échoue sur la berge de l’Hudson, juste en dessous du quai. L’enquête est confiée à l’inspecteur Michael Fallon. Tout pourrait se résoudre vite si celui-ci ne cachait pas des choses à son supérieur, Harold Baltimore, le premier Noir à diriger le commissariat de la ville, et si, pire encore, Fallon ne tentait pas de reconquérir son ex-petite amie Lynn par un chantage des plus retors.

Lorsqu’on découvre que le cadavre est celui de Sandi Lanier, la meilleure amie de Lynn, l’histoire vire peu à peu à la pire des tragédies.

Intentions de l’auteur (sur le 11 septembre), si elles ont été émises

Inconnues à ce jour (07/2007).

Citer la dédicace, s’il y a lieu

Ce livre est dédié à Peggy
Et à Mac et Mose

Donner un aperçu de la réception critique présente sur le web

http://www.fantasticfiction.co.uk/b/peter-blauner/ [Page consultée le 8 septembre 2023 via WayBack Machine, URL modifiée]
http://cuneipage.over-blog.com/article-3762618.html [La page n’est plus accessible.]
http://en.wikipedia.org/wiki/Peter_Blauner [Page consultée le 8 septembre 2023]
http://www.bookreporter.com/reviews/0316098736.asp [Page consultée le 8 septembre 2023 via WayBack Machine, URL modifiée]

Impact de l’œuvre

Inconnu pour le moment (07/2007).

Pistes d’analyse

Évaluer la pertinence de l’œuvre en regard du processus de fictionnalisation et de mythification du 11 septembre

Bien que le roman ne traite pas spécifiquement du 11 septembre 2001, deux des personnages se sont confrontés aux attentats à des degrés divers. Une confirmation : pour cette période temporelle, il est difficile, voire impossible, d’écrire un roman populaire sur New York sans faire référence aux attentats ou installer la participation plus ou moins proches de quelques personnages aux événements.

On assiste ici à une forme de banalisation par la littérature qui permet au mythe d’essaimer dans des perspectives diverses qui restent à analyser. Toutefois, on ressent, à la lecture, l’atomisation des consciences qui semblent livrées à elles-mêmes, et des valeurs morales en pleine déshérence, la description d’un lieu nouveau où les jeux innocents n’ont plus cours même au niveau de l’enfance.

Les retombées du 11 septembre 2001 continuent d’être singulièrement déconcertantes : un repli sur soi, la systématique de l’instant, ombres et lumières devenues pures contraintes dans une société où tout flanche et chancelle.

Encore une fois, seule l’administration, ici la police, semble en état de marquer son territoire. Mais la résolution du meurtre et des enquêtes connexes ne viendra pas directement d’elle.

Toute relation d’alliance entre les êtres a disparu et le mythe du 11 septembre 2001 s’édifie sur cette séparation, sur un repli autistique sur soi, sur la déception et l’effondrement des valeurs morales que chacun croyait pérennes.

L’image, la belle image photographique, exerce aussi dans ce roman une dangereuse et irrépressible fascination qui contribuera à dénouer l’enquête. Dans le déploiement du mythe du 11 septembre 2001, l’omniprésence de l’image, l’interrogation sur sa séduction et ses capacités ambiguës de monstration, soumet de force les regards et les consciences.

Donner une citation marquante, s’il y a lieu

Tu sais quand j’étais dans les gravats de Ground Zero, y avait des tas de photographes un peu partout, dit-il doucement. T’avais plein de types dans des véhicules de secours qu’essayaient encore de voir s’ils pouvaient sauver des vies, des pompiers qui trouvaient des morceaux de corps et des pistolets de flics qui tiraient dans la chaleur… mais y avait aussi toutes sortes de parasites avec des Nikon. Je me rappelle avoir vu le bras d’un pompier dépasser d’un tas de gravats et avoir essayé de trouver quelqu’un qui pourrait m’aider à le sortir, alors je me tourne… et y a une espèce de salope qui me fait partir un flash, en pleine poire ! Je te jure que j’ai failli lui en coller un.
(p. 180)

Noter tout autre information pertinente à l’œuvre

Notice bibliographique:

  • Slipping into darkness, 2006.
  • The last good day, 2003.
  • Man of the hour, 2000.
  • The intruder, 1997.
  • Casino Moon, 1996.
  • Slow motion riot, 1992.

Site de l’auteur : http://www.peterblauner.com/

Couverture du livre

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