Article d'une publication

Le 11e jour

Patrick Tillard
couverture
Article paru dans Bandes dessinées et romans graphiques, sous la responsabilité de Équipe LMP (2007)

Œuvre référencée: Revel, Sandrine (2002), Le 11e jour, Paris, Delcourt, 47p.

Disponible sur demande (Fonds Lower Manhattan Project au Labo NT2)

Présentation de l’œuvre

Résumé de l’œuvre

11 septembre 2001: Sandrine effectue son premier voyage à New York avec son père Gérald et une amie. Elle ne parle pas l’anglais. Le souvenir de son frère Stéphane mort récemment l’obsède et l’habite en permanence. Elle se rend pour visiter le Muséum d’histoire naturelle le 11septembre 2001, mais il est fermé. À 10h15 elle traverse un Central Park désert. Elle voit, au dessus de Manhattan, l’écroulement des deux tours. Elle s’évanouit alors que le souvenir de son frère et les personnes mortes dans les tours s’amalgament. C’est finalement le souvenir de son frère qui l’interpelle pour la ramener du côté des vivants.
De retour à l’hôtel, Sandrine, son père et son amie tentent de rentrer en France, mais l’aéroport JFK est désert à son tour, totalement bloqué. Ils reviennent à l’hôtel: télévision, images de la catastrophe. Après trois jours d’attente et de stress, ils peuvent enfin repartir pour la France.

Précision sur la forme adoptée ou sur le genre

Bande dessinée.

Précision sur les modalités énonciatives de l’œuvre

Une bande dessinée qui utilise aussi bien le monologue et l’introspection que le dialogue.

Modalités de présence du 11 septembre

La présence du 11 septembre est-elle générique ou particularisée?

La présence du 9/11 est générique.

Les événements sont-ils présentés de façon explicite?

Les événements sont présentés de façon explicite. Le point de vue est contemporain de l’événement.

Aucun moyen de transport n’est représenté de manière significative, sauf les avions qui percutent les tours

Il n’y a pas non plus de critique des médias.

Quels sont les liens entre les événements et les principaux protagonistes du récit (narrateur, personnage principal, etc.)?

Les personnages sont des touristes qui assistent aux attentats et qui restent coincés à New York dans les jours qui suivent.

Point de vue sur les événements :Celui d’une jeune femme dont c’est le premier voyage à New York.

Les événements sont abordés d’un point de vue individuel.

Aspects médiatiques de l’œuvre

Des sons sont-ils présents?

Aucun son.

Y a-t-il un travail iconique fait sur le texte? Des figures de texte?

Aucun travail iconique sur le texte.

Autres aspects à intégrer

N/A

Le paratexte

Citer le résumé ou l’argumentaire présent sur la 4e de couverture ou sur le rabat

«Sommet du World Trade Center.
Je pense à mon frère, Stéphane.
J’aurais aimé qu’il soit près de moi.
Sans doute, en ce moment,
Dans cette tour, personne
N’imagine ce qui va arriver.
Nous sommes le 9 septembre 2001.»

Intentions de l’auteur (sur le 11 septembre), si elles ont été émises

Interview de l’auteure sur le site:
https://web.archive.org/web/20060719021702/http://www.editions-delcourt.fr/doct/11j/11jour.pdf [Page consultée le 13 août 2023]

Extrait: «Je pense que j’ai voulu faire sortir des mots, des dessins, de ce que j’avais vu, parce que c’est vrai que ça a été une journée traumatisante pour tout le monde, pas uniquement pour moi. Il a fallu digérer ces images et je pense que le fait d’avoir travaillé sur cet album me sert forcément à ressortir toute cette angoisse… J’ai envie de partager avec les gens, parce qu’on a vu beaucoup de scènes à la télé, mais il ne m’a pas semblé qu’on ait entendu beaucoup de Français sur place. Je sais que je m’en souviendrai toute ma vie, et c’est maintenant qu’il fallait que ça sorte. Là-bas il se passe plein de choses, ça bouge, il y a des expositions autour de cette journée, on a envie d’en reparler.»

Citer la dédicace, s’il y a lieu

«À Stéphane.
À Mimi et Gérald.
D’immenses brassées de mercis à Étienne, Myriam, Michèle,
Hélène et Gabrielle pour leur soutien et plus que ça.»

— S.R.

Donner un aperçu de la réception critique présente sur le web

La réception critique est mitigée devant le discours du livre:
Consulter: https://web.archive.org/web/20050508225141/http://www.bdparadisio.com/scripts/ViewCritics.cfm?Id=3734 [Page consultée le 13 août 2023]
https://web.archive.org/web/20050508225141/http://www.bdparadisio.com/scripts/ViewCritics.cfm?Id=3734 [Page consultée le 13 août 2023]
http://www.art9.net/sentiments/drame/11e_jour_le/l_emotion_en_direct_art… [Cette page n’est pas accessible]

Impact de l’œuvre

Inconnu pour le moment (01/2007) – Non traduit aux États-Unis

Pistes d’analyse

Évaluer la pertinence de l’œuvre en regard du processus de fictionnalisation et de mythification du 11 septembre

Sandrine Revel, l’auteure, raconte et dessine son expérience. Elle était sur place. Entre incompréhension et révélation soudaine, elle ressent ce moment de violence pure comme un danger qui plane sur elle et sur le monde. L’aspiration vers le vide est compensée par le rappel du frère mort qui la pousse du côté de l’existence. Angoissée, mais aussi fascinée, la dérive émotive de l’auteure dans New York paraît étrangement immobile, l’hôtel semblant un refuge.
La mort omniprésente, la compassion et la blessure alternent dans une discordance qui résonne sans rythme excessif, les personnages subissant plutôt que réagissant à la catastrophe. La réaction d’adolescente, l’ironie facile qui cache la réalité et les moqueries destinées aux voyageurs sans avion de l’aéroport JFK montrent le bonheur de ceux qui ont survécu, une sorte de déraison mais aussi un bavardage superficiel qui résonne mal après le traumatisme subi. Proposer le témoignage d’une situation vécue est alléchant. Toutefois, le mélange de genres entre le souvenir du frère décédé et la catastrophe qui frappe le World Trade Center n’amène pas grand-chose à un récit statique. Il l’éparpille quelque peu dans une vacuité où voltigent quelques images, quelques sensations. Le vide de Central Park tout de suite après les impacts puis les regards des new-yorkais, regards fixes et opaques levés vers les tours, relèvent d’une description à vif d’une situation vécue, instantané qui fonctionne à quelques reprises mais reste en deçà d’une production émotionnelle intense. L’évocation de l’aéroport JFK vide, de ses espaces et de ses couloirs, de ses comptoirs désertés, est assez symbolique d’une modernité en déroute. Mais le récit demeure anecdotique sans rencontrer une dimension mythique, sans démontrer une foi en la vie qui pourtant paraît être au coeur du récit parallèle avec l’évocation du frère disparu.

L’histoire reste collée à la subjectivité de cette jeune fille qui comprend peu, sans doute à cause de la langue, mais ne restitue en quelque sorte que la poussière de l’événement à travers les péripéties vécues.

Les interférences discursives du décès du frère semblent un artifice narratif facile pour émouvoir en profondeur le lecteur, ce qu’elles ne sont sans doute pas pour l’auteure. Une certaine imprécision narrative où plusieurs niveaux de lecture sont possibles mais non aboutis mélange sens et interrogations quant aux intentions initiales de la narration.

Je ne crois pas que ce livre, malgré sa sincérité, laissera une empreinte particulière dans le processus de mythification qui nous intéresse mais il contribue à sa façon au processus.

Donner une citation marquante, s’il y a lieu

«Un avion, c’est pas comme une voiture, ça peut pas tourner à la seconde…!» (p.35)

«Saloperie de café américain.» (p.7)

Noter tout autre information pertinente à l’œuvre

Sandrine Revel est née à Bordeaux, une région qu’elle n’a d’ailleurs pas quittée. L’obtention d’un bac technique lui permet d’entrer aux Beaux Arts où elle restera trois ans. Elle se lance alors dans la bande dessinée en publiant Jouvence la Bordelaise aux éditions Atlantic Production en 1996, Bla bla bla ! aux éditions le Cycliste en 1998 et dernièrement Un drôle d’Ange Gardien avec Denis-Pierre Filippi aux éditions Delcourt. Parallèlement à ces activités, elle réalise de nombreux travaux d’illustration dans la presse, notamment pour Sud Ouest Dimanche et Milan Presse. L’idée de départ d’Un drôle d’Ange Gardien est d’ailleurs née d’un de ces travaux. Ses influences se situent outremanche avec les illustrateurs Ralf Steadman et Ronald Searle. Mais ses talents ne se limitent pas au dessin, elle est aussi musicienne à ses heures (elle joue du piano) et passionnée de lecture. (http://www.bdparadisio.com/scripts/detail.cfm?Id=835)

Couverture du livre

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