Entrée de carnet

La webopolitique du 44e président américain

Gabriel Tremblay-Gaudette
couverture
Article paru dans Délinéaires (2009), sous la responsabilité de Laboratoire NT2 (2009)

On pourrait croire à un site d’actualités sportives. Dans le coin supérieur gauche de la page, un décompte avant le prochain événement tant attendu. À sa droite, un moteur de recherche, on nous propose de s’abonner aux mises à jour du site. Sous les onglets de navigation, les actualités à la une alternent aux dix secondes. Sont aussi proposés un blogue, un agenda des prochains événements et un forum de discussion. Sauf que le décompte de l’événement n’indique pas le nombre de jours avant la finale d’un championnat, et les articles à la une ne sont pas consacrés aux héros obscurs d’une équipe de football. Non, ce site est www.change.gov, la plateforme Web du prochain président américain, Barack Obama.

Mesure du caractère incontournable du cyberespace ou signe de l’apocalypse? Lors de la dernière campagne électorale, Obama s’est fait près de 4 millions de nouveaux “amis” sur Facebook, et il a également promis de mettre en ligne sur Youtube une nouvelle adresse à la nation (plutôt brève, compte tenu des restrictions de la plateforme média la plus populaire sur le Web) à chaque semaine. Le site change.gov est la plus récente initiative technologique du président élu, qui invite les internautes à laisser des commentaires pouvant par la suite être appuyés ou désapprouvés par les visiteurs suivants.

Si l’idée de renseigner la population américaine sur l’actualité des activités gouvernementales par une page Web qui sera mise à jour régulièrement est bonne, la volonté de proposer une voix au peuple par le biais de ce site est peut-être moins crédible. Peut-on vraiment espérer qu’un engouement se créera autour de cet espace d’expression politique fournie par le gouvernement à un point tel que le nouveau locataire de la maison blanche songera sérieusement à orienter sa prise de décision en fonction des commentaires émis? Des campagnes de sauvetage d’émissions de télévision lancées sur le Web ont peut-être été couronnées de succès, mais c’est sans succès que des fans de hockey y vont de suggestions pour la formation de noveaux trios ou d’échanges allécheants sur des forums de discussion, puisque les entraîneurs et les directeurs généraux des équipes concernées ne font que peu de cas de ces suggestions abondantes. Peut-on avoir espoir que des messages répétés à propos de politique étrangère ou du prochain budget puissent infléchir un choix présidentiel?

Je préfère pour ma part une autre initiative lancée sur la toile il y a quelques mois, bien que celle-ci n’ait probablement pas été sanctionnée par le parti démocrate américain. Le jeu Super Obama World propose à l’internaute d’incarner Barack Obama dans un jeu de plateforme qui s’inspire du classique de Nintendo Super Mario World. Dans ce jeu, cependant, les champignons sont remplacés par des pointes de tarte1Dans la langue anglaise, l’expression “To get a piece of the pie” signifie obtenir une part du butin., et les Koompas sont remplacés par des employés de chez Macys et des cochons avec du rouge à lèvres! Le jeu propose un seul “univers”, l’Alaska de Sarah Palin. La compagnie ZenSoft, productrice du jeu humoristique, annonce pour bientôt l’ajout de nouveaux univers! De quoi vous remémorer la campagne électorale américaine par le biais de quelques allusions mesquines…

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    Dans la langue anglaise, l’expression “To get a piece of the pie” signifie obtenir une part du butin.
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