Article d'une publication

Eleven

Simon Brousseau
couverture
Article paru dans Romans internationaux, sous la responsabilité de Équipe LMP (2007)

* L’entrée de Simon Brousseau était originalement intitulée «Have a Fucking Nice Day: le 11 septembre d’un employé de bureau à Cardiff». L’équipe de l’OIC a décidé de remplacer cet intitulé par le titre de l’œuvre pour plus de cohérence lors de la migration des archives LMP.

Œuvre référencée: Llewellyn, David (2006), Eleven. Seren, Bridgend (Pays de Galles), 130p.

Disponible sur demande (Fonds Lower Manhattan Project au Labo NT2)

Présentation de l’œuvre

Résumé de l’œuvre

Eleven est un roman épistolaire à la sauce numérique qui consigne les nombreux courriels que Martin Davies, le personnage principal, envoie et reçoit lors du 11 septembre 2001. Martin Davies vit en Angleterre, à Cardiff. Il travaille dans un bureau et passe le plus clair de son temps à procrastiner, à discuter de la soirée de la veille, ou encore de celle à venir avec ses amis. L’auteur joue sur l’effet de décalage induit par la connaissance qu’a le lecteur des évènements tragiques à venir. Martin Davies souffre d’une sorte de malaise fin de siècle, ses amours sont de pathétiques échecs et il consomme de la cocaïne avec ses amis, le week-end, simplement pour passer le temps. L’auteur semble vouloir relativiser ces problèmes sommes toutes anodins en les confrontant à l’Histoire, ce grand problème, mais il semble aussi suggérer que la différence d’échelle entre les souffrances individuelles et collectives n’interdit pas nécessairement d’établir certaines corrélations. Les individus sont perdus parce que la marche du monde est une immense déroute, à moins que ce soit l’inverse, tel est la réflexion ressassée par ce court roman épistolaire. Autre fait intéressant : le livre laisse également entrevoir que le traumatisme du 11 septembre, du point de vue d’une jeunesse londonienne blasée, n’est pas nécessairement aussi profond qu’on pourrait s’y attendre. Les personnages réagissent fortement aux images qu’ils perçoivent à la télévision, mais ils continuent tout de même de vaquer à leurs occupations, par exemple à planifier une réunion d’affaires.

Précision sur la forme adoptée ou sur le genre

Roman épistolaire où sont consignés exclusivement des échanges de courriels.

Précision sur les modalités énonciatives de l’œuvre

Les échanges de courriel gravitent autour de Martin Davies, le personnage principal. La temporalité est linéaire et assez dilatée, puisque plusieurs courriels sont échangés par heure. À la limite, on a une impression d’invraisemblance, comme si le personnage ne faisait que lire et écrire des courriels toute la journée.

Modalités de présence du 11 septembre

La présence du 11 septembre est-elle générique ou particularisée?

La présence du 11 septembre est particularisée, c’est-à-dire qu’elle est incarnée, vécue par les personnages qui sont évidemment troublés lorsqu’ils prennent connaissances de la catastrophe dans les médias.

Les événements sont-ils présentés de façon explicite?

Les évènements ne sont pas vécus directement par les personnages du livre. Ils en prennent connaissance depuis Cardiff, en Angleterre, par l’intermédiaire des médias. Toutefois, ceux-ci explicitent les évènements en discutant entre eux. Par exemple, Lisa Culis, une amie de Martin, est figée devant son écran et ne cesse de ressasser l’image des Falling Men. Cette citation permet de bien cerner le ton du livre, à la fois troublé et détaché : «Anyway… What I was saying was—are they allowed to show people jumping off a burning building, even for the news, because that’s what they’re showing, and if I wasn’t coked up to the eyeballs it would probably be too much. I mean, these people are thousands of feet in the air. Even with the biggest trampoline in the world, nobody is going to survive that. It’s all mildly perturbing. » (p. 83)

Quels sont les liens entre les événements et les principaux protagonistes du récit (narrateur, personnage principal, etc.)?

Les personnages du récit sont, au sens le plus strict, des spectateurs. Spectateurs de la catastrophe, mais aussi, pourrait-on dire, de leur propre vie. Martin, le personnage principal, patauge dans l’ambivalence. Le roman joue par exemple sur le fonction “sauvegarder le brouillon” des logiciels de courriel, le mettant ainsi en scène en train d’écrire des messages importants et personnels qu’il décide de ne pas envoyer. Au même titre qu’il regarde en quelque sorte la vie passer, il prend conscience des évènements qui se déroulent à New York sans réagir fortement. Il reste au bureau et termine sa journée de travail, bien qu’il échange quelques courriels inquiets avec ses proches.

Aspects médiatiques de l’œuvre

Des sons sont-ils présents?

Non.

Y a-t-il un travail iconique fait sur le texte? Des figures de texte?

Non.

Autres aspects à intégrer

N/A

Le paratexte

Citer le résumé ou l’argumentaire présent sur la 4e de couverture ou sur le rabat

It’s just another boring day at the office for the young professionals of corporate Cardiff, as they email each other their gossip, jokes, requirements for the weekend and, occasionally, work.

At the centre of this online world is “process accountant” and would-be author Martin Davies. Frustrated by his job, in denial over his break up with his girlfriend, Martin is baffled by the triviality of his life. And when on this day, Tuesday September 11, 2001, just after lunch, people start flying airliners into New York office blocks, Martin feels he is rapidly losing the plot….

Part The Office, par Beckett, Eleven is a striking debut novel. Smart, funny and brutally sad, it opens up the inhumanity of throaway 21st century society.

Eleven is for anyone who has ever clicked SEND when they should be doing something else.

Intentions de l’auteur (sur le 11 septembre), si elles ont été émises

Information non-disponible.

Citer la dédicace, s’il y a lieu

To Dad and Andreuw

and in memory of my Mum,

Elizabeth Llewellyn

Donner un aperçu de la réception critique présente sur le web

La réception critique est pratiquement inexistante. Le livre a été brièvement abordé dans The Guardian (http://www.guardian.co.uk/books/2007/jan/06/featuresreviews.guardianrevi… [Cette page n’est plus disponible]) et a aussi été sélectionné parmi les dix livres d’humour noir les plus savoureux de 2007, toujours dans The Guardian (https://web.archive.org/web/20111206033640/http://www.guardian.co.uk/books/2007/nov/13/top10s.black.comedies [Consultée le 9 août]).

Impact de l’œuvre

Inexistant.

Pistes d’analyse

Évaluer la pertinence de l’œuvre en regard du processus de fictionnalisation et de mythification du 11 septembre

Ce livre offre un point de vue externe de la catastrophe. Comment de jeunes Anglais blasés ont-ils pu vivre cette journée? Llewellyn travaille l’incrédulité qu’il est possible de ressentir devant des évènements d’une telle ampleur, comme si le réel était soudainement trop extraordinaire pour qu’on puisse y croire tout à fait. Il est aussi intéressant de voir comment les personnages de Llewellyn poursuivent leur journée de travail, tout en discutant de la tragédie. Pour certains, dont le personnage principal, Martin Davies, cette catastrophe vient faire écho aux échecs personnels, la grande Histoire communiquant soudainement avec la petite.

Donner une citation marquante, s’il y a lieu

«It’s typical. F**king news channel—They just show the same footage over and over again. Smoke coming out of the towers. Someone jumping off one of the towers. The second plane crashing into the tower. Three clips, that’s all BBC, ITV, or f**king CNN have got. Fox News have one more bit of footage—A group of people on the ground screaming as the second plane crashes into the tower. They’re all sitting at tables outside Starbucks sipping their mochas and looking up at the sky. What the f**k is the world coming to?» (p. 85)

Noter tout autre information pertinente à l’œuvre

N/A

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