Article d'une publication

Brooklyn Follies

Benjamin Mayo-Martin
couverture
Article paru dans Romans états-uniens, sous la responsabilité de Équipe LMP (2007)

Œuvre référencée: Auster, Paul (2005), Brooklyn Follies, Arles, Actes Sud, 363p.

Disponible sur demande (Fonds Lower Manhattan Project au Labo NT2)

Présentation de l’œuvre

Résumé de l’œuvre

Nathan Glass, retraité récemment et ancien cancéreux, n’attend plus de la vie que la mort. Après un mariage raté et une carrière dans le monde de l’assurance-vie, cet homme arrive seul au tournant fatidique de sa soixantième année d’existence.

Il s’installe alors à Brooklyn, un monde qu’il a quitté depuis près de 56 ans, pour y mourir en paix. Une rencontre impromptue vient, par contre, défaire ses plans initiaux. Il retrouve au hasard d’une bouquinerie son neveu Tom qu’il n’a pas vu depuis fort longtemps et les deux hommes se lient d’amitié. Une chose en amenant une autre, Glass s’insère dans un microcosme grouillant d’intrigue, d’arnaque et d’amour. Trois mois après s’être installé à Brooklyn, il se retrouve entouré d’amis et crée de nouvelles complicités avec son tout récent entourage.

À travers les pérégrinations de Nathan, le lecteur est convié à explorer plusieurs facettes des États-Unis pré-11 septembre. Nous découvrons le fanatisme religieux à travers la nièce de Nathan qui se fait séquestrer par un mari fanatique. Rory, ladite nièce, explore le monde du porno new-yorkais et les bas-fonds des junkies californiens. Tom est un ancien étudiant en lettre déchu qui se retrouvera d’abord chauffeur de taxi pour ensuite être l’employé d’une bouquinerie puis finalement professeur d’anglais dans une école secondaire privée. Son patron, Henry, sera tour à tour vendeur de peinture puis de faux, vendeur de livres anciens, puis de faux manuscrits, mari d’une femme de haute famille puis homosexuel affiché, avant de mourir d’une crise cardiaque provoquée par un ancien associé assoiffé de vengeance.

Dans cet éloge de la banalité qui se transformera bientôt en quête de bonheur, Paul Auster écrit les drames et les bonheurs d’individus anonymes. C’est à la toute fin du roman que le 11 septembre apparaît. L’événement fatidique ne sera pas du roman, mais aura lieu exactement 46 minutes après la dernière page, après que Nathan eut reconnu que sa vie n’était pas finie, mais bien encore toute là devant lui.

Précision sur la forme adoptée ou sur le genre

Roman.

Précision sur les modalités énonciatives de l’œuvre

Narration intradiégétique ultérieure au récit, métalepses impliquant les récits des personnages rencontrés par le narrateur.

Modalités de présence du 11 septembre

La présence du 11 septembre est-elle générique ou particularisée?

Simple allusion.

Les événements sont-ils présentés de façon explicite?

Oui: “Il était huit heures quand je mis le pied dans la rue, huit heures du matin, le 11 septembre 2001 — exactement quarante-six minutes avant que le premier avion ne s’écrase contre la tour nord du World Trade Center. Deux heures plus tard, la fumée de trois mille corps carbonisés dériverait au-dessus de Brooklyn et viendrait pleuvoir sur nous en un nuage blanc de cendres et de morts.” (p. 364)

Quels sont les liens entre les événements et les principaux protagonistes du récit (narrateur, personnage principal, etc.)?

Les liens entre les protagonistes et les événements du 11 septembre sont quasi nuls.

Aspects médiatiques de l’œuvre

Des sons sont-ils présents?

Non.

Y a-t-il un travail iconique fait sur le texte? Des figures de texte?

Non.

Autres aspects à intégrer

N/A

Le paratexte

Citer le résumé ou l’argumentaire présent sur la 4e de couverture ou sur le rabat

Nathan Glass a soixante ans. Un divorce, un cancer en rémission, trente ans de carrière dans une compagnie d’assurances à Manhattan et une certaine solitude qui ne l’empêche pas d’aborder le dernier versant de son existence avec sérénité.

Chaque jour, Brooklyn et ses habitants le séduisent davantage, il prend ses habitudes, tombe sous le charme d’une serveuse et décide de faire un livre dans lequel seraient consignés ses souvenirs, ses lapsus, ses faiblesses de langage, ses grandes et petites histoires mais aussi celles des gens qu’il a croisés, rencontrés ou aimés.

Un matin de printemps, le 23 mai de l’an 2000, ce livre intitulé Brooklyn Follies prend une autre dimension. Ce jour-là, dans une librairie, Nathan Glass retrouve son neveu Tom Wood. Perdu de vue depuis longtemps, ce garçon de trente ans reprend très vite la place qui fut la sienne dans le cœur de son oncle. Et c’est ensemble qu’ils vont poursuivre leur histoire, partager leurs émotions, leurs faiblesses, leurs utopies mais aussi et surtout, le rêve d’une vie meilleure à l’hôtel Existence…

Un livre sur le désir d’aimer. Un roman chaleureux, à travers lequel tous les grands thèmes austériens se répondent, où les personnages reprennent leur vie en main, choisissent leur destin, vivent le meilleur des choses — mais pour combien de temps encore, en Amérique?…

Intentions de l’auteur (sur le 11 septembre), si elles ont été émises

N/A

Citer la dédicace, s’il y a lieu

à ma fille Sophie

Donner un aperçu de la réception critique présente sur le web

http://www.evene.fr/livres/livre/paul-auster-brooklyn-follies-14849.php [Page consultée le 8 septembre 2023 via WayBack Machine, URL modifiée]

Impact de l’œuvre

Impact inconnu

Pistes d’analyse

Évaluer la pertinence de l’œuvre en regard du processus de fictionnalisation et de mythification du 11 septembre

En inscrivant dans le dernier paragraphe les événements du 11 septembre qui ne sont pas advenus mais qui ne sauraient tarder, Auster brouille la réception de l’œuvre puisqu’elle peut dorénavant être considérée en regard de la catastrophe à venir. Tout le récit devient le prologue des événements du 11 septembre. Une seconde lecture de l’oeuvre ayant comme but de déchiffrer l’inévitable catastrophe à venir pourrait alors prendre un tout autre sens. Le bonheur dans lequel se trouve le narrateur à la fin du roman est au seuil du changement. Survivra-t-il à l’écroulement des tours? La vie dans Brooklyn sera-t-elle la même après les événements du 11 septembre? La réalité sociale à laquelle Nathan Glass est confronté tout au long du roman sera-t-elle transformée par la catastrophe qui s’abattra sur le bas Manhattan dans quarante-six minutes?

Ce sont là quelques unes des questions qui pourraient surgir à une deuxième lecture de ce roman et ainsi justifier la pertinence de cette oeuvre en regard des événements du 11 septembre.

Donner une citation marquante, s’il y a lieu

«Je cherchais un endroit tranquille où mourir» p.9

«Il était huit heures quand je mis le pied dans la rue, huit heures du matin, le 11 septembre 2001 – exactement quarante-six minutes avant avant que le premier avion ne s’écrase contre la tour nord du World Trade Center. Deux heures plus tard, la fumée de trois mille corps carbonisés dériverait au-dessus de Brooklyn et viendrait pleuvoir sur nous en un nuage blanc de cendre et de mort.

Mais pour l’instant, il était encore huit heures et je marchais dans l’avenue sous ce ciel d’un bleu éclatant, heureux, mes amis, aussi heureux qu’homme le fut jamais en ce monde.» (p.364)

Noter tout autre information pertinente à l’œuvre

N/A

Couverture du livre

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