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A Moment of Silence

Gabriel Tremblay-Gaudette
couverture
Article paru dans Bandes dessinées et romans graphiques, sous la responsabilité de Équipe LMP (2007)

Œuvre référencée: Quesada, Joe; Raicht, Mike (dir.). 2002. A Moment of Silence. New York: Marvel Comics

Disponible sur demande (Fonds Lower Manhattan Project, au Labo NT2)

   

Présentation de l’œuvre

Résumé de l’œuvre

A Moment of Silence est un ouvrage collaboratif contenant plusieurs récits réalisés par des artistes travaillant pour la maison d’édition Marvel Comics. La contrainte que devait respecter chacun des scénaristes participant au projet était de proposer un récit muet, soit un récit où aucun son ne pouvait être reproduit au moyen de texte (du texte figure dans chacun des récits mais il se trouve sur des façades de magasins, des écrans de téléviseur, des cadrans, etc.). La narration est donc assumée entièrement par les images dans chacun de ces récits (à l’exception de Moment of Silence: A True Story, de Michael Bendis et Scott Morse, où un pompier de Cleveland introduit et conclut un récit de secourisme mené à Ground Zero, et dans lequel un secouriste crie “QUIET!”). Les collaborateurs ont proposé des récits variés, allant du choix d’un concierge du World Trade Center de rester sur les lieux des attentats afin de prêter main forte aux pompiers (Moment of Truth, par Bill Jemas et Mark Bagley) à l’attente vaine et désespérée du retour à la maison d’un pompier new-yorkais par sa famille (Sick Day, par Joe Quesada et Igor Kordey), en passant par le récit d’une famille aux relations houleuses que les événements du 11 septembre ressoudent (Periphery par Kevin Smith et John Romita Jr).

   

Précision sur la forme adoptée ou sur le genre

Recueil de récits courts en bande dessinée.

   

Précision sur les modalités énonciatives de l’œuvre

Narration omnisciente pour chacun des récits.

   

Modalités de présence du 11 septembre

La présence du 11 septembre est-elle générique ou particularisée?

La présence du 11 septembre est particularisée. Tous les récits offrent des points de vue différents des attentats contre le World Trade Center (les attentats contre le Pentagone et le vol United 93 ne sont jamais évoqués).

Dans Moment of Truth, le protagoniste principal est à l’intérieur d’un ascenseur lorsque l’avion percute la première tour du World Trade Center. Dans Moment of Silence: A True Story, les secouristes sont affairés à fouiller les décombres à la recherche des survivants dès le début du récit, les événements ont donc eu lieu sans avoir été représentés. La famille éplorée de Sick Day suit les événements à la télévision. Les protagonistes de Periphery peuvent apercevoir une épaisse volute de fumée s’échapper des tours du World Trade Center; aucun des deux avions percutant les tours n’est toutefois représenté.

   

Les événements sont-ils présentés de façon explicite?

Tel que mentionné dans la section précédente, les événements ne sont directement représentés dans aucun des récits, bien que leur présence ne laisse aucun doute. Dans Moment of Truth, le protagoniste principal, coincé dans une des tours du World Trade center, se sait condamné mais décide héroïquement d’offrir son assistance aux pompiers qui sont sur les lieux pour évacuer les victimes. Les moyens de transport ne sont pas mentionnés et le seul moyen de communication représenté est le téléphone dont se sert le concierge afin d’appeler son fils pour lui annoncer qu’il est vivant. Les dernières lignes du récit indiquent que le corps inanimé d’Anthony Savas a été retrouvé à côté de cadavres de pompiers sous un tunnel effondré.

Dans Moment of Silence: A True Story, le pompier faisant office de narrateur principal relate les événements en rétrospective, afin d’expliquer que les pompiers new-yorkais sont dans une classe à part: «Compared to what the New York firemen and police are – we’re amateurs. They are the gold standard. And I’m not just saying that because of what they went through. No, these guys are just built from different stuff. And now they elevated the job for all of us» (non paginé). Le seul moyen de transport visible dans le récit est un camion chargé de décombres des tours jumelles, et aucun moyen de communication n’est représenté.

Le récit Sick Day débute une journée avant le 11 septembre et se termine une semaine après les événements, et oscille entre nostalgie et fatalisme. L’ambivalence des sentiments de la protagoniste principale se ressent par sa fébrilité alors qu’elle regarde les bulletins de nouvelles successifs à propos des événements et que son téléphone sans fil, posé sur la table à café devant son sofa, reste immobile et silencieux. Dans les dernières pages du récit, la famille se rend en métro sur le site des attentats et aperçoit les derniers vestiges des tours se dressant encore sur le site des attentats.

Dans Periphery, le père de famille se rend à son travail en voiture et c’est à la faveur d’un embouteillage qu’il ne se trouve pas dans les tours au moment où les avions les percutent. Le premier réflexe des autres membres de la famille en rentrant à la maison est d’allumer le téléviseur pendant que la mère saisit le téléphone pour rejoindre son mari.

   

Quels sont les liens entre les événements et les principaux protagonistes du récit (narrateur, personnage principal, etc.)?

En raison de la présence de plusieurs récits, de nombreux points de vue sont présentés, que ce soit du point de vue d’un personnage à l’intérieur des tours, des membres d’une équipe de sauvetage, de la famille d’un pompier disparu ou d’une famille ayant échappé de justesse aux événements. Tous ces personnages sont des occidentaux. Puisque plusieurs points de vue sont présentés dans ce recueil, on peut dire que l’addition des points de vue individuels constitue un point de vue collectif.

   

Aspects médiatiques de l’œuvre

Des sons sont-ils présents?

Les sons sont suggérés sans jamais être représentés par le biais d’un onomatopée. La scène matinale de la famille de Periphery, où l’entente ne règne pas, contient des lignes de motion qui suggèrent que les protagonistes communiquent entre eux en criant. La seule effraction à la contrainte de silence imposée aux artistes ayant collaboré à Moment of Silence se trouve au milieu du récit A Moment of Silence: A True Story, lorsqu’un membre de l’équipe de sauvetage crie «Quiet!» afin de pouvoir entendre les cris d’un survivant coincé sous les effondrements, cri qui ne vient pas.

   

Y a-t-il un travail iconique fait sur le texte? Des figures de texte?

Aucun travail iconique sur le texte ou figure de texte n’apparaît dans A Moment of Silence

  

Autres aspects à intégrer

N/A

   

Le paratexte

Citer le résumé ou l’argumentaire présent sur la 4e de couverture ou sur le rabat

For years, comic books have given the world a chance to see brightly clad super heroes in action – saving the innocent, preventing disaster and making the world a better, safer place. Mythical heroes with one mandate – to honor the heroic ideal.

On September 11th the world changed. We found that the real-world heroes went beyond the ideals of our imagination. Heroes – men and women who saved lives with no thought for their own personal safety, and without benefit of super powers, armed only with their solitary courage.

And now looking back, we take a moment to appreciate those who are gone, and those who are still with us. A moment to reflect on those things we may have taken for granted before September 11th. We take this moment of silence to honor their memory ant the heroic acts that will define this generation as well as the heroic ideal for the new millenium.

   

Intentions de l’auteur (sur le 11 septembre), si elles ont été émises

When asked to explain why Marvel chose to do a wordless tribute to the heroes of 9-11, I realized that I had barely given a moment of thought to why we selected this format for Moment of Silence. This just felt like the right thing to do, so we did it.

But now that the work is done, and we all had sone time to reflect on the events of the past months, I think I can see why it is, in fact, fitting to tell the story of real heroes with nothing but the depiction of their selfless deeds.

When hell hit the World Trade Center, most of us stood around talking – making phone calls, writing e-mails and generally, filling in that hole in our bellies with meaningless chatter. But in the face of extreme danger, thousands of New York firefighters, police officers and rescue workers burst onto the scene. These men and women saved thousands of lives and many sacrificed their own.

“Judge people by what they do, not by what they say”. That’s what I learned from my mother and my father; that is what I teach my children, but I did not truly know what that meant until this past September. “Establish your characters through their actions, not with dialog or narration.” That’s what I preach to my comic book colleagues, but I did not really know what that meant until I worked on Moment of Silence.

— Bill Jemas. President, COO

  

Citer la dédicace, s’il y a lieu

Saluting the Heroes of September 11th

   

Donner un aperçu de la réception critique présente sur le web

Cet article du Guardian1La page n’est plus accessible. examine les deux publications de Marvel produites en hommage aux victimes des attentats.

Ce blogueur2La page n’est plus accessible. attribue des notes très élevées à chacun des récits du recueil.

  

Impact de l’œuvre

La vente du recueil, combinée avec une autre initiative de l’éditeur Marvel Comics (soit le projet Heroes) a permis d’accumuler un million de dollars en fonds pour le Twin Towers Fund.

   

Pistes d’analyse

Évaluer la pertinence de l’œuvre en regard du processus de fictionnalisation et de mythification du 11 septembre

Les quatre récits composant le recueil A Moment of Silence proposent des hommages courts et efficaces à des protagonistes réels et imaginaires ayant vécu les événements du 11 septembre de près sans nécessairement y avoir survécu. Cette posture narrative n’est pas particulièrement originale en soi, et un récit sous forme de témoignage peut se révéler plus pertinent à l’égard du processus de fictionnalisation et de mythification lorsqu’il est d’une longueur dépassant une dizaine de pages. En elle-même, la contrainte de silence que se sont imposée les artistes ayant collaboré à ce recueil est la seule marque d’originalité digne de mention. Le traitement honnête et convenu des événements ne peut donc susciter une réflexion en profondeur, et la brièveté des récits limite la possibilité de se faire émouvoir par la disparition de protagonistes dont on ne fait qu’effleurer la personnalité. Il est intéressant de faire des parallèles entre les récits silencieux et notre propre expérience des événements, celle d’avoir été un spectateur d’abord sans voix devant le spectacle atroce de l’effondrement du World Trade Center, ou encore le contraste entre les actions silencieuses des héros dépeints dans Moment of Silence et les discours, débats et autres déclarations des autres acteurs des événements. Le recueil a surtout été produit dans l’intention d’amasser des fonds pour le Twin Towers Fund et à ce titre, l’ouvrage fut un succès.

  

Donner une citation marquante, s’il y a lieu

«Compared to what the New York firemen and police are – we’re amateurs. They are the gold standard. And I’m not just saying that because of what they went through. No, these guys are just built from different stuff. And now they elevated the job for all of us»

  

Noter tout autre information pertinente à l’œuvre

N/A

   

Couverture du livre

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