Article d'une publication
1.1.0.9. cause & effect
Œuvre référencée: Velikanov, Andrey. 2002. 1.1.0.9. cause & effect, Œuvre web (désormais hors-ligne)
Présentation de l’œuvre
Résumé de l’œuvre
1.1.0.9. cause & effect est une œuvre web muette proposant un montage d’images qui articule une pensée critique sur les attentats du 11 septembre, plus exactement sur les causes et les conséquences de ces attentats. L’œuvre propose des parcours par images entre deux mots : cause et effet. Il faut passer le curseur sur les petits rectangles en attente pour que les images apparaissent et se mettent à bouger. Le mouvement des images est court, saccadé et répétitif, il ne dure qu’une seconde. Chaque image est reliée à une autre par une flèche. Une fois qu’on a passé le curseur sur toutes les images elles restent visibles mais sans mouvement, il faut repasser le curseur sur chacune des images pour les voir bouger. Chaque image est une très courte séquence tirée de journaux télévisés (sur le 11 septembre, sur les bombardements en Afghanistan ou en Irak, ou encore sur des discours de George W. Bush ou de Ben Laden). Ces séquences proviennent également de films hollywoodiens catastrophe tels que Independence Day de Roland Emmerich (1996) mais aussi de comédies tel que Some Like it Hot (Certains l’aiment chaud) de Billy Wilder (1959). Les causes et les conséquences des événements du 11 septembre semblent donc multiples.Lorsque l’on clique sur une image, une autre configuration apparaît, changeant le chemin à parcourir entre les images et les images elles-mêmes. Il y a dans cette œuvre quatre types de configurations : deux sont serpentines et deux sont sous forme de boucles (l’une rectangulaire et l’autre ronde). La présentation des image sous formes de boucles montre, si ce n’est l’absurdité, tout du moins la complexité, de penser les causes et les effets des attentats du 11 septembre. Dans ces formes de présentation en boucles les images «causes et effets» se rejoignent dans un mouvement de circulaire infini. Les images ne s’enchaînent pas comme on pourrait d’abord le penser (au regard du titre et de leur présentation), elles s’accumulent. Dans le même ordre d’idée beaucoup d’images reviennent, l’œuvre ne joue que sur une banque d’une cinquantaine de séquences. L’utilisation de ces mêmes images, faisant passer chacune de la cause à l’effet pour une autre, montre avant tout la complexité de penser les raisons et les conséquences des événements du 11 septembre.
Précision sur la forme adoptée ou sur le genre
Œuvre web proposant un assemblage d’images animées activées par le passage du curseur.
Précision sur les modalités énonciatives de l’œuvre
Le mode d’énonciation de l’œuvre donne toute son originalité au projet, car 1.1.0.9. joue sur une fausse annonce entendue par le titre «cause et effet». La première lecture de l’œuvre peut donc paraître linéaire. Nous passons d’une image à l’autre en supposant une relation de cause à effet entre elles. Mais au fur et à mesure que nous avançons dans l’œuvre, ce rapport entre les séquences n’est plus si évident. Au lieu d’un enchaînement d’images nous sommes face à une accumulation de traces qui construisent une vision complexe sur les causes et conséquences du 11 septembre.
Modalités de présence du 11 septembre
La présence du 11 septembre est-elle générique ou particularisée?
La présence du 11 septembre dans cette œuvre peut être perçue aussi bien comme générique que comme particularisée. Seulement certaines séquences renvoient directement aux attentats du 11 septembre. Ce sont les séquences des crashs des avions sur les tours, ou des discours de Ben Laden ou de Bush. Pour autant, chacune des séquences peut être analysée en fonction des attentats (notamment à cause du titre). Cela entraîne une vision générique du 11 septembre sur l’ensemble de l’œuvre.
Les événements sont-ils présentés de façon explicite?
Les attentats sont représentés de façon explicite dans certaines des séquences qui composent l’œuvre. Pour d’autres séquences le lien est moins évident.Le point de vue sur les événements du 11 septembre 2001 peut paraître très complexe dans cette œuvre. Il s’agit évidemment d’un point de vue donné a posteriori sur les attentats et la lecture semble critique. L’idée est de montrer que les causes et les conséquences des attentats du 11 septembre sont multiples, non limitées dans le temps et souvent à chercher au plus profond de la culture américaine.
Quels sont les liens entre les événements et les principaux protagonistes du récit (narrateur, personnage principal, etc.)?
Ne s’applique pas
Aspects médiatiques de l’œuvre
Des sons sont-ils présents?
L’œuvre est muette.
Y a-t-il un travail iconique fait sur le texte? Des figures de texte?
Ne s’applique pas.
Autres aspects à intégrer
N/A
Le paratexte
Citer le résumé ou l’argumentaire présent sur la 4e de couverture ou sur le rabat
Aucun résumé ou argumentaire n’est présent dans l’œuvre.
Intentions de l’auteur (sur le 11 septembre), si elles ont été émises
N/A
Citer la dédicace, s’il y a lieu Aucune. Donner un aperçu de la réception critique présente sur le web
Critique parue dans le numéro 21 du magazine électronique du CIAC (2005) [Page consultée le 3 août 2023]
Impact de l’œuvre
Impact inconnu
Pistes d’analyse
Évaluer la pertinence de l’œuvre en regard du processus de fictionnalisation et de mythification du 11 septembre
Dans un article pour le numéro 21 du magazine électronique du CIAC1Page consultée le 3 août 2023 (datant de 2005), Michael Mandiberg explique: «Velikanov fait voler en éclat la croyance qu’un événement en particulier, peu importe lequel, puisse en causer nécessairement un autre. La quête d’une vérité dans la chronologie des images se révèle absurde, et ce avant même que vous ne commenciez à y inclure des images de films: la présentation en est intentionnellement simpliste, et l’utilisateur se rend rapidement compte que les images, bientôt, se répètent. C’est par la simplicité de l’absurde que l’artiste met en lumière la complexité de la situation.» Ce processus décrit par Michael Mandiberg est révélateur de la force de l’œuvre. 1.1.0.9. joue avant tout sur les fausses apparences, en l’occurrence sur la fausse simplicité des apparences. Ce jeu se révèle particulièrement dans le traitement des séquences utilisées. En effet, les images de cette œuvre, comme évoqué plus haut, tiennent de la figure à deux niveaux d’analyse possibles. D’une part, elles reprennent dans leur contenu des éléments simples et reconnaissables évoquant des faits marquants mais, à première vue, multiples de la culture américaine (Marilyn Monroe, Godzilla, le président Bush, Ben Laden et les attentats en eux-mêmes). Mais, d’autre part, leur alignement et leur présentation, en les mettant toutes au même niveau pour créer une grille de lecture sur les causes et les conséquences des attentats du 11 septembre 2001, font de cette multitude un ensemble unique et complexe pour penser les événements du 11 septembre. L’œuvre nous permet ainsi de penser la complexité à partir d’une simplicité apparente. Toute la force critique de l’œuvre repose donc sur le dépassement d’une simplicité visible qui expliquerait les événements pour proposer une complexité à réfléchir et interroger.Au delà d’une représentation absurde, 1.1.0.9. évoque l’impossible synthèse énoncée dans le titre: «cause and effect» (le singulier ici accentue la volonté de simplifier l’analyse), synthèse pourtant revendiquée par le gouvernement et la plupart des médias américains à la suite des attentats. La complexité fait peur car elle empêche généralement une réaction directe et un classement du fait étudié. En se situant résolument dans une approche complexe des événements, Velikanov fait de son œuvre une œuvre-essai.
Donner une citation marquante, s’il y a lieu
N/A
Noter tout autre information pertinente à l’œuvre
N/A
- 1Page consultée le 3 août 2023