Journée d'étude, 26 avril 2016
Un désastre qui n’en finit plus: Achab et Moby Dick, deuxième round
«Le dernier et récent roman de Pierre Senges, Achab (séquelles), réunit de manière spectaculaire ces deux principaux vecteurs de son œuvre: la littérature et le désastre.
Reprenons la célébrissime formule de Marx dans le 18 brumaire de Louis Bonaparte: « Tous les grands évènements et personnages historiques se répètent pour ainsi dire deux fois. La première fois comme tragédie, la seconde comme farce ».
Ici nous avons droit au retour de Moby Dick et surtout d’Achab dans un étrange pas de deux et il vrai que la tragédie shakespearienne que représentait le roman Moby Dick –Melville l’a écrit alors qu’il était en pleine lecture et relecture de Shakespeare– verse souvent carrément dans le slapstick.
Pouvons-nous pour autant parler d’une perspective critique? Car, l’esprit du texte de Marx se situait bien sûr dans cet esprit à l’égard de Louis Bonaparte, avec la référence claire dans le titre à Toton. Le livre paraît la même année que Napoléon le petit de Victor Hugo, titre proposant une autre référence à l’oncle illustre.
Je ne pense pas pour autant qu’il s’agisse dans ce roman d’une critique. Au sens, par exemple, où il s’agirait de ridiculiser le roman de Melville ou de démontrer que la culture aujourd’hui ne peut que ressasser son passé et ne serait plus à la hauteur de ce qu’elle a pu produire.»
En complément à cette communication, vous pouvez écouter la conférence littéraire de Pierre Senges au sujet de son roman Achab (séquelles), animée par Jean-François Chassay qui s’est tenue à la Librairie Le Port de tête le 8 avril 2016.
Jean-François Chassay est chercheur régulier à FIGURA, le Centre de recherche sur le texte et l’imaginaire. Professeur au Département d’études littéraires de l’Université du Québec à Montréal depuis 1991, Jean-François Chassay a publié une vingtaine de livres (romans, essais, anthologies, actes de colloque). En 2002, il remportait le Grand prix d’excellence en recherche décerné par le réseau de l’Université du Québec. Il a été membre de la rédaction puis codirecteur de Spirale (1984-1992), puis directeur (1998-2001) de Voix et Images.